Un extrait de l'EST REPUBLICAIN qui devrait retenir l'attention de tous ! Aussi navrant que "la bavure de Floirac" :
Une histoire révélatrice de l'évolution, qui ne va pas toujours dans le bon sens, de notre société. D'une société de plus en plus structurée, de mieux en mieux équipée en matière de secours, de plus en plus sécuritaire... au point d'en oublier le côté humain. D'en oublier au bord de la route, comme un symbole, un vieil homme atteint de la maladie d'Alzheimer. Au propre comme au figuré. Retrouvé alors qu'il errait le long de la RN 57, le malheureux a été recueilli par des particuliers qui ont été choqués : personne ne voulait le prendre en charge. Le malade, dans le rôle de la patate chaude ! Chaque service ayant vraisemblablement, au regard de la réglementation, une bonne raison de ne pas s'en occuper. Saint Martin n'est pas dans le service public... « En passant sur la RN 57, j'ai vu cet homme âgé assis dans le talus. Sur la voie d'accès au pont Rouge. Ensuite, il est arrivé devant la maison. Il n'avait qu'une chaussure, une grosse pelote de ficelle de paysan dans les bras. Il était perdu, visiblement dans sa tête aussi, ne savait que répéter qu'il voulait aller chez G... B... On a appris plus tard que c'était lui qui s'appelait ainsi.» Le narrateur et l'ami chez qui il se trouvait ont recueilli l'étrange « vagabond ». Avant que ne commence une expérience qui les a outrés. « On a appelé le Grandvallier, l'hôpital psychiatrique, qui, après avoir vérifié qu'il ne manquait aucun malade, nous a orientés vers le Samu. Qui nous a dit que ce n'était pas de son ressort puisqu'il n'y avait pas de victime. Ensuite, on ne sait plus dans quel ordre, mais qu'importe, on a eu la police, qui nous a renvoyés vers les pompiers. Mais comme l' homme n'était pas blessé, cela ne les concernait pas. On a eu la gendarmerie qui nous a dit de patienter, qu'une ambulance allait arriver, mais qu'on a jamais vue venir. On a rappelé pompiers puis gendarmes. Le téléphone, ça a duré toute la matinée. Finalement, ces derniers sont venus pour le reconduire à son domicile. »
Disparu depuis la veille !
La disparition de cet habitant de Pontarlier avait été signalée la veille. Une fois qu'il a été retrouvé, la famille a été prévenue, mais sur messagerie. Il était retrouvé, sans doute n'y avait-il plus de problème ! « Mais après lui avoir offert à boire, à manger, on ne savait plus comment le garder. Il voulait repartir. On a essayé de la retenir le plus longtemps, en jouant, en faisant semblant de partager sa pelote de ficelle. On nous a demandé son identité. Mais de quel droit on l'aurait fouillé ? On nous a dit de le retenir. Mais ce n'était pas notre rôle de le garder contre son gré. Et impossible de le laisser rejoindre la nationale ! » Les deux amis ont été choqués qu'il ait fallu la matinée pour régler le problème. « On l'aurait laissé partir et il aurait provoqué un accident, c'était non-assistance à personne en danger. Car un malade, pour nous, c'est quelqu'un qui est en danger. Mais cette notion ne s'appliquerait-elle qu'aux particuliers et non pas à ceux dont la profession est le secours ou la sécurité ? Dans quelle société on vit ? »