Afrique : quand les pouvoirs se mêlent de journalisme
On se rappelle du dieu-empereur Bokassa 1er qui présentait, assis sur un nuage, les informations télévisées à son peuple prié de croire ses âneries. Les temps ont changé, mais il reste des vestiges de cette époque dans toute l'Afrique (et pas seulement). Voyez comment les journalistes ont été obligés de réagir au Burkina-Faso.
Ouagadougou, 16 juillet 2013 – Plus de 200 journalistes des médias d’Etat (radiodiffusion, télévision du Burkina, du Multimédia, des Centres d’émission et des Editions Sidwaya), sur appel du Syndicat des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC), ont observé un sit-in de trois heures au sein du ministère de la Communication, a constaté sur place Koaci.com. Les journalistes des médias publics entendent ainsi exiger l’arrêt de l’ «immixtion» des autorités du ministère de la Communication dans le traitement de l’information au niveau des médias publics.
En effet, une lettre signée du secrétaire général du Synatic, Justin Coulibaly a dénoncé vendredi dernier "l'immixtion" du ministère de la Communication dans le traitement de l'information par les médias publics, notamment lors de la marche de l’opposition politique organisée le 29 juin contre le Sénat.
Mais selon le ministre de la Communication, porte parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré, «nulle part il ne s’est opéré une censure sur aucun élément de reportage, et l’accusation portée par le syndicat contre son ministère est gratuite et sans fondement».
Pour M. Coulibaly, "l'immixtion du pouvoir dans les médias publics ne date pas d\'aujourd'hui, elle commence maintenant à prendre une certaine ampleur".
Les travailleurs des Médias d’Etat exigent également un «statut particulier, la reconstitution des carrières des agents, le rétablissement des rémunérations injustement coupées».
Depuis 2010, la Plateforme revendicative du SYNATIC, où figurent tous ces points, a été déposée au niveau du ministère de la Communication. «Les points évoqués par le syndicat pour justifier l’arrêt de travail ont fait l’objet de plusieurs concertations qui ont abouti à des propositions concrètes de solutions. Mais certains points sont au niveau du Premier ministre (Luc Adolphe Tiao, lui-même ancien journaliste, ndlr) qui travaille à y apporter des solutions», a indiqué le ministre Traoré au cours d’une conférence de presse.
Fait historique, c’est la première fois que des journalistes des médias publics de l’Etat observent un mouvement d’humeur suivi d’un arrêt de travail.
Satisfait de la mobilisation des manifestants, le secrétaire général du Synatic, Justin Coulibaly a indiqué que le dialogue n’est cependant pas interrompu avec le ministère de la Communication à qui il a adressé le message du syndicat reçu par le secrétaire général du ministère, Adama Barro. Il a ensuite convié les journalistes à une conférence bilan à la bourse du travail.
Avant les journalistes des médias publics, les Gardes de sécurité pénitentiaire avaient, au cours du weekend dernier, observé un arrêt de travail pour exiger un traitement particulier, voire un statut particulier. Bien avant c’étaient les travailleurs de l’Asecna qui observaient une grève de 48heures immobilisant tous les avions à l’aéroport international de Ouagadougou. Les jours à venir risquent encore de connaitre des mouvements avec la manifestation annoncée de la Coalition contre la vie chère (CCVC) le 20 juillet et celle de l’Opposition politique contre le Sénat le 28 juillet, jour des élections sénatoriales.
L'opposition voit au Sénat, jugé «budgétivore» et «inopportun» un moyen pour le président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, de faire réviser la Constitution afin de se représenter au terme de son dernier mandat en 2015. Mais selon le gouvernement, le Sénat votée le 21 juin 2013 et dont le président assurera l’intérim en cas de vacance du pouvoir, vise à «consolider la démocratie» au Burkina Faso. (extrait de Koaci.com)