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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
22 juin 2015

Pays de Bade : des écoles pour les enfants de réfugiés

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Alors que nos dirigeants résument trop souvent le problème des migrants à Vintimille et Calais, et à détruire quelques camps de Roms, au nom du slogan "France, terre d'accueil" nos voisins du Pays de Bade aménagent des logements, et surtout font l'effort de créer des écoles pour les enfants de ces migrants. Le Land Bade-Würtemberg a déjà créé 1100 classes dans le but d'intégrer ces élèves, qui ne connaissent souvent pas un mot d'allemand. Ces classes sont gérées avec une certaine flexibilité nécessaire au vu des origines très diverses des réfugiés. D'où un gros problème à résoudre : la formation des enseignants.

L'école n'est pas seulement une obligation, mais aussi un droit

Le nombre des réfugiés augmente rapidement, et plus encore celui des enfants en âge d'aller à l'école. Cette année, le gouvernement du Land compte avec l'arrivée de 52000 migrants, dont un tiers d'enfants à scolariser, soit, selon le ministre de l'éducation Andreas Stoch (SPD) un doublement des effectifs.

L'obligation de scolarisation débute, selon la loi allemande, au plus tard six mois après l'arrivée des familles, sans qu'il ne soit fait une différenciation sur les origines ou sur les situations administratives. D'où la nécessité de scolariser aussi les enfants de l'ex-Yougoslavie menacés de reconduction dans leur pays. Le droit à l'inscription dans une école est quasi-immédiat.

16000 élèves du Land nécessitent des classes spéciales

La plupart des enfants de réfugiés viennent des Balkans, de Gambie et de Syrie, un autre tiers provenant de l'Afrique de l'Ouest (surtout  du Nigeria), d'Algérie, d'Irak, du Pakistan, d'Afghanistan et d'Erythrée. Non seulement ils ne parlent jamais l'allemand, mais sont aussi très souvent analphabètes et n'ont jamais vu d'école. L'administration scolaire du Land a déjà aménagé 780 classes dans les écoles primaires, et 800 classes de formations professionnelles.

Nécessité de recruter des enseignants et d'assurer leur formation

De nombreux enseignants d'écoles allemandes traditionnelles sont recrutés et formés notamment au niveau des langues. "Nous voulons donner à ces enfants les meilleures chances de repartir dans la vie" promet Stoch.

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20 juin 2015

Christiane Taubira n'ira pas en prison

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Christiane Taubira, ministre de la justice, garde des sceaux, était invitée par le gouvernement de Côte d'Ivoire. "Je tiendrai plusieurs réunions bilatérales avec d’autres ministres de la justice et bien sûr je circulerai, je rencontrerai des personnes qui font vivre la justice au quotidien, aussi bien dans le domaine judiciaire que directement, la justice civile, la justice pénale mais également la protection judiciaire de la jeunesse et des questions pénitentiaires", a-t-elle indiqué. Elle a même été reçue par le président Alassane Ouattara. Mais la  visite de la plus grande prison d'Abidjan, la célèbre Maca, lui a été refusée sans aucune explication. On peut cependant deviner : conditions inhumaines de détention ? trop de prisonniers politiques ? tortures ? ou tout ça à la fois ? 

Même la presse ivoirienne s'en est offusquée (lire ci-dessous l'article de "L'éléphant déchaîné" n°  239).

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Ce qu'il fallait cacher à Christiane Taubira

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19 juin 2015

Grèves en Turquie

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En Turquie, le pouvoir d'achat a baissé de 25 % au cours de la dernière année, une catastrophe pour les travailleurs. Cela a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Sur 14 . 5000 salariés de la plus grande usine du pays, Oyak Renault, a commencé une grève dans la zone industrielle de Bursa.

En avril, le personnel d'une usine Bosch, entreprise de fournisseurs, avait menacé de démissionner en bloc, et immédiatement la direction a accordé des augmentations salariales de 12 % à 60 %. Cela a encouragé les ouvriers de Renault à continuer la lutte. Après quelques actions, la direction immédiatement réagi avec une grève d'avertissement en réduisant les licenciements envisagés.

Cependant, les salariés ont continué la grève avec occupation d'usine. Leurs revendications étaient: pas de licenciements, suppression des agents surveillants politiques, et une augmentation de salaire comme Bosch (soit environ 130 euros).

Les salariés des autres entreprises de la région qui vivent dans les mêmes conditions de vie, ont rapidement emboîté: (Tofas FIAT , 6500 salariés), Coskunöz (mineurs, 2000 salariés), MAKO (fabrication de phares, 1100 salariés) ... Au total, près de 16000 défient les directions des entreprises.

Les grévistes ont choisi leurs délégués qui ont représenté dans toutes les discussions avec les directions. Ils avaient la consigne, avant d'accepter une décision patronale, de la signaler à tous leurs collègues rencontrés collectivement qui votaient à main levée ou tout simplement en applaudissant. 

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Le patronat était naturellement tenté d'intimider ces jeunes délégués résolus.Ceux-ci, cependant, ne se sont pas découragés . Après une menace du capitaine de district de la police, ils ont décidé de ne plus aller aux réunions décidées par le patronat. S'il voulait parler aux grévistes, il pourrait les rencontrer dans l'usine occupée!

Le risque de propagation du mouvement à d'autres grands centres industriels dans le pays a conduit les entrepreneurs Renault à céder. Ainsi, le 27  mai, un accord a été signé : pas de sanctions contre les grévistes, les délégués des salariés deviennent les seuls interlocuteurs valables, 200 € garantis de prime annuelle, 500 € pour mettre fin aux grèves et de nouvelles négociations salariales en Juin. Les salariés sont conscients d'avoir obtenu une grande victoire.

Néanmoins, ce mouvement ne s'est pas est pas arrêté. Il se prolonge maintenant dans les banlieues de plusieurs villes: Ford Otosan, Valeo, Delphi, Turk Traktor à Ankara, Arçelik dans la ville d'Eskisehir, la raffinerie Petikim et la compagnie d'énergie Izenerji à Izmir ... 

Les grévistes ont appris très rapidement comment s'organiser, comment mener leur mouvement, comment contrecarrer les plans des espions du patronat et de la police. Et ils voient que les patrons n'ont maintenant plus le choix dès lors que les salariés sont décidés à ne pas céder. Une lutte qui rappelle beaucoup celle des ouvriers polonais de Solidarnosk dans les années 80 et qui a mené à la chute de la dictature de Jaruzelski. Avec ces grèves, et la défaite aux élections législatives, Erdogan a des soucis à se faire.

16 juin 2015

Attentat à N'Djamena : une première de Boko Haram au Tchad

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Vingt-trois personnes ont été tuées et 101 blessées lundi à N’Djamena lors d’un double attentat suicide contre le commissariat central de la ville et l’école de police, a annoncé le gouvernement tchadien dans un communiqué.

Quatre terroristes ont également été tués dans ces deux attaques, selon le communiqué, lu à la radio nationale, du gouvernement qui assure que la situation est sous contrôle.

Face à un type d’attentats inédits dans la capitale tchadienne, le gouvernement a également annoncé la création d’une cellule de crise et interdit de circulation les véhicules aux vitres fumées.

Plus tôt dans la journées, un responsables de la police de N’Djamena avait indiqué à l’AFP que deux kamikazés avaient attaqué simultanément le commissariat et l’école de police, où se trouvaient de nombreux stagiaires en formation.

Selon une autre source policière, le modus operandi des assaillants portait la marque des islamistes armés nigérians de Boko Haram. Ce double attentat n’avait pas été revendiqué lundi après-midi.

L’armée tchadienne participe en première ligne depuis février à une opération militaire régionale visant à chasser le groupe islamiste de pans entiers de territoire qu’il avait capturés dans le nord-est du Nigeria.

En première ligne dans la guerre contre Boko Haram, le Tchad – comme le Cameroun voisin lui aussi engagé dans la guerre contre le groupe islamiste – redoutait depuis des mois des attaques de ce genre sur son sol. (selon AFP)

27 mai 2015

100 morts français au djihad en Syrie et en Irak

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Un décompte des services antiterroristes français a été communiqué ce samedi indiquant le nombre des victimes parties combattre en Syrie et en Irak.

 Le chiffre est symbolique. La barre des 100 morts parmi les islamistes partis de France pour mener le jihad en Syrie et en Irak a été franchie. Un décompte des services antiterroristes français a été communiqué ce samedi à l'AFP par une source proche du dossier.

Parmi les derniers décès sur les 104 désormais identifiés figure celui de deux adolescents de 12 et 14 ans qui étaient partis il y a deux ans avec leur mère, une femme radicalisée originaire de la région de Toulouse mais on ne connait pas plus de détails sur son identité.

Le taux de mortalité parmi les jihadistes français est particulièrement élevé, relève cette source, qui la met en rapport avec les plus de 800 personnes qui sont allées en Syrie et en Irak, dont quelque 450 y sont encore et environ 260 ont quitté la zone.

Vus dans des vidéos de propagande jihadiste

En ajoutant ceux qui ont émis le souhait de se rendre sur place ou ceux qui sont en route, 1.600 personnes environ sont impliquées dans les filières jihadistes.

Les deux mineurs toulousains étaient apparus dans des vidéos de propagande jihadiste, a ajouté cette source. Si l'information a été très récemment vérifiée, l'un des deux a perdu la vie en mars lors de combats près de la frontière entre la Syrie et la Turquie, a-t-elle précisé.

Deux autres frères, majeurs cette fois, originaires de Trappes, dans les Yvelines, ont également perdu la vie. L'un était parti en 2013, l'autre l'a rejoint en 2014. Ils appartiennent à une famille connue, puisque l'un de leurs proches a été récemment interpellé dans une enquête antiterroriste, a précisé la source.

L'un des auteurs du triple attentat-suicide

Parmi les derniers décès identifiés, figure également un des jeunes de Lunel, la petite ville de l'Hérault d'où sont originaires entre dix et vingt jeunes hommes de 18 à 30 ans partis faire le jihad, dont sept sont décédés.

Le dernier en date est l'un des auteurs du triple attentat suicide à un poste-frontière de Touraibil entre l'Irak et la Jordanie, qui a fait quatre morts côté irakien, a précisé la source. Outre le Français, deux autres francophones, un Sénégalais et un Belge, comptent parmi les kamikazes de cette attaque revendiquée le 25 avril par l'organisation de l'Etat islamique (EI). (selon AFP)

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22 mai 2015

Migrants : Col du Brenner, les ambiguïtés de l'espace Schengen

Le col du Brenner (altitude : 1374 m) sépare l'Italie de l'Autriche. Outre une autoroute, il y passe à ciel ouvert une voie de chemin de fer. Un passage très emprunté par les migrants. Ce col est un des points de fracture de la politique d’immigration de l’UE : d’un côté, la police autrichienne tente par tous les moyens de bloquer les migrants qui vont vers le Nord ; de l’autre, les agents italiens ferment volontiers les yeux.

"Nein". L’injonction du gendarme autrichien est sans appel : "Die Flüchtlinge bleiben in Italien" [les réfugiés restent en Italie]. Ici, on ne passe pas.

Fin de non-recevoir au col du Brenner pour les migrants qui veulent escalader la forteresse Europe. Et "nein", c’est "nein". Un point c’est tout. Inutile d’essayer de faire vibrer la corde sensible, le règlement, c’est le règlement. Schengen ou pas Schengen. Surtout par ici.

 

brenner6Col du Brenner, 1 400 mètres d’altitude. Lampedusa est à 1 836 kilomètres de là, à l’autre bout de la botte : ils ont traversé le pays dans l’espoir de monter vers le nord et de rejoindre l’Allemagne ou la Scandinavie et leurs légendaires Etats-providences.

Il fut un temps où cette frontière était réelle. Avec des policiers, des carabiniers, des agents de la Garde des Finances, des douaniers. Des barrières, des grilles, des caméras de surveillance. Il y avait les contrôles, tous les véhicules étaient arrêtés à la frontière. Il fallait un passeport. Le tournant a lieu en avril 1998 : les barrières sont levées pour toujours. Aujourd’hui, sans les panneaux, on ne se rendrait même pas compte que l’on entre en Autriche.

Quarante mille véhicules transitent ici chaque jour, soit 14,6 millions à l’année, dont 70 % de voitures et de motos, les poids-lourds composant les 30 % restants. Et qui les arrête, les migrants entassés dans les voitures (jusqu’à six personnes, sans compter le passeur) ou dissimulés dans les camions ? Personne, manifestement.

Impénétrable Autriche

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Pour ceux qui choisissent le train, les choses sont différentes. Très différentes. L’Autriche est devenue impénétrable, un peu comme la Suisse. Et les refoulements systématiques à la frontière, sans pitié aucune, sont révélateurs d’une Europe qui fait peu de cas de l’Italie, de ses côtes, de "ses" migrants. Or nous, au moins, nous n’expulsons pas les personnes vulnérables : les femmes, les enfants, les personnes âgées, les handicapés.

La législation viennoise ne prévoit pas ce type de dérogations. Vienne peut par contre s’appuyer sur un document autrement plus important : le traité bilatéral signé avec l’Italie, selon lequel l’immigré clandestin peut être "réadmis dans le territoire dont il est supposé être arrivé de manière irrégulière". Autrement dit : ce sont les vôtres, vous vous les gardez. Ce même traité qui permet à la France et à la Slovénie de refouler les migrants à Vintimille et Tarvisio, les deux autres points de passage au-delà des Alpes. Ce même traité, toujours, que l’Italie applique à son tour pour rendre à la Tunisie ses migrants.

Des dizaines de convois transitent chaque jour dans la petite gare ferroviaire de Brennero. La nuit est réservée au fret : les trains de passagers se font rares. La Polfer, notre police ferroviaire, veille. Mais surtout, il y a les agents autrichiens. Ces derniers mois, Vienne en a dépêché des bataillons. Les gendarmes patrouillent dans les trains, "débusquent" des groupes entiers de réfugiés, les font descendre et les ramènent à la frontière. Traités comme des colis postaux par les bureaucraties européennes. Autrefois, ils voyageaient cachés entre les wagons, sous les bâches des poids lourds, dans les camions frigorifiques. Aujourd’hui, c'est dans les gares qu’on les trouve, avec des billets valides.

"Il faut revoir les accords", estime le préfet de Bolzano, Lucio Carluccio. En trois mois seulement, l’Autriche vient de procéder à 881 reconduites à la frontière. Près d’un millier de personnes refoulées au sud du Brenner. Un quart d’entre elles étaient des mineurs. Une moitié de Syriens, les autres originaires pour la plupart de Somalie et d’Erythrée.

Fantômes

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Les migrants qui ne veulent pas s’arrêter en Italie parce que leur destination est l’Allemagne ou quelque autre pays que ce soit évitent soigneusement d’être fichés par la police italienne

Quand ils se retrouvent coincés à la frontière, les tensions s’exacerbent, et il y a de quoi. Les migrants qui ne veulent pas s’arrêter en Italie parce que leur destination est l’Allemagne ou quelque autre pays que ce soit évitent soigneusement d’être fichés par la police italienne : une fois la demande d’asile présentée chez nous, ils ne peuvent plus partir.

Ce sont des fantômes voués à ressurgir ailleurs. En Suède, peut-être. "Où ils peuvent commencer à travailler immédiatement (en Italie, il faut attendre six mois) et se faire héberger en prime", résume Andrea Tremolada de Volontarius, une ONG qui prend en charge les réfugiés dans le Haut-Adige.

Si vous êtes refoulé par l’Autriche, ils vous amèneront à la caserne qui abrite le commissariat de Brennero, juste en face de la gare.

Ils devront alors prendre votre signalement et vous serez grillé, parce que vos empreintes atterriront dans l'EURODAC, la base de données de l’espace Schengen. Vous deviendrez "traçable", avec un nom et le visage qui correspond. Une fois fiché en Italie, vous ne pourrez plus réapparaître comme par magie dans un autre pays.

"L’Autriche et l’Allemagne doivent prêter main-forte à l’Italie", réclame la Caritas Italie. Le 30 août dernier, le ministre des Affaires étrangères autrichien, Michael Spindelegger, a annoncé que l’Autriche, magnanime, était disposée à accueillir 500 réfugiés syriens. Cinq cents, mais triés sur le volet : "En premier lieu les femmes, les enfants et les chrétiens". Authentique.

1 300 euros

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Mus par le désespoir, les clandestins ne s’arrêtent devant rien. Et ils retentent, autant de fois qu’il le faut. Arrêtés dans des trains, peut-être tenteront-ils leur chance à pied. Refoulés à nouveau, ils feront appel à un passeur.

Le dernier a été interpellé ici le 3 octobre. Un chauffeur de taxi milanais, pincé au péage autoroutier de Vipiteno au volant d'un fourgon Fiat Ducato avec neuf Syriens à son bord. Il dit avoir touché 1 300 euros au total. A d’autres. Il dit être de bonne foi. A d’autres. "Il risque trois ans et demi de prison pour trafic illicite de migrants". A d’autres : un an, un an et demi tout au plus, avec sursis, et sans mention [du délit dans son casier judiciaire].

Le jeu en vaut la chandelle. Surtout si vous roulez dans une voiture de location. Comme cela, si les choses tournent mal, vous éviterez de vous la faire confisquer. Ou si vous faites partie du réseau qui aide les réfugiés, en premier lieu afghans, à se déplacer sans laisser de traces derrière eux. C’est de la bouche d’un fonctionnaire décomplexé que sortira une vérité que l’on tait par cynisme. Tout en vous observant du coin de l’œil, il nous glisse à mi-voix : "De temps en temps, on arrête bien des passeurs, mais pourquoi se donner cette peine ? Après tout, il faudrait plutôt les remercier : ils nous débarrassent d’une partie des migrants". (traduit de "Berlinerzeitung" - voxeurop.eu) 

19 mai 2015

Comment Sarkozy a armé Boko Haram

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Deux armes sur cinq saisies sur les combattants de Boko Haram sont de fabrication française. En lançant cette petite bombe, le ministre de la communication tchadien s'est attiré un faible démenti de l'ambassadeur de France au Cameroun. Il réplique qu'une grande partie de l'armement de la secte islamiste a été prélevée à l’armée nigériane, l'autre provenant "de trafics illégaux dans la région" sans toutefois nier l'étiquetage made in France.

Tous les experts militaires de bonne foi admettent aujourd'hui que la France, quatrième exportateur d'armes dans le monde, un rang qu'elle maintient alors qu'elle a chuté à la sixième place des puissances économiques, s'est montrée bien imprudente en parachutant à l'aveugle dans le désert libyen, en juin 2011, des dizaines de tonnes d'armes à destination des rebelles combattants Kadhafi. Nicolas Sarkozy, qui est un homme impatient, était alors pressé d'en finir avec son nouvel ennemi, le Guide Libyen.

Une pluie d'armes tricolores 

Jusqu'à ces largages, les conteneurs d'armement étaient livrés par le Qatar (tiens, le revoilà) et les Émirats Arabes Unis (où l'ancien président exerce ses talents de conférencier) par avion à Benghazi, puis par bateau jusqu'à Misrata, ville tenue par les insurgés. Les parachutages français furent effectués dans le djebel Nefoussa, non loin de la frontière tunisienne. On largua en masse des lance-roquettes, des fusils d'assaut, des mitrailleuses et surtout des missiles antichars Milan. En utilisant un système très sophistiqué, avec un petit parachute qui s'ouvrait à 200 mètres du sol, se vantaient alors les militaires français. 

Dans cette région réputée pour être un fief islamiste, ces colis tombés du ciel furent accueillis comme une bénédiction, notamment par Mounir el-Haidara, l'un des émirs les plus célèbres du djihadisme tunisien. Grâce au téléphone arabe, une grande partie des armes furent détournées de leur véritable destination et recyclées, comme le dit si bien l'ambassadeur de France au Cameroun, dans le "trafic illégal", à destination d'Aqmi, Boko Haram et consorts. Voilà comment l'armée française au Mali et l'armée tchadienne au Cameroun se sont retrouvées face à des mitrailleuses tricolores.

Le tragique aveuglement des gouvernants français ne s'arrête pas là. Il faut en effet rappeler que le colonel Muammar Kadhafi fut toujours un excellent client (hors les périodes d'embargo) des industries françaises d'armement. Quelques mois après son arrivée au pouvoir en 1969, il avait fait un gros chèque pour acquérir 82 Mirage à Dassault. Dans les années 80, de luxuriants contrats aboutirent à la livraison de missiles sol-air Crotale II et de vedettes lance-missiles. Kadhafi redevenu fréquentable en 2004, les commandes reprirent de plus belle.

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Grâce à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, qui débarqua à Tripoli en novembre 2005 en se parant de l'auréole de futur présidentiable. Il était venu "pour nous vendre des armes et du matériel de surveillance", a affirmé le cousin du Guide, Ahmed Kadhaf al-Dam, dans une interview publiée par l'Express en septembre 2014. "Quand il est reparti à l'aéroport, j'ai rejoint Muammar. Nous sommes sortis nous promener dans le jardin et il m'a parlé de Nicolas Sarkozy, raconte toujours le cousin. Il était enchanté du dialogue avec votre futur président. Il admirait son enthousiasme, son ambition. La Libye, à l'époque, se battait depuis longtemps pour construire une nouvelle entité politique : les "États-Unis d'Afrique". Muammar m'expliquait que nous ne pourrions jamais construire une puissance africaine autonome si nous n'instaurions pas d'excellentes relations avec la France. Il me disait ceci : "Nous devons aider Sarkozy à devenir président. Il nous faut un ami à l'Élysée." La lune de miel, ponctuée par le débarquement de Kadhafi et de sa tente de bédouin à Paris, va durer quelques années. Michèle Alliot-Marie ministre de la Défense, met les bouchées doubles et propose quantités d'armes au colonel. On réussit notamment à lui fourguer des missiles antichars Milan pour 168 millions d'euros et un réseau de communication sécurisé Tetra pour sa police à 128 millions d'euros. Mais, il ne veut pas acheter le Rafale, volontairement sous-équipé en armement, et on lui refuse des équipements de vision nocturne de dernière génération qu'il voulait acquérir pour, disait-il, lutter contre l'immigration clandestine.

Pas de levée d'embargo sur les armes

Au moment de sa chute, plus de deux milliards d'euros de contrats étaient en discussion, portant sur la vente d'hélicoptères, d'un système de radars de surveillance aérienne, de chars de combat T-72, de vedettes....  La plupart de ces armes ont été détruites par les bombardements franco-anglais de 2011, mais aucune troupe au sol ayant été déployée, on est loin d'avoir la certitude que quelques unes de ces armes, notamment les missiles Milan, ne soient pas tombés entre des mains islamistes.

Aujourd'hui, la Libye est plongée dans un effroyable chaos, avec d'un côté  le gouvernement du Premier ministre Abdallah al Thinni, seul reconnu par la communauté internationale, et de l'autre un invraisemblable fatras de milices claniques de diverses obédiences, et des groupes liés à l'État Islamique qui étend son emprise sur le  pays. Ce gouvernement réclame à l'ONU la levée de l'embargo sur les armes, et la livraison de 150 chars, d'une vingtaine d'avions de chasse, de sept hélicoptères d'attaque, de dizaines de milliers de fusils d'assaut et de lance-roquettes et de millions de munitions en provenance d'Ukraine, de Serbie et de République tchèque. Le 9 mars, le Conseil de sécurité des Nations Unies, à l'initiative de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis, a mis en suspens sa réponse à cette demande formulée pour lutter contre le groupe État islamique. Il n'est pas exclu, que ces grandes puissances, instruites par l'expérience syrienne où les armes promises aux rebelles dits modérés sont tombées aux mains des djihadistes de l'EI, y réfléchissent désormais à deux fois avant de livrer des armes dans un pays qui compte au moins un million d'armes légères sans compter d'autres joyeusetés comme des missiles sol-air ou des entrepôts d'armes chimiques. Et cela, aux frontières immédiates de l'Europe. On espère que Nicolas Sarkozy, qui piaffe d'impatience de revenir aux affaires, saura proposer des solutions pour sortir de ce bourbier libyen. (selon "Mondafrique")

16 mai 2015

Grèves en Allemagne : après les trains, la poste

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La politique d'austérité imposée par Angela Merkel continue à faire des remous en Allemagne. A peine la grève des trains terminée, voilà que ce sont les postiers qui débrayent. En effet, dans la négociation collective entre la Deutsche Post et le syndicat Verdi, aucun accord n'est intervenu. La revendication des salariés est simple : réduction du temps de travail sans baisse des salaires.

"Tous les voyants sont au rouge", selon les responsables syndicaux. Les clients postaux doivent s'attendre à des retards dans la distribution du courrier et des colis. Ce sont les salariés qui voteront maintenant la durée de la grève. Pour l'instant, la direction considère les revendications des salariés comme irréalistes, et veut se tenir à une garantie de trois sans licenciements. Le syndicat demande une réduction du temps de travail de 38,5 h à 36 h.

Décidément, l'Allemagne n'est plus le "pays sans grèves", opposé à la France où les salariés sont considérés comme des grévistes potentiels.

15 mai 2015

Le rallye WRC n'ira pas en Côte d'Ivoire

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Le 20 octobre 2013, ce blog titrait : Un ministre ivoirien veut-il chiper le rallye WRC aux Alsaciens ? . Rappelons-nous : Alain Lobognon, ministre des sports ivoirien, était venu suivre le rallye de France WRC qui passait dans le Val de Villé. Il a même fait une halte à Albéville (pour goûter un verre ou deux de pinot noir ou de gewürtztraminer ?) en réalité, il s'intéressait à poser auprès des dirigeants la candidature pour ce rallye dans son pays africain.

Depuis cette date, les choses ont évolué. Le rallye WRC de France, par la grâce de Philippe Richert, Guido Kennel, Jean Rottner et quelques autres (peut-être pour punir les Alsaciens d'avoir mal voté à un certain referendum ?) ont abandonné l'idée de financer  cette compétition pourtant très populaire.

Aussi, y aurait-il de la place pour cette candidature ivoirienne. Le programme pour 2016 est loin d'être complet. La première ébauche du calendrier fait suite à une réunion de la commission WRC de la FIA, tenue hier à Paris. Neuf épreuves sont d'ores et déjà inscrites au menu avec les traditionnelles premières épreuves du Monte-Carlo (21-24 janvier) et de la Suède (12-14 février). Seuls les rallyes du Mexique, d'Argentine, d'Italie, de Pologne, de Finlande, d'Australie et d'Espagne sont également au programme, sans que les dates pour ces rendez-vous ne soient pour le moment arrêtées. Ces décisions doivent être désormais soumises au Conseil Mondial du Sport Automobile pour ratification.

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Oui, mais voilà ! Lobognon, le très intéressé ministre ivoirien, vient d'être démis de ses fonctions à la suite de l'énorme scandale dans l'affaire  des ’’primes impayées des Eléphants’’. Les joueurs de l'équipe nationale, vainqueurs de la CAN (Coupe d'Afrique des Nations), n'avaient pas touché toutes leurs primes. Lobognon et ses collaborateurs auraient-il eu des trous dans leurs poches ? Et la destination de l'argent de ces joueurs professionnels, nul n'est capable de la situer. Quelques rapprochements semblent curieux cependant : déjà en 2013, le tour cycliste de Côte d'Ivoire a failli être interrompu une partie de son financement ayant disparu.

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Et voilà que la rumeur amplifie ! Et le président Ouattara doit rentrer d'urgence de Suisse (tiens, tiens), après une rencontre avec le président ghanéen (motif officiel) et doit limoger Alain Lobognon. Et comme par miracle, les Eléphants seront payés. Car Ouattara a d'autres problèmes, et notamment sa réélection en octobre 2015. Il ne peut laisser se développer un scandale qui ne serait pas le premier, comme celui des militaires FRCI aux salaires impayés qui s'étaient mis en grève.

Alors, si le départ de Lobognon est inévitable, autant en profiter pour nommer un ministre "électoralement utile" en l'occurence Albert François Amichia, déjà ministre des sports sous Gbagbo, qui avait même connu la prison des rebelles à Bouaké en 2002, mais qui pouvait représenter la soi-disante réconciliation nationale.

Mais il serait étonnant que l'option rallye soit relancée en Côte d'Ivoire. Le ministre a changé, mais les soupçons de corruption à tous niveaux restent. Les dirigeants du championnat WRC ne se lanceront pas dans cette aventure.

13 mai 2015

"Républicains", une valeur usurpée

L’UMP va se transformer fin mai en un nouveau parti qui sera baptisé « Les Républicains ». Comme si la République n'était un bien commun ! Ce cher Sarkozy (notamment pour ses conférences) veut-il un parti républicain "à l'américaine" ou "à l'allemande"?

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Chez nos voisins en effet, le parti « Les Républicains » (Die Republikaner) existe déjà. C'est une formation d’extrême-droite fondée par des dissidents du parti conservateur bavarois CSU et un ancien membre de la Waffen-SS, le journaliste Franz Schönhuber, décédé en 2005.

Actuellement dirigé par Johann Gärtner, « Die Republikaner » compte environ 6.500 membres. Il a été surveillé par les services de renseignements intérieurs allemands entre 1992 et 2006.

Die Republikaner, qui a dans le passé tenté de se rapprocher d’autres formations d’extrême droite allemandes comme DVU ou le NPD, a obtenu dans les années 80 et 90 quelques bons scores au niveau européen (six députés en 1989) et local, avec quelques élus à l’assemblée de l’Etat régional du Bade-Wurtemberg (sud-ouest) entre 1992 et 2001. Mais depuis cette date, le parti, quasi inexistant au niveau fédéral, n’est plus représenté dans aucun parlement régional.

Député européen de 1989 à 1994 sous la bannière des Republikaner, avant de claquer la porte du parti pour rallier le NPD, Franz Schönhuber est l’auteur d’un livre dans lequel il défend le régime nazi et son propre rôle dans la Waffen-SS, branche militaire de la SS. Il est également l’auteur d’un livre à la gloire de Jean-Marie Le Pen, l’ancien président du Front national français. C’est lors de la présentation de ce livre en 1997 à Munich que M. Le Pen avait réitéré ses propos sur l’extermination des juifs, à ses yeux un « détail » de l’Histoire.

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Mais, les Republikaner ne sont pas inactifs ! Ils fêtent tous les ans le Mercredi des Cendres. Ainsi, ils ont organisé leur 30ème anniversaire à Taufkirchen en Bavière, ce 5 mars 2014, en présence du président national du parti Rolf Schlierer. Karl Schnell du FPÖ (Autriche) a remis les salutations de son parti. (Rappelons qu'en 2013, Marine Le Pen avait rencontré les dirigeants du FPÖ lors d'un bal à Vienne).

L'ancienne tête de liste des Republikaner pour les élections européennes Hermann Macka a pris la parole.  Les thèmes principaux qui ont été mis en avant par ce dirigeant des Republikaner dans son discours sont : l’Allemagne doit défendre ses propres intérêts, l’Allemagne doit quitter l’euro et les accords de Schengen, les Allemands doivent décider eux-mêmes pour leur pays et plus de respect pour la famille. 

En France comme en Allemagne et aux USA, la notion de république chèrement conquise risque d'être confisquée par quelques-uns.

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