Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
afrique
1 mai 2022

Le Congo vote contre la suspension de la Russie au siège du CDH

Sur les 193 pays membres de l’Assemblée générale des Nations unies qui ont récemment voté au sujet de la suspension de la Russie de son siège au Conseil des droits de l’Homme (CDH), 93 ont voté pour, 58 se sont abstenus et 24 ont voté contre cette suspension dont la République du Congo.

congoL’Assemblée générale des Nations Unies a suspendu jeudi dernier la Russie de son siège au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies en raison de l’invasion de l’Ukraine. 9 pays africains ont voté contre cette suspension parmi lesquels l’Algérie, le Burundi, la RCA, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Gabon, le Mali, le Zimbabwe et le Congo.

Le ministre des Affaires étrangères et des congolais de l’étranger, Jean-Claude Gakosso s’est exprimé sur le choix du Congo de voter contre l’exclusion de la Russie du Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU au cours d’une interview accordée à l’agence de presse russe RIA Novosti.

« Dans le contexte du conflit en Ukraine, nous avons pensé qu’il fallait mieux dialoguer, privilégier le dialogue, les négociations, la voie diplomatique. Même si le sujet est difficile, le dialogue est nécessaire. On ne peut pas dialoguer en fermant la porte à l’un des acteurs principaux en lui disant « non », il reste dehors. Mais avec qui donc dialoguera-t-on ? Si on exclut la Russie du Conseil des droits de l’homme, avec qui dialoguera-t-on ? », a-t-il déclaré.

S’agissant de l’équilibre dans les relations internationales, le ministre Jean-Claude Gakosso a souligné le rôle de la Fédération de Russie dans les affaires mondiales.

« Ainsi, nous qui vivons dans un monde multipolaire, ne pouvons pas accepter qu’une nation aussi grande que la Russie, qui a tout fait pour la paix, pour vaincre les fascistes, pour mettre fin au colonialisme, pour former les élites africaines, soit expulsée de ce Sénat », a-t-il poursuivi.

Les relations entre la République du Congo et la Fédération de Russie sont actuellement au bon fixe, en témoigne la réunion de travail qu’a eu le ministre de la Coopération international Denis Christel Sassou Nguesso et son homologue russe de l’Energie Pavel Sorokin au mois de mars où la signature d’accords multi-sectoriels ont été évoqués. (selon Jean-Claude Gakossa,  "Journal de Brazza")

Publicité
6 avril 2022

« Suspect 95 », le meilleur rappeur ivoirien

Plus connu sous le pseudo de « Suspect 95 », de son vrai nom Guy Ange Emmanuel, est un jeune rappeur ivoirien. Révolté dès le collège, il commence à écrire ses premiers textes. Son état d’esprit, c’est de chercher à faire la différence à chacune de ses sorties. Sans modestie, il se considère comme le meilleur rappeur ivoirien, même s’il reconnaît le talent des autres. À 26 ans, il connaît un succès fulgurant.

suspect95

S’inspirant beaucoup du rap américain, tout en écoutant des artistes tels que DJ Khaled, T-Pain, Ace Hood, mais aussi du rappeur ghanéen Sarkodie, le jeune Guy Ange Emmanuel alias « Suspect 95 » embrasse le monde de la musique assez jeune. Tout est parti d’une histoire de vengeance au Collège moderne de Cocody où il était élève, il y a quelques années. Il commence à écrire ses premiers textes en classe de 3ème.

« Au collège, il y avait une bande de types, des « voyous » qui faisaient leur loi. Ces gars-là écoutaient beaucoup de rap et un jour, l’un de mes meilleurs potes s’est ridiculisé en voulant faire une battle contre eux. Moi, ça m’a touché et j’ai commencé à gratter des textes pour ne pas nous ridiculiser. C’est comme ça que je me suis mis dans le rap… Je n’en suis jamais sorti », a révélé « Suspect 95 », qui est aujourd’hui une célébrité du rap dans son pays, la Côte d’Ivoire.

« Au lycée, on faisait des tournois de freestyles tous les vendredis. Moi, j’excellais tout le temps, je donnais tout et c’est comme ça que mon nom a commencé à tourner. Grâce au bouche à oreille, Bebi Philip a eu connaissance de ce que je faisais. C’est quelqu’un de très connu chez nous et il m’a dit simplement qu’il était prêt à me signer, à travailler avec moi. On a bossé des textes, en studio…», a expliqué l’artiste, qui a été obligé par sa maman d’arrêter un moment le rap, pour se concentrer sur ses études.

« Tout a commencé naturellement, j’ai même collaboré avec le groupe Kiff No Beat. Ensuite, j’ai fait une pause pour mon bac et après l’avoir obtenu, ça a marqué un tournant. Là, j’ai fait une vraie entrée dans le show-biz », précise-t-il. Lorsqu’il a obtenu son diplôme de baccalauréat, il a continué la musique parallèlement à ses études supérieures. Alors, « Suspect 95 » refait une chanson avec Bebi Philip, « Au nom de quel amour », qui a été très appréciée du public ivoirien. Par la suite, il enregistré son premier single solo, « Esseu C forcé ? ». Mais cela devenait trop compliqué de gérer ses cours et sa carrière musicale en même temps.

« Suspect 95 » décide finalement d’arrêter les études. En 2016, il se révèle avec la chanson « Enfant de boss c’est boss », produite par Stelair. Ce fut un succès auquel, lui-même ne s’attendait pas. Aujourd’hui, « Suspect 95 » se considère sans modestie, comme le meilleur rappeur ivoirien, c’est-à-dire la tête et la queue du rap « Made in Ivory Coast ». En 2020, il a d’ailleurs remporté le prix de « Meilleur artiste rap ivoire » et de « Meilleur clip vidéo de l’année ».

3 avril 2022

Le Sénégal étouffé par la guerre en Ukraine et le Mali

Les Sénégalais sont de plus en plus tenaillés par une hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité et autres produits alimentaires. Une hausse imputée à la guerre en Ukraine et à la fermeture de la frontière avec le Mali.

s_n_galLa ménagère sénégalaise continue de pleurer son panier qui se dégarnit de jour en jour. La raison, une hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité. Que cela soit le riz, le lait, le sucre, la tomate concentrée et même les pâtes alimentaires, tous les prix des denrées ont grimpé en flèche au point de renforcer la tension alimentaire déjà existante. Au marché central de Thiès (70 km de Dakar), le mot est donné. Par les commerçants qui adoptent le même barème de prix pour les denrées, mais aussi les clients qui crient tous au scandale et en appellent à l’Etat qui, disent-ils, doit sévir.

« Comment comprendre que tous les prix grimpent de la sorte, en une semaine. C’est de la malhonnêteté. Même ceux qui avaient gardé leurs anciens stocks ont fait monter les prix. Tous les commerçants fixent le même prix. Comme s’ils se sont concertés. En fait, c’est ça, ils se sont tous donnés le mot et ont décidé de commun accord d’harmoniser leurs prix. C’est de la mauvaise foi et ils se disent des croyants, surtout à l’approche du ramadan », se désole cette femme, panier en main, avec seulement un sachet de tomates fraîches, quelques feuilles d’oseille et un bout de poisson dont on aperçoit facilement la queue.

Elle n’aura pas terminé son propos lorsqu’une autre dame l’interrompt. « Ce sont tous des voleurs. Tous malhonnêtes, car ils font ce qu’ils veulent », lance-t-elle, visiblement dépitée. Foulard de tête défait, les deux côtés pendants au niveau de ses épaules larges du fait d’une forte corpulence, celle-ci, qui éprouve quelques difficultés de mobilité, liées à la charge pondérale, fulmine avec un long tchiip. « Tous des malhonnêtes. Ils ne vivent que de biens mal acquis, sur le dos des Sénégalais. Et les voilà qu’ils se dirigent vers le mois de ramadan pour espérer avoir des bénédictions. Mon œil ! Ils ne récolteront que des péchés, car c’est ce qu’ils auront semé. Ces commerçants me dégoûtent », balance-t-elle à la face d’un vendeur de denrées alimentaires.

Ce dernier ne trouvait pas les mots devant la colère de la dame, à part insister que « cette situation est indépendante de notre volonté ». Trop facile comme excuse, estime une autre cliente, moins agressive, car elle aura au moins souri en s’adressant au commerçant qu’elle avait en face et qui lui livrait les deux kilogrammes de pomme de terre qu’elle avait commandés. « On nous dit que les prix ont monté à cause de la guerre en Ukraine. Qu’est-ce que nous ici au Sénégal avons-nous à voir avec ce qui se passe en Ukraine », se demande le commerçant, qui impute la hausse à son grossiste. « Il parait que c’est l’Ukraine et la Russie qui nous fournissent le blé, pourtant le prix du pain n’a pas augmenté depuis le début de la guerre. Pourquoi les autres prix alors », demande un jeune homme, mandaté par sa mère acheter de la pâte d’arachide.

La réponse viendra d’une autre bonne dame qui change de cap et lui fait comprendre que certaines denrées, comme le gingembre, certaines farines et même des fruits, commencent à prendre la tangente, « car ils provenaient généralement du Mali et de la Guinée et transitaient par Bamako avant d’être acheminés au Sénégal via les camions maliens qui effectuaient la navette entre les deux pays ». Lesquels véhicules ne circulent plus entre les deux pays depuis les fameuses sanctions de la CEDEAO. Mais en attendant, les prix montent en flèche. Le sac de lait de 5 kg, jadis vendu à 17 500 FCFA coûte désormais 21 000 FCFA. « Je l’ai acheté en gros à 20 500 FCFA, je ne peux pas le revendre à moins de 21 000 FCFA », nous confie Lamine Wade, commerçant au marché central de Thiès.

Une situation d’inflation qui commence à peser sur les consommateurs du Sénégal, pays dont la population est majoritairement musulmane et se dirige vers un mois de jeûne, pendant lequel, les denrées de première nécessité sont très courues. En tous les cas, coïncidence ou pas, ce mercredi 30 mars 2022, en Conseil des ministres, le Président Macky Sall a doté le pays d’un Directeur du Commerce Extérieur, en la personne du nommé Ansou Souba Badji, Commissaire aux Enquêtes économiques de profession. Il occupe désormais ce poste qui était jusque-là vacant. (selon "Afrik.com")

29 mars 2022

Cameroun : une résurgence du choléra fait 29 morts en une semaine

Cette maladie diarrhéique aiguë, dont on peut mourir en quelques heures en l'absence de traitement, réapparaît périodiquement dans ce pays d'Afrique centrale.

cameroun1Vingt-neuf personnes sont mortes du choléra en une semaine au Cameroun, principalement dans l'ouest du pays, qui fait face à une "flambée des cas", a annoncé le 25 mars le ministre camerounais de la Santé. Cette maladie diarrhéique aiguë, dont on peut mourir en quelques heures en l'absence de traitement, réapparaît périodiquement dans ce pays d'Afrique centrale peuplé de plus de 25 millions d'habitants. "Entre le 16 et le 22 mars 2022, une flambée de cas de choléra est observée dans le Sud-Ouest avec plus de 300 cas notifiés", a écrit le médecin Manaouda Malachie sur Twitter. Vingt-sept personnes sont mortes du choléra dans trois grandes villes de l'ouest, et deux dans la capitale Yaoundé.

Epidémie

Depuis octobre 2021, l'épidémie de choléra a fait 62 morts avec près de 2 100 cas recensés, selon le Dr Malachie. "Le système de gestion de l'incident a été activé (...) pour assurer la coordination des mesures prises et de la vaccination réactive", a écrit le ministre. La précédente résurgence du choléra avait fait 66 morts au Cameroun entre janvier et août 2020. Début 2021, l'organisation mondiale de la santé (OMS) estimait qu'il y a avait chaque année 1,3 à 4 millions de cas de choléra et 21 000 à 143 000 décès dus à cette maladie dans le monde.

"Des vaccins anticholériques sûrs, administrés par voie orale, doivent être utilisés conjointement à l'amélioration de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement pour limiter les flambées de choléra et favoriser la prévention dans les zones connues pour être à haut risque", selon l'organisation onusienne.

Selon la presse locale, les autorités ont donné ordre de construire en urgence des toilettes publiques et de renforcer l'approvisionnement en eau potable pour endiguer l'épidémie. (selon France.info - Afrique)

cameroun3

27 février 2022

Soudan du Sud : des enquêteurs de l’ONU mettent en garde

Des experts indépendants des droits de l’homme de l’ONU ont mis en garde, vendredi, contre une recrudescence de la violence politique et de la polarisation au Soudan du Sud.

soudan« Le Soudan du Sud est à un point de basculement », a alerté dans un communiqué Barney Afako, l’un des trois experts de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies sur le Soudan du Sud à l’issue de leur visite de cinq jours dans le pays.

Selon la Commission, la tenue des élections risque sérieusement d’alimenter la violence et la polarisation « si les institutions requises, notamment les lois constitutionnelles et électorales ainsi que les dispositions logistiques ne sont pas d’abord mises en place ».

Selon le calendrier convenu dans l’accord de septembre 2018, le Soudan du Sud est censé se rendre aux urnes en 2023 après la mise en œuvre de dispositions clés. Mais selon les médias, beaucoup doutent de la possibilité pour Juba d’organiser des élections l’année prochaine. Mais pour la Commission de l’ONU, il est d’ailleurs « important de regarder au-delà du moment électoral ».

L’urgence d’une cartographie des circonscriptions électorales

Il s’agit ainsi de s’interroger pour savoir, « quel système politique les gens voteraient, compte tenu notamment des retards pris dans l’élaboration d’une constitution sur laquelle les élections seraient fondées ». Dans ces conditions, l’une des tâches essentielles serait la cartographie des circonscriptions électorales.

« Une question plus importante se pose quant au système pour lequel les gens voteront, étant donné l’absence d’une constitution permanente et le manque actuel de clarté sur la façon dont l’enchaînement des élections et l’élaboration de la Constitution doivent se croiser », a fait valoir la Commission.

Selon l’ONU, le chapitre 6 de l’accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud prévoit l’élaboration d’une Constitution permanente, sur laquelle reposera le futur système politique. S’il est bien mené, le processus d’élaboration de la Constitution offre ainsi un outil permettant de s’attaquer aux causes profondes du conflit et de l’insécurité persistants au Soudan du Sud.

Selon l’Accord de 2018, la période de transition doit se terminer en février 2023

Si le processus est mal géré, la Commission de l’ONU estime que cela risque « d’ancrer les griefs existants et de semer les graines de futurs conflits ». Bien qu’un projet de loi prévoyant un processus consultatif ait été rédigé, il n’a pas encore été adopté, et l’élaboration de la constitution n’a donc pas encore commencé.

Dans le même temps, les calendriers restent flous, bien que la période de transition doive se terminer en février 2023. « Il sera essentiel que les partenaires régionaux du Soudan du Sud et les garants du processus de paix accordent une attention accrue à la situation dans le pays et s’efforcent de contribuer à la réalisation des aspirations de paix de la population », a fait remarquer, la Présidente de la Commission, Yasmin Sooka.

Les membres de la Commission ont achevé ce vendredi leur neuvième visite au Soudan du Sud, qui s’est déroulée du 7 au 12 février. 

À Juba et à Yei, les experts ont rencontré des ministres et des hauts fonctionnaires du gouvernement, des membres de la société civile, des survivants d’abus de violences sexuelles, des chefs religieux, des entités chargées du suivi de l’accord de paix revitalisé de 2018, des membres de la communauté diplomatique, notamment de la troïka et de l’Union africaine, et des représentants des agences des Nations Unies et de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).

Poursuite des déplacements et des violations flagrantes des droits humains

Plus globalement, l’absence de progrès dans la mise en œuvre des dispositions clés de l’Accord revitalisé, notamment l’unification, la gradation et le déploiement des forces armées, ainsi qu’un accord sur les structures de commandement, contribue à la persistance de l’insécurité et de l’impunité dans lesquelles se produisent les violations des droits humains. Dans ces conditions, la violence reste « omniprésente ».

L’insécurité se caractérise par « des déplacements et des violations flagrantes des droits de l’homme, notamment des violences sexuelles ». Le cas de Yei en est un bon exemple, où des soldats attendant de faire partie d’une force nationale unifiée manquent de moyens et s’en prennent ensuite à la population.

« La plupart des Sud-Soudanais avec lesquels la Commission s’est entretenue ont exprimé leur désir d’un leadership politique pour garantir la paix et la justice, pour lesquelles l’Accord fournit une feuille de route », a conclu Mme Sooka.

A noter que la Commission présentera son rapport, le 29 mars prochain à Genève, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. (selon AFP)

Publicité
1 février 2022

Rwanda : déstabiliser le Congo pour mieux le piller

Le Rwanda est souvent affiché comme un modèle de développement pour l’Afrique, mais la face sombre du régime est moins connue. Le régime de Paul Kagamé a mis fin au génocide des Tutsis en vainquant le gouvernement rwandais et les extrémistes hutus durant la guerre civile de 1994. Deux ans plus tard, l’armée de Paul Kagamé envahit l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) et y exporte le conflit. L’armée rwandaise, appuyée par ses supplétifs congolais, a commis des crimes de masse et a pillé les riches mines de la région, contribuant au décollage économique du Rwanda et à la déstabilisation, jusqu’aujourd’hui, des Kivus. Retour sur l’histoire des guerres du Congo.

rwanda1

Lors de son dernier séjour à Paris en mai 2021, le président rwandais Paul Kagamé fut interrogé par France 24 sur les déclarations du docteur congolais et prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege, auditionné à l’Assemblée nationale française quelques jours plus tôt. Le Dr Mukwege plaide pour une meilleure reconnaissance des crimes de masse commis en RDC et pour la création d’un tribunal pénal international visant à établir les responsabilités pénales de leurs auteurs.

Le Rwanda, un modèle ?

rwanda4Devant les journalistes français, Paul Kagamé accuse le prix Nobel d’être « un outil des forces qu’on n’aperçoit pas » et affirme qu’« il n’y a pas eu de crimes » dans l’Est de la RDC. L’agacement affiché par le président rwandais montre à quel point la démarche de reconnaissance et de justice pour les victimes des crimes graves commis en RDC dérange dans son pays. L’élite politico-militaire rwandaise, et en premier lieu le chef de l’État, n’est pourtant pas étrangère aux désastres sécuritaires et économiques que connaît la région depuis 1996.

Le régime de Kagamé est régulièrement affiché par les médias internationaux comme un modèle pour l’Afrique en termes de développement, d’égalité femmes/hommes, d’innovation technologique ou de protection de l’environnement. Il symboliserait l’« afro-optimisme », cet espoir de développement pour le continent. Mais ces succès ne peuvent occulter la face sombre de ce régime : celui-ci tire pleinement profit de la déliquescence de l’État congolais et de l’état de guerre permanente qui frappe l’Est de la RDC depuis vingt-cinq ans.

La communauté internationale, se reprochant son inaction lors du génocide des Tutsis du Rwanda en 1994, a toujours traité Paul Kagamé avec beaucoup d’égards. Celui-ci en tire un soutien diplomatique et des financements internationaux, malgré l’exploitation illégale des richissimes mines du Kivu et les crimes que commettent ses troupes dans cette région, qui ne sont que rarement dénoncés dans la presse. Cette immunité politique et diplomatique ne doit pourtant pas l’exonérer de la responsabilité des crimes commis par ses forces. Elle est une entrave à la pacification de la région des Grands Lacs.

Le droit à la justice des millions de citoyens congolais et de réfugiés rwandais, déplacés et massacrés depuis 1996, peine à être reconnu. L’accès à ce droit devrait pourtant leur être facilité après la publication du rapport Duclert et du rapport Muse, reconnaissant le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda. Ces deux événements sont intimement liés : la guerre civile rwandaise et le génocide des Tutsis sont le point de départ des conflits qui frappent encore aujourd’hui l’Est de la RDC. Fermer les yeux sur ces pillages et ces crimes revient à consacrer l’impunité de leurs auteurs et accepter leur perpétuation. Seule la justice transitionnelle peut aboutir à la réconciliation et au retour de la paix dans la région.

1996, le conflit rwandais s’exporte en RDC

En 1994, la guerre civile rwandaise, le génocide des Tutsis et le déplacement des populations hutu rwandaises vers la RDC conduit à l’exportation du conflit vers le pays voisin. L’épicentre du conflit se déporte alors vers le Nord-Kivu et le Sud-Kivu voisins. Après le génocide et la victoire du Front patriotique rwandais (FPR) – parti politique constitué par les Tutsis réfugiés en Ouganda à la suite de plusieurs vagues de persécutions par le pouvoir hutu depuis 1959 –, plus d’un million de Hutus fuient vers l’Est de la RDC. Il s’agit de civils tous âges confondus qui craignent des représailles de la part du FPR ou de civils tutsis, mais aussi des cadres de l’organisation génocidaire : d’anciens militaires des Forces armées rwandaises (FAR), des gendarmes et des miliciens Interahamwe.

Ces différentes forces prennent rapidement le contrôle des camps de réfugiés situés à proximité des villes de Goma et de Bukavu pour se réorganiser dans le but de ré-envahir le Rwanda, renverser le FPR et « finir le travail », c’est-à-dire exterminer les survivants Tutsis. Profitant de la déliquescence de l’État congolais et de l’isolement diplomatique du président Mobutu Sese Seko, lâché par les États-Unis, les autorités rwandaises décident, en novembre 1996, d’envahir l’Est de la RDC pour neutraliser les anciens militaires rwandais et les miliciens Interahamwe. C’est le début de la première guerre du Congo.

La première guerre du Congo fut menée pendant six mois par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) dirigée par Laurent-Désiré Kabila, opposant historique à Mobutu. L’AFDL est largement soutenue par le FPR – lequel a demandé à plusieurs reprises, en vain, au gouvernement congolais de renvoyer les réfugiés rwandais au pays pour juger les criminels –, mais aussi par le Burundi et l’Ouganda, chacun ayant ses propres intérêts sécuritaires et économiques. Ces opérations, visant à neutraliser les extrémistes hutus, aboutissent à des massacres de Rwandais, Congolais et Burundais innocents, soupçonnés, sur la simple base de leur appartenance ethnique, de soutenir les extrémistes. Non contente de rapatrier de force au Rwanda plusieurs centaines de milliers de Rwandais hutus et de pourchasser les fuyards jusqu’au cœur de la forêt congolaise, la coalition composée par l’AFDL, le FPR et leurs alliés prennent Kinshasa, renversent un Mobutu malade et placent Laurent-Désiré Kabila à la tête de l’État.

En réalité, de nombreux cadres de l’AFDL étaient des membres du FPR. Au point que, après la chute de Mobutu de nombreux civils rwandais intègrent les hautes sphères du pouvoir politique à Kinshasa tandis que l’armée congolaise passe sous le contrôle du général rwandais James Kabarebe, devenu chef d’état-major. Mais Laurent-Désiré Kabila, qui s’était appuyé sur le FPR pour arriver au pouvoir, se retourne subitement contre lui en juillet 1998, en relevant Kabarebe de ses fonctions et en expulsant les militaires rwandais.

La deuxième guerre du Congo

La réaction rwandaise ne se fait pas attendre : dès août 1998, le FPR s’associe aux rebelles du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), envahit une nouvelle fois la RDC et prend le contrôle de nombreuses villes du Kivu, de la province orientale et du Nord-Katanga. L’armée rwandaise en profite pour organiser le pillage des mines, tandis que les crimes commis contre les populations congolaises se multiplient. Le 24 août, en représailles après une embuscade, le FPR et le RCD massacrent plus d’un millier de personnes à Mwanga, dans le Sud-Kivu, et commettent des exactions particulièrement sordides : viols et mutilations des parties génitales, jet d’enfants et de bébés dans des latrines. Ces crimes n’ont pas cessé après le retrait des forces rwandaises et la fin de la deuxième guerre du Congo, en 2003.

Les massacres commis par les le FPR et l’AFDL ont pris une proportion telle que certains observateurs ainsi que le rapport Mapping, publié par le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en 2010, ont pu évoquer l’hypothèse d’un génocide commis contre les hutus rwandais et congolais [1].

L’hypothèse d’un second génocide perpétré par le FPR contre les Hutus réfugiés en RDC est écartée par la communauté des chercheurs. Il n’en reste pas moins que des massacres à grande échelle et des tortures particulièrement cruelles ont été perpétrés par le FPR et l’AFDL. De nombreux crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ont été commis. Le rapport Mapping relate des cas de massacres au marteau, d’enrôlements massifs et forcés d’enfants soldats, d’incendie de villages, de viols ou de mutilations. Les victimes sont rwandaises et congolaises.

Aujourd’hui, des chercheurs tels que Roland Pourtier ou Gérard Prunier, estiment qu’il y a eu entre 3 et 5 millions de morts en RDC durant la période 1996-2003, soit lors des deux guerres du Congo. Il est nécessaire de rappeler qu’un génocide se définit comme la destruction systématique de tout ou partie d’un peuple. Le critère est donc qualitatif, et non quantitatif. Un nombre de morts, aussi élevé soit-il, ne suffit pas à qualifier des crimes de génocide. D’autre part, la majorité des morts durant ces deux guerres n’ont pas été tué lors de combats ou de massacres, mais sont morts de privations et de maladie, dues aux désordres engendrés par les conflits. Enfin, le gouvernement rwandais a réalisé plusieurs rapatriements de Hutus réfugiés en RDC. Mais ceux qui ont fui vers la forêt ont été pourchassés et massacrés de manière systématique.

Les chiffres sur les morts ont fait l’objet de vives polémiques, car ils sont un fort enjeu politique. L’Est du Congo est une région montagneuse et forestière, où il y a très peu d’infrastructures, il est donc particulièrement difficile d’avancer un nombre de morts des suites du conflit, d’autant plus que les enquêtes disponibles ont été réalisées plusieurs années après. Il n’existe que des estimations : l’ONG américaine International Rescue Committee (IRC) a avancé le chiffre de 4 millions de morts, repris notamment par Pourtier [2]. C’est en surfant sur cette polémique que Paul Kagamé peut nier les crimes de son armée sur le sol congolais.

Si le rapport Mapping, publié en 2010, s’est limité à documenter et à tenter de qualifier les crimes commis avant 2003, c’est en raison de l’espoir de paix suscité cette année-là. En effet, après avoir signé un accord de retrait des troupes rwandaises (le 30 juillet 2002, à Pretoria) et des troupes Ougandaises (le 6 septembre 2002, à Luanda), les autorités Congolaises signent avec les rébellions Congolaises l’« Accord global et inclusif de Pretoria », le 17 décembre 2002, ratifié par toutes les parties prenantes le 1er avril 2003.

Après la deuxième guerre du Congo, la déstabilisation perdure

La mise en place officielle, le 30 juin 2003, des institutions de transition regroupant tous les belligérants devait signer la fin des hostilités et le lancement du processus de démocratisation. Ce processus a abouti à l’adoption d’une nouvelle constitution et à l’organisation d’élections générales en 2006. Les différents groupes armés rebelles, comme le RCD et le MLC, se constituent alors en partis politiques et leurs troupes sont intégrées aux forces armées congolaises, ce qui fut une réussite relative du processus de démocratisation. Les incursions rwandaises directes ou par milices interposées n’ont pas cessé pour autant.

Que ce soit en soutien au Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du chef de guerre Laurent Nkunda en 2008 ou au Mouvement du 23 mars (M23) en 2012, le Rwanda a continué d’apporter un appui de taille à des mouvements rebelles qui déstabilisent la RDC et y commettent des crimes contre la population [3]. Alors que le gouvernement rwandais s’était engagé à Nairobi le 9 novembre 2007 à « prendre toutes les mesures nécessaires pour sécuriser sa frontière, empêcher l’entrée ou la sortie de membres de tout groupe armé et empêcher que toute forme de soutien – militaire, matériel ou humain – soit fourni à aucun groupe armé en RDC [4] », il a activement participé au recrutement de soldats – dont des enfants – à la fourniture de matériel militaire et a envoyé des officiers et des unités des Forces de défense rwandaises (RDF) en RDC, selon un rapport du Groupe d’experts des Nations unies sur la RDC et un rapport d’Human Rights Watch [5].

Malgré le départ du président Joseph Kabila et le réchauffement diplomatique entre le Rwanda et la RDC sous la houlette du président Félix Tshisekedi, les incursions illégales de l’armée Rwandaise sur le sol Congolais se poursuivent. Dans son rapport publié en février 2021, le Kivu Security Tracker (KST) [6] souligne que l’ingérence des puissances régionales dans l’Est du Congo s’est accrue ces dernières années, « en particulier dans des zones sensibles telles que les Hauts Plateaux du Sud-Kivu [7] ». Le groupe d’experts des Nations unies chargé de veiller au respect de l’embargo sur les armes en RDC fait le même constat : dans son rapport publié en 2020, il prouve la présence active de l’armée Rwandaise dans les territoires de Nyiragongo, Masisi et Rutshuru (province du Nord-Kivu) entre fin 2019 et octobre 2020, malgré les dénégations de Kagame [8].

Le pillage des mines congolaises

Le Rwanda et toutes les autres parties prenantes aux conflits armés qui secouent la RDC depuis trois décennies ont toujours évoqué des considérations politiques, ethniques et surtout sécuritaires pour justifier les interventions militaires répétées et le soutien aux milices locales. Pourtant, l’Est de la RDC est une des régions minières les plus riches du monde, on y trouve notamment d’immenses réserves de coltan, mais aussi de l’or et d’autres métaux précieux ou des terres rares, utilisées dans les technologies numériques.

Si, durant la première guerre du Congo (1996-1997), on ne note pas de pillage des ressources minières par le Rwanda – celui-ci poursuivant essentiellement un objectif sécuritaire –, il n’en est pas de même lors de la deuxième guerre (1998-2003). En effet, on observe depuis 1998 trois activités illégales pratiquées par le Rwanda sur le territoire congolais : le pillage systématique des mines, l’exploitation minière directe et l’imposition de taxes sur les activités minières. Selon le chercheur Pierre Jacquemot, « pour les nouveaux potentats, la persistance de l’insécurité devint le moyen principal d’enrichissement » et ces guerres furent « le début de la mainmise des lobbies militaro-commerciaux rwandais et ougandais sur les ressources naturelles des zones qu’ils contrôlaient [9]. »

Qu’il s’agisse de minerais, de produits agricoles et forestiers, de l’argent ou du bétail, les militaires rwandais et leurs alliés ont organisé, coordonné, encouragé et mené des activités de pillage systématique dans les zones sous leur contrôle en RDC. Par exemple, dans le secteur minier, l’armée rwandaise et ses alliés ont, en 1998, pillé un stock de sept ans de coltan appartenant à la Société minière et industrielle du Kivu (Sominki). Il a fallu près d’un mois aux rwandais pour transporter le précieux minerais jusqu’à Kigali !

Autre exemple, dans le secteur financier : les mêmes protagonistes ont attaqué les banques locales, pillé et emporté l’argent. En 1999, l’équivalent de 1 à 8 millions de dollars ont été volés à la banque de Kisangani, amené sous escorte militaire à l’Hôtel Palma Beach de la même ville avant d’être acheminé par avion à Kigali, en passant par Goma.

Au-delà des pillages, l’armée rwandaise s’est livrée à l’exploitation directe des ressources minières sur le territoire Congolais qu’elle contrôlait. L’extraction des ressources naturelles était tellement intense que le Rwanda importait de la main-d’œuvre : il utilisait des prisonniers rwandais pour extraire le coltan et, en contrepartie, leur octroyait une réduction de peine ou un versement. En mars 2001, ils étaient plus de 1 500 prisonniers rwandais à extraire le coltan à Numbi (territoire de Kalehe) sous la surveillance des forces rwandaises. L’importance de la main-d’œuvre employée donne une idée de la quantité de minerai extrait et volé. L’enquête de l’ONU a également prouvé que Rwanda Metals, tenue par le FPR, et parmi d’autres entreprises publiques ou proches du gouvernement rwandais, a exploité le coltan en RDC [10].

Les statistiques officielles de l’État rwandais mènent aux mêmes conclusions. Le Rwanda produisait 54 tonnes de coltan en 1995, soit avant les incursions de son armée. En 1999, la production passe à… 224 tonnes [11]. Même chose pour la cassitérite : la production passe de 247 tonnes en 1995 à 437 tonnes en 2000. Cette tendance s’observe aussi dans les exportations rwandaises de diamant. Elles passent de 13 000 carats (d’une valeur de 720 000 dollars) en 1997 à 30 500 carats (d’une valeur de 1,8 millions de dollars) en 2000 [12]. Ceci alors que le Rwanda ne possède pas de gisements significatifs de ces minerais [13].

Cette exploitation illégale s’est poursuivie même après le retrait officiel des troupes rwandaises en 2003. En plus de l’extraction illégale par les groupes armés soutenus par le Rwanda, notamment le CNDP et le M23, un réseau de contrebande de minerais congolais a proliféré au profit du Rwanda et au mépris du devoir de diligence et de traçabilité imposés par la loi Dodd Frank américaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Union européenne. L’agence écofin signale même que « le Rwanda est devenu entre 2013 et 2014 le premier exportateur mondial de coltan [14] ». Ces exportations, à quoi s’ajoute la perception de taxes et impôts transitant via les rebelles du RCD-Goma, ont fortement contribué à l’essor économique du pays.

Le régime de Paul Kagamé a su adapter sa politique étrangère et sa stratégie d’exploitation du Congo oriental face à ses homologues successifs, de Laurent-Désiré Kabila à Félix Tshisekedi, en passant par Joseph Kabila. En témoignent les accords signés en juin 2021 sur l’or. Kagamé a su profiter de la volonté du président Tshisekedi de renouer des relations avec lui pour « réguler » ce secteur… et aboutir à ce que l’or congolais soit transformé dans une fonderie rwandaise. Ainsi, la prédation pourra perdurer légalement. (selon Bienvenu Matumo et Stewart Muhindo, journalistes)

rwanda2

18 janvier 2022

Bolloré au Cameroun

Nouvel épisode judiciaire !

bollor_Nouvel épisode judiciaire en France dans l’une des affaires impliquant le groupe français Bolloré au Cameroun : 145 villageois de la région de Kribi, dans le sud du pays, ont saisi le tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, il y a quelques mois parce qu’ils s’estiment lésés par les plantations de palmiers à huile de Socapalm. L’enjeu du délibéré est de permettre à la justice d’établir la responsabilité de Bolloré sur les activités de cette filiale camerounaise de Socfin, la maison-mère commune.

Démontrer que les plantations camerounaises de Socapalm appartiennent au groupe français Bolloré ou que la relation commerciale est établie, via la maison-mère luxembourgeoise Socfin, c’est l’objectif de l’avocat des 145 villageois camerounais. Maître Feodor Rilov a demandé ces documents au groupe français, en vain. Le juge pourrait aujourd’hui contraindre Bolloré de les fournir.

« Première étape »

« C’est la première étape avant une action en responsabilité civile contre le groupe français », en vertu de la loi française de 2017, explique l’avocat des plaignants. Son but : obtenir de Bolloré des réparations financières pour les riverains des plantations qui disent subir « des préjudices au quotidien », comme la pollution des eaux. Voire même des réparations en nature, comme la restitution des terres où ils avaient leurs champs ou leurs sépultures.

Autres affaires

Cette affaire, lancée à la fin de l’année dernière, est distincte de celle initiée en 2019 par dix ONG françaises, dont Sherpa, qui avaient assigné Bolloré pour n’avoir pas respecté un contrat signé avec les villageois camerounais en 2013. Une affaire qui poursuit parallèlement son cours. Sans compter les affaires en cours au Togo et en Guinée...

bollor_1

10 janvier 2022

Agro-foresterie en Côte d'Ivoire

A Tiassalé, un poivre bio et d'exception !

c_te_1A Tiassalé, il est un poivre d'exception bio issu de l'agro-foresterie, la nouvelle tendance agricole en Côte d’Ivoire. Certains voient là le salut de ce qui reste des forêts dans ce pays. Où et comment cultiver en respectant et protégeant la forêt ? A Tiassalé, un homme s’est lancé il y a quelques années dans la culture de poivre bio. Un poivre de qualité qui, espère-t-il, pourra un jour rivaliser avec le mythique poivre de Penja au Cameroun.

« Nous sommes sur un site agro-écologique, avec beaucoup de grands arbres », nous explique Jean Eudes Kacou. Son histoire, c’est celle d’un retour à la terre. Après des longues études en France et en Chine, puis un travail en Côte d’Ivoire dans la distribution, il plaque tout et reprend la plantation familiale pour tout passer en bio et surtout se lancer dans une culture de niche : celle du poivre.

c_te_2Ici, le poivre côtoie les fruits et le cacao, le tout sur 10 hectares et on ne coupe pas les arbres ; certains ont près de 200 ans. « Ce qui m'a le plus motivé à changer, c'est que je ne trouvais pas de sens à utiliser tout ces produits pour désherber, pour pousser les plantes... alors je me suis renseigné et j'ai appris qu'on pouvait faire soi-même ses engrais, notamment en agro-foresterie : le cacao produit beaucoup de feuilles, ça fait notre compost. Les feuilles mortes, les branchages, les fruits aussi sont utilisés... Tout ça concourt à faire une économie fermée. » 

Sa marque Kapécé, se vend dans les épiceries fines d’Abidjan ou via le bouche à oreille à des clients qui viennent à Tiassalé pour acheter son poivre, en particulier son précieux poivre rouge. « On fait tout pour que notre terroir soit reconnu. Notre vocation c'est de hisser Kapécé de Tiassalé au rang de produit du terroir. »

c_te

3 janvier 2022

Le Tchad, le Bénin et la RDC ensanglantés

Plusieurs pays d’Afrique, dont le Tchad, le Bénin et la République Démocratique du Congo, ont enregistré des morts suite à différentes violences. Des attaques menées, par des rebelles pour le cas de la RDC, par des terroristes pour ce qui est du Bénin. Au Tchad, ce sont des affrontements entre communautés rivales qui ont ensanglanté le pays.

tchadEn République Démocratique du Congo, le commandement militaire a annoncé la mort de huit soldats congolais qui ont été tués dans une série d’attaques menées par des rebelles du Mouvement du 23 mars. Selon le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole de l’armée dans la province du Nord-Kivu, « entre lundi et mercredi, nos positions de Bukima et Runyoni dans le territoire de Rutshru ont été attaquées par les combattants du M23 et nous avons perdu 8 vaillants soldats au total ».

En Afrique de l’Ouest, c’est le Bénin qui a été la cible avec un militaire qui a été tué dans une nouvelle attaque terroriste dans le Nord de ce pays frontalier avec le Burkina Faso. Les journaux locaux indiquent que c’est une position de l’armée béninoise qui a été visée par des terroristes, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans le département de l’Atacora, faisant un mort et deux blessés dans les rangs de l’armée.

Au Tchad, au moins trois morts et une dizaine de blessés sont à déplorer, suite aux affrontements qui ont opposé, hier jeudi 23 décembre, deux communautés rivales, dans le Nord de ce pays d’Afrique Centrale. « Jeudi, les éleveurs arabes et les agriculteurs boulala du village Touka se sont affrontés faisant des dégâts humains et matériels », a indiqué à Anadolu Djimta Ben Dergon, gouverneur de la province du Batha. (selon "Afrik.com")

29 décembre 2021

Ethiopie : les civils en première ligne du conflit

Rafles, massacres, viols… Les exactions commises contre les civils par les forces gouvernementales et par leurs opposants, les rebelles du Tigré, se multiplient en Éthiopie.

Ethiopie

Alors que le conflit s’enlise dans le nord de l'Ethiopie entre le gouvernement et les rebelles tigréens, les atrocités contre les civils se multiplient, dans un camp comme dans l’autre. L’Onu a lancé vendredi 17 décembre une enquête internationale.

Un rapport d'Amnisty International et de Human Rights Watch a accusé jeudi les forces de police gouvernementales et leurs alliés, les milices amharas, d’avoir commis des rafles au Tigré voisin. Depuis début novembre, les forces pro-gouvernementales auraient rassemblé hommes et femmes dans les villes d’Adebai, Humera et Rawyan, au Tigré occidental, avant de les déporter à l’est, vers la rivière Tekezé, qui marque la frontière entre les zones contrôlées par chaque groupe.

« Quand les gens ont essayé de s’échapper… [les milices] les ont attaqués avec des machettes et des haches pour que personne ne puisse s’échapper… »​ a témoigné un fermier de 34 ans d’Adebai, mentionnant des dizaines de corps.

« Des crimes de guerre »

Les rebelles tigréens ne sont pas en reste. Début septembre, près de 125 civils ont été assassinés par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) dans le village de Chenna, près de Dabat, dans la région Amhara. Niés par le TPLF, les massacres ont été confirmés par des médecins.

Mi-novembre, seize femmes ont été violées par des rebelles tigréens dans la ville de Nifas Mewcha, dans la région Amhara. « Des crimes de guerre »​, voire « des crimes contre l’humanité »​, selon Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.

Loin d'être seules, ces exactions sont difficiles à documenter. L’État contrôle les médias locaux et entrave le travail des journalistes et des ONG, depuis le début du conflit, en novembre 2020.

À l’époque, le Premier ministre Abiy Ahmed avait envoyé l’armée au Tigré contre le TPLF, qui défiait son autorité. Trois semaines et la prise de la capitale régionale Mekele plus tard, Abiy Ahmed proclamait une victoire express. Mais, en juin, le TPLF avait repris l’essentiel du Tigré, poursuivant son offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar, jusqu’à se retrouver aux portes de la capitale Adis-Abeba.

Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence début novembre. Depuis,  près de 7000 personnes seraient détenues, selon le Haut-Commissariat de l’Onu aux droits de l’homme, la plupart de l’ethnie tigréenne. Elles sont emprisonnées dans des centres de détention de masse répartis dans l’ouest du Tigré, à Addis-Abeba et dans la région Afar.

Selon l’Onu, le conflit a déjà fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d’Éthiopiens dans des conditions proches de la famine. (selon "Ouest-France")

Ethiopie1

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>
Publicité
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
Derniers commentaires
Archives
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
Visiteurs
Depuis la création 2 248 969
Publicité