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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
guerre
8 février 2021

Après la Grande Guerre ...

Martinique et Guadeloupe ont failli être cédées aux Etats-Unis

guadeloupeA la fin de la Grande Guerre, la France a envisagé de céder les Antilles aux Etats-Unis contre l’effacement partiel de ses dettes contractées durant le conflit. Un épisode resté tabou.

Ce dimanche 9 février 1919, le théâtre municipal de Fort-de-France est bondé. Ils sont plusieurs centaines à assister à la réunion publique organisée par le Comité de défense de la population française de la Martinique. L’heure est grave. Depuis l’ouverture, le 18 janvier à Paris, de la conférence de la Paix au Quai d’Orsay, la plus ancienne des colonies françaises vit au rythme de l’arrivée de rumeurs insistantes selon lesquelles la France serait prête à vendre les Antilles aux Etats-Unis. Une transaction qui permettrait d’éponger une partie des énormes dettes contractées durant le conflit mondial et de venir en aide aux régions dévastées du nord et de l’est de la métropole.

Rumeur ou simple hypothèse ?

Le scénario d’une vente a bel et bien été étudié au plus haut niveau même si très peu de documents en font état. Seule, ou presque, la presse de l’époque a conservé la trace de ce qui fait figure de tabou de l’Histoire. Le secret est de mise car la question est extrêmement sensible : l’impôt du sang versé par les Antillais durant la Grande Guerre a considérablement renforcé l’attachement à la «mère patrie». Abandonner des anciens combattants serait aussi très mal vu en France…

En 1919, sur l’estrade du théâtre de Fort-de-France, les propos que tient Victor Sévère à la foule ulcérée ne sont guère rassurants. Le maire radical-socialiste de Fort-de-France énumère «les justes raisons que les Martiniquais peuvent avoir de craindre la cession aux Etats-Unis de leur île de cœur, de langue et de mœurs» (cité par Jacques Adélaïde-Merlande, Bulletin de la société d’histoire de la Guadeloupe, mai 2014).

A la tribune, un ancien combattant bardé de décorations rapportées des champs de bataille promet de renvoyer toutes ses médailles à Paris si le projet devenait un jour réalité. Très vite, le meeting tourne à la manifestation anti-américaine. Dans la salle, certains se souviennent qu’en mars 1916, les Etats-Unis n’avaient pas caché leur désir de profiter du contexte pour rafler leurs îles aux Français et aux Anglais. «A bas les Etats-Unis !» hurlent des participants, indignés par la perspective d’être un jour vendus comme du bétail.

Les protestations et les défilés de rues se multiplient

Le gouverneur de la Martinique, Camille Guy, tout comme le président du Conseil général, Gabriel Hayot, ont bien senti la panique s’emparer de la population et monter au fur et à mesure de la multiplication des articles de presse faisant état du possible abandon de l’île. Le 20 janvier 1919, le gouverneur a même alerté Paris, réclamant une déclaration officielle propre à calmer les esprits. En vain. Cette absence de réponse n’a fait que renforcer l’inquiétude… Des semaines durant – malgré le démenti gouvernemental qui finit par tomber sur le bureau de Camille Guy –, les protestations et les défilés de rues se multiplient. Une Ligue de défense de la nationalité française de la Martinique est constituée à la hâte. Elle adresse une lettre au président des Etats-Unis. La Ligue réclame que Woodrow Wilson, qui porte si haut le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, repousse «tout débat tendant à modifier l’état national de la Martinique en vertu du nouveau droit international» (cité par Léo Elisabeth, dans La Caraïbe et son histoire, éd. Ibis rouge, 2001).

Dans la foulée, une association patriotique voit le jour et se fixe pour mission de «montrer à la métropole notre degré de civilisation et d’assimilation avec la mère patrie». En coulisse, les francs-maçons, si puissants en Martinique, s’activent aussi. La loge Droit et Justice, qui milite pour l’assimilation (c’est-à-dire l’égalité totale entre colonisés et colonisateurs), alerte le très influent Grand Orient de France, dont les frères peuplent à Paris les allées du pouvoir tout autant que le gouvernement.

Une excellente affaire commerciale

 Aux Etats-Unis, la presse soutient bec et ongles l’idée d’un achat. Elle s’inscrit parfaitement dans la fameuse doctrine Monroe qui, depuis 1823, entend assurer la sécurité militaire tout autant que commerciale du pays. Washington, qui a déjà fait main basse sur Porto Rico et occupe Haïti, lorgne sur Fort-de-France, la ville portuaire la mieux équipée des Caraïbes. Les Américains savent aussi que l’acquisition des Antilles serait une excellente affaire. Grâce aux exportations exponentielles de sucre et de rhum durant toute la guerre, les îles connaissent en 1919 une santé économique florissante. En février 1920, un article du Chicago Tribune avance un nouvel argument : la vente des Antilles permettrait à la France, en pleine crise financière, de redresser la situation du franc face au dollar.

Dans les îles, l’émotion reprend de plus belle. Henry Bérenger, sénateur radical-socialiste de la Guadeloupe et président du Comité de défense des anciennes colonies, adresse une protestation au président du Conseil Alexandre Millerand. Alcide Delmont, le secrétaire général du Comité de défense des intérêts généraux de la Martinique, et Henry Lémery, un sénateur radical, ne sont pas en reste. Le 29 février, Millerand sort enfin de son silence et jure que «le gouvernement de la République n’a jamais envisagé pareille cession».

Face à la colère des Antillais, Poincaré doit démentir tout projet de cession

Pendant des mois, l’affaire connaît son lot de développements dans la presse américaine. Immanquablement, ils déclenchent des vagues d’indignation aux Antilles. En juin 1922, le gouvernement de Raymond Poincaré doit démentir avec vigueur tout projet de cession. Rien n’y fait. En janvier 1923, le Chicago Tribune – encore lui – révèle que le sénateur démocrate du Missouri James Reed travaille sur une proposition de rachat.

Le ministre des Colonies, le radical-socialiste Albert Sarraut, proteste officiellement. Le New York American réplique avec une arrogance inouïe : «Nous ne réclamons pas les vieux bouts de territoire de la France, mais nous voulons qu’elle cesse de dépenser notre argent pour se livrer à des diversions impérialistes.» La crise se prolonge jusqu’à fin août 1923.

Entre-temps, le sénateur Lémery tente le tout pour le tout. Il dépose une proposition de loi «tendant à transformer en départements français les colonies de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion». Une façon de sanctuariser les Antilles en les rendant inaliénables. Son initiative est un échec mais elle inspirera la loi de départementalisation qui sera finalement votée en 1946.

Aux Etats-Unis, l’achat des Antilles ne fait toutefois pas l’unanimité

Chez les républicains comme chez les démocrates, les élus sont divisés. Ceux qui sont favorables à l’opération ont néanmoins un soutien de poids, les prohibitionnistes, qui y voient surtout le moyen de mettre un terme à la contrebande d’alcool alimentée par les îles françaises ! En France, si les milieux d’affaires, la droite conservatrice ou encore l’écrivain Claude Farrère soutiennent la vente, le Cartel des gauches, au pouvoir à partir de 1924, s’y oppose. Le ministre Albert Sarraut multiplie les mesures de rétorsion symboliques : ainsi, en 1925, il interdit aux bâtiments de la marine américaine de mouiller aux Antilles. De même, une croisière aérienne organisée par le Chicago Tribune se voit notifier un refus de survol.

L’intérêt américain pour les Antilles s’atténue à partir de 1926. A cette date, les Etats-Unis reçoivent, en effet, l’assurance formelle du négociateur français sur les dettes de guerre – celui-ci n’est autre que le sénateur de la Guadeloupe Henry Bérenger – que la France honorera les 6,8 milliards de dollars de créances, étalées sur soixante-deux ans, prévues par le plan Dawes. Avec le krach boursier de 1929, l’achat des îles ne préoccupe plus l’Amérique. La République peut dès lors se préparer à célébrer, en 1935, le tricentenaire du rattachement des Antilles à la France. (selon "GEO")

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23 novembre 2020

Réfugiés au Soudan, des rescapés du massacre de Mai-Kadra témoignent

En Éthiopie, le conflit entre le régime d'Addis-Abeba et les dissidents du Tigré a peut-être déjà été le théâtre de crimes de guerre. La communauté internationale s'alarme de l’opacité de la situation, onze jours après le début des combats. Samedi, L'ONU a réclamé vendredi une enquête tandis qu'Amnesty international dénonçait un « massacre » ayant « probablement » fait des centaines de victimes civiles à Mai-Kadra, dans le sud-ouest du Tigré.

_thiopie1Pour échapper aux combats, une seule échappatoire pour de nombreux civils : se réfugier dans le pays voisin, le Soudan. Au moins 18 000 Éthiopiens ont déjà franchi la frontière. Au poste-frontière de Lukdy, les réfugiés continuent d’affluer. Un camion vient de franchir la frontière soudanaise. À son bord, une dizaine d’hommes, assis sur un tas de jerricans. Ils sont exténués après des heures de route. Kifley Geberi en a les larmes aux yeux.

« Il y a deux jours, raconte-t-il, on était en train de travailler dans les champs à Mai-Kadra. Il y a eu une attaque soudaine, brutale. J’ai vu des collègues se faire massacrer donc j’ai couru dans la nature. Je n’ai rien emporté avec moi. La seule chose qu’on a pu faire c’est courir, on a eu tellement peur. »

Le camion repart et parcourt quelques kilomètres vers le village de Hashaba où s’entassent déjà 11 000 réfugiés. Samhara Hailé, 16 ans, a fui dans la voiture de ses voisins. Elle est sans nouvelles de ses parents car le réseau a été totalement coupé dans le Tigré.

« À Mai-Kadra, les maisons brûlaient, tout brûlait. J’ai vu des gens s’entretuer. Il y avait du sang par terre. Et des cadavres sur la route, tués au couteau ou par balles. »

Abiy Ahmed avait annoncé que la guerre serait brève mais les combats semblent ne pas avoir cessé en Éthiopie. Poussant chaque jour un peu plus de réfugiés sur les routes du Soudan. Pour le moment, ils s’entassent pour la plupart à quelques kilomètres de la frontière, dans le village d’El Hashaba dans des conditions très précaires. (selon RFI)

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13 novembre 2020

La guerre-éclair des Malouines

Totalement déminées près de 40 ans plus tard

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Les îles Malouines, territoire britannique de l'Atlantique Sud, sont totalement débarrassées des mines antipersonnel, près de 40 ans après la fin de la guerre éclair entre le Royaume-Uni et l'Argentine, a annoncé mardi le ministère britannique des Affaires étrangères.

Des milliers de mines avaient été placées durant la guerre des Malouines, quand l'Argentine avait envahi en 1982 cet archipel situé à 400 kilomètres de ses côtes et à 12.700 km de Londres, avant qu'il ne soit repris 74 jours plus tard par le Royaume-Uni.

"Un programme financé par le Royaume-Uni, lancé en 2009, a terminé sa mission dangereuse consistant à déminer les îles dans l'Atlantique Sud, avec trois ans d'avance sur le calendrier", a souligné le ministère dans un communiqué. 

"En conséquence, les signaux d'avertissement et les barrières visibles sur les îles depuis la fin du conflit seront retirées durant une célébration locale", prévue le 14 novembre, a-t-il ajouté. Pour l'occasion, la toute dernière mine sera déclenchée. 

Des matchs de cricket et de football seront aussi organisés sur les plages désormais totalement libres d'accès. 

Le déminage a été opéré par une équipe provenant du Zimbabwe, sous supervision britannique, permettant au Royaume-Uni de remplir ses obligations en vertu de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel. 

"Le retrait des dernières mines signifie qu'il n'y a plus de mines antipersonnel sur les territoires britanniques à travers le monde", s'est félicité le ministère. 

Il a également annoncé débloquer 36 millions de livres sterling supplémentaires (environ 40 millions d'euros), portant le total à 124 millions, pour financer des projets de déminage en Afrique, au Proche-Orient et en Asie. (Selon "Tahiti.infos")
16 juillet 2020

Sahel: le chef de Barkhane alerte sur le recrutement d'enfants soldats par les jihadistes

Le général Pascal Facon, chef de la force Barkhane, va d'ici la fin du mois de juillet rendre son mandat. Avant son prochain départ, le général Facon, ce jeudi lors d'une visioconférence, a souhaité faire le bilan des activités militaires au Sahel. Si la multiplication des offensives de Barkhane et de ses partenaires du G5 a permis ces derniers mois d'affaiblir les groupes armés terroristes, ces derniers ont désormais recours aux enfants soldats pour compenser les pertes, s'inquiète le général Facon.

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Une meilleure synchronisation sur le terrain de tous les acteurs et une lutte efficace contre l'influence terroriste auprès des populations ont permis de saper les capacités matérielles et humaines des terroristes.

Ces derniers mois, la France a augmenté les effectifs de Barkhane de 500 militaires pour les porter à 5 100. Elle et ses partenaires du G5 ont multiplié les offensives dans la zone des trois frontières, revendiquant la « neutralisation » de centaines de jihadistes.

Le récent sommet de Nouakchott a ainsi permis d'acter les progrès réalisés dans le combat mené notamment contre l'Etat islamique au grand Sahara. Il y a pourtant une ombre au tableau, l'attrition des groupes terroristes a aussi pour effet de favoriser le recrutement d'enfants soldats, dénonce le général Facon.

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« Ce que j’ai pu observer au cours de ce mandat, c’est que l’ennemi s’est durci. Il n’hésite plus à recourir à des enfants soldats. Ces derniers sont endoctrinés et entraînés au maniement des armes. Il s’agit d’une préoccupation très important pour la France et cette exploitation abjecte nous met en difficulté dans le cadre de nos opérations. Bien évidemment, la robustesse de nos procédures d’engagement nous permet de nous prémunir quasi-systématiquement de dommages collatéraux. Pour autant, il arrive que l’on constate lors des opérations de neutralisation la présence de mineurs. »

Pour la plupart ce sont des adolescents peuls, et même si ces situations demeurent extrêmement rares, « il faut en avoir conscience », martèle le général Facon, assurant qu’il a toujours fait du respect du droit international sa ligne directrice. (selon RFI)

10 juillet 2020

Retour sur le massacre de Thiaroye (Sénégal) en 1944

Le 1er décembre 1944, les tirailleurs sénégalais rassemblés dans le camps de Thiaroye, réclamaient le paiement de leur paies. Comme solde de tout compte, ils avaient alors été massacrés par l’armée française. Retour sur une page sombre de l’histoire de la seconde guerre mondiale.

Le massacre

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Ce jour-là, le 1er décembre 1944, 1 600 tirailleurs sénégalais sont rassemblés au camp de Thiaroye. De retour d’Europe, ils avaient participé, en première ligne, à la guerre avant d’être fait prisonniers par les nazis, ils réclamaient naturellement le paiement de leur solde de captivité. Mais la revendication tourne vite au drame. Ils sont massacrés à coup de mitraillettes par les forces coloniales, qui choisissent de résoudre la question en ouvrant le feu sur les 1 600 soldats rassemblés dans le camp de Thiaroye. Selon la version officielle, il s’agit d’une mutinerie, qui a poussé l’armée française à se défendre. Bilan officiel : 35 morts. Et 35 rescapés, désignés arbitrairement comme meneurs du mouvement, sont condamnés à plusieurs années de prison, privés de solde, ou dégradés.

Le long travail de l’historienne Armelle Mabon pour la vérité

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Seulement, cette version des faits est contestée depuis de nombreuses années par des historiens. L’historienne française Armelle Mabon, de l’université de Bretagne Sud, fait partie de ceux qui tenté de rechercher la vérité sur cette histoire, entourée encore de zones d’ombres. Considérée comme l’un des plus grands spécialistes sur la question, elle mène durant 15 ans sa propre enquête sur le massacre de Thiaroye, fouillant au fin fond des archives militaires, confrontant les différents documents. Son travail besogneux porte finalement ses fruits. Elle démontre qu’au-delà du bilan officiel des 35 morts, au moins 335 militaires ont disparus. Selon elle, la mutinerie est une invention de toute pièce pour montrer l’exemple et résoudre définitivement le problème. La tâche de l’historienne était loin d’être aisée. « La compréhension de cet événement s’est accélérée avec l’intervention du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui m’a permis d’accéder aux dossiers de cinq victimes au sein des archives militaires », affirme-t-elle.

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Des œuvres culturelles pour dénoncer l’injustice

Pour que les victimes de Thiaroye ne tombent pas dans l’oubli, plusieurs manifestations ont été organisées en 2014, à l’occasion du 70ème anniversaire de leur massacre, en France comme au Sénégal.

Sur le plan culturel, de nombreuses œuvres ont été réalisées sur le massacre de Thiaroye. L’artiste sénégalais Ouza, qui a notamment écrit une chanson sur Thiaroye, a même été emprisonné à l’époque, pour avoir dénoncé le massacre. Le cinéaste sénégalais Ousmane Sembène a aussi évoqué cette sanglante histoire dans son long métrage, Camp de Thiaroye, qui a aussi eu un écho à l’international.

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23 avril 2020

Tchad : 44 membres de Boko Haram mystérieusement morts en prison

Selon une autopsie, ces djihadistes seraient morts après avoir consommé « une substance létale et iatrogène ».

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Faits prisonniers pendant la récente opération lancée par le Tchad contre Boko Haram, 44 membres du groupe djihadiste ont été retrouvés morts dans leur cellule jeudi matin à N'Djamena, a annoncé le procureur de la République.

« A la suite des combats dans le lac Tchad, 58 éléments de Boko Haram avaient été faits prisonniers et déférés à N'Djamena pour les besoins de l'enquête. Jeudi matin, leurs geôliers nous ont annoncé que 44 prisonniers avaient été retrouvés morts dans leur cellule », a déclaré à la télévision nationale Youssouf Tom, qui s'est rendu sur place.

« Nous avons enterré 40 corps et remis 4 corps au médecin légiste pour une autopsie », a-t-il précisé. « La conclusion de cette autopsie indique qu'il y a eu consommation d'une substance létale et iatrogène, ayant produit un trouble cardiaque chez les uns et une asphyxie sévère chez les autres », a ajouté le procureur. L'enquête va se poursuivre « pour déterminer la cause exacte de ce drame ».

Des prisonniers volontairement privés d'eau ?

« Les 58 prisonniers avaient été placés dans une unique cellule et n'ont pas reçu à manger ni à boire pendant deux jours », a affirmé une source sécuritaire sous le couvert de l'anonymat. « C'est horrible ce qu'il s'est passé ! », s'est exclamé Mahamat Nour Ahmed Ibedou, le secrétaire général de la convention tchadienne de défense des droits de l'homme (CTDDH).

Ce dernier accuse les responsables de la prison « d'avoir enfermé les prisonniers dans une petite cellule et de les avoir affamés puis privés d'eau pendant trois jours parce qu'ils sont accusés d'appartenir à Boko Haram ». Des accusations démenties formellement par le gouvernement : « Il n'y a pas eu de mauvais traitements », assure le ministre de la Justice du Tchad, Djimet Arabi, joint au téléphone depuis Libreville.

« On a retrouvé des substances toxiques dans leur estomac, est-ce un suicide collectif ou autre chose ? Nous cherchons encore les réponses », a-t-il ajouté, précisant que l'enquête allait se poursuivre. Un des prisonniers a été transféré jeudi matin à l'hôpital, mais il « va beaucoup mieux » et a finalement rejoint « les treize autres prisonniers encore en vie qui vont très bien », a assuré le ministre.

Un millier de djihadistes tués en une semaine

Ces prisonniers avaient été arrêtés lors de la vaste opération lancée par le président tchadien Idriss Déby Itno fin mars contre les groupes djihadistes qui multiplient les attaques sur le lac Tchad. Ils avaient été remis à la justice mercredi, avait annoncé le ministre tchadien de la justice Djimet Arabi. Ils devaient ensuite être auditionnés jeudi puis être jugés par une cour criminelle.

Baptisée Colère de Bohoma, l'opération militaire tchadienne, s'est déroulée du 31 mars au 8 avril. Selon l'armée, au moins 52 soldats tchadiens et 1 000 djihadistes ont trouvé la mort au cours de cette opération déclenchée pour venger l'armée tchadienne. Celle-ci avait été la cible d'une sanglante attaque le 23 mars d'éléments de Boko Haram contre l'une de ses bases, tuant une centaine de ses soldats. La pire défaite jamais enregistrée en moins de 24 heures par cette armée réputée comme la plus efficace de la région. (selon AFP N'Djaména)

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13 mars 2020

Lutte anti-terroriste au Sahel

Les Européens « mal coordonnés », selon un général américain 

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D’après le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général Stephen Townsend, non seulement les opérations antijihadistes des Européens au Sahel ne sont ni suffisantes, mais ni assez coordonnées aussi, a-t-il souligné mardi, notant que les groupes jihadistes qui opèrent dans cette région visent davantage l’Europe que les Etats-Unis.

« Beaucoup d’aide (militaire) occidentale arrive dans cette région, de la part des Européens, des Français et des Européens avec le soutien des Etats-Unis. Je pense qu’elle est insuffisante et mal coordonnée », a déclaré le haut responsable militaire américain alors qu’il était questionné par les élus de la Chambre des représentants sur la revue de la posture américaine en Afrique actuellement menée au Pentagone.

Cette affirmation du général Townsend selon laquelle les jihadistes opérant dans cette zone étaient plus dangereux pour l’Europe que pour les Etats-Unis  intervient alors que les élus s’inquiétaient du risque pour les Etats-Unis d’un retrait militaire américain du Sahel. « Les problèmes issus de l’Afrique de l’Ouest se manifesteront en Europe avant de se manifester en Amérique », a-t-il affirmé.

Théâtre depuis 2012 d’une crise multiforme qui a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, le Mali reste en proie aux agissements des groupes jihadistes, aux tensions intercommunautaires, fomentées ou attisées par ces mêmes jihadistes, et aux trafics de toutes sortes ébranlant l’autorité de l’Etat, qui ne s’exerce que sur des parties du territoire. Les violences se sont propagées du nord au centre du pays et aux voisins du Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Selon l’ONU, Depuis 2016, le nombre de victimes des violences a été multiplié par cinq au Mali, Burkina et Niger pour atteindre environ 4.000 morts en 2019.

La France, mène une opération antijihadiste forte de 4.500 hommes au Sahel.  Elle s’est montrée particulièrement inquiète du réajustement annoncé des forces militaires américaines en Afrique bénéficie d’une aide logistique de Washington. (selon AFP Sahel)

4 février 2020

Sahel : Bientôt des renforts tchèques

Le Conseil des ministres de la République Tchèque a approuvé le 27 janvier 2020 un texte augmentant le nombre de militaires tchèques au Sahel. Si cette initiative est approuvée par le Parlement, une soixantaine de soldats pourraient contribuer à l’effort anti-terroriste. Selon la télévision publique tchèque, les militaires potentiellement déployés sur place seraient des membres d’unités spéciales basées dans la ville Moravie de Prostejov. « Le projet doit maintenant être présenté au Parlement et s’il est validé nous aurons un mandat pour nous joindre à l’opération Barkhane, avec un nombre maximal de 60 personnes, jusqu’au 31 décembre 2022 », a indiqué le ministre de la Défense, Lubomír Metnar, dans un communiqué. Selon le porte-parole du ministère, le déploiement pourrait s’opérer au début du deuxième semestre. Une période d’une année est pour l’instant envisagée, mais le ministre assure que si la situation l’exige, la mission sera prolongée. Prague fait partie des rares gouvernements européens à avoir répondu favorablement à l’appel de la France pour soutenir la nouvelle force Takuba, dont le déploiement est prévu pour 2020.

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28 janvier 2020

Au Vietnam, des femmes désamorcent les bombes de la guerre

"Déminer pour reconstruire": dans un site isolé du centre du pays, une équipe de démineuses 100% féminine désamorce des bombes datant de la guerre du Vietnam, un fléau qui a fait des dizaines de milliers de victimes depuis la fin du conflit en 1975.

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"Mon mari a été blessé par des munitions non explosées en allant travailler", explique à l'AFP Tran Thi Hanh. "C'est ce qui me motive à faire ce métier (...) afin que personne ne se retrouve dans la même situation".

Elle a rejoint il y a 20 ans l'ONG Mines Advisory Group et dirige aujourd'hui l'équipe d'une dizaine de démineuses, une exception dans le métier en grande majorité masculin.

"Ce n'est pas une question d'argent, le but est d'offrir une terre plus sûre à la population", souligne-t-elle en désamorçant une bombe à fragmentation.

Elle trouve encore jusqu'à 12 engins non explosés par jour.

Plus de 40 ans après la fin du conflit, trois millions de bombes lancées par les Américains sur le Vietnam pendant la guerre sont toujours enfouies dans le sol vietnamien, d'après certaines estimations. Le centre du pays est particulièrement touché.

L'équipe de Le Thi Bich Ngoc opère dans la province centrale de Quang Tri, une région au coeur de la zone démilitarisée entre le Nord et le Sud pendant la guerre et qui fut le théâtre de très violents combats.

Chaque année, ces bombes non explosées font de nombreuses victimes.

Depuis 1975, plus de 40.000 personnes ont été tuées et 60.000 blessées, d'après les données du gouvernement vietnamien.

La plupart des bombes sont activées lors du labour de la terre où elles ont passé des décennies ensevelies, ou lors de leur désossage, le métal étant recyclé, les explosifs étant quant à eux utilisés pour la pêche.

Une fois que l'équipe a nettoyé un site, il peut être converti en surface agricole.

Une ONG, Roots of Peace, aide les populations locales à se réapproprier les terres une fois déminées.

"Déminer, replanter, reconstruire - nous œuvrons pour la paix", se félicite sa fondatrice Heidi Kuhn. Son association a déjà aidé quelque 3.000 personnes à cultiver du poivre noir dans d'anciens champs de mines.

Mais le défrichage de tout le pays n'est pas prêt d'être achevé. Il pourrait prendre jusqu'à 100 ans et coûter des milliards de dollars, d'après diverses estimations. (selon AFP et L'Obs)

13 janvier 2020

12 janvier 1920 : France, souviens-toi

Le naufrage de "L’Afrique"

afriqueIl y a tout juste 100 ans, par une froide nuit de janvier, le paquebot "Afrique" coulait au large de Bordeaux dans une mer déchaînée. Parmi les quelques 600 passages, 192 tirailleurs sénégalais qui rentraient chez eux après avoir servi la France durant le premier conflit mondial. Il n'y eut en tout qu'une trentaine de survivants. Une tragédie injustement oubliée.

Il faut, cent ans plus tard, honorer la mémoire des 568 personnes qui périrent et des 192 tirailleurs sénégalais qui étaient à bord de ce paquebot et espéraient rentrer chez eux après avoir mené une guerre qui n’était pas la leur.

Les faits ne sont guère connus, absents des livres d’histoire, comme gommés de la mémoire dans un pays qui, pourtant, aime se raconter.

afrique1Pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler, résumons. L’Afrique est un paquebot mixte de la Compagnie des chargeurs réunis (CCR). Pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale, il a assuré la liaison Bordeaux-Dakar. Décoré de la légion d’honneur le 20 janvier 1919, son capitaine est Antoine Le Dû, 43 ans, un homme aimé et expérimenté. Le 7 janvier 1920, le permis de navigation est renouvelé au paquebot après une série de réparations. A priori en état de prendre la mer, il largue les amarres deux jours plus tard, à 19 heures, et entame la descente de la Gironde depuis Bordeaux. À bord, un équipage de 135 hommes. Les blanchisseurs sont des « indigènes sujets français », tout comme les neuf « boys ».

afrique4Pour le reste des passagers, Roland Mornet avance un chiffre de 467 personnes. Le nombre de militaires blancs ayant embarqué pour rejoindre Saint-Louis du Sénégal, Brazzaville ou le Tchad est longtemps resté sujet à caution.

« La confusion est plus grande encore concernant les tirailleurs qui ne sont sénégalais que de nom, hors 34 à destination de Dakar, c’est à Conakry que doivent débarquer 72 autres, mais sont-ils tous pour autant Guinéens ? demande Mornet. Certains sont peut-être Maliens. 86 doivent être laissés au warf de Grand-Bassam devant Abidjan. Si vraisemblablement beaucoup sont ivoiriens, il peut s’y trouver des Voltaïques. Ces hommes ont combattu sur le front de Salonique et à Gallipoli, c’est la raison pour laquelle ils ont été démobilisés plus tardivement que leurs camarades ayant combattu sur le sol français, les redoutables nettoyeurs de tranchées, rescapés des tueries d’Argonne, d’Artois, de Verdun ou des Flandres… », écrit l’ancien capitaine.

Trente-quatre rescapés

afrique2Le temps est mauvais, les marins savent qu’au sortir du fleuve, ce sera pire. Le 10 janvier au matin, L’Afrique atteint la mer, déjà grosse. À 10 heures, le chef mécanicien demande au capitaine de ralentir l’allure en raison de la présence d’eau dans la chaufferie. Antoine Le Dû obtempère, tandis qu’on cherche l’origine de la fuite. Le temps forcit, les pompes fonctionnent jusqu’à ce que des résidus de combustion du charbon viennent boucher les tuyaux d’aspiration. Au soir du 10 janvier, le navire commence à donner de la bande. Vers minuit, le commandant décide de dérouter, mais virer de bord s’avère impossible par manque de vitesse.

Antoine Le Dû lance un appel au secours par télégraphie sans fil (TSF) le 11 janvier, à 7 heures du matin. Le Cèdre et La Victoire, deux remorqueurs basés à Rochefort, reçoivent l’ordre de se préparer, tandis que Le Ceylan, autre paquebot de la CCR, se déroute à 8 h 20 pour porter secours à L’Afrique.

Le paquebot, privé d’énergie électrique, dérive dans le noir. Le Ceylan, qui ne peut prendre le risque de toucher le plateau de Rochebonne, doit s’éloigner. Vers 22 heures, L’Afrique heurte le bateau-feu en acier indiquant le haut-fond. Une nouvelle voie d’eau s’ouvre dans sa coque. Peu après trois heures du matin, ce 12 janvier 1920, le navire pique de l’avant et sombre.

Le lendemain matin, le Ceylan récupère neuf membres d’équipage et treize Sénégalais sur un radeau. L’un d’eux, Mamadou N’Diaye, décédera peu après. Il n’y aura en tout que 34 rescapés.

Sacrifice imposé des soldats « indigènes »

afrique5Dans les journaux, une certaine émotion… qui s’estompe vite avec la victoire surprise de Paul Deschanel sur Georges Clemenceau à l’élection présidentielle. Bien entendu, une enquête est aussitôt diligentée auprès des survivants et des experts pour établir les causes du drame. Des demandes d’interpellation sont déposées à l’Assemblée nationale et mises à l’ordre du jour, le 18 mars 1920, débouchant sur de longs débats – en particulier sur la responsabilité de la CCR et sur celle de la société de classification Veritas.

Dans les années qui suivent, entre 1923 et 1930, la CCR sera plusieurs fois assignée en justice par les familles des passagers – définitivement déboutées en juillet 1931. Seules celles des membres d’équipage ont, vraisemblablement, été indemnisées. Le mystère entourant la première voie d’eau ne sera jamais élucidé. Pour Roland Mornet, elle serait le fait d’une épave « tueuse » non répertoriée de l’estuaire qui aurait percé la carène de L’Afrique. L’épave gît aujourd’hui par 45 mètres de fond au nord du plateau de Rochebonne. La France, ingrate, a oublié les passagers de L’Afrique et le sacrifice imposé de ses soldats « indigènes ». En mémoire du drame, la Côte d’Ivoire a émis un timbre, en 1990. Mornet a lui-même bataillé pour l’installation d’une stèle, aux Sables-d’Olonne, en mémoire des naufragés, où leur mémoire sera honorée les 11 et 12 janvier prochain. Il en existerait une autre dans le cimetière de Conakry, à la mémoire des tirailleurs.

Mémoire

Est-ce suffisant ? Non. Dans cette tragédie, le destin des tirailleurs sénégalais qui rentraient chez eux interroge un pan complexe de l’histoire de France, puissance coloniale qui s’accapara les richesses et les chairs d’un continent. Les héros africains qui disparurent en cette nuit de janvier 1920, tout comme les rares qui survécurent, ont des noms. Lai Sako, Gore N’Diaye, Birame Sassoune, Amadou Diop… et nous n’écrirons pas « etc » : nous attendons que la France, par la voix de son président peut-être, prononce officiellement leurs noms, à haute et intelligible voix. Nous avons une dette envers eux.

Interpellé en 2016 par l’association Mémoires & Partages, qui a réalisé la seule exposition sur le naufrage et lancé un « plaidoyer pour les tirailleurs naufragés », le président François Hollande avait transmis le dossier à Jean-Marc Todeschini, Secrétaire d’État chargé des anciens combattants et de la mémoire. Depuis, le silence est pesant et il n’y a plus de Secrétaire d’État chargé des anciens combattants et de la mémoire.

Le vivre-ensemble n’est pourtant possible qu’en retrouvant la mémoire de certains moments de notre passé. L’occasion se présente aujourd’hui, 100 ans plus tard. La France et les États africains ont en ce sens une obligation. Les 192 tirailleurs attendent depuis trop longtemps.

Karfa Sira Diallo, auteur, fondateur de "Mémoires & Partages" et Nicolas Michel, journaliste, romancier

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