Austérité : après le Portugal, l'Irlande
L'important cortège de 50'000 personnes, selon la police, à 150'000 selon la confédération syndicale ICTU, a défilé au son des cornemuses des quais de la Liffey jusqu'au GPO (General Post Office), lieu symbolique dans le centre de Dublin où avait été lue en 1916 la déclaration d'indépendance. Malgré un froid vif et des chutes intermittentes de neige sur Dublin, la mobilisation a été importante à l'échelle d'un pays de quelque 4 millions d'habitants. Les manifestants ont dénoncé dans le calme mais avec émotion le régime d'austérité prévu par le gouvernement pour sauver son secteur bancaire. «Il s'agit de sauver les gens, mais pas ceux à la tête des banques», a lancé Jack O'Connor, président du Siptu, premier syndicat irlandais. Il a dénoncé le gouvernement du Premier ministre centriste Brian Cowen qui «veut signer un chèque en blanc au nom des générations futures». Pour Mark Finley, un employé de la municipalité de Dublin de 28 ans, «il faut virer le gouvernement et faire la grève». Des bannières proclamaient : «Il y a une voie plus juste et meilleure» ou «l'Eire n'est pas à vendre, pas au FMI».
Quelque 700 policiers et un hélicoptère ont été mobilisés pour la marche alors que plusieurs attaques ont ciblé ces derniers jours des ministres : l'un a été aspergé de peinture rouge, un autre saisi par la cravate par un électeur mécontent et un large «traîtres» a été peint sur la permanence d'un troisième. Les mesures d'austérité annoncées mercredi prévoient 15 milliards d'euros de réductions budgétaires et de hausses d'impôts d'ici à 2014, avec de réels sacrifices pour la population. Les allocations chômage et familiales seront réduites, tout comme les retraites des fonctionnaires et le salaire minimum, et près de 25'000 emplois publics seront supprimés.
Une réunion prévue dimanche
Ce plan vise à ramener à 3% le déficit public irlandais, actuellement de 32% du produit intérieur brut. L'annonce d'un accord d'aide internationale à l'Irlande, qui devrait atteindre 85 milliards d'euros, est en principe attendue avant l'ouverture des marchés, lundi matin. Selon une source proche du dossier à Paris, les ministres des Finances de la zone euro puis des Vingt-Sept se réuniront dimanche à Bruxelles pour débattre de cette aide. Dans un hôtel de Dublin, des négociateurs s'employaient samedi à mettre au point ce plan dont les dirigeants européens espèrent qu'il permettra d'éviter que la crise ne s'étende au Portugal et à l'Espagne. L'attention des contribuables irlandais se concentre sur le taux d'intérêt des prêts en négociation. Eamon Gilmore, dirigeant du Parti travailliste (opposition), a jugé «très inquiétant» une information de la chaîne publique RTE selon laquelle le taux d'intérêt pourrait atteindre 6,7%. «Si c'est vrai, ce serait une capitulation consternante du gouvernement. Et une trahison des principes fondateurs de l'Union européenne», a-t-il dit lors d'une conférence du Labour. (ats)
* Article paru dans 20 minutes.ch