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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
elections
12 décembre 2015

"Ausweis, bitte" selon Philippot

Les frontaliers auront-ils droit à un "pass" ?

ausweis

Le candidat Front national Florian Philippot a encore relancé sa merveilleuse idée sur sa profession de foi ! Il a annoncé que tous les frontaliers vivant dans la future région Grand-Est devront obtenir un «pass» délivré par ses services pour traverser la frontière.

Cet Ausweis, ce «laissez-passer» pour rentrer en zone libre, devrait résoudre les problèmes de passage à la frontière. Seuls ceux qui auront demandé l’autorisation à Florian Philippot, et qui auront justifié cette autorisation par un contrat de travail, pourront quitter le territoire national sans subir les contrôles poussés des sbires du conseil régional.

Il est vrai que celui qui quitte la France pour aller à l’étranger est suspect : il doit donc être fiché, connu afin de voir si l’«étranger» ne le contamine pas avec ses idées subversives.

Et à l’inverse, quand "Pegida" ou le NPD seront au pouvoir en pays de Bade, les frontaliers de Kehl ou d'Offenbourg qui voudraient se rendre en Alsace ou Lorraine faire leurs courses, devront-ils aller jusqu'à l’ambassade de France à Berlin pour prendre un visa ?

Philippot n'oublie qu'une chose : la police des frontières est une compétence régalienne de l'Etat, pas de la Région.

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9 décembre 2015

Triangulaire dans le Grand-Est

Régionales : Jean-Pierre Masseret persiste et maintient sa liste dans le Grand Est

8 décembre 2015

Vilaines nouvelles de la plus belle des vallées

Ah, ces élections 

vote

Le Val de Villé, qui comprend 18 communes, n'est pas le seul coin sans élections ce dimanche. Il a pourtant fallu attendre longtemps les résultats qui n'ont pas paru ce lundi dans la presse locale. On peut comprendre qu'à Villé on était bien plus préoccupé par la réussite du Noël que par ces élections. Et les résultats ont été donnés à Mutzig, notre nouveau chef-lieu de canton, qui n'a pas la même édition d'infos locales que le Val de Villé. Quant à certains villages, des élus ont peut-être eu honte d'annoncer que le FN arrivait en tête chez eux. Neuf communes ont vu le parti d'extrême-droite virer en tête (bien que deux partagent la première place avec LR). On a dû croire à une blague ou à une erreur, certains ayant pu confondre Philippe (Richert) et Philippot. Surtout que depuis les dernières régionales, le conseiller sortant, maire de Saint-Maurice, président de l'ex-canton du Val de Villé, élu sur la liste de gauche PS/EELV, parlait toujours de son président (UMP puis LR) en disant "Philippe" ou même "mon ami Philippe". Pas étonnant donc que la plus grande confusion ait régné à Saint-Maurice, où l'extrême-droite a fait l'un de ses meilleurs scores.

Noël des papillons 

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Le "Noël des coeurs" semble avoir été une belle réussite, notamment au centre du bourg de Villé. Pour le périphérique, il semble qu'on ait eu quelques problèmes. En ces temps de sécurité maximale depuis les attentats du 13 novembre à Paris, les agents de la maréchaussée ont beaucoup circulé. Et les "papillons" pour mauvais stationnement ont été nombreux à être distribués en guise de cadeaux du Père Noël, surtout du côté des rues du mont-Sainte-Odile, de la Libération ou de la Rue Weber, et j'en passe. Il est sûr que les automobilistes concernés auraient mieux fait  de suivre les bons conseils de sécurité de la conseillère départementale et adjointe au maire : "Restez chez vous, baissez les volets et regardez la télé." On peut espérer cependant que le 1/3 des recettes de ces PV ira dans la caisse commune de Noël pour être distribué à des oeuvres charismatiques.

2 décembre 2015

Elections régionales

Les propositions de Jean-Pierre Masseret et du parti socialiste

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29 octobre 2015

Côte d'Ivoire : une élection très stalinienne

A 73 ans, le président sortant de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, a été réélu avec 83,66 % des suffrages pour 5 ans, selon la commission électorale.

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Une partie de l'opposition avait boycotté le scrutin et plus de 50% d'ivoiriens n'avaient même pas retiré la carte d'électeur obligatoire pour voter. Malgré tout, la commission électorale a annoncé 54% de participation. Le chiffre laisse rêveur et ne peut soulever que la polémique.

La question de la sincérité du scrutin reste posée. Alors que tous les observateurs ont constaté le peu de présence aux bureaux de vote, les irrégularités d'ouverture, on peut se demander d'où sont venus si miraculeusement  les votes. Le bourrage d'urnes, le double vote, et toutes les autres pratiques douteuses et frauduleuses, semblent avoir été généralisés. Mais qu'importe, désormais Ouattara sera reconnu comme "démocratiquement élu" pour le monde entier... et donc fréquentable.

Beaucoup d'Ivoiriens semblent reconnaître au président le mérite d'avoir changé le pays même s'ils n'adhèrent pas à la méthode. Ouattara n'a ainsi pas hésité à faire raser des quartiers entiers sur le bord de mer, de la lagune, ou de zones jugées dangereuses en raison d'éboulements.

"Ses décisions sont sans appel", note un observateur avisé. Mais il est aussi "à des années-lumière" d'avoir jugulé la corruption, une de ses promesses.

Son régime peine à avancer sur les questions de justice et de réconciliation. De nombreux opposants ont été emprisonnés à l'approche de la présidentielle, souligne Amnesty International. Les candidats concurrents ont ainsi été empêchés de faire campagne, leurs rassemblements étant même souvent interdits. La justice sous son égide s'est surtout intéressée à un seul camp, celui de l'opposition.

Les expériences africaines de candidats élus de cette façon ont souvent conduit à l'instabilité et aux heurts. Des troubles qui risquent de favoriser la montée du djihadisme de Boko Haram, d'AQMI ou d'Ansardine. La Côte d'Ivoire est en train de jouer avec le feu.

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25 octobre 2015

Fanny Pigeaud : "Gbagbo voulait un rapport d’égal à égal avec la France, mais c’était inconcevable pour Paris"

Dans son livre "France Côte d’Ivoire, une histoire tronquée", qui paraît à la veille des élections présidentielles qui ont lieu ce 25 octobre, aux éditions Vents D’ailleurs, la journaliste française Fanny Pigeaud nous plonge au cœur de la crise ivoirienne pour dit-elle, rétablir la vérité sur ce qui s’est réellement passé durant cette page sombre de l’histoire de ce pays d’Afrique de l’Ouest. En se basant sur de nombreux documents et en interrogeant de multiples témoins et officiels, elle tente de prouver l’implication directe de Paris dans le conflit, qui a mis tout en œuvre pour provoquer la chute de Laurent Gbagbo, dans le but de permettre à Alassane Ouattara d’accéder au pouvoir. Interview.

arton51724_546e0La journaliste free-lance Fanny Pigeaud a été correspondante dans plusieurs pays africains pour de nombreux médias français comme Médiapart, journal pour lequel elle travaille toujours. Elle a aussi écrit en 2011, "Au Cameroun de Paul Biya" (aux éditions Kartala).

Qu’est-ce qui vous a poussé à enquêter sur la crise post-électorale ivoirienne​ ?​

Fanny Pigeaud : Je me suis intéressée à la crise ivoirienne très tardivement. Au moment de l’élection présidentielle en 2010, je voyais bien que les choses n’étaient pas claires, comme tout le monde je pense. C’est ce qui m’a poussé à me poser des questions, notamment sur les bombardements menés par la France sur Abidjan. C’était complètement surréaliste pour moi ! Il n’y avait aucune explication rationnelle à cette opération. Sans compter que c’était la première fois que l’ONU participait à une telle opération militaire. Je me suis finalement rendue en Côte d’Ivoire, en mars 2012, et j’y suis restée un an pour travailler comme journaliste. J’y ai rencontré des interlocuteurs qui ont vécu la crise de l’intérieur et avaient des choses à dire.

Quand on lit votre livre, on a l’impression qu’on a tous été manipulés et que tout a été mis en œuvre pour écarter Laurent Gbagbo du pouvoir afin d’installer Alassane Ouattara. Qu’est-ce qui vous a permis d’affirmer cela ?

On a tous été trompés. En 2011, on sentait bien que l’opération militaire n’avait pas de fondement. Il y avait clairement un problème. Les rapports Françafrique étant toujours très ambigus, je savais que Gbagbo posait problème aux officiels français, mais je n’avais pas réalisé à quel point. Quand on retrace les faits comme je l’ai dans mon livre, on se rend compte que Gbagbo a gêné la France officielle très tôt et que les médias français ont aussi pris parti contre lui et pour Ouattara. Certains médias l’ont fait consciemment, d’autres moins.

Que voulez-vous dire par là ?

Je pense qu’en France, une partie de l’information sur l’Afrique est contrôlée et fabriquée par un petit groupe de journalistes que tous les autres suivent. Et puis, il faut savoir que les journalistes en France sont comme l’ensemble de la société française et de leurs politiques : ils ont un regard très colonial sur l’Afrique. Et cela se ressent dans leurs écrits concernant les dirigeants africains. En France, il y a tout un imaginaire qui fonctionne autour des chefs d’Etats africains.

C’est donc ce que vous expliquez en soutenant que les médias français ont systématiquement diabolisé Laurent Gbagbo...Dans quel but ?

Les médias ont décrit Gbagbo comme quelqu’un de manipulateur, sournois, prêt à tout pour garder le pouvoir, ou encore comme un homme violent, malsain... Gbagbo a fait l’erreur de ne pas avoir pris tout cela au sérieux. Or il est évident que cette propagande contre lui a permis de peu à peu délégitimer son pouvoir aux yeux de l’opinion publique occidentale.

Selon-vous qu’est-ce qui dérangeait le plus chez Laurent Gbagbo au point qu’il soit devenu l’homme à abattre ?

Gbagbo s’est vu comme le chef d’Etat d’un Etat indépendant Il a voulu instaurer un rapport d’égal à d’égal avec la France. Mais ce n’était pas concevable pour les responsables français qui ont toujours un rapport très colonial avec les ex-colonies françaises.

Vous affirmez aussi qu’il n’était pas intéressé par l’argent raison pour laquelle la France n’a jamais su comment le tenir. Sur quoi vous vous basez pour faire une telle affirmation ?

Tous ceux qui connaissent bien Laurent Gbagbo expliquent qu’il n’est pas intéressé par l’argent. C’est la chose politique qui l’intéresse, pas l’argent. Il ne possède pas, par exemple, de résidence secondaire en Europe comme d’autres présidents africains. Visiblement non corruptible, il était donc difficilement contrôlable.

Depuis le magistère de l’ancien Président français Jacques Chirac, les relations entre Gbagbo et la France n’étaient pas au beau fixe. A quel moment, il a été décidé, comme vous l’affirmez, de mettre un terme à son régime ?

Dès son élection, c’est-à-dire en octobre 2000, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, Gbagbo a dérangé Chirac, qui ne voyait pas d’un bon œil ce dirigeant socialiste, ancien opposant de son vieil ami Félix Houphouët-Boigny. Dès début janvier 2001, il y a eu une première tentative de coup d’Etat contre Gbagbo. Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso voisin, était lui aussi opposé dès le début au pouvoir de Gbagbo. Son rôle a très peu été évoqué par les médias. On l’a fait passer pour un faiseur de paix alors qu’il était derrière cette crise aussi. Gbagbo a par la suite gêné de plus en plus. Et la personnalité de Nicolas Sarkozy qui a conduit à la folie militaire de 2011 n’a pas arrangé les choses.

Gbagbo voulait élargir la concurrence des marchés de la Côte d’Ivoire à d’autres pays que la France. N’est-ce pas à ce moment-là que les Français ont senti leurs intérêts menacés comme vous le soulignez dans votre ouvrage ?

Gbagbo n’a pas pu aller très loin dans la mise en place de ses projets. Il a été très vite freiné par ceux que son programme dérangeait. Vous affirmez aussi que c’est sous couvert de l’ONU que la France a outrepassé le mandat qui lui avait été autorisé pour intervenir en Côte d’Ivoire.

Comment êtes-vous parvenue à démontrer tout cela ?

A l’ONU, toutes les décisions prises concernant les pays africains de l’Afrique francophone émanent de la France. C’est ainsi elle qui a rédigé et fait adopter les résolutions concernant la Côte d’Ivoire tout au long des années 2000. Lorsqu’on lit les résolutions adoptées en 2011, on voit que les textes et la manière dont ils ont été appliqués diffèrent beaucoup. Paris a très clairement violé et outrepassé ces résolutions pour faire la guerre en Côte d’Ivoire.

Vous pointez également du doigt l’ONU qui a participé au bombardement contre Laurent Gbagbo. Comment expliquez-vous ce comportement de l’ONU, qui était censée être neutre dans le conflit ?

Cela casse évidement l’image qu’on a tous de l’ONU, qui est censée être neutre dans ce genre de conflit. Mais l’ONU est loin d’être une organisation neutre, puisqu’elle est contrôlée par les cinq puissances qui siègent au conseil de sécurité. Il est évident que Ban Ki-moon et le représentant de l’ONU en Côte d’Ivoire, le Sud-Coréen Choi Young-jin, ont subi de fortes pressions pour favoriser Ouattara, de la part des Français, mais aussi du monde des affaires, de la diplomatie américaine ainsi que des institutions financières comme le Fonds monétaire international.

Vous avez des doutes sur la victoire de Ouattara face à Laurent Gbagbo alors qu’officiellement il a été désigné comme le vainqueur de l’élection par les grandes puissances. Qu’est-ce qui a consolidé vos doutes ?

Le problème est que l’élection était biaisée dès le départ. Quand on commence à fouiller, on se rend compte que dès le premier tour, les résultats ont été truqués. C’est en réalité Henri Konan Bédié qui était en seconde position et non Ouattara. Mais il a été rétrogradé en troisième position et Paris a fait pression sur lui pour qu’il renonce à contester les résultats, comme je le raconte dans le livre. Donc dès le premier tour, le processus électoral a été l’objet de manipulations. Le second tour l’a aussi été. Il ne faut pas oublier que la Commission électorale indépendante (CEI) était contrôlée par le RDR, le parti de Ouattara.

Vous dîtes que le fait que le président de la CEI ait annoncé les résultats de l’élection au QG de Ouattara n’était pas normal...

Selon le code électoral, il devait faire la proclamation des résultats provisoires au siège de la CEI et non au siège de campagne d’un candidat. Les médias n’ont pas relevé cette aberration. Cette élection ne pouvait pas se dérouler dans des conditions correctes. Tout a été faussé dès le départ, et notamment par le fait que les Forces nouvelles pro-Ouattara étaient toujours armées et contrôlaient toujours 60% du territoire ivoirien.

Pourquoi selon-vous le recomptage des votes n’a pas été accepté alors que c’est un procédé naturel qui a été utilisé dans beaucoup de pays comme vous le précisez dans le livre ?

L’objectif des adversaires de Gbagbo était de le voir quitter la présidence au plus vite, ils ne voulaient pas de dialogue, pas de compromis. Cela dit, il n’est pas sûr que le recomptage aurait réglé le contentieux électoral, étant donné toutes les manipulations qui ont eu lieu au cours du processus électoral et étant donné la présence des forces armées des Forces nouvelles dans le nord du pas qui a biaisé l’élection dès le début.

En vous lisant, on a l’impression que Gbagbo est une des victimes de la crise ivoirienne. Mais lui-même n’a-t-il pas commis des erreurs....Quelles sont celles qui lui ont été fatales, surtout qu’on sait que ses partisans ont aussi commis des exactions ?

Une de ses principales erreurs est d’avoir négligé la force de la campagne médiatique contre lui dès le début. Il a également fait beaucoup de compromis, en acceptant entre autres que la CEI soit à son désavantage. Il a aussi accepté finalement d’aller à l’élection sans que les Forces nouvelles soient désarmées. Tout ceci l’a finalement conduit à sa perte. Il faut reconnaître que la pression sur lui était énorme. Peut-être que s’il avait fait moins de compromis, il aurait duré moins longtemps à la présidence. N’oublions pas qu’il y a eu une tentative de coup d’Etat en 2004, dans laquelle la France semble avoir été fortement impliquée - une enquête est toujours en cours.

Finalement avec le recul, peut-on affirmer que si la France n’était pas intervenue en Côte d’Ivoire, il n’y aurait pas eu de crise post-électorale ?

Une chose est sûre : elle a joué un rôle central dès 2000 dans la crise en Côte d’Ivoire. Il est évident que la France ne veut pas renoncer à l’emprise qu’elle a sur ce pays. A cause de la concurrence de plus en plus rude avec la Chine notamment, elle n’est pas prête à faire de concessions sur l’Afrique.

Pourquoi se sentait-elle menacée alors que les entreprises françaises ont toujours été très présentes dans l’économie ivoirienne. Même si Gbagbo voulait ouvrir la concurrence, les entreprises françaises dominaient toujours le marché ivoirien ?

Après la tentative coup d’Etat de 2002, Gbagbo a énormément avantagé les entreprises françaises en espérant que ses adversaires le laisseraient en paix. Mais en 2010, il a fait de nouveau des déclarations qui pouvaient être assez embêtantes pour les intérêts français. Il a annoncé par exemple qu’il voulait revoir les conditions du marché donné à Bouygues concernant l’eau et électricité. Il a dit aussi son souhait de voir fermée la base militaire installée en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance.

Vers la conclusion du livre, vous parlez d’une bombe à retardement en Côte d’Ivoire. Alors que les économistes se succèdent pour louer l’excellente santé de l’économie ivoirienne...

Même si la croissance est bonne, il y a encore énormément de problèmes. La situation politique est tellement fragile que tout peut s’écrouler d’un moment à l’autre. Quand je parle de bombe à retardement, je fais aussi référence à la politique française en Afrique qui est en train de créer ou de renforcer le ressentiment d’une partie des Africains vis-à-vis de la France. A force d’utiliser la violence comme cela a été le cas en Côte d’Ivoire, la France est en train de créer un ressentiment à son encontre en Afrique et cela risque de se retourner contre elle si elle ne change pas de politique.

Vous faîtes aussi le parallèle entre ce qui s’est passé au Cameroun dans les années 50 et en Côte d’Ivoire en 2011. Pourquoi ?

Quand on fait le parallèle entre la crise ivoirienne de 2010-2011 et ce qui s’est passé dans les années 50 au Cameroun, on retrouve exactement les mêmes éléments. Au Cameroun aussi, la France s’est immiscée dans les processus électoraux. Elle a utilisé la voie militaire, fait la guerre pendant plusieurs années contre les indépendantistes. On se rend compte que, en 60 ans, la manière de faire de la France en Afrique n’a pas vraiment changé.

Les massacres effectués par les chef de guerre pro-Ouattara n’ont pas été révélés par les médias alors qu’ils étaient flagrants. Pour quelles raisons selon-vous ?

Les troupes de Ouattara ont en effet commis de graves exactions en 2011. Cela a continué par la suite sans que les médias occidentaux n’en parlent beaucoup. Tout indique qu’il s’agissait de ne pas abîmer l’image de Ouattara… Vous évoquez aussi l’arrestation de Gbagbo et de ses proches, dont Simone Gbagbo qui a été battue dont le slip a carrément été retiré...

Plusieurs proches de Gbagbo arrêtés en même temps que lui ont été en effet maltraités. Gbagbo, lui, a été placé en détention pendant huit mois dans une petite maison dans le nord du pays, sans quasi aucune possibilité de voir la lumière du jour. Le plus incroyable, c’est qu’il était gardé par le chef de guerre Martin Kouakou Fofié, sous le coup de sanctions de l’ONU depuis 2006 pour des crimes graves. C’est aussi Fofié qui a amené Gbagbo vers l’avion qui l’a emmené vers la CPI !

Récemment Konan Banny a dit, dans une interview, que la Côte d’Ivoire était "désarticulée et en grand danger". Selon vous, son expression révèle-t-elle la réalité ?

Un certain nombre de problèmes demeurent en effet et sont la conséquence directe de ce qui s’est passé en 2011. Il y a encore régulièrement des arrestations d’opposants, des centaines de prisonniers politiques sont détenus sans jugement depuis 2011, des dizaines de milliers de personnes sont toujours en exil, les ex-chefs de guerre des Forces nouvelles qui ont commis des exactions n’ont jamais été jugés, des armes continuent de circuler…

Pensez-vous qu’on peut retomber dans le schéma de la dernière crise ivoirienne ?

Il est difficile de dire ce qui va se passer. On voit bien que le processus électoral a des similitudes avec 2010 : la composition de la CEI est toujours à l’avantage de Ouattara. Ce dernier a aussi cette fois le contrôle du Conseil constitutionnel. En face, l’opposition est très faible.

Le procès de Laurent Ggbagbo s’ouvre le 10 novembre. Risque-t-il d’être condamné ?

Si la Cour pénale internationale décide d’aller jusqu’au bout de la procédure, le procès risque de durer au minimum quatre ou cinq ans. Il va être extrêmement long.

 Interview réalisé par Afrik.com

2 octobre 2015

Manifestation à Abidjan

On commence à en avoir l'habitude. En Afrique, les élections se passent rarement calmement. Au Burkina-Faso, on a assisté à un putch avorté. En Côte d'Ivoire, alors que la crise post-électorale de 2010 avait fait plus de 3000 morts, la campagne de ce mois d'octobre 2015 commence par des marches. La première, qui devait avoir lieu à Yopougon samedi, 26 septembre a été interdite par le pouvoir. Mais il n'a pu empêcher celle du lundi, 28 septembre qui selon certains journaux a rassemblé plus d'un million de participants, quelques centaines de milliers selon d'autres. Une vraie gifle pour le candidat-président sortant Alassane Ouattara, mis en place en 2011 par son ami Nicolas Sarkozy et la Force Licorne, et accusé de fraudes.

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Pour la majorité des ivoiriens, Youssouf Bakayoko, le ministre de l'Intérieur, est l’homme par qui la crise postélectorale est arrivée en 2010, allant publier en solitaire de faux résultats donnant Alassane Ouattara vainqueur à l’élection présidentielle, depuis l’hôtel du Golf alors QG de campagne de Ouattara. Il est aujourd'hui président de la CEI (commission électorale indépendante). Soupçonné de fraudes, les manifestants demandent sa démission. A la marche de l’opposition réunie au sein de la Coalition nationale du changement (CNC), Mamadou Koulibaly président de LIDER, a indiqué que la CNC n'ira pas aux élections avec Youssouf Bakayoko à la tête de la Commission électorale indépendante (CEI) : "La loi dit que le président de la commission électorale est élu pour six ans non renouvelables. Bakayoko a fait six ans c’est terminé il ne peut pas être renouvelé. Ouattara en le faisant viole et la loi et la constitution, Bakayoko devrait démissionner et nous n’accepterons pas d’aller aux élections avec Bakayoko à la commission électorale" a déclaré le président de LIDER devant des centaines de milliers de manifestants (1 million au décompte final, chiffre non contredit ni par RFI, ni par France24 dans leurs reportages sur la marche du 28 septembre).

Le chiffre aurait été plus élevé si plusieurs milliers de militants de l’opposition n’avaient par été bloqués par les forces de l’ordre à Yopougon, la plus grande banlieue d’Abidjan, pour les empêcher de rejoindre Cocody, point de départ de la manifestation.

Devant la Radio télévision d’Etat (RTI), Kouadio Konan Bertin dit KKB, l’un des porte-paroles du jour, a fustigé une télévision aux ordres du régime, et dirigée de façon ethnique car la majorité des dirigeants de la chaîne sont originaires du Nord. « La RTI, c’est Djoulabougou (ethnie du chef de l’Etat) », dira-t-il. 

Il a également désigné Yousouf Bakayoko comme l’auteur des fraudes à l’élection présidentielle de 2010 : « Tu lui as volé ses 600.000 voix à Bédié », a-t-il indiqué au micro de plusieurs journalistes venus couvrir la marche. A l’arrivée au siège de la CEI, les manifestants survoltés criaient et scandaient « Bakayoko démission ». Là encore prenant la parole, KKB a de nouveau fustigé le président de la CEI et exigé sa démission : « Youssouf Bakayoko doit démissionner de son poste, pour le respect de la Côte d'Ivoire.  Tu as causé la mort de 3000 ivoiriens, ta conscience doit d'interpeller... ».

Mamadou Koulibaly prenant la parole a mis en garde Alassane Ouattara : « Malgré ton parcours à Washington, tu piétines la constitution, alors qu'elle ne t’autorise pas à être ni président de parti, ni président de la Côte d'Ivoire. Par ailleurs tu utilises les moyens de l'Etat pour battre campagne », a déclaré le président de Lider (libertés démocratiques et républicaines) sous les acclamations du public, dont le nombre continuait de grossir. (d'après "ivoirebusiness")

Vu le nombre de manifestants, on peut se douter que Ouattara, qui espère être réélu au premier tour, a du souci à se faire.

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Déclaration de KOUADIO Konan Bertin (KKB)  la RTI

Marche de la CNC - Déclaration Mamadou Koulibaly

14 septembre 2015

Elections calmes en Côte d'Ivoire ?

En 2010, le président sortant de Côte d'Ivoire était arrivé au pouvoir grâce à l'intervention de l'armée française (Force Licorne) dans le conflit post-électoral qui avait fait plus de 3000 morts. Pour les élections du mois d'octobre 2015, on pouvait cependant espérer une certaine normalisation. Il semble que c'est mal parti...les effets de la politique de Sarkozy ne se sont pas estompés et son protégé Ouattara (avec qui il a encore fêté le dernier nouvel an dans la luxueuse villa d'Assinie) n'a pas réussi, semble-t-il, la réconciliation des Ivoiriens.

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Le Conseil constitutionnel ivoirien a établi, mercredi, la liste définitive des 10 candidats à la présidentielle, autorisant notamment M. Ouattara à briguer un deuxième mandat face à une opposition morcelée. Le président sortant est le favori de ce scrutin crucial pour la stabilisation de la Côte d’Ivoire après la crise postélectorale qui a suivi sa victoire en 2010 sur son prédécesseur Laurent Gbagbo.

A Gagnoa, (230 km au nord-ouest d’Abidjan), la ville natale de M. Gbagbo, au deuxième jour de la contestation, des jeunes manifestants majoritairement Bétés (ethnie principalement chrétienne de Gbagbo) venus « des quartiers Garahio et Babré se sont affrontés aux transporteurs (majoritairement d’ethnie Dioula) qui leur reprochaient de perturber leurs activités », a expliqué à l’AFP, un habitant joint par téléphone.

« Tout est paralysé. Le trafic est bloqué. Il y a des pillages. Il y a des affrontements entre le quartier bété Garahio et Dioulabougou (un quartier Dioula). La police a lancé des gaz lacrymogènes », selon un autre habitant.

Ces affrontements aux gourdins, machettes et couteaux ont occasionné la fermeture des commerces et de l’administration.

A Bonoua, (60 km à l’est d’Abidjan), ville d’origine de Simone Gbagbo, l’épouse de l’ex-président qui purge une peine de 20 ans de prison, des heurts ont également eu lieu entre des jeunes Abouré (ethnie locale) et Dioula.

« C’est chaud depuis le matin ici… Des (gaz) lacrymogènes ont pénétré dans la mosquée », a déploré l’imam de la ville, Issouf Ably. « Nous appelons au calme, il ne faut pas réveiller les vieux démons de la division ».

Une « réunion de crise » entre le maire, les autorités préfectorales et les chefs religieux, devait avoir lieu prochainement.

Une partie de l’opposition favorable à M. Gbagbo conteste l’éligibilité de M. Ouattara et avait appelé à des marches jeudi.

Grand absent de la prochaine présidentielle, M. Gbagbo attend dans une cellule de la Cour pénale internationale (CPI) l’ouverture de son procès le 10 novembre pour crimes contre l’humanité en raison de son rôle présumé dans la crise de fin 2010-début 2011.

AFP ("Oeil d'Afrique")

1 mai 2015

Ouattara, le bon élève de Sarkozy

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Samedi 25 avril, Alassane Ouattara a été désigné par le RHDP – la coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire – pour briguer un nouveau mandat lors de l’élection présidentielle d’octobre 2015. La mobilisation a toutefois été plus faible qu’espérée par les organisateurs lors de ce meeting d’investiture au stade Houphouët-Boigny, à Abidjan.

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Lundi 27 avril, le quotidien ivoirien "Le Jour" – proche du pouvoir actuel – a donc publié une photo prise… lors du meeting de clôture de campagne de Laurent Gbagbo, ancien chef de l’État et grand rival d’Alassane Ouattara, le 29 octobre 2010 ! Cette photo du meeting de Gbagbo, lors duquel le stade était plein, avait notamment été utilisée à la une du journal "Notre Voie", proche du parti de l’ancien président. Visiblement, le camp Ouattara s'affole car le président sortant ne souhaite pas prendre la place de Gbagbo à la CPI de La Haye. Car, on le sait, en Côte d'Ivoire, les élections se terminent toujours par un "Vae Victis" (Malheur aux vaincus).

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Marcel Tim, adjoint au secrétaire de rédaction du "Jour", a reconnu que le journal n’avait "pas envoyé de photographe au stade" samedi 25 avril. "Lundi, nous avons donc publié des photos postées sur le site Internet Abidjan.net, qui avait dépêché des photographes sur place, comme on le fait souvent", indique-t-il. France 24 n’a pourtant pas retrouvé cette photo du stade parmi celles publiées par Abidjan.net. "L’un de nos collaborateurs m’a pourtant indiqué qu’il l’avait prise sur Abidjan.net" rétorque Marcel Tim. "Je ne savais pas qu’une photo similaire avait déjà été publiée en 2010", ajoute-t-il, reconnaissant leur erreur si leur photo de une "date effectivement de cette époque". (selon France-24)

Rappelons que Ouattara et Sarkozy sont d'excellents amis. Sarkozy, maire de Neuilly, a eu l'honneur en son temps de marier Alassane Ouattara et la franco-libanaise Dominique Nouvian. Rappelons aussi que Nicolas et Carla ont fêté le Nouvel An 2015 en Côte d'Ivoire dans la résidence secondaire de leur ami Alassane à Assinie. Il auraient fait connaissance à Berlin, à la chute du Mur. Je vous dis, des amis de presque 30 ans !

  • Ci-dessus : La Une de "Le Jour" du 27 avril 2015 et celle de "Notre Voie" datant de 2010.
23 mars 2015

Communiqué de l'équipe de gauche rassemblée du canton de Mutzig

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Nous tenons sincèrement à remercier les 1348 électeurs de notre canton de Mutzig qui nous ont donné leur voix en faisant le choix de la gauche rassemblée !

Il s’agit maintenant de regarder le second tour de dimanche prochain 29 mars. L’UMP fera face au FN!
Nous nous tournons vers vous et ensemble, solidaires et responsables, nous ne pouvons utiliser le message du « ni, ni » à nouveau porté ce soir par le Président de l’UMP n’appelant pas, une fois de plus, au front républicain.


Bien au contraire, parce que nous voulons défendre notre république et ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, parce que nous soutenons notre démocratie, parce que nous portons notre liberté de penser et de s’exprimer, parce nous tenons au respect des autres, alors nous vous demandons, à vous chers amies et amis de notre canton, d’aller voter au second tour contre le Front National.

L’équipe de Gauche Rassemblée du Canton de Mutzig
Astrid Scharly et Virginie Paclet
Régis Simoni et Patrick Appiani

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