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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
guerre
5 mars 2022

Le groupe paramilitaire Wagner

Très instructif : "la méthode Poutine"

 

wagner

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4 mars 2022

500 soldats français en Roumanie et 200 en Estonie

Si l'envoi de troupes en Ukraine ne semble pas à l'ordre du jour, la France déploie des soldats dans les pays voisins de l'État dans le cadre des missions de l'Otan, a appris BFMTV de l'Élysée à l'issue du sommet de l'OTAN.

amx10Mi-mars, un groupement tactique de 500 soldats et leur matériel, vraisemblablement des chars blindés de type AMX 10 et des Griffons, vont être déployés en Roumanie, État-membre de l'Otan qui partage plusieurs centaines de kilomètres avec l'Ukraine.

Début mars, ce seront 200 soldats d'infanterie de montagne qui seront déployés en Estonie, également État-membre de l'Otan. Limitrophe de la Russie, ce pays est séparé par la Lettonie et la Biélorussie de l'Ukraine. L'armée de l'air va assurer la police du ciel dans les pays baltes avec quatre avions de chasse Mirage 2000.

Deux missions de deux Rafale et avion ravitailleurs vont s'élancer de manière imminente afin de survoler en permanence l'espace UE.

Du matériel de protection envoyé en Ukraine

Sur l'appui militaire à l'Ukraine, l'Ukraine envoie chaque jour des demandes de matériel mais des difficultés ont pu être soulevées. Par exemple, si la France envoie un certain type de missiles, il est possible que les Ukrainiens n'aient pas le système de lancement qui correspond. Pour cela, il faudrait donc envoyer des missiles avec le lanceur adéquat et former les soldats ukrainiens à leur utilisation, ce qui prendrait trop de temps.

D'ores et déjà, la France a cédé - et non pas vendu - des équipements individuels de protection et du matériel de déminage et coopère avec les autorités ukrainiennes au plan cyber.

Quel est "l'état final recherché", selon l'expression militaire, par Poutine? S'agit-il d'obtenir une continuité territoriale jusqu'à la Transnistrie? De s'attaquer aux institutions ukrainiennes et aux personnes qui les dirigent? De poursuivre vers la Moldavie? À date, les autorités françaises ont encore une incertitude. (selon BFMTV)

3 mars 2022

Cuba 1962 - Ukraine 2022

L’histoire se répèterait-elle ? Kennedy avait mis la pression sur les Soviétiques au sujet de Cuba. Soixante ans plus tard, voilà Poutine décidé à engager un bras de fer avec les États-Unis à propos de l’Ukraine, « porte-avions avancé de l’OTAN ».

poutine60 ans après la crise de Cuba, Vladimir Poutine semble avoir décidé de commencer l’année 2022 par une épreuve de force majeure, digne des années les plus tendues de la Guerre froide. Le bras de fer portera une fois encore sur l’Ukraine, que Poutine considère comme le berceau originel, sacré même, de la Russie. Et aujourd’hui c’est « sa » « crise de Cuba à l’envers ». Pour Poutine et ceux qui l’entourent, l’Ukraine doit cesser d’être « le porte-avions avancé de l’OTAN » aux frontières de la Russie.

En 1962, Kennedy avait obtenu, à deux doigts de la guerre nucléaire, le retrait des missiles à moyenne portée soviétiques déployés à Cuba, qui menaçaient directement les États-Unis. Kroutchev avait cédé… En 2022, Poutine entend obtenir la même chose des Américains : soit les États-Unis s’engagent par écrit et définitivement, à respecter un statut de neutralité pour l’Ukraine, soit l’armée Russe interviendra, et s’en sera fini et de l’indépendance de l’Ukraine, et de ses velléités de rejoindre l’Union européenne ou l’OTAN.

En finir avec l'élargissement de l'OTAN

Depuis des semaines, nombreux sont les nuages qui annoncent la tempête dans le ciel européen. La crise des migrants en Biélorussie tout d’abord. Délibérée et télécommandée depuis Minsk et bien sûr Moscou, comme en témoignent les patrouilles de bombardiers nucléaire stratégiques russes le long de la frontière polonaise, et tout récemment l’annonce par le dictateur biélorusse Loukachenko qu’il est désormais prêt à accueillir des armes nucléaires russes sur le sol de son pays.

Le garrot du gaz russe ensuite, que le Kremlin resserre inexorablement sur le cou de ses clients européens : pas 1 m³ de gaz supplémentaire ne sera livré à l’Europe cet hiver, tant que le gazoduc North Stream II restera bloqué. Enfin et surtout le déploiement de 100 000 soldats russes à la frontière orientale de l’Ukraine, auxquels s’adjoindront 75 000 réservistes dans les semaines à venir, une armée pourvue de tout l’arsenal nécessaire de blindés et d’artillerie. Ce développement s’est fait aux yeux de tous, et notamment sous le regard des satellites militaires du Pentagone qui a complaisamment publié les images et les analyses de renseignements dans le New York Times…

Ces derniers jours, Vladimir Poutine, s’exprimant devant un parterre de diplomates russes a mis les points sur les i : la Russie a bien l’intention de « faire respecter ses lignes rouges », entendre son refus absolu d’accepter la présence de forces de l’OTAN à ses frontières. Pour le Président russe, le moment est venu d’en finir, une fois pour toutes, avec l’élargissement de l’OTAN.

L’Amérique, affaiblie par son retrait calamiteux d'Afghanistan et du Proche-Orient, obnubilée par la Chine, désormais impuissante à stopper la marche irrésistible de l’Iran vers la bombe atomique, n’est tout simplement pas en état de faire la guerre pour sauver l’Ukraine. Tandis que lui, Poutine, malgré les ravages du Covid en Russie, reste très largement soutenu par son peuple (60 % de popularité dans les sondages), c’est lui qui vient de remporter – sans peine – les élections législatives de septembre, lui aussi qui s’est débarrassé de toute opposition (presse, associations ou opposants politiques), c’est toujours lui qui dévoile de nouvelles armes, toujours plus sophistiquées, comme les missiles hypersoniques, lui qui consolide ses positions au Proche-Orient, et avec les mercenaires Wagner s’installe en Afrique noire. C’est toujours lui, enfin, qui organise des manœuvres aériennes conjointes avec l’armée de l’air chinoise dans le Pacifique.

Pour le Kremlin, le moment est venu donc de réagir enfin à la dérive intolérable de l’OTAN toujours plus vers l’Est. Il y a d’abord les trois Baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) qui faisaient il n’y a pas si longtemps partie de l’URSS, et qui désormais abritent des troupes de l’OTAN ; il y a des livraisons d’armes et ces conseillers militaires de l’OTAN en Ukraine. Et il y a enfin, et ceci a été trop peu noté en Occident, les déclarations du secrétaire général de l’OTAN le Norvégien Jens Stoltenberg, qui à la mi -novembre s’est dit prêt à déployer des armes nucléaires américaines de l’OTAN à l’Est de l’Europe, si par aventure la nouvelle coalition allemande devait décider de ne plus en accepter sur son sol… Poutine a donc décidé de mettre le marché sur la table : il exige des « garanties sérieuses de long terme pour la sécurité de la Russie dans la région » ; il demande que « les États-Unis arrêtent de se mêler des affaires intérieures russes ou des interventions parfaitement légitimes de la Russie avec ses alliés à l’extérieur ».

Le premier pas est d’organiser juridiquement un statut de neutralité pour l’Ukraine… C’est là une vieille histoire qui remonte au 27 mai 1997, peu de temps après le démantèlement de l’Union soviétique et du Pacte de Varsovie. Ce jour-là à Paris, fut signé l’Acte fondateur des relations OTAN- Russie, au terme duquel les deux parties « ne se considéraient plus comme des adversaires », s’engageant même à « éliminer les vestiges de l’époque de la confrontation ».

Un peu plus tôt, en décembre 1994, lorsque l’on commença à évoquer l’élargissement de l’OTAN, Boris Eltsine avait prévenu : « pas d’élargissement de l’OTAN sans la Russie elle-même ». Et pourtant, l’OTAN s’était élargie, d’abord à l’ex-RDA, puis aux anciens membres du Pacte de Varsovie, puis avait bombardé la Serbie amie et alliée de la Russie… Ce n’est qu’en raison de l’opposition française et allemande à Bucarest en avril 2008, que l’Alliance repoussa in extremis l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie voulue par Washington, au nom du droit de chaque État de « choisir les moyens d’assurer sa sécurité », principe lui aussi inscrit dans l’Acte fondateur de 1997, et que revendique aujourd’hui l’Ukraine pour s’opposer au veto russe.

"Il y a d’autres sanctions que les États-Unis n’ont pas osé prendre précédemment"

On a la suite : à l’été 2008 l’armée russe entrait en Georgie, et six ans plus tard elle envahissait la Crimée et s’installait au Donbass. Cette fois nous sommes au bout de la route. La semaine dernière, les deux ministres des Affaires étrangères américain et russe, Blinken et Lavrov se sont rencontrés longuement à Stockholm. L’américain a menacé de sanctions économiques « sans précédent » si la Russie devait s’engager dans une option militaire… et le Russe de répondre ironiquement : « Il y a d’autres sanctions que les États-Unis n’ont pas osées prendre précédemment ». Cette semaine Biden doit s’entretenir téléphoniquement avec Poutine pour tenter de déminer la situation. L’Americain prétend « avoir préparé un ensemble d’initiatives le plus complet et le plus pertinent qu’il soit pour rendre très, très difficile à Monsieur Poutine de faire ce que les gens craignent qu’il fasse ». Cette semaine également, Biden organisera en cvisio son fameux « sommet pour la démocratie ».

Pas sûr que tout cela empêche la guerre au début de l’année prochaine. La Russie aujourd’hui n’existe que par la puissance de ses armes, ses livraisons de gaz et sa capacité de nuisance contre un Occident en perte de vitesse et qui a le tort de ne pas la respecter. Et elle n’a pas l’intention de se résigner à un statut de pays de seconde zone dans la confrontation americano-chinoise qui dominera le XXIe siècle. Elle a donc besoin de montrer qu’elle existe, là où elle est puissante, et là où elle peut affaiblir encore l’Europe : soit par les migrants, soit par le gaz, soit par la menace d’une action armée. En face, l’Occident est divisé et affaibli. En dehors des Baltes et des Polonais, qui ira mourir pour l’Ukraine ? Un pays dont le régime corrompu et instable depuis le début de son indépendance, ne cherche même pas à réconcilier au sein d’une même nation, les Ukrainiens à l’ouest et la minorité russe à l’Est… (selon "Marianne")

21 février 2022

Poutine, colonisateur du Mali ?

Qui est le groupe paramilitaire secret russe « Wagner » ?

Il est la botte secrète de la Russie, le bras armé de Vladimir Poutine qui agirait dans l’ombre sur la scène internationale dans l’intérêt du Kremlin. La mystérieuse société russe Wagner est de nouveau au cœur de l’actualité et des critiques en raison de sa présence au Mali, alors que la France et ses partenaires viennent d'annoncer le retrait de leurs troupes. Qui se cache derrière ce groupe controversé et qualifié de violent que l’on retrouve dans de nombreux pays en conflit ou instables ? Quels sont leurs intérêts ? Et pourquoi embêtent-ils autant les Occidentaux ?

maliWagner est le nom d’une société militaire privée russe qui recrute des mercenaires et intervient dans différents pays du monde. Avant de poursuivre, il convient de préciser qu’aucune information sur cette société n’est officielle, « puisque la Russie ne reconnaît pas son existence et interdit ce genre de société », explique Roland Marchal, chargé de recherche au CNRS et enseignant à Science Po Paris. On sait cependant que le groupe a été fondé en 2014 au moment de la guerre du Donbass en Ukraine par Dmitri Outkine, qui y aurait déployé secrètement des combattants.

Wagner est son nom de guerre choisit en hommage au compositeur allemand préféré d'Adolf Hitler. Ambiance. Dans les noms connus qui entourent cette société, on trouve aussi celui d’Evgueni Prigojine, présenté comme le principal financier de la société et également ancien cuisinier de Vladimir Poutine. Il est entre autre soupçonné d’être impliqué dans l'empoisonnement de l'opposant Alexeï Navalany.

Si le Kremlin nie depuis toujours un quelconque lien avec la société, il existe une grande porosité entre Wagner et l’armée russe. « Wagner sélectionne des soldats parmi les meilleurs de l’armée russe. Des jeunes qui ont déjà une expérience du feu et qui viennent arrondir leur fin de mois en tant que mercenaire », assure Cyrille Bret, chercheur à l’institut Jacques-Delors et professeur à Sciences Po Paris. D’après l’enquête Sky News réalisé en 2016, ils seraient rémunérés 3.500 euros par mois et entraînés dans un village où se trouvaient aussi des forces spéciales de l’armée russe. « Wagner recrute aussi localement dans les pays où elle intervient. On peut ainsi trouver parmi eux des combattants algériens, syriens, libyens ou du Mozambique », ajoute Roland Marchal.

Pourquoi le groupe Wagner est-il présent au Mali (et ailleurs) ?

mali0Depuis sa création, la société Wagner a déployé ses troupes dans divers pays. Depuis 2015, des mercenaires se battent ainsi en Syrie aux côtés des forces du président Bachar al-Assad. D’autres se trouvent en Libye, en République centrafricaine ou encore au Soudan. A chaque fois, la Russie nie la présence de ces mercenaires et parle tout en plus « d’instructeurs russes », de « volontaires » ou de « consultants ». « Ils interviennent dans des pays qui ont un intérêt pour la Russie, mais dans lesquels elle ne veut pas apparaître pour éviter ainsi toutes critiques ou sanction, analyse Cyrille Bret. Avec ces mercenaires, le Kremlin teste la tolérance de la région à une possible intervention russe. Il capitalise sur un retour d’expérience tactique sur le terrain. » Les objectifs de la Russie seraient également économiques et diplomatiques. Moscou a, par exemple, signé depuis 2017 de très nombreux accords de coopération avec des pays d’Afrique.

mali4Le 23 décembre dernier, la quinzaine de puissances occidentales impliquées dans la lutte antidjihadiste au Mali dénonçait le déploiement de mercenaires de la société Wagner dans le pays. Paris prévenait alors que cette arrivée serait « incompatible » avec le maintien des soldats français déployés. Ce jeudi, tandis que le retrait des soldats français a été officialisé, Macron a accusé la société Wagner d’être au Mali pour servir « ses intérêts économiques propres » et sécuriser la junte militaire malienne au pouvoir à Bamako, évoquant la présence d’environ 800 mercenaires. Si le gouvernement malien s’est rapproché de Wagner c’est en partie parce qu'« avec la Russie à l’ONU, la junte militaire est protégée », ajoute Roland Marchal.

Quels risques représente la société Wagner ?

Si la société Wagner est un peu la main invisible du Kremlin, ce n’est en revanche pas le gouvernement russe qui finance les opérations. Le groupe se rémunère auprès des régimes qui font appel à lui. « Ils se tournent vers cette société militaire pour défendre des intérêts privés et non de bien publique », explique Cyrille Bret. Ces derniers sont donc étroitement liés. « Les combattants de Wagner font en sorte que les présidents restent au pouvoir en leur donnant les moyens d’asseoir leur autoritarisme », décrypte Roland Marchal, qui constate les effets désastreux sur les derniers ressorts démocratiques en Centrafrique : "Des opposants disparaissent ou sont retrouvés morts sans qu’il y ait de suites judiciaires, les gens ont maintenant peur de parler."

La société russe y a également créé des milices locales qui « accentuent les tensions intercommunautaires et fragilisent la paix au niveau local », ajoute le chargé de recherche CNRS qui craint le même scénario au Mali.

Enfin le plus grand problème avec Wagner, c’est que comme la société « n’existe pas », elle est au-dessus de toutes les lois. « Il n’y a pas de règles, ni d’encadrement pour contrôler les pratiques des mercenaires. Et ils ne sont pas du genre à faire dans la dentelle », assène Roland Marchal. Sans existence légale, pas de sanction possible, ni de travail conjoint avec les Occidentaux qui perdent la main dans certains territoires. L’année dernière déjà, Wagner avait été accusé d’avoir pris le contrôle d’un bataillon formé par la mission de l’Union européenne en République centrafricaine. Aujourd’hui, le retrait des troupes françaises et de ses partenaires européens au Mali en est un second exemple.

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19 février 2022

Yémen : l'Arabie saoudite mène une frappe à Sanaa

La coalition menée par Riyad a annoncé lundi avoir mené un raid près du ministère des Communications à Sanaa, au Yémen, en "réponse" à l'attaque d'un aéroport saoudien jeudi. La frappe a détruit un système de communication utilisé par les rebelles houthis pour des attaques de drone. C'est la première fois que la coalition cible un ministère civil.

arabie1La coalition dirigée par l'Arabie saoudite au Yemen  a annoncé avoir détruit un système de communication utilisé, selon elle, pour des attaques de drone des rebelles houthis et situé près du ministère des Communications à Sanaa.

Riyad intervient au Yémen voisin depuis 2015 pour appuyer les forces progouvernementales contre les Houthis. Soutenus eux par le grand rival des Saoudiens, l'Iran, ces insurgés contrôlent une grand partie du Nord du Yémen, dont la capitale Sanaa.

"Nous avons détruit un système de communication utilisé pour faire fonctionner des stations de contrôle de drones", a annoncé la coalition citée par l'agence de presse officielle saoudienne SPA. "Les Houthis utilisent le ministère des Communications et des Technologies de l'information à Sanaa pour des opérations hostiles", a-t-elle ajouté.

Un correspondant de l'AFP à Sanaa a confirmé les frappes aériennes de la coalition ciblant plusieurs zones de la capitale, dans les alentours du ministère.  Il n'était pas possible de déterminer l'existence de victimes dans l'immédiat.

Les civils avertis au préalable

C'est la première fois que cette alliance anti-Houthis cible un ministère civil, n'ayant jusque-ici attaqué que le ministère de la Défense.

Selon la coalition, les raids de lundi sont intervenus en "réponse" à l'attaque jeudi dernier de l'aéroport d'Abha, situé dans le sud-ouest saoudien près de la frontière avec le Yémen.

La coalition avait alors annoncé des "mesures fermes" après que douze civils avaient été blessés par des fragments de drone tombés sur cet aéroport, l'attaque déjouée par la défense saoudienne ayant été revendiquée par les rebelles yéménites.

"Les Houthis utilisent les ministères de l'État pour lancer des opérations hostiles", s'est justifiée la coalition, qui avait averti les civils au préalable afin qu'ils évacuent les lieux.

377 000 morts en 7 ans

La guerre au Yémen a connu une montée des violences ces derniers mois, la coalition ayant intensifié les offensives anti-Houthis. Les rebelles ont de leur côté multiplié les attaques contre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, un pilier de la coalition.

Selon l'ONU, au moins 377 000 personnes ont été tuées en sept ans de conflit au Yémen, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, confronté à la faim et aux maladies, traversant l'une des pires catastrophes humanitaires au monde. (selon AFP)

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10 février 2022

Archéologie dans les vestiges d'un camp de la mort en Pologne

Des archéologues ont retrouvé trois pendentifs au cours de fouilles menées dans le camp d'extermination de Sobibór en Pologne. Les bijoux, dont un est apparu dans une pièce près des chambres à gaz, montrent des représentations de Moïse et des Tables de la Loi.

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Quatre-vingts ans après, de macabres témoignages des activités des camps de la mort continuent de refaire surface. Depuis une dizaines d'années, des archéologues mènent des fouilles approfondies dans le camp de concentration de Sobibór situé au sud-est de la Pologne et elles ont livré de nouvelles découvertes.

Dans un récent communiqué, l'Autorité des antiquités israéliennes (IAA) qui participent aux recherches a annoncé la mise au jour de trois pendentifs en métal. Bien que différents, les bijoux présentent tous des représentations de Moïse portant les Tables de la Loi sur une face et une prière juive, "Chema Israël", inscrite à la main sur l'autre face.

"L'aspect personnel et humain de la découverte de ces pendentifs est glaçant", a expliqué dans le communiqué Eli Eskozido, directeur de l'Autorité des antiquités israéliennes. L'un des trois pendentifs est apparu dans les restes d'un bâtiment où les victimes se déshabillaient avant d'être conduites vers les chambres à gaz.

De nombreux autres objets dont des épingles à cheveux ont été trouvés sur le sol du même bâtiment. Un deuxième pendentif a été découvert dans une pièce similaire au sein du camp II tandis que le troisième, où seule la face avec la prière est encore visible, est apparu à proximité d'une fosse commune.

Originaires d'Ukraine, de Pologne et de Tchécoslovaquie

Construit en mars 1942, le camp d'extermination de Sobibór était isolé mais situé à proximité d'une voie ferrée qui permettait d'y conduire les Juifs et les prisonniers capturés en Pologne et dans d'autres zones occupées de l'Union soviétique. Selon une estimation, quelque 250.000 Juifs y auraient été assassinés jusqu'à sa fermeture en octobre 1943.

Au vu des caractéristiques des pendentifs, les archéologues suggèrent qu'ils appartenaient à des individus originaires de Lviv en Ukraine, de Pologne et de Tchécoslovaquie. Mais difficile d'en savoir plus sur leur identité. "On sait peu de choses sur l'histoire derrière ces pendentifs, ce qui est bouleversant", a souligné Yoram Haimi, archéologue de l'IAA qui co-dirige les fouilles.

"Il a été possible d'identifier une sorte de tradition ou de mode parmi les communautés juives d'Europe de l'Est avec de tels pendentifs", a-t-il ajouté. "Mais étaient-ils distribués par les communautés juives locales ou plutôt produits sur commande individuelle ? Les recherches sont en cours et nous invitons le public à nous fournir des informations à leur sujet".

Fermé après une révolte

Le camp de Sobibór a connu le 14 octobre 1943 une importante révolte durant laquelle près de 300 prisonniers ont réussi à s'échapper du centre en faisant une brèche dans les barbelés. Plus de 150 d'entre eux sont re-capturés et fusillés par les nazis et seuls une cinquantaine survivent à la fuite. Parmi eux, Semion Rosenfeld, un soldat juif né en Ukraine et mort en 2019 à Tel-Aviv. (selon "GEO")

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1 février 2022

Rwanda : déstabiliser le Congo pour mieux le piller

Le Rwanda est souvent affiché comme un modèle de développement pour l’Afrique, mais la face sombre du régime est moins connue. Le régime de Paul Kagamé a mis fin au génocide des Tutsis en vainquant le gouvernement rwandais et les extrémistes hutus durant la guerre civile de 1994. Deux ans plus tard, l’armée de Paul Kagamé envahit l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) et y exporte le conflit. L’armée rwandaise, appuyée par ses supplétifs congolais, a commis des crimes de masse et a pillé les riches mines de la région, contribuant au décollage économique du Rwanda et à la déstabilisation, jusqu’aujourd’hui, des Kivus. Retour sur l’histoire des guerres du Congo.

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Lors de son dernier séjour à Paris en mai 2021, le président rwandais Paul Kagamé fut interrogé par France 24 sur les déclarations du docteur congolais et prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege, auditionné à l’Assemblée nationale française quelques jours plus tôt. Le Dr Mukwege plaide pour une meilleure reconnaissance des crimes de masse commis en RDC et pour la création d’un tribunal pénal international visant à établir les responsabilités pénales de leurs auteurs.

Le Rwanda, un modèle ?

rwanda4Devant les journalistes français, Paul Kagamé accuse le prix Nobel d’être « un outil des forces qu’on n’aperçoit pas » et affirme qu’« il n’y a pas eu de crimes » dans l’Est de la RDC. L’agacement affiché par le président rwandais montre à quel point la démarche de reconnaissance et de justice pour les victimes des crimes graves commis en RDC dérange dans son pays. L’élite politico-militaire rwandaise, et en premier lieu le chef de l’État, n’est pourtant pas étrangère aux désastres sécuritaires et économiques que connaît la région depuis 1996.

Le régime de Kagamé est régulièrement affiché par les médias internationaux comme un modèle pour l’Afrique en termes de développement, d’égalité femmes/hommes, d’innovation technologique ou de protection de l’environnement. Il symboliserait l’« afro-optimisme », cet espoir de développement pour le continent. Mais ces succès ne peuvent occulter la face sombre de ce régime : celui-ci tire pleinement profit de la déliquescence de l’État congolais et de l’état de guerre permanente qui frappe l’Est de la RDC depuis vingt-cinq ans.

La communauté internationale, se reprochant son inaction lors du génocide des Tutsis du Rwanda en 1994, a toujours traité Paul Kagamé avec beaucoup d’égards. Celui-ci en tire un soutien diplomatique et des financements internationaux, malgré l’exploitation illégale des richissimes mines du Kivu et les crimes que commettent ses troupes dans cette région, qui ne sont que rarement dénoncés dans la presse. Cette immunité politique et diplomatique ne doit pourtant pas l’exonérer de la responsabilité des crimes commis par ses forces. Elle est une entrave à la pacification de la région des Grands Lacs.

Le droit à la justice des millions de citoyens congolais et de réfugiés rwandais, déplacés et massacrés depuis 1996, peine à être reconnu. L’accès à ce droit devrait pourtant leur être facilité après la publication du rapport Duclert et du rapport Muse, reconnaissant le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda. Ces deux événements sont intimement liés : la guerre civile rwandaise et le génocide des Tutsis sont le point de départ des conflits qui frappent encore aujourd’hui l’Est de la RDC. Fermer les yeux sur ces pillages et ces crimes revient à consacrer l’impunité de leurs auteurs et accepter leur perpétuation. Seule la justice transitionnelle peut aboutir à la réconciliation et au retour de la paix dans la région.

1996, le conflit rwandais s’exporte en RDC

En 1994, la guerre civile rwandaise, le génocide des Tutsis et le déplacement des populations hutu rwandaises vers la RDC conduit à l’exportation du conflit vers le pays voisin. L’épicentre du conflit se déporte alors vers le Nord-Kivu et le Sud-Kivu voisins. Après le génocide et la victoire du Front patriotique rwandais (FPR) – parti politique constitué par les Tutsis réfugiés en Ouganda à la suite de plusieurs vagues de persécutions par le pouvoir hutu depuis 1959 –, plus d’un million de Hutus fuient vers l’Est de la RDC. Il s’agit de civils tous âges confondus qui craignent des représailles de la part du FPR ou de civils tutsis, mais aussi des cadres de l’organisation génocidaire : d’anciens militaires des Forces armées rwandaises (FAR), des gendarmes et des miliciens Interahamwe.

Ces différentes forces prennent rapidement le contrôle des camps de réfugiés situés à proximité des villes de Goma et de Bukavu pour se réorganiser dans le but de ré-envahir le Rwanda, renverser le FPR et « finir le travail », c’est-à-dire exterminer les survivants Tutsis. Profitant de la déliquescence de l’État congolais et de l’isolement diplomatique du président Mobutu Sese Seko, lâché par les États-Unis, les autorités rwandaises décident, en novembre 1996, d’envahir l’Est de la RDC pour neutraliser les anciens militaires rwandais et les miliciens Interahamwe. C’est le début de la première guerre du Congo.

La première guerre du Congo fut menée pendant six mois par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) dirigée par Laurent-Désiré Kabila, opposant historique à Mobutu. L’AFDL est largement soutenue par le FPR – lequel a demandé à plusieurs reprises, en vain, au gouvernement congolais de renvoyer les réfugiés rwandais au pays pour juger les criminels –, mais aussi par le Burundi et l’Ouganda, chacun ayant ses propres intérêts sécuritaires et économiques. Ces opérations, visant à neutraliser les extrémistes hutus, aboutissent à des massacres de Rwandais, Congolais et Burundais innocents, soupçonnés, sur la simple base de leur appartenance ethnique, de soutenir les extrémistes. Non contente de rapatrier de force au Rwanda plusieurs centaines de milliers de Rwandais hutus et de pourchasser les fuyards jusqu’au cœur de la forêt congolaise, la coalition composée par l’AFDL, le FPR et leurs alliés prennent Kinshasa, renversent un Mobutu malade et placent Laurent-Désiré Kabila à la tête de l’État.

En réalité, de nombreux cadres de l’AFDL étaient des membres du FPR. Au point que, après la chute de Mobutu de nombreux civils rwandais intègrent les hautes sphères du pouvoir politique à Kinshasa tandis que l’armée congolaise passe sous le contrôle du général rwandais James Kabarebe, devenu chef d’état-major. Mais Laurent-Désiré Kabila, qui s’était appuyé sur le FPR pour arriver au pouvoir, se retourne subitement contre lui en juillet 1998, en relevant Kabarebe de ses fonctions et en expulsant les militaires rwandais.

La deuxième guerre du Congo

La réaction rwandaise ne se fait pas attendre : dès août 1998, le FPR s’associe aux rebelles du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), envahit une nouvelle fois la RDC et prend le contrôle de nombreuses villes du Kivu, de la province orientale et du Nord-Katanga. L’armée rwandaise en profite pour organiser le pillage des mines, tandis que les crimes commis contre les populations congolaises se multiplient. Le 24 août, en représailles après une embuscade, le FPR et le RCD massacrent plus d’un millier de personnes à Mwanga, dans le Sud-Kivu, et commettent des exactions particulièrement sordides : viols et mutilations des parties génitales, jet d’enfants et de bébés dans des latrines. Ces crimes n’ont pas cessé après le retrait des forces rwandaises et la fin de la deuxième guerre du Congo, en 2003.

Les massacres commis par les le FPR et l’AFDL ont pris une proportion telle que certains observateurs ainsi que le rapport Mapping, publié par le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en 2010, ont pu évoquer l’hypothèse d’un génocide commis contre les hutus rwandais et congolais [1].

L’hypothèse d’un second génocide perpétré par le FPR contre les Hutus réfugiés en RDC est écartée par la communauté des chercheurs. Il n’en reste pas moins que des massacres à grande échelle et des tortures particulièrement cruelles ont été perpétrés par le FPR et l’AFDL. De nombreux crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ont été commis. Le rapport Mapping relate des cas de massacres au marteau, d’enrôlements massifs et forcés d’enfants soldats, d’incendie de villages, de viols ou de mutilations. Les victimes sont rwandaises et congolaises.

Aujourd’hui, des chercheurs tels que Roland Pourtier ou Gérard Prunier, estiment qu’il y a eu entre 3 et 5 millions de morts en RDC durant la période 1996-2003, soit lors des deux guerres du Congo. Il est nécessaire de rappeler qu’un génocide se définit comme la destruction systématique de tout ou partie d’un peuple. Le critère est donc qualitatif, et non quantitatif. Un nombre de morts, aussi élevé soit-il, ne suffit pas à qualifier des crimes de génocide. D’autre part, la majorité des morts durant ces deux guerres n’ont pas été tué lors de combats ou de massacres, mais sont morts de privations et de maladie, dues aux désordres engendrés par les conflits. Enfin, le gouvernement rwandais a réalisé plusieurs rapatriements de Hutus réfugiés en RDC. Mais ceux qui ont fui vers la forêt ont été pourchassés et massacrés de manière systématique.

Les chiffres sur les morts ont fait l’objet de vives polémiques, car ils sont un fort enjeu politique. L’Est du Congo est une région montagneuse et forestière, où il y a très peu d’infrastructures, il est donc particulièrement difficile d’avancer un nombre de morts des suites du conflit, d’autant plus que les enquêtes disponibles ont été réalisées plusieurs années après. Il n’existe que des estimations : l’ONG américaine International Rescue Committee (IRC) a avancé le chiffre de 4 millions de morts, repris notamment par Pourtier [2]. C’est en surfant sur cette polémique que Paul Kagamé peut nier les crimes de son armée sur le sol congolais.

Si le rapport Mapping, publié en 2010, s’est limité à documenter et à tenter de qualifier les crimes commis avant 2003, c’est en raison de l’espoir de paix suscité cette année-là. En effet, après avoir signé un accord de retrait des troupes rwandaises (le 30 juillet 2002, à Pretoria) et des troupes Ougandaises (le 6 septembre 2002, à Luanda), les autorités Congolaises signent avec les rébellions Congolaises l’« Accord global et inclusif de Pretoria », le 17 décembre 2002, ratifié par toutes les parties prenantes le 1er avril 2003.

Après la deuxième guerre du Congo, la déstabilisation perdure

La mise en place officielle, le 30 juin 2003, des institutions de transition regroupant tous les belligérants devait signer la fin des hostilités et le lancement du processus de démocratisation. Ce processus a abouti à l’adoption d’une nouvelle constitution et à l’organisation d’élections générales en 2006. Les différents groupes armés rebelles, comme le RCD et le MLC, se constituent alors en partis politiques et leurs troupes sont intégrées aux forces armées congolaises, ce qui fut une réussite relative du processus de démocratisation. Les incursions rwandaises directes ou par milices interposées n’ont pas cessé pour autant.

Que ce soit en soutien au Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du chef de guerre Laurent Nkunda en 2008 ou au Mouvement du 23 mars (M23) en 2012, le Rwanda a continué d’apporter un appui de taille à des mouvements rebelles qui déstabilisent la RDC et y commettent des crimes contre la population [3]. Alors que le gouvernement rwandais s’était engagé à Nairobi le 9 novembre 2007 à « prendre toutes les mesures nécessaires pour sécuriser sa frontière, empêcher l’entrée ou la sortie de membres de tout groupe armé et empêcher que toute forme de soutien – militaire, matériel ou humain – soit fourni à aucun groupe armé en RDC [4] », il a activement participé au recrutement de soldats – dont des enfants – à la fourniture de matériel militaire et a envoyé des officiers et des unités des Forces de défense rwandaises (RDF) en RDC, selon un rapport du Groupe d’experts des Nations unies sur la RDC et un rapport d’Human Rights Watch [5].

Malgré le départ du président Joseph Kabila et le réchauffement diplomatique entre le Rwanda et la RDC sous la houlette du président Félix Tshisekedi, les incursions illégales de l’armée Rwandaise sur le sol Congolais se poursuivent. Dans son rapport publié en février 2021, le Kivu Security Tracker (KST) [6] souligne que l’ingérence des puissances régionales dans l’Est du Congo s’est accrue ces dernières années, « en particulier dans des zones sensibles telles que les Hauts Plateaux du Sud-Kivu [7] ». Le groupe d’experts des Nations unies chargé de veiller au respect de l’embargo sur les armes en RDC fait le même constat : dans son rapport publié en 2020, il prouve la présence active de l’armée Rwandaise dans les territoires de Nyiragongo, Masisi et Rutshuru (province du Nord-Kivu) entre fin 2019 et octobre 2020, malgré les dénégations de Kagame [8].

Le pillage des mines congolaises

Le Rwanda et toutes les autres parties prenantes aux conflits armés qui secouent la RDC depuis trois décennies ont toujours évoqué des considérations politiques, ethniques et surtout sécuritaires pour justifier les interventions militaires répétées et le soutien aux milices locales. Pourtant, l’Est de la RDC est une des régions minières les plus riches du monde, on y trouve notamment d’immenses réserves de coltan, mais aussi de l’or et d’autres métaux précieux ou des terres rares, utilisées dans les technologies numériques.

Si, durant la première guerre du Congo (1996-1997), on ne note pas de pillage des ressources minières par le Rwanda – celui-ci poursuivant essentiellement un objectif sécuritaire –, il n’en est pas de même lors de la deuxième guerre (1998-2003). En effet, on observe depuis 1998 trois activités illégales pratiquées par le Rwanda sur le territoire congolais : le pillage systématique des mines, l’exploitation minière directe et l’imposition de taxes sur les activités minières. Selon le chercheur Pierre Jacquemot, « pour les nouveaux potentats, la persistance de l’insécurité devint le moyen principal d’enrichissement » et ces guerres furent « le début de la mainmise des lobbies militaro-commerciaux rwandais et ougandais sur les ressources naturelles des zones qu’ils contrôlaient [9]. »

Qu’il s’agisse de minerais, de produits agricoles et forestiers, de l’argent ou du bétail, les militaires rwandais et leurs alliés ont organisé, coordonné, encouragé et mené des activités de pillage systématique dans les zones sous leur contrôle en RDC. Par exemple, dans le secteur minier, l’armée rwandaise et ses alliés ont, en 1998, pillé un stock de sept ans de coltan appartenant à la Société minière et industrielle du Kivu (Sominki). Il a fallu près d’un mois aux rwandais pour transporter le précieux minerais jusqu’à Kigali !

Autre exemple, dans le secteur financier : les mêmes protagonistes ont attaqué les banques locales, pillé et emporté l’argent. En 1999, l’équivalent de 1 à 8 millions de dollars ont été volés à la banque de Kisangani, amené sous escorte militaire à l’Hôtel Palma Beach de la même ville avant d’être acheminé par avion à Kigali, en passant par Goma.

Au-delà des pillages, l’armée rwandaise s’est livrée à l’exploitation directe des ressources minières sur le territoire Congolais qu’elle contrôlait. L’extraction des ressources naturelles était tellement intense que le Rwanda importait de la main-d’œuvre : il utilisait des prisonniers rwandais pour extraire le coltan et, en contrepartie, leur octroyait une réduction de peine ou un versement. En mars 2001, ils étaient plus de 1 500 prisonniers rwandais à extraire le coltan à Numbi (territoire de Kalehe) sous la surveillance des forces rwandaises. L’importance de la main-d’œuvre employée donne une idée de la quantité de minerai extrait et volé. L’enquête de l’ONU a également prouvé que Rwanda Metals, tenue par le FPR, et parmi d’autres entreprises publiques ou proches du gouvernement rwandais, a exploité le coltan en RDC [10].

Les statistiques officielles de l’État rwandais mènent aux mêmes conclusions. Le Rwanda produisait 54 tonnes de coltan en 1995, soit avant les incursions de son armée. En 1999, la production passe à… 224 tonnes [11]. Même chose pour la cassitérite : la production passe de 247 tonnes en 1995 à 437 tonnes en 2000. Cette tendance s’observe aussi dans les exportations rwandaises de diamant. Elles passent de 13 000 carats (d’une valeur de 720 000 dollars) en 1997 à 30 500 carats (d’une valeur de 1,8 millions de dollars) en 2000 [12]. Ceci alors que le Rwanda ne possède pas de gisements significatifs de ces minerais [13].

Cette exploitation illégale s’est poursuivie même après le retrait officiel des troupes rwandaises en 2003. En plus de l’extraction illégale par les groupes armés soutenus par le Rwanda, notamment le CNDP et le M23, un réseau de contrebande de minerais congolais a proliféré au profit du Rwanda et au mépris du devoir de diligence et de traçabilité imposés par la loi Dodd Frank américaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Union européenne. L’agence écofin signale même que « le Rwanda est devenu entre 2013 et 2014 le premier exportateur mondial de coltan [14] ». Ces exportations, à quoi s’ajoute la perception de taxes et impôts transitant via les rebelles du RCD-Goma, ont fortement contribué à l’essor économique du pays.

Le régime de Paul Kagamé a su adapter sa politique étrangère et sa stratégie d’exploitation du Congo oriental face à ses homologues successifs, de Laurent-Désiré Kabila à Félix Tshisekedi, en passant par Joseph Kabila. En témoignent les accords signés en juin 2021 sur l’or. Kagamé a su profiter de la volonté du président Tshisekedi de renouer des relations avec lui pour « réguler » ce secteur… et aboutir à ce que l’or congolais soit transformé dans une fonderie rwandaise. Ainsi, la prédation pourra perdurer légalement. (selon Bienvenu Matumo et Stewart Muhindo, journalistes)

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28 janvier 2022

Mars 1962, le drame de la fusillade de la rue d'Isly à Alger

Le 26 mars 1962, des dizaines de partisans de l'Algérie française étaient tués par l'armée rue d'Isly à Alger, un drame aux circonstances obscures, que le président Macron a évoqué mercredi dans le cadre d'un geste mémoriel envers les rapatriés.

AlgerLa fusillade de la rue d'Isly dura plus de dix minutes et fit 49 morts, tous civils, parmi les manifestants, selon le bilan officiel, plutôt 60 à 80 selon des historiens ou des médecins, et de nombreux blessés. L'événement marqua le début de l'exode massif des Français d'Algérie, communément appelés les "pieds-noirs".

Alors que le cessez-le-feu ouvrant la voie à l'indépendance de l'Algérie a été proclamé le 18 mars, plusieurs milliers de partisans de l'Algérie française sont appelés par l'OAS (Organisation armée secrète) à se diriger le 26 mars vers le quartier de Bab-el-Oued, refuge de membres de l'OAS, afin de forcer les barrages installés par l'armée française après plusieurs meurtres de jeunes du contingent par cette organisation.

Ils sont invités à s'y rendre "sans armes" et "drapeau en tête", alors que la manifestation est interdite par le préfet. A partir de là, différentes versions circuleront : selon l'une d'elles, contestée notamment par des familles des victimes, ce sont des tirs visant les militaires depuis une fenêtre ou un toit rue d'Isly, qui enclenchent en retour la fusillade paniquée vers la foule des tirailleurs gardant le barrage.

Cette version est également contestée par des parlementaires français, dont Eric Ciotti ou Valérie Boyer, qui présentèrent en 2019 une proposition de loi demandant "reconnaissance de la Nation des massacres de la rue d'Isly".

"Sans sommation, à 14h50, la troupe du 4e régiment de tirailleurs ouvrit le feu, s’acharnant sur ceux qui s'étaient jetés à terre afin de se protéger. La version officielle dira que des coups de feu avaient été tirés d'un toit vers les militaires. Mais ceux‑ci, au lieu de riposter vers le toit où devrait se trouver le prétendu tireur, ont tiré à l’arme automatique dans la foule, frappant dans le dos des manifestants qui tentaient vainement de s'enfuir", pouvait-on lire dans leur exposé des motifs.

"Il est grand temps aujourd'hui que l'Etat français rompe définitivement avec le silence et reconnaisse officiellement les crimes commis le 26 mars 1962 lors de cette manifestation pacifique", poursuivait l'exposé des motifs, en demandant "que l'ensemble des archives soit ouvert" et le massacre reconnu.

Des historiens souligneront de leur côté la fatigue et l'inexpérience des troupes placées à cet endroit. Après les tirs, la panique saisit la foule : "Ces 10 minutes de fusillade ont été suivies de 30 minutes d'affolement, de désarroi, dans le tintamarre crispant des sirènes et des klaxons, voitures de pompiers, camions, ambulances, des voitures civiles sillonnaient la ville, transportant le plus rapidement possible les blessés", écrit l'AFP ce jour-là.

En 2010, le gouvernement français décida d'inscrire les noms des victimes de la rue d'Isly sur le Mémorial de la guerre d'Algérie à Paris, mais l'Etat français n'avait jamais reconnu de responsabilité dans ces événements. (selon GEO avec AFP)

6 janvier 2022

Il y a 80 ans, Saint-Pierre et Miquelon ralliait la France libre

Le 24 décembre 1941, l’amiral Émile Muselier débarquait à Saint-Pierre et Miquelon pour rallier la population locale à la France Libre. Une cérémonie de commémoration s'est tenue ce vendredi à Saint-Pierre au monument aux morts mais aussi au mémorial des Engagés volontaires récemment inauguré.

saint_pierre_111 heures ce vendredi 24 décembre. Officiels, élus et population de l'archipel sont réunis au monument aux morts de Saint-Pierre pour une cérémonie solennelle, afin de célébrer le 80e anniversaire du débarquement des Forces françaises libres à Saint-Pierre et Miquelon.

 
3 janvier 2022

Le Tchad, le Bénin et la RDC ensanglantés

Plusieurs pays d’Afrique, dont le Tchad, le Bénin et la République Démocratique du Congo, ont enregistré des morts suite à différentes violences. Des attaques menées, par des rebelles pour le cas de la RDC, par des terroristes pour ce qui est du Bénin. Au Tchad, ce sont des affrontements entre communautés rivales qui ont ensanglanté le pays.

tchadEn République Démocratique du Congo, le commandement militaire a annoncé la mort de huit soldats congolais qui ont été tués dans une série d’attaques menées par des rebelles du Mouvement du 23 mars. Selon le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole de l’armée dans la province du Nord-Kivu, « entre lundi et mercredi, nos positions de Bukima et Runyoni dans le territoire de Rutshru ont été attaquées par les combattants du M23 et nous avons perdu 8 vaillants soldats au total ».

En Afrique de l’Ouest, c’est le Bénin qui a été la cible avec un militaire qui a été tué dans une nouvelle attaque terroriste dans le Nord de ce pays frontalier avec le Burkina Faso. Les journaux locaux indiquent que c’est une position de l’armée béninoise qui a été visée par des terroristes, dans la nuit de mercredi à jeudi, dans le département de l’Atacora, faisant un mort et deux blessés dans les rangs de l’armée.

Au Tchad, au moins trois morts et une dizaine de blessés sont à déplorer, suite aux affrontements qui ont opposé, hier jeudi 23 décembre, deux communautés rivales, dans le Nord de ce pays d’Afrique Centrale. « Jeudi, les éleveurs arabes et les agriculteurs boulala du village Touka se sont affrontés faisant des dégâts humains et matériels », a indiqué à Anadolu Djimta Ben Dergon, gouverneur de la province du Batha. (selon "Afrik.com")

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