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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
23 décembre 2022

Pérou : le mouvement de contestation s'aggrave

Outre la libération de Pablo Castillo, les manifestants exigent la démission de la présidente Dina Boluarte. A la suite des manifestations, quelque 5 000 touristes, dont une quinzaine de Français, sont bloqués dans la ville de Cuzco.

p_rou1Le mouvement de contestation s'aggrave au Pérou où il est entré vendredi dans son 9e jour après le maintien en prison de l'ancien chef de l'Etat déchu Pedro Castillo et de nouveaux affrontements qui ont fait sept morts dans le sud du pays.

La Cour suprême a décidé jeudi de laisser en détention pour 18 mois l'ex-président de gauche radicale, incarcéré depuis sa destitution le 7 décembre, à la suite  d'une tentative ratée pour dissoudre le Parlement, qualifiée de putsch manqué par ses adversaires.

Les affrontements ont eu lieu « dans divers points de la ville », selon la Direction régionale de la santé. Un affrontement près de l'aéroport d'Ayacucho a notamment fait deux morts, selon le Défenseur du peuple (Ombudsman) péruvien.

Outre la libération de M. Castillo, les manifestants exigent la démission de la présidente Dina Boluarte, ancienne vice-présidente du chef d’Etat destitué, qui a promis une nouvelle fois des élections anticipées, espérant un scrutin en décembre 2023.

Mais le Parlement péruvien a repoussé le projet de loi visant à avancer d'avril 2026 à décembre 2023 les élections générales. La proposition n'a recueilli que 49 voix alors qu'il en fallait 87.

« L'étape suivante c'est la démission de Dina Boluarte, et une transition démocratique », estime la députée de gauche Ruth Luque qui s'est abstenue, précisant qu'elle préférait un référendum sur une « Assemblée constituante ».  « Mme Boluarte doit démissionner en raison du nombre de morts », a quant à elle estimée la députée centriste Susel Paredes, qui a voté pour.   

En cas de démission de la présidente, son successeur constitutionnel est le président du Parlement, José Williams. Si lui renonçait, la présidence échouerait au président de la Cour suprême qui en revanche devrait alors organiser de nouvelles élections. 

Depuis la Colombie voisine, le président de gauche Gustavo Petro a estimé que c'était un « scandale » de voir « un président élu par le peuple en détention préventive ».  Les manifestations, qui demandent aussi la libération de M. Castillo et la démission de Mme Boluarte, se poursuivaient vendredi notamment à Arequipa (sud), Huancayo (centre), Cuzco (sud-est), Ayacucho (sud) ou Puno (frontière bolivienne).

Le bilan est désormais de 18 morts, selon le ministère de la Santé. Plusieurs victimes ont été tuées par balles, tirées par la police et l'armée. 147 personnes ont été arrêtées, selon une ONG de défense des droits de l'Homme.

Des milliers de touristes bloqués

Quelque 5 000 touristes sont bloqués dans la ville de Cuzco suite aux manifestations, a déclaré vendredi le maire de la ville touristique de Machu Picchu.

« Nous avons 5 000 touristes bloqués dans la ville de Cuzco, ils sont dans leurs hôtels en attendant que les vols soient réactivés », a déclaré Darwin Baca, maire du district voisin de Machu Picchu, qui se trouve également à Cuzco. Vendredi, l'aéroport de la ville était toujours fermé, les routes bloquées et les transports ferroviaires paralysés. 

Au moins 622 touristes dont 525 étrangers parmi lesquels une quinzaine de Français sont bloqués sur le site même, selon un recensement de la municipalité. Le train, arrêté depuis mardi, est l'unique moyen moderne de se rendre à la citadelle depuis Cuzco, l'ancienne capitale de l'empire inca, à 110 km. 

L'armée va envoyer samedi un hélicoptère qui assurera « quatre vols humanitaires pour le transfert des touristes » du Machu Picchu à Cuzco, selon la municipalité qui précise que priorité sera donnée aux familles avec « enfants et personnes vulnérables ». 

Quelque 200 touristes, principalement des Nord-Américains et Européens, ont quitté la zone à pied, longeant la voie de chemin de fer pour rejoindre Ollantaytambo, à 30 km, où des bus les attendaient. (selon "AFP")

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20 décembre 2022

Coupures d'électricité à Madagascar

Délestages à Fort Dauphin, le géant minier invoque le cas de «force majeure»

Dans le Grand Sud de Madagascar, la filiale malgache QMM du géant minier Rio Tinto, invoque la « force majeure » et a annoncé ne plus être en mesure d’approvisionner en électricité en continu la ville de Fort Dauphin. Depuis mercredi 14 décembre, les 70 000 habitants sont donc soumis à un délestage 8h par jour (de midi à 20h), et ce pour une durée indéterminée. Une décision qui fait suite à la recrudescence des tensions avec une frange de la population alentour qui s’estime victime, en autres, d’expropriation foncière. Depuis le 1er décembre, en effet, environ 200 manifestants bloquent nuit et jour la route permettant aux camions et aux employés de se rendre sur le site d’extraction minier. 

madagascarLe 1er décembre, en réponse au blocage de la route reliant la mine à Fort Dauphin par des manifestants, QMM avait déjà annoncé stopper l’ensemble des opérations d’extraction pour des raisons de sécurité de son personnel, et ne maintenir que le service minimum pour la production d’électricité de la ville.  

Lors d’une interview la semaine passée, son directeur général, David-Alexandre Tremblay, nous avait alors fait part de ses inquiétudes :

La situation a perduré. Les rotations des équipes sont désormais impossibles à effectuer. Les réserves de fioul diminuent. « Les circonstances nous contraignent à ce programme de délestage » a donc expliqué le géant minier, par voie de communiqué ce 13 décembre.

Afin d’éviter la paralysie des services de santé, l’entreprise a fourni générateur de secours et carburant à l’hôpital régional ainsi qu’à un dispensaire.

QMM en appelle désormais au gouvernement pour que soit trouvée une solution avec les manifestants et qu’ils quittent les lieux, sans violence, pour permettre le redémarrage des activités.

Lundi, les négociations avaient repris avec les pêcheurs et les usufruitiers. Concernant les doléances propres aux questions foncières, QMM les a toutes rejetées, au motif que l’entreprise a déjà signé des accords en 2016 avec l’État sur ces questions-là. (selon "RFI")

19 décembre 2022

Inondations au Pakistan

  • Le Pakistan a été frappé par des pluies de mousson sans précédent au cours de l'été qui ont submergé un tiers du pays, endommagé deux millions de maisons et tué plus de 1 700 personnes.
  • Les Nations unies ont lancé un appel pour un peu plus de 816 millions de dollars, mais seulement 262 millions de dollars ont été versés par les donateurs internationaux aux agences de l'ONU et autres ONG.
    pakistanISLAMABAD: L'aide alimentaire d'urgence, destinée aux communautés dévastées par les inondations de cet été au Pakistan, sera épuisée en janvier, a mis en garde jeudi l'ONU, un tiers seulement de l'appel de fonds ayant été reçu.
    Le Pakistan a été frappé par des pluies de mousson sans précédent au cours de l'été qui ont submergé un tiers du pays, endommagé deux millions de maisons et tué plus de 1 700 personnes.
    "Il est très important pour nous d'assurer la sécurité alimentaire dans les jours et les semaines à venir pour les personnes touchées par les pluies", a déclaré Julien Harneis, coordinateur humanitaire des Nations unies pour le Pakistan, lors d'une conférence de presse dans la capitale.
    Les Nations unies ont lancé un appel pour un peu plus de 816 millions de dollars, mais seulement 262 millions de dollars ont été versés par les donateurs internationaux aux agences de l'ONU et autres ONG.
    "C'est très inquiétant car d'autres interventions d'urgence dans le monde obtiennent un pourcentage de réponse bien plus élevé et nous n'obtenons pas ce financement ici", a déploré M. Harneis.
    Le Programme alimentaire mondial (PAM) sera à court de fonds le 15 janvier, a prévenu de son côté Chris Kaye, responsable de mission au Pakistan.
    "Nous sommes confrontés à une crise majeure et franchement, je pense, très grave à l'approche de 2023, à moins que nous n'obtenions le soutien nécessaire", a-t-il mis en garde.
    Le nombre de personnes aya'une aide alimentaire vitale passera de quatre millions à 5,1 millions pendant la saison hivernale, selon Chris Kaye.
    Entre 8 et 9 millions de personnes sont tombées sous le seuil de pauvreté par les inondations. La mousson a emporté de vastes étendues de cultures et de nombreuses familles déjà appauvries ont perdu leurs moyens de subsistance.
    Certaines habitations restent sous l'eau et des familles vivent sur des routes surélevées ou dans des camps de déplacés. Certaines familles ont été poussées à faire travailler leurs enfants ou encore à les marier et le trafic d'êtres humains s'est développé, a indiqué l'ONU.
    Le Pakistan est responsable de moins d'1% des gaz à effet de serre dans le monde, mais il figure en bonne place dans le classement des nations vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes causés par le changement climatique. (selon "Arabnews")
18 décembre 2022

Abandon du zéro Covid en Chine

« Pour Pékin, le risque politique prime sur le risque sanitaire »

p_kin1Après l’abandon des mesures de confinements et des tests de dépistages anti-Covid massifs en Chine, Pékin vient d’annoncer ce lundi 12 décembre 2022 l’arrêt de l’application de traçage des déplacements. Un assouplissement spectaculaire des mesures de contention de l’épidémie, guidé selon plusieurs spécialistes du pays par la crainte d’une déstabilisation du régime. Explications.

Après un mouvement de protestation inédit en Chine, les restrictions ont quasiment toutes disparues. En moins d’une semaine, la stratégie chinoise d’endiguement de l’épidémie visant à éliminer totalement les contaminations – ou stratégie zéro Covid – a volé en éclat. Mercredi 7 décembre 2022, le gouvernement chinois annonçait la fin des confinements localisés, des tests systématiques ou encore des longues périodes d’isolement.

Ce lundi 12 décembre, les autorités du pays annonçaient mettre fin au traçage généralisé de la population, qui permettait de savoir si les Chinois étaient passés par des zones de contamination. Un revirement brutal et spectaculaire, qui met fin à trois années de contrôle strict de l’épidémie et des citoyens du pays.

Des décisions montrant la crainte d’atteintes à la « stabilité sociale », pierre angulaire de l’idéologie du parti communiste chinois (PCC), selon plusieurs spécialistes. Mais qui montreraient surtout la « profonde incohérence » du régime. Et font craindre une flambée des cas.

Le risque politique prime sur le risque sanitaire

Jean-Philippe Béja, sinologue et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), rappelle que « le système [décisionnaire chinois] est totalement opaque, on ne sait pas du tout comment se prennent les décisions ». Mais, selon lui, « l’idée première du gouvernement chinois est de mettre un terme au mécontentement populaire. Le risque politique est toujours essentiel. Ce n’est jamais l’économie qui prime, jamais la santé. C’est toujours le risque politique ».

La stabilité sociale, c’est la priorité absolue pour le Parti communiste et la menace numéro un que ses dirigeants perçoivent.

Et, alors que certains manifestants appelaient ouvertement à la démission du président chinois, le risque politique devenait trop important. « C’est quelque chose qui est très inquiétant pour les autorités puisque c’est une atteinte à la stabilité sociale, explique Marc Julienne, responsable des activités Chine de l’Institut français des relations internationales (Ifri). C’est la priorité absolue pour le Parti communiste et la menace numéro un que ses dirigeants perçoivent. Elle est constante, et existe au sein du Parti communiste depuis bien avant Xi Jinping. »

Une justification hasardeuse

Pour justifier une telle volte-face, un mot d’ordre : le variant Omicron, moins dangereux que le virus initial, « ouvre la voie à plus de souplesse dans les restrictions », a expliqué Xi Jinping au président du Conseil européen, Charles Michel, en marge de son déplacement à Pékin. Une formule reprise depuis par tous les officiels du pays, tels que Zhong Nanshan, le monsieur Covid du pays, qui a récemment expliqué qu'Omicron avait un taux de mortalité similaire à la grippe saisonnière.

Après un mouvement de protestation inédit en Chine, les restrictions ont quasiment toutes disparues. En moins d’une semaine, la stratégie chinoise d’endiguement de l’épidémie visant à éliminer totalement les contaminations – ou stratégie zéro Covid – a volé en éclat.  

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16 décembre 2022

Scandale de la «dette cachée» au Mozambique

11 proches du pouvoir condamnés

Le verdict a été rendu ce mercredi 7 décembre dans l’affaire de corruption dite de la « dette cachée ». Sur les 19 accusés jugés dans cette affaire, 11 proches du pouvoir, dont le fils de l'ancien président Armando Guebuza, ont été condamnés à des peines de prison ferme.

mozambique1Le procès, retransmis en direct à la radio et à la télévision, aura duré sept mois dans un tribunal spécialement aménagé dans la cour d'une prison de Maputo. Le scandale, qui a éclaté en 2016, a plongé le pays dans sa plus grave crise financière depuis son indépendance. 

L'affaire remonte à 2013, quand des prêts secrets de 2 milliards de dollars, garantis par l'État, ont été accordés à des entreprises publiques par des banques étrangères. Officiellement, pour des achats de navires de pêche et de patrouilleurs militaires.

Les 19 accusés, tous proches du pouvoir, étaient jugés pour chantage, faux, détournements de fonds et blanchiment. L'ancien chef du renseignement et de la sécurité de l'État et l'ex-patron du renseignement économique ont écopé de 12 ans de prison, comme le fils de l'ancien président Armando Guebuza. Ndambi Guebuza a été, lui, reconnu coupable d'avoir joué les facilitateurs auprès de son père en échange de 33 millions de dollars.

Le pays a été bloqué

L'actuel chef de l'État, Filipe Nyusi, mis en cause dans plusieurs témoignages, n'a pas été inquiété par la justice.

Malgré plusieurs audits menés, il n'a pas été possible de déterminer ce qui a été acheté avec l'argent des prêts. Le juge a estimé que « les crimes commis ont eu des effets qui se feront sentir sur des générations. Le pays a été bloqué, l'aide financière à l'État suspendue et la pauvreté s'est aggravée pour des milliers de Mozambicains ».

D'autres procédures sont encore en cours en Suisse, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud.(selon RFI)

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15 décembre 2022

Le Népal, l'équipe oubliée de la Coupe du monde

Pour réussir à construire les stades et infrastructures du Mondial, le Qatar a recruté une large partie de sa main-d'oeuvre d'ouvriers au Népal, où le chantier de la Coupe du monde illustre le poids essentiel des travailleurs émigrés dans l'économie.

n_pal2Ils forment l'équipe oubliée de la Coupe du monde, celle sans qui la compétition n'aurait pu se tenir au Qatar. Pour construire les stades et les infrastructures nécessaires à la grand-messe du football, l'émirat s'est largement tourné vers les travailleurs étrangers, et en particulier ceux venus du Népal. Le petit Etat himalayen est celui qui a fourni le plus gros contingent de main-d'oeuvre comparé à sa population totale, raconte le New York Times, qui est allé sur place décrire les rouages de cette armée de travailleurs anonymes, dont plusieurs milliers ont laissé leur vie au Qatar.

« Pays peu industrialisé, le Népal est doté d'une large population active, mais ne peut offrir de débouchés à une grande partie de ses citoyens, en particulier dans les campagnes », explique le quotidien new-yorkais. « Pris au piège entre la pauvreté, le désespoir et la nécessité, des centaines de milliers de personnes partent chaque année chercher du travail à l'étranger. »

Une ressource vitale pour l'économie népalaise

Le gouvernement estime ainsi que plus de 25 % de sa population a migré pour trouver un emploi depuis qu'il a commencé à collecter ces données en 1994. Et les fonds que ces expatriés envoient au pays constituent une ressource vitale pour l'économie locale, pesant un quart du PIB annuel.

Sur la seule année écoulée, 650.000 Népalais ont quitté le pays avec un contrat de travail étranger. L'aéroport de Katmandou illustre l'importance vitale de cette filière, raconte le « New York Times » : il existe trois files d'attente, une pour les voyageurs népalais, une pour les étrangers et la troisième réservée aux « travailleurs migrants népalais », de loin la plus fréquentée. Dans les rues de la capitale, les panneaux d'affichage et les bus sont tapissés de publicités proposant des services de visa et de placement jusqu'au Canada, en Australie, au Japon et en Corée du Sud.

Ces emplois sont si précieux que même les organisations de défense des travailleurs migrants admettent qu'elles craignent parfois de pousser trop fort en faveur des réformes, qui pourraient défavoriser les Népalais sur le « marché » des travailleurs venant des pays pauvres voisins.

Un prix élevé à payer

De l'autre côté, le Qatar s'est montré particulièrement friand de cette main-d'oeuvre abondante et à bas coût durant la décennie écoulée afin d'achever le colossal chantier du Mondial. Avec l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, l'émirat figure dans le Top 3 des employeurs internationaux pour les Népalais, avec 185.000 ressortissants sur place entre juillet 2020 et 2021. « La relation entre les deux pays fournit l'exemple idéal de la rencontre entre l'ambition et la nécessité, qui a permis de bâtir cette Coupe du monde », souligne le journal américain.

Mais le Népal a payé un prix élevé pour participer à cette aventure. Selon les données recueillies par le ministère du Travail népalais, au moins 2.100 de ses travailleurs sont morts au Qatar depuis 2010, l'année où il a obtenu la Coupe du monde (un grand nombre sont également décédés ailleurs : 3.500 en Malaisie, 3.000 en Arabie saoudite…). Ils succombent à un large éventail de causes, crises cardiaques, problèmes de santé liés à la chaleur, et connaissent aussi un important taux de suicides.

Forte demande pour partir

Bishwa Raj Dawadi, médecin membre d'un comité qui examine les certificats de décès et les blessures des travailleurs migrants pour le ministère du Travail, a remarqué une autre tendance inquiétante : nombre de jeunes travailleurs souffrent d'insuffisance rénale après leur retour du Golfe. Mais des centaines de cercueils revenant au pays sont classés dans la catégorie des « morts naturelles », faute d'autopsies.

Malgré ces risques, le départ pour travailler à l'étranger représente un eldorado très demandé, en particulier dans les zones rurales. A tel point que les candidats à l'émigration doivent le plus souvent payer des frais d'engagement à des agences de recrutement pour espérer décrocher les emplois les plus convoités. Leurs montants s'élèvent jusqu'à 2.000 dollars, obligeant les familles pauvres à s'endetter à des taux prohibitifs de 30 % ou plus. Ce qui représente plusieurs mois de salaires à rembourser pour le futur émigré avant même son départ.

Le système est source de nombreux trafics et arnaques en amont, tandis qu'en aval, au Qatar, les employeurs détiennent le pouvoir sur  ces travailleurs. Le pays a bien engagé des réformes, mais elles sont intervenues tardivement, note le « New York Times », et, surtout, de nombreux migrants ignorent l'existence de ces nouvelles protections. « La Coupe du monde a été entièrement construite sur le dos des travailleurs migrants, sur la base d'un rapport de force complètement inégal », estime Michael Page, directeur adjoint Moyen-Orient Afrique du Nord à Human Rights Watch. L'expérience du Mondial ne devrait toutefois pas tarir la source des Népalais désireux de s'expatrier pour pouvoir travailler… (selon, Pierre Demoux - "Les Echos")

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10 décembre 2022

Suisse : pénurie de main-d’œuvre qualifiée

Plusieurs secteurs clés pour l’économie suisse manquent déjà cruellement de talents alors que des centaines de milliers de départs en retraite s’annoncent, alerte le quotidien “Le Temps”, qui appelle à la mise en œuvre d’une politique d’immigration “active”.

suisseAdecco et Manpower, les deux géants de l’intérim en Suisse, sont d’accord : le manque de main-d’œuvre qualifiée dans le pays se situe à un niveau historique. Sont particulièrement touchés les professions médicales, les métiers de l’informatique et ceux de l’ingénierie. “La question n’est plus de savoir s’il faut attirer des travailleurs étrangers mais comment le faire rapidement”, résume un éditorial du quotidien Le Temps.

Rien de vraiment nouveau, à vrai dire, dans la liste des métiers en tension mais les ralentissements dus à la pandémie et la perspective qui se rapproche du départ en retraite des baby boomers n’ont fait qu’aggraver la situation, souligne par ailleurs le journal.

“Sans l’immigration de médecins étrangers, la Suisse ne peut actuellement, ni ne pourra à l’avenir couvrir ses besoins en médecins spécialistes”, constatait au printemps dernier l’Observatoire suisse de la santé (Obsan). Même scénario pour les développeurs de logiciels et d’applications informatiques : en juin dernier, l’association ICT-Formation professionnelle a publié une étude qui montrait qu’il manquera 38 700 informaticiens en Suisse d’ici à 2030. Quant aux métiers liés à l’ingénierie et à l’industrie, ils sont déjà presque tous en tension. La Suisse manque notamment de techniciens en génie mécanique, d’électrotechniciens et des contrôleurs de processus dans la production de métaux.

Recruter à l’étranger : le défi de la décennie à venir

Dans l’industrie, “les besoins sont d’autant plus difficiles à combler que pour faire face à la concurrence internationale les entreprises suisses ont investi des niches hautement techniques comme la production d’outils de précision, les technologies médicales ou le développement et la construction de sous-systèmes pour l’aéronautique et l’aérospatiale”. Autant de niches où des compétences spécifiques sont recherchées, indique le journal.

La Suisse va devoir “faire preuve de souplesse et de pragmatisme” dans l’octroi de permis de travail aux travailleurs extra-européens, “tout en œuvrant au maintien de la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Union européenne”, insiste Le Temps dans l’éditorial qu’il consacre à la question. Quant aux entreprises, elles devront “proposer un cadre de travail plus flexible quand c’est possible” pour attirer les travailleurs étrangers qui disposent de compétences particulières, souligne pour sa part Jan Jacob, directeur de Manpower pour la Suisse.

Restera également à faire un effort pour mieux intégrer ces travailleurs étrangers. “De l’apprentissage des langues à la cohésion sociale en passant par la densité de la population, les aspérités ne manquent évidemment pas dans ce qui s’annonce comme le défi économique de la décennie”, conclut Le Temps. (selon "Courrier international")

6 décembre 2022

Tensions entre la Slovaquie et la République tchèque

Le Premier ministre slovaque, Eduard Heger, s'est rendu jeudi à Prague afin de demander à son homologue tchèque, Petr Fiala, d'assouplir les contrôles frontaliers en place depuis plusieurs semaines pour diminuer un afflux de migrants, qui se dirigent vers l'Allemagne et l'Europe occidentale.

slovaquieLes contrôles, effectués aux points d'entrée le long de la frontière tchécoslovaque (252 km), ont perturbé le transport routier, provoquant souvent des retards de plusieurs heures et suscitant la colère des chauffeurs routiers slovaques.

La Slovaquie affirme que ces contrôles ne respectent pas les règles de l'espace Schengen, dont les deux pays font partie. Le ministre tchèque de l'Intérieur, Vit Rakusan, a déclaré mercredi qu'il ne s'attendait pas à ce que ces contrôles prennent fin immédiatement en raison de leur efficacité.

Selon l'Union européenne, les contrôles tchèques temporaires sont liés à "l'immigration irrégulière et aux activités des groupes organisés de passeurs".

Ce mois-ci, le gouvernement slovaque a installé un camp de 16 tentes à Kuty, une ville frontalière, pour gérer le flux de migrants arrêtés par les contrôles.

Le gouvernement tchèque a mis en place ces contrôles le 29 septembre après avoir constaté une multiplication par 12, à 12.000, du nombre de détentions de migrants cette année.

Depuis, 8.840 cas de migration illégale ont été décelés et 2.841 personnes ont été renvoyées en Slovaquie, a indiqué la police tchèque lundi.

La grande majorité des migrants étaient des Syriens et se dirigeaient principalement vers l'Allemagne, selon les autorités. (selon "Zonebourse" - Version française Kate Entringer)

5 décembre 2022

RD Congo : accrochages dans le Nord-Kivu malgré le cessez-le-feu

En RD Congo le cessez-le-feu est entré en vigueur le vendredi 25 novembre dans le Nord Kivu. Selon le document final signé à Luanda, il devait y avoir "une cessation des hostilités, en particulier des attaques du M23 contre les Forces armées congolaises et la Monusco". Le M23 est censé engager son retrait des zones occupées.

congoMais sur le terrain, des affrontements continuent à être signalés dans le territoire de Rutshuru. Des sources locales évoquaient des tirs à l’arme lourde dans la région. 

Aucun incident majeur n’a été rapporté mais le calme est extrêmement précaire. Depuis plusieurs jours, tous les yeux sont rivés vers la région de Bwiza, Bambo et Tongo, au nord-ouest de Goma, la capitale régionale, là où plusieurs affrontements entre rebelles du M23 et forces loyalistes ont été signalés.

Vendredi 25 novembre, jour du cessez-le-feu, « la population de Bwiza fuyait encore les combats vers la localité voisine de Kitchenga », témoignait un habitant qui a quitté la région. Cette zone, à proximité du parc national des Virunga, est stratégique car elle borde le territoire du Masisi.

Jusqu’à présent, l’essentiel des combats, depuis l’offensive lancée par le M23 le 20 octobre, se sont essentiellement déroulés dans le territoire du Rutshuru. Les rebelles y contrôlent plusieurs postes douaniers dont Bunagana et Kitagoma, à la frontière avec l’Ouganda. Ils occupent aussi les villes agricoles et commerçantes de Rutshuru et de Kiwanja.

Peu probable donc que les rebelles se retirent de leurs positions, comme le stipule pourtant l’accord signé par les chefs d’État de la région à Luanda mercredi 23 novembre. (selon RFI)

4 décembre 2022

Entre Paris et Bamako, la guerre des ONG

Le pouvoir malien a interdit les activités des ONG financées par la France. Une décision qui vient tendre encore les relations déjà houleuses entre Paris et Bamako. “La revue de presse RFI” revient sur les réactions maliennes et plus largement ouest-africaines.

maliLa junte malienne a annoncé, lundi 21 novembre au soir, l’interdiction des activités de toutes les ONG financées ou soutenues par la France, y compris celles qui opèrent dans le domaine humanitaire. Le Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, justifie cette mesure par l’annonce récente par la France de la suspension de son aide publique au développement à destination du Mali. Le Quai d’Orsay avait précisé que la France maintenait son aide humanitaire et quelques soutiens à des organisations de la société civile maliennes.

“Un divorce dans la douleur”,  s'exclame L'informateur à Bamako. Un divorce “on ne peut plus symptomatique de la francophobie ambiante en Afrique, fait remarquer le journal malien, qui prend prétexte de tout pour ruer dans les brancards d’une relation France-Afrique déséquilibrée avec, par endroits, des accents exécrables de néocolonialisme”.

“Pourtant, ajoute le quotidien, en neuf ans de présence militaire française au Mali, Paris a payé cher sa dette de sang, avec la perte de 53 soldats et une facture journalière de 1 milliard de francs CFA, sans oublier le matériel détruit.”

“En vérité”, conclut le journal :

“Bamako a placé trop haut la barre de ses attentes vis-à-vis de la France dans cette guerre contre les terroristes.
”Une mesure “critiquable” et “impopulaire”
“La tension refait surface entre le Mali et la France, soupire le journal en ligne Malikilé. Les deux pays, depuis une semaine, prennent des mesures de rétorsion réciproques. Et les victimes, ce sont les pauvres populations maliennes, qui ne cherchent qu’à vivre et à manger à leur faim.”

En effet, précise Malikilé, “même si les Maliens, dans leur majorité, soutiennent les autorités dans leurs actions de réciprocité aux différentes attaques extérieures, l’interdiction des ONG françaises est plus qu’impopulaire. Il est critiquable, affirme le journal en ligne, que les autorités qui disent défendre les intérêts de la population interdisent des ONG qui, pourtant, sont au chevet de ces mêmes populations dans plusieurs domaines.”

Et Malikilé de s’interroger : “A-t-on pensé aux milliers de Maliens employés de ces ONG françaises, à leurs familles ? A-t-on pensé à ces millions de personnes secourues par ces ONG ?”

“Dans le centre et le nord du Mali, des ONG, y compris françaises, luttent efficacement contre le terrorisme en donnant de l’emploi aux jeunes. Leur départ prématuré risque de conduire le Mali vers des horizons inconnus.”

“Les autorités de la transition doivent revoir leur copie, s’exclame le journal. Et assouplir leur décision. […] Le Mali n’a pas besoin d’un autre front qui ferait davantage souffrir les populations.”

Une balle dans le pied ?

Un argumentaire repris par L'Observateur paalga au Burkina : “C’est comme si Assimi Goïta se tirait une balle dans le pied, s’exclame le quotidien ouagalais. En effet, ce n’est ni lui ni son Premier ministre qui vont trinquer dans cette affaire, mais les populations pour qui ces ONG, qui s’investissent dans l’alimentaire, la santé, l’éducation ou les ressources en eau, constituent la seule bouée de sauvetage devant un État inexistant.”

“C’est à n’y rien comprendre, peste L’Observateur paalga. C’est dire qu’Assimi Goïta n’est pas à un paradoxe près. À moins que… À moins que Bamako ne suspecte ces structures, comme des chevaux de Troie de la France dans le soutien actif aux groupes terroristes, à l’image de Radio France internationale (RFI), traitée de ‘radio Mille collines” [radio rwandaise qui par ses messages haineux avait préparé et encouragé le génocide] et dont les activités ont été suspendues dans le pays.”

“Aucun pays ne peut vivre en autarcie”

En tout cas, souligne Le Pays, toujours au Burkina Faso, “aucun pays ne peut vivre en autarcie. Du reste, 60 % du territoire malien échappe au contrôle de l’armée, malgré la présence des supplétifs russes de Wagner. De nombreuses personnes, victimes de la crise sécuritaire, sont obligées de fuir leur zone au profit d’autres zones plus sécurisées.”

“Cette décision de retrait, si elle venait à être mise en vigueur, ferait sans doute du mal aux braves populations qui courent le risque non seulement de tomber sous les balles assassines des terroristes, mais aussi de mourir de faim. Au nom des populations dont elle prétend défendre les intérêts, la junte malienne gagnerait à mettre balle à terre et à se tourner résolument vers la réconciliation et la reprise du dialogue avec ses partenaires”, conclut le journal. (selon "Courrier international")

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