Le Centre-Alsace va-t-il participer à l'effort d'accueil des réfugiés demandés par la France et l'Union Européenne ? Au vu du communiqué de presse de la municipalité de Sélestat, dirigée par le Maire UMP (pardon "les Républicains") Marcel Bauer, on peut en douter.
Alors que nos voisins du Pays de Bade se lancent avec un certain enthousiasme dans les actions les plus diverses (inventaire des possibilités d'accueil, collectes, etc...) et que les réfugiés sont pour un bon nombre déjà logés, le Centre-Alsace en est encore à la réflexion administrative et politicienne.
Que le maire de Sélestat dise d'une façon claire qu'il ne veut pas de réfugiés, cela aurait le mérite de la clarté. Référer aux baisses de dotation globale de l'Etat, on entend ça à longueur de journée et on se demande bien ce que cela a à voir avec les réfugiés qui arrivent par flots d'Asie et d'Afrique. Mauvaise foi, quand tu nous tiens !
Quant à laisser croire que les particuliers, qui auraient l'impudence d'accueillir ces réfugiés, subiraient tous les maux liés aux charges administratives de réception (sécurité sociale, demande d'asile, scolarisation des enfants, etc...), c'est carrément de la forte dissuasion ridicule ressemblant fortement à une récupération des voix du FN et de l'extrême-droite.
Pourtant des possibilités d'hébergement existent. Rien que dans le Val de Villé, on dispose d'une ancienne gendarmerie vide, d'une ancienne maison de retraite avec unne centaine de chambres et une cuisine, un village de vacances inoccupé en grande partie (ci-contre la photo où ce village de vacances était fréquenté), plus de 40 appartements vides rien qu'à Villé. De quoi accueillir au minimum près de 150 personnes. Etonnant que la sous-préfecture n'ait eu aucune offre d'aucune commune.
Pendant ce temps, près de chez nous, à Sasbachwalden (près d'Achern), un village de 2500 habitants accueille 500 réfugiés, des Syriens, des Pakistanais, des Erythréens et même des Ivoiriens. Ces derniers ont commencé leur odyssée en 2009 lors de la guerre civile ivoirienne. Ils parlent français, mais ont obtenu l'asile en Allemagne alors qu'ils ne connaissent pas un mot de la langue germanique. Mais ils sont hébergés, et c'est bien l'essentiel. Car ils sont les rescapés d'un groupe d'une centaine personnes qui en six ans ont parcouru le Niger, la Libye, la Méditerranée où au moins 80 d'entre eux se sont noyés dans un naufrage, la Grèce, puis la Hongrie où ils sont restés longtemps bloqués.
Faut-il encore redire que dans de nombreux pays africains, Nicolas Sarkozy est à l'origine des troubles sanglants. Rappelons son incohérence face à Kadhafi, son ingérence en Côte d'Ivoire avec la Force Licorne pour soutenir un de ses amis (le président Ouattara s'est marié à une française à Neuilly-sur-Seine, sous la magistrature Sarkozy). Cette dame, Dominique Folloroux Nouvian, est évidemment une femme d'affaire (immobilier, cacao, etc...). Certains prétendent même qu'elle est une des meilleures cotisantes à l'UMP, et maintenant aux Républicains. Le résultat a été une guerre civile qui fait plus de 3000 victimes. Elle gère les affaires privées non seulement de Ouattara, mais aussi celles du gabonais Bongo. (Ci-contre, photo de deux frères réfugiés ivoiriens à Sasbachwalden, publiée par l'Est Républicain). Mais si des réfugiés ivoiriens en sont encore à ne pas rentrer au pays, c'est bien la preuve qu'on y est encore loin de la réconciliation nationale.
Le descendant d'une famille hongroise immigrée Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa, fuyant le régime nazi, et son parti devraient se rappeler que le 4 novembre 1956, les chars russes sont entrés dans Budapest, faisant plus de 3000 morts. 200000 réfugiés, fuyant le régime soviétique, ont trouvé l'asile dans nos régions en très peu de temps. Même dans notre vallée de Villé, on trouve encore aujourd'hui des patronymes d'origine hongroise.
Décidément, à défaut de contribuer, le maire de Sélestat aurait au moins pu avoir la décence de se taire.
1956 : les chars russes à Budapest
Réfugiés hongrois en route vers l'Europe de l'ouest