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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
manifestation
18 mars 2022

Le printemps de Prague

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16 mars 2022

Pologne : il y a 40 ans, le général Jaruzelski décrétait l’état de guerre

Le 11 décembre 1981, devant la montée des aspirations démocratiques impulsées par Solidarność, le gouvernement, impuissant, proclame la loi martiale. La bataille du syndicat de Lech Walesa déclenchera une vague de révolutions pacifiques anti-communistes en Europe de l'Est, aboutissant à la chute du bloc soviétique en 1989.

pologne3La bataille polonaise contre le pouvoir communiste, contrôlé par Moscou, démarre à l'été 1980 par une grève générale initiée par les ouvriers des chantiers navals de Gdansk, qui protestent contre la pénurie de vivres et le manque de démocratie. Le mouvement paralyse le pays.

Accords de Gdansk

Le 31 août 1980, Lech Walesa, leader de cette fronde, à la tête du syndicat ouvrier indépendant Solidarność (Solidarité), signe avec le gouvernement communiste les accords de Gdansk pour mettre fin aux troubles. Ces accords prévoient notamment des augmentations salariales, la semaine de travail de 5 jours, le droit de grève, l'autorisation de création de syndicats indépendants et la reconnaissance officielle du syndicat Solidarność, effective le 24 novembre 1980.

Mais les promesses ne sont pas tenues. Grèves et violences reprennent de plus belle. Devant la montée des aspirations démocratiques, le gouvernement, impuissant, proclame l’état de siège le 13 décembre 1981 : “La Pologne sous la botte polonaise”, titre la une de “Sud Ouest”, le 14 décembre.

pologne4Officiellement le décret se voulait une réaction à la difficile situation économique et à la menace sur la sécurité énergétique du pays. Dans la réalité, le régime communiste polonais redoutait la perte du pouvoir, notamment face au rôle grandissant du syndicat Solidarność et ne voulait pas une répétition de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie en 1968. 6 000 syndicalistes sont arrêtés, y compris le populaire Lech Walesa, et  Solidarność, fondé dix-huit mois plus tôt est dissous. L’émotion est immense dans le pays comme en Occident. La loi martiale restera en vigueur jusqu’au 22 juillet 1983. Tout au long de cette période, les Polonais souffriront des restrictions des libertés dans leur vie quotidienne. Un certain nombre d’entre eux prendront la douloureuse décision de quitter leur pays, quitte à ne pas pouvoir revoir leur famille et leurs amis durant plusieurs années.

La bataille de Solidarność pour la démocratie durera huit ans, jusqu'aux accords historiques signés le 5 avril 1989 entre les communistes au pouvoir et le syndicat ouvrier.

pologne2Ils prévoient la création d’un véritable poste de Président de la République, la restauration du Sénat, l’instauration d’un Conseil national de la magistrature, la clarification des pouvoirs de la Diète (Chambre des députés) et surtout, une nouvelle loi électorale qui devait permettre plus de pluralisme et de liberté aux électeurs.

Enregistré comme parti légal le 17 avril, Solidarność triomphera aux élections législatives des 4 et 18 juin 1989. Lech Walesa, lauréat du prix Nobel de la Paix en 1983, succèdera au général Wojociech Jaruzelski à la présidence de la Pologne, de 1990 à 1995.

Illégal

Après la chute des régimes communistes en Europe, le parlement polonais a admis en 1992 que la proclamation de l’état de siège en 1981, était illégale. Le 17 avril 2007, les responsables de son instauration en Pologne (les généraux Wojciech Jaruzelski, Czesław Kiszczak et sept autres personnes) ont été officiellement inculpés pour « crime communiste ».

 

11 mars 2022

Soutien au peuple ukrainien

A quand une manifestation dans le Val de Villé ?

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14 février 2022

Racisme au Brésil

La mort d'un Congolais à Rio rappelle les difficultés des migrants africains

br_silDans ce pays de plus de 212 millions d'habitants, les immigrés africains sont relativement peu mais subissent racisme et xénophobie au même titre que les Brésiliens noirs.

Des centaines de personnes ont manifesté le 5 février au Brésil pour demander justice pour un jeune Congolais de 24 ans battu à mort le 24 janvier sur une plage de Rio de Janeiro. Si l'immigration africaine reste à la marge dans ce pays de plus de 200 millions d'habitants, ce drame relance le débat sur le racisme au Brésil.

Arborant des pancartes avec son portrait et des slogans contre le racisme et la xénophobie, plusieurs centaines de manifestants, parmi lesquels des membres de la communauté congolaise, se sont rassemblés autour du bar de plage où Moïse Kabagambe était employé. Le jeune homme y a été lynché par cinq hommes. Selon sa famille, il était venu réclamer un arriéré de salaire de 200 reais (une trentaine d'euros) au gérant du bar.

br_sil1Des manifestations ont également eu lieu à Sao Paulo, Brasilia, Salvador de Bahia et Belo Horizonte, relate l'AFP. Trois personnes impliquées dans le passage à tabac fatal ont été arrêtées, selon la police brésilienne. La mort de Moïse Kabagambe a provoqué une vague d'indignation sur les réseaux sociaux. De nombreux artistes et sportifs ont réclamé justice pour le jeune homme, parmi lesquels le footballeur Gabriel Barbosa ou le chanteur Caetano Veloso.

Un "boom migratoire"

Fuyant avec ses deux frères les violences en Ituri, dans l'est de la République démocratique du Congo, Moïse Kabagambe avait été accueilli à son arrivée au Brésil en 2011 par l'ONG catholique Caritas. Tous trois avaient obtenu le statut de réfugié, précise "La Croix"

"Entre 2010 et 2018, le nombre de demandes d'asile déposées au Brésil a été multiplié par 80. Ce 'boom migratoire' est sans précédent, non seulement par son importance, mais surtout en raison de la variété des pays d'origine des migrants : Amérique du Sud, Caraïbes, Afrique, Europe et même Asie", précisait le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) en 2019. Ainsi, 70 000 Africains, principalement issus de l'ouest du continent, ont rejoint le Brésil pendant cette période. Le ministère de la Justice brésilien estime que les réfugiés congolais sont au nombre de 1 798.

"Une fois que vous entrez dans le pays et que vous faites votre demande d'asile, vous avez les mêmes droits que tout Brésilien", indiquait en 2015 le professeur Duval Fernandes, dans  "Le Point". Mais aujourd'hui, dans un contexte économique plombé notamment par la crise sanitaire, selon "Les Echos", trouver un travail devient plus difficile pour les migrants.

Un contexte de violence raciste

Ce meurtre "ne peut être considéré isolément du contexte dans lequel vivent et passent des milliers de jeunes hommes et femmes noirs tués ces derniers temps", a déclaré Zanoni Demettino Castro. Le responsable de la Pastorale afro-brésilienne de la Conférence épiscopale, repris par l"agence Fides, précise que "sur les 34 918 morts violentes de jeunes signalées à la fin de 2021, 80% étaient des jeunes Noirs"

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"Il s'agit de la mort d'un étranger qui était notre frère, parce qu'il était noir. Nous sommes ici pour montrer notre résistance, pour montrer que nous ne laisserons pas impuni ce qui s'est passé."

Bruna Lira, une étudiante de 19 ans à l'AFP

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Le Brésil "n'accorde de la valeur qu'aux étrangers aux yeux clairs et qui parlent anglais. Si c'est un Noir qui est venu d'Afrique pour essayer de grandir ici, il n'a aucune valeur", a déclaré à l'AFP Douglas Alencar, le coordinateur à Rio de Janeiro de l'Ipad, un institut militant pour la défense de la démocratie.

Au-delà d'un phénomène lié au boom migratoire, le racisme est fortement ancré au Brésil. Et la mort d'un homme noir roué de coups par des vigiles blancs d'un supermarché à Porto Alegre avait déjà mis le feu aux poudres dans le pays. A l'époque, l'Organisation des nations unies avait demandé une enquête indépendante et dénoncé un "racisme structurel" au Brésil. ('selon "Franceinfo.Afrique")

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4 février 2022

Chili : des apiculteurs font manifester leurs abeilles

Les manifestants sont venus avec une soixantaine de ruches en bois. Elles ont été ouvertes devant le palais gouvernemental.

chili4Manifester contre la sécheresse. À Santiago au Chili, les apiculteurs sont en colère. Alors qu’une vague de chaleur fait rage dans le pays, une poignée d’entre eux a décidé de se réunir devant le plais gouvernemental de La Moneda.

Pour se faire entendre, les manifestants ne sont pas venus seuls. Équipés de leur dispositif de protection, ils ont placé une soixantaine de ruches en bois devant le palais. Elles contenaient environ 10.000 abeilles.

Nous avons manifesté à cause de la sécheresse, la sécheresse dans la commune de Colina où les abeilles meurent. Les abeilles sont importantes dans le monde entier. Il n’y aurait pas de vie si les abeilles mouraient. C’est ce que nous voulions souligner avec notre manifestation culturelle”, précise le manifestant et l’apiculteur José Iturra à Reuters. La vague de chaleur touche la nourriture des abeilles, à savoir les fleurs et les cultures. Les apiculteurs souhaitent recevoir un soutien de la part du gouvernement pour les aider à faire face à cette météo difficile.

Sept policiers ont été piqués alors qu’ils tentaient de retirer les ruches positionnées par les manifestants. Quatre apiculteurs ont été placés en détention à la suite du rassemblement. (selon "Huffpost")

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28 janvier 2022

Mars 1962, le drame de la fusillade de la rue d'Isly à Alger

Le 26 mars 1962, des dizaines de partisans de l'Algérie française étaient tués par l'armée rue d'Isly à Alger, un drame aux circonstances obscures, que le président Macron a évoqué mercredi dans le cadre d'un geste mémoriel envers les rapatriés.

AlgerLa fusillade de la rue d'Isly dura plus de dix minutes et fit 49 morts, tous civils, parmi les manifestants, selon le bilan officiel, plutôt 60 à 80 selon des historiens ou des médecins, et de nombreux blessés. L'événement marqua le début de l'exode massif des Français d'Algérie, communément appelés les "pieds-noirs".

Alors que le cessez-le-feu ouvrant la voie à l'indépendance de l'Algérie a été proclamé le 18 mars, plusieurs milliers de partisans de l'Algérie française sont appelés par l'OAS (Organisation armée secrète) à se diriger le 26 mars vers le quartier de Bab-el-Oued, refuge de membres de l'OAS, afin de forcer les barrages installés par l'armée française après plusieurs meurtres de jeunes du contingent par cette organisation.

Ils sont invités à s'y rendre "sans armes" et "drapeau en tête", alors que la manifestation est interdite par le préfet. A partir de là, différentes versions circuleront : selon l'une d'elles, contestée notamment par des familles des victimes, ce sont des tirs visant les militaires depuis une fenêtre ou un toit rue d'Isly, qui enclenchent en retour la fusillade paniquée vers la foule des tirailleurs gardant le barrage.

Cette version est également contestée par des parlementaires français, dont Eric Ciotti ou Valérie Boyer, qui présentèrent en 2019 une proposition de loi demandant "reconnaissance de la Nation des massacres de la rue d'Isly".

"Sans sommation, à 14h50, la troupe du 4e régiment de tirailleurs ouvrit le feu, s’acharnant sur ceux qui s'étaient jetés à terre afin de se protéger. La version officielle dira que des coups de feu avaient été tirés d'un toit vers les militaires. Mais ceux‑ci, au lieu de riposter vers le toit où devrait se trouver le prétendu tireur, ont tiré à l’arme automatique dans la foule, frappant dans le dos des manifestants qui tentaient vainement de s'enfuir", pouvait-on lire dans leur exposé des motifs.

"Il est grand temps aujourd'hui que l'Etat français rompe définitivement avec le silence et reconnaisse officiellement les crimes commis le 26 mars 1962 lors de cette manifestation pacifique", poursuivait l'exposé des motifs, en demandant "que l'ensemble des archives soit ouvert" et le massacre reconnu.

Des historiens souligneront de leur côté la fatigue et l'inexpérience des troupes placées à cet endroit. Après les tirs, la panique saisit la foule : "Ces 10 minutes de fusillade ont été suivies de 30 minutes d'affolement, de désarroi, dans le tintamarre crispant des sirènes et des klaxons, voitures de pompiers, camions, ambulances, des voitures civiles sillonnaient la ville, transportant le plus rapidement possible les blessés", écrit l'AFP ce jour-là.

En 2010, le gouvernement français décida d'inscrire les noms des victimes de la rue d'Isly sur le Mémorial de la guerre d'Algérie à Paris, mais l'Etat français n'avait jamais reconnu de responsabilité dans ces événements. (selon GEO avec AFP)

20 décembre 2021

Sénégal, Burkina Faso : manifestations

Pourquoi la jeunesse clame : « France, dégage ! »

s_n_galÀ Ouagadougou, à Saint-Louis, à Dakar... se déroulent des manifestations anti-françaises de plus en plus violentes. Derrière, une poussée décoloniale, anti-impérialiste, détournée en partie au profit de rivalités politiques.

Saint-Louis, la grande ville à l’architecture coloniale du nord du Sénégal, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, a retrouvé un peu de sa superbe en ce mois de novembre. Élections municipales obligent – elles auront lieu à la fin janvier 2022 –, des équipes de nettoyeurs s’activent pour balayer les rues et ôter une partie des déchets en plastique qui ont envahi l’agglomération, s’accrochant partout aux arbres, aux filets de pêche, débordant du fleuve Sénégal qui se jette dans l’océan Atlantique.

La vaste plage qui longe le cimetière musulman offre le même spectacle de décharge à ciel ouvert, avec au loin les piroguiers qui font vivre le quartier surpeuplé de Guet Ndar, majoritairement composé de la communauté de pêcheurs lébous. En face, le mythique hôtel de la Poste où séjournait Jean Mermoz, figure de l’aventure de l’Aéropostale. Et, enjambant le fleuve, l’immense pont Faidherbe, inauguré en octobre 1897 par le ministre français des Colonies André Lebon et baptisé en l’honneur de Louis Faidherbe, administrateur colonial de la ville et acteur majeur de la conquête du pays par les troupes françaises.

La rage contre Paris plonge ses racines dans l’humiliation d’une « décolonisation » perçue comme inachevée.

En plein centre-ville, une statue à l’effigie du pacificateur sanglant de l’Algérie témoigne encore d’un « Sénégal reconnaissant », alors qu’une campagne animée par un collectif d’associations françaises et sénégalaises réclame la chute de ce symbole – comme de débaptiser ou faire tomber rues et monuments l’honorant en France.

Soixante ans après l’indépendance et le départ du dernier administrateur colonial, la jeunesse sénégalaise est saisie par une intense poussée « décoloniale » et par une rancœur croissante envers l’influence prêtée aux décideurs parisiens dans les affaires du pays. Un collectif baptisé France dégage multiplie les actions coups de poing. Son principal animateur, l’activiste Guy Marius Sagna, a effectué plusieurs mois de prison, accusé notamment d’organiser des rassemblements non autorisés et de diffuser de « fausses nouvelles »

Populisme

Mais c’est surtout Ousmane Sonko, étoile montante de la politique sénégalaise très populaire auprès de cette même jeunesse, qui s’est imposé comme l’opposant numéro un du président Macky Sall en portant ce combat contre la politique africaine de la France. Lors de la dernière campagne présidentielle de 2019, où il s’est hissé à la troisième place, le populiste n’a cessé de pointer le pillage des ressources pétrolières et gazières par des entreprises françaises, Total en tête. Le principal gisement, situé en face du cimetière de Saint-Louis, à cheval sur les eaux mauritaniennes, devrait produire ses premiers mètres cubes de GNL (gaz naturel liquéfié) à l’horizon 2023 et constituer une rente colossale pour le pays.

Contrairement aux affirmations d’Ousmane Sonko, ce sont en réalité des sociétés anglo-saxonnes – dont Kosmos Energy pour le gisement de Saint-Louis – qui ont raflé l’essentiel du magot pétrolier et gazier. Lors des émeutes qui ont secoué Dakar en mars 2021, consécutives à l’arrestation de ce même Ousmane Sonko, accusé d’un viol sous la menace d’une arme dans un salon de massage, ce sont pourtant des symboles de cette mainmise française supposée (stations Total, supermarchés Auchan, boutiques Orange) qui ont été pris pour cible.

Des rumeurs se propagent à toute allure : l’armée française, déployée dans le cadre de l’opération « Barkhane », ne combattrait pas les « terroristes » mais les protégerait.

« La compagnie nationale de télécom Sonatel a été rachetée par Orange, et cela, les gens ne le supportent pas. Il est tout à fait anormal que des entreprises aussi stratégiques ne restent pas aux mains d’un opérateur public », estime Mary Teuw Niane, qui se présente à la mairie de Saint-Louis contre Amadou Mansour Faye, l’actuel édile et beau-frère du président Macky Sall. En tête des sondages confidentiels réalisés en septembre dernier, Mary Teuw Niane entend bien redonner à sa ville son histoire sénégalaise et il milite pour débaptiser le pont Faidherbe comme pour remiser la statue éponyme dans un musée.

Mais la rage contre la politique française plonge ses racines bien au-delà des frontières de Saint-Louis et du Sénégal, dans la violence, l’humiliation du processus colonial, d’une « décolonisation » perçue comme inachevée. Elle provient aussi de l’environnement immédiat et de ce Sahel gangrené par les groupes armés se revendiquant du djihad et où des cellules « terroristes » sont identifiées et surveillées jusqu’à Kédougou, près de la frontière malienne. De Bamako à Niamey, en passant par Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, la rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre. L’armée française, dont près de 5 000 hommes sont déployés dans le cadre de l’opération « Barkhane », non seulement ne combat pas les « terroristes » mais leur livre des armes, les protège, les renseigne, voire assassine elle-même les populations locales.

Sous la coupe du FMI

Quelques jours seulement après l’attaque d’un détachement de gendarmerie à Inata, dans le Soum, qui a fait 53 morts, le 16 novembre, parmi les militaires burkinabés, les manifestations de colère se sont multipliées. Elles ont été jusqu’à bloquer un convoi français d’une soixantaine de poids lourds, escortés par une centaine de soldats en direction du Niger. Ce convoi a été immobilisé par des habitants exaspérés, exigeant d’inspecter le contenu du véhicule censé contenir des armes destinées aux groupes djihadistes. Ayant finalement réussi à franchir la frontière nigérienne, la colonne a encore dû s’arrêter à une trentaine de kilomètres dans la localité de Téra, où étaient dressées là aussi des barricades. Les force de l’ordre nigériennes et les militaires français, selon plusieurs témoignages recueillis sur place, n’ont pas hésité à user de leurs armes contre la foule, faisant 2 morts et 18 blessés chez les manifestants.

Norbert Ouangré, secrétaire général adjoint de la CGT-B, principale centrale syndicale du Burkina Faso, tient cependant à distinguer cette vague « anti-française », dénoncée avec force par l’Élysée, d’une colère « anti-impérialiste » parfaitement justifiée. « Nous faisons face à un pouvoir néocolonial », estime-t-il : « La France a pris le soin de maintenir sur nous un certain contrôle, sur la vie économique comme sur les questions militaires où nous avons encore des officiers français qui conseillent notre armée. Et quand les responsables du Fonds monétaire international viennent, on sent que ce sont eux les véritables propriétaires du pays. C’est eux qui nous dictent ce que nous devons faire, quel budget consacrer à l’éducation, etc. Et si nous n’obéissons pas, nous n’obtenons pas les lignes de crédit. C’est un sentiment anti-impérialiste car personne ne s’en prend aux Français en tant que tels, avec qui nous avons des liens profonds d’amitié. Et c’est ce même impérialisme qui, en réalité, nous exploite, le peuple français comme le burkinabé. » (selon "L'Humanité")

16 décembre 2021

"Non à un accord avec le FMI"

Les Argentins en masse dans la rue

argentineDes dizaines de milliers d’Argentins ont manifesté samedi contre la renégociation de la dette que leur gouvernement tente d’obtenir auprès du Fonds monétaire international (FMI), perspective qui réveille la hantise de la casse sociale associée aux plans d’ajustement du passé.

"Non à un accord avec le FMI", "la dette est envers le peuple, pas le FMI", "payer la dette EST un ajustement". Samedi en fin de journée, banderoles, slogans et chants des organisations de gauche radicale, étudiants, syndicats, ont envahi la Plaza de Mayo, théâtre historique des joies et des colères du pays, au pied de la Casa Rosada, le palais présidenti

Entre fanfares, fumigènes, pétards assourdissants, fumée des "parillas" (grills) installées dans la rue, le FMI était visé, mais aussi le gouvernement de centre-gauche, accusé de se prêter à un accord pour réaménager sa dette de 44 milliards de dollars due d’ici 2024. Et pour corollaire, se prêter à une rigueur budgétaire accrue, dans un pays qui compte déjà 40% de pauvres.

"C’est horrible de voir dans des hôpitaux des enfants au petit ventre gonflé par la faim. Ça existe, aujourd’hui, en Argentine !", lance à l’AFP dans une colère contenue Aña Cristina Jaime, 70 ans, "sans parti mais cœur à gauche". "Tous les 8-9 ans, cela recommence, on nous 'vend' au FMI […] la seule option que je vois est de ne pas payer, mais traquer les capitaux enfuis à l’étranger. Que ceux-là payent !"

Toute la semaine, une délégation argentine (gouvernement et Banque centrale) a tenu à Washington des réunions avec une équipe du FMI. D’ici la fin de l’année, l’exécutif doit présenter au parlement un "programme économique pluriannuel" qui aurait l’aval du Fonds.

Résultat du round d’entretiens : "de plus amples discussions" sont nécessaires avant un accord, a annoncé le FMI dans un communiqué vendredi.

Vendredi soir, une foule encore plus nombreuse s’était déjà rassemblée sur la Plaza de Mayo, composée cette fois de secteurs proches du gouvernement péroniste, pour célébrer en musique le 38e anniversaire du retour de la démocratie en Argentine après la dictature (1976-1983).

Bête noire

Aux côtés du président Alberto Fernandez, les anciens chefs d’Etat brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (probable candidat présidentiel en 2022) et uruguayen José "Pépé" Mujica. Thème du soir : la nostalgie de, selon Lula, "la meilleure époque pour la démocratie" en Amérique du Sud, quand des exécutifs de centre gauche, socialistes ou "bolivarien", gouvernaient de Santiago à Caracas, dans la première décennie du 21e siècle.

Mais là encore, pas de mystère sur la bête noire, invité obligé de tous les discours : le FMI. Ovation assurée quand Alberto Fernandez a lancé que "l’Argentine des ajustements (structurels) appartient à l’histoire" et qu’un remboursement "ne se fera pas au détriment de la santé, de l’éducation publique, des salaires, des retraites". Même si, a-t-il pris soin d’énoncer, "nous allons assumer les obligations prises par d’autres", à savoir le prêt souscrit par son prédécesseur Mauricio Macri (2018).

Ovation plus forte encore, quand la toujours populaire Cristina Fernandez de Kirchner, cheffe de l’Etat de 2007 à 2015 et actuelle vice-présidente, a dénoncé un FMI "qui depuis longtemps conditionne la vie en Argentine". Et a intimé presque à Fernandez "que le FMI nous aide à récupérer des milliards de dollars qui ne manquent pas à l’Argentine, non, mais (que des Argentins ont) emmenés dans des paradis fiscaux ! Que cela soit un point de négociation avec le Fonds."

Le calendrier voit converger ces négociations et l’anniversaire de la "Grande crise" de décembre 2001 : l’explosion sociale d’une Argentine alors coincée entre fuite des capitaux et crise de liquidités, après des années de plans d’austérité sur demande du FMI, s’était traduite par des émeutes, pillages, violences, une quarantaine de morts et un trauma durable.

"Je me souviens bien de 2001, le pillage d’un supermarché au coin de ma rue, c’était des gens sans travail, c’était la faim", racontait samedi dans la manifestation Juan Soto, ouvrier maraîcher de 30 ans. "L’histoire se répète, vous savez. S’il y a accord (avec le FMI), c’est qu’il y a ajustement. Mais qui + s’ajuste + ? Les travailleurs, les pauvres. Ceux qui sortent d’une pandémie où il y a déjà eu tant d’emplois perdus". (selon RTB)

8 décembre 2021

Heurts policiers-étudiants à Abidjan

Abidjan a connu des heures chaudes, ce lundi 6 décembre 2021. Policiers et étudiants s'affrontaient à coups de machettes et d'armes improvisées contre gaz lacrymogène.

abidjan1En cette fin d'année, la vie scolaire est rythmée par le fléau des congés anticipés. L'Agence ivoirienne de presse indiquait dans une dépêche que des cours ont effectivement été perturbés dans plusieurs localités ivoiriennes, notamment à Man (ouest), Dimbokro (centre) et Minignan (nord).

L'AIP informait par ailleurs des obsèques de Kouakou Raoul, élève de 15 ans en classe de 4ème au Lycée municipal d’Issia, qui est décédé dans la cour de l’établissement, vendredi 3 décembre 2021, après avoir reçu des coups de couteau en pleine poitrine.

C'est dans ce contexte déjà très tendu que policiers et étudiants se sont affrontés, ce lundi 6 décembre 2021, à quelques encablures de l'Université Félix Houphouët-Boigny. C'est ainsi que le rapporte l'ambassade américaine à Abidjan. « L'ambassade des États-Unis est au courant des manifestations étudiantes en cours à l'intersection du boulevard François Mitterrand et Avenue Grandes Écoles, à proximité de l'entrée principale de l'Académie de Police et de l'Université Félix Houphouët-Boigny. Des rapports font état d'un affrontement entre la police ivoirienne et une centaine d'étudiants armés de machettes et d'autres armes improvisées », a publié la mission diplomatique américaine.

Puis, d'ajouter : « À l'heure actuelle, on ne sait pas si les manifestations s'étendront à d'autres parties de la ville. Il est conseillé aux étrangers d'éviter la zone. Mesures à prendre : Évitez les zones et les routes touchées. Trouvez des itinéraires alternatifs vers votre destination. Gardez un profil bas. Surveiller les médias locaux et les agences gouvernementales. Soyez conscient de votre environnement. »

Mais évidemment, comme d'habitude, le gouvernement et la presse locale ne parlent de rien.

27 novembre 2021

Autriche, Pays-Bas... vers une nouvelle vague de colère ?

Alors que l'Europe fait face à une nouvelle vague de Covid-19, plusieurs pays ont mis en place de nouvelles restrictions à l'origine de manifestations.

pays_basLa cinquième vague amènera-t-elle avec elle une vague de colère ? A l'approche de l'hiver, l'Europe est de nouveau l'épicentre de la pandémie de Covid-19. La circulation de plus en plus forte du virus oblige de nombreux pays à serrer la vis. En France, l'heure est à la "vigilance absolue", selon les mots du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, alors que le pays a dépassé le seuil des 20 000 cas quotidiens. Mais la forte couverture vaccinale (75% de Français totalement vaccinés) donne l'espoir de pouvoir traverser la cinquième vague sans saturation dans les hôpitaux. 

Ailleurs en Europe, il s'agit de réagir vite et fort dans plusieurs pays. Les Pays-Bas ont réintroduit la semaine dernière un confinement partiel. Le gouvernement néerlandais envisage aussi de restreindre l'accès aux lieux de restauration et de loisirs après une période de trois semaines aux seules personnes vaccinées ou guéries de la maladie. L'Autriche de son côté va confiner lundi l'ensemble de sa population et a opté pour la "vaccination obligatoire" à partir de février, une première dans l'Union européenne. Face à ces mesures radicales, la contestation monte. Et de l'autre côté de l'Atlantique, dans les Antilles françaises, des scènes de violence et de vandalisme se produisent aussi en Guadeloupe.

guadeloupe

  • Aux Pays-Bas, une manifestation dégénère

Les contaminations continuent de grimper sur le vieux Continent. Les Pays-Bas font notamment face à une flambée, avec plus de 21 000 nouvelles infections enregistrées vendredi. Le 12 novembre, des restrictions ont été annoncées, avec notamment le retour du confinement partiel. Les annonces ont déclenché des affrontements entre manifestants et policiers devant le ministère de la Justice à La Haye.  

La tension est encore montée d'un cran dernièrement. Des tirs de la police néerlandaise ont fait plusieurs blessés vendredi dans la ville portuaire de Rotterdam. Les émeutiers qui protestaient contre les restrictions ont incendié une voiture de police, lancé des pierres et déclenché des feux d'artifice. La police anti-émeute a repoussé les manifestants en déployant notamment un canon à eau. 

Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées et au moins sept personnes ont été blessées. "Des coups de semonce ont été tirés à plusieurs reprises. À un moment donné, la situation est devenue si dangereuse que les agents se sont sentis obligés de tirer sur des cibles", a indiqué la police. Le maire de Rotterdam Ahmed Aboutaleb a qualifié les incidents d'"orgie de violence". 

Face à une situation "très grave", les autorités locales ont interdit les rassemblements dans la zone pour éviter de futurs débordements. Ce samedi, plusieurs milliers de personnes sont attendues à des manifestations prévues à Amsterdam et dans la ville méridionale de Breda, selon les médias locaux. Pour rappel, des  émeutes avaient déjà éclaté en janvier  dernier pour protester contre la mise en place d'un couvre-feu.  

  • Manifestation contre le confinement en Autriche

Ailleurs sur le Vieux Continent, des mesures radicales sont prises pour freiner la progression du virus. L'Autriche va ainsi confiner dès lundi l'ensemble de sa population et a décidé de rendre la "vaccination obligatoire" à partir de février, une première dans l'Union européenne. Il faut "regarder la réalité en face", a déclaré le chancelier conservateur Alexander Schallenberg lors d'une conférence de presse, après des discussions avec l'ensemble des gouverneurs de régions.  

Lundi dernier, le pays avait opté pour un confinement des non-vaccinés. La mesure est donc étendue aux 8,9 millions d'habitants jusqu'au 13 décembre. Le chancelier a expliqué être conscient qu'on demandait "énormément" aux vaccinés, "parce que trop de gens n'ont pas fait preuve de solidarité". "Nous avons trop de forces politiques dans ce pays qui s'opposent avec véhémence" à la vaccination, a lancé le chancelier, dénonçant un "attentat contre notre système de santé".  

Ce samedi, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés à Vienne pour protester contre ces mesures. La manifestation était organisée à l'appel du parti d'extrême droite FPÖ, même si son chef Herbert Kickl, testé positif au coronavirus, était absent. La foule, réunie au coeur de la capitale autrichienne à deux pas de la chancellerie, agitait des banderoles dénonçant "la corona-dictature" ou encore disant "non à la division de la société". 

  • La question de l'acceptabilité

Reste à savoir si des manifestations similaires pourraient se produire dans d'autres pays européens. En effet, de plus en plus optent pour des restrictions. Les Etats régionaux allemands de Bavière et de Saxe, faisant face à une forte reprise épidémique, ont par exemple annoncé vendredi l'annulation de tous les marchés de Noël (une institution dans le pays), en plus d'autres restrictions. Le Land de Saxe, dans l'est du pays, a entre autres interdit aux personnes non-vaccinées l'accès aux magasins non essentiels et aux salons de coiffure. 

La situation est déjà explosive dans les Antilles françaises, en Guadeloupe. La mobilisation contre le passe sanitaire et la vaccination obligatoire des soignants, lancée cette semaine par un collectif d'organisations syndicales et citoyennes, a conduit à des scènes de violence. Quatre immeubles de Pointe-à-Pitre, le chef-lieu, sont partis en fumée, selon les pompiers, et les manifestants ont affronté la police à coups de pierres ou de tirs de mortier. "Compte tenu des mouvements sociaux en cours dans le département et des actes de vandalisme", le préfet a annoncé vendredi l'instauration d'un couvre-feu immédiat entre 18 heures et 5 heures, et ce jusqu'à mardi.  

En France métropolitaine, le gouvernement le répète, aucun confinement n'est prévu à l'heure actuelle, et la forte couverture vaccinale donne l'espoir de pouvoir traverser la vague épidémique sans saturation dans les hôpitaux. Mais ces questions sur les tensions et la contestation face aux restrictions ne sont pas nouvelles.  

Début janvier, alors qu'un troisième confinement était de plus en plus évoqué face à la hausse des cas, le pouvoir s'inquiétait des appels de plus en plus nombreux à ne pas respecter les restrictions. "On est sur un terrain glissant. Le risque en refermant le pays, c'est la désobéissance civile de certains", estimait alors Christophe Castaner, patron des députés LREM, selon Le Parisien.  

"Tout mouvement social accouche d'une génération dite 'radicale' et d'une avant-garde violente", soulignait à cette période auprès de L'Express Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers. "Les mouvements se déclenchent en fonction de deux critères : le manque de confiance et la lassitude - l'énervement, l'agacement, le pourrissement". 

Selon lui, les scènes d'émeute que l'on observait déjà aux Pays-Bas était possibles en France, "pays des Grandes Jacqueries depuis 1358 et qui en fait régulièrement une tous les 10/20 ans peut parfaitement être en situation de rébellion ; mais cette rébellion n'est possible que du fait de l'incohérence de la communication", expliquait-il. (selon L'Express)

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