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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
4 décembre 2022

Entre Paris et Bamako, la guerre des ONG

Le pouvoir malien a interdit les activités des ONG financées par la France. Une décision qui vient tendre encore les relations déjà houleuses entre Paris et Bamako. “La revue de presse RFI” revient sur les réactions maliennes et plus largement ouest-africaines.

maliLa junte malienne a annoncé, lundi 21 novembre au soir, l’interdiction des activités de toutes les ONG financées ou soutenues par la France, y compris celles qui opèrent dans le domaine humanitaire. Le Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, justifie cette mesure par l’annonce récente par la France de la suspension de son aide publique au développement à destination du Mali. Le Quai d’Orsay avait précisé que la France maintenait son aide humanitaire et quelques soutiens à des organisations de la société civile maliennes.

“Un divorce dans la douleur”,  s'exclame L'informateur à Bamako. Un divorce “on ne peut plus symptomatique de la francophobie ambiante en Afrique, fait remarquer le journal malien, qui prend prétexte de tout pour ruer dans les brancards d’une relation France-Afrique déséquilibrée avec, par endroits, des accents exécrables de néocolonialisme”.

“Pourtant, ajoute le quotidien, en neuf ans de présence militaire française au Mali, Paris a payé cher sa dette de sang, avec la perte de 53 soldats et une facture journalière de 1 milliard de francs CFA, sans oublier le matériel détruit.”

“En vérité”, conclut le journal :

“Bamako a placé trop haut la barre de ses attentes vis-à-vis de la France dans cette guerre contre les terroristes.
”Une mesure “critiquable” et “impopulaire”
“La tension refait surface entre le Mali et la France, soupire le journal en ligne Malikilé. Les deux pays, depuis une semaine, prennent des mesures de rétorsion réciproques. Et les victimes, ce sont les pauvres populations maliennes, qui ne cherchent qu’à vivre et à manger à leur faim.”

En effet, précise Malikilé, “même si les Maliens, dans leur majorité, soutiennent les autorités dans leurs actions de réciprocité aux différentes attaques extérieures, l’interdiction des ONG françaises est plus qu’impopulaire. Il est critiquable, affirme le journal en ligne, que les autorités qui disent défendre les intérêts de la population interdisent des ONG qui, pourtant, sont au chevet de ces mêmes populations dans plusieurs domaines.”

Et Malikilé de s’interroger : “A-t-on pensé aux milliers de Maliens employés de ces ONG françaises, à leurs familles ? A-t-on pensé à ces millions de personnes secourues par ces ONG ?”

“Dans le centre et le nord du Mali, des ONG, y compris françaises, luttent efficacement contre le terrorisme en donnant de l’emploi aux jeunes. Leur départ prématuré risque de conduire le Mali vers des horizons inconnus.”

“Les autorités de la transition doivent revoir leur copie, s’exclame le journal. Et assouplir leur décision. […] Le Mali n’a pas besoin d’un autre front qui ferait davantage souffrir les populations.”

Une balle dans le pied ?

Un argumentaire repris par L'Observateur paalga au Burkina : “C’est comme si Assimi Goïta se tirait une balle dans le pied, s’exclame le quotidien ouagalais. En effet, ce n’est ni lui ni son Premier ministre qui vont trinquer dans cette affaire, mais les populations pour qui ces ONG, qui s’investissent dans l’alimentaire, la santé, l’éducation ou les ressources en eau, constituent la seule bouée de sauvetage devant un État inexistant.”

“C’est à n’y rien comprendre, peste L’Observateur paalga. C’est dire qu’Assimi Goïta n’est pas à un paradoxe près. À moins que… À moins que Bamako ne suspecte ces structures, comme des chevaux de Troie de la France dans le soutien actif aux groupes terroristes, à l’image de Radio France internationale (RFI), traitée de ‘radio Mille collines” [radio rwandaise qui par ses messages haineux avait préparé et encouragé le génocide] et dont les activités ont été suspendues dans le pays.”

“Aucun pays ne peut vivre en autarcie”

En tout cas, souligne Le Pays, toujours au Burkina Faso, “aucun pays ne peut vivre en autarcie. Du reste, 60 % du territoire malien échappe au contrôle de l’armée, malgré la présence des supplétifs russes de Wagner. De nombreuses personnes, victimes de la crise sécuritaire, sont obligées de fuir leur zone au profit d’autres zones plus sécurisées.”

“Cette décision de retrait, si elle venait à être mise en vigueur, ferait sans doute du mal aux braves populations qui courent le risque non seulement de tomber sous les balles assassines des terroristes, mais aussi de mourir de faim. Au nom des populations dont elle prétend défendre les intérêts, la junte malienne gagnerait à mettre balle à terre et à se tourner résolument vers la réconciliation et la reprise du dialogue avec ses partenaires”, conclut le journal. (selon "Courrier international")

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