Le 28 septembre ? Ah oui, la date du passage à la TNT dans les Vosges. Pour le commun des téléspectateurs, qui ont toujours zappé et zappent librement devant leur écran de télévision, les huit mois qui viennent de s’écouler ont presque effacé jusqu’au souvenir-même de l’arrivée de la Télévision numérique terrestre sur le département. Mais au regard des habitants du Val-d’Ajol, de Remiremont, Bellefontaine ou encore Moussey, ils font figure de bienheureux.
Durant ces huit mois, dans ces « zones blanches », la programmation télévisuelle a été en effet plus que fantaisiste, jouant les pronostiqueurs de loto en proposant des suites aléatoires de chaînes accessibles, variant au gré des horaires de la journée. « De quoi devenir fou ! » s’indigne Jean-Claude Bécherand, président des Mécontents de la TNT de l’Est.
Depuis le 18 mars, date de sa création, l’association basée au Val-d’Ajol mais qui compte des adhérents dans les Vosges et les départements limitrophes, a remué ciel et terre, multipliant les courriers, courriels, appels téléphoniques au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), à TDF (Télédiffusion de France), à FTN (France Télé numérique)… sans jamais obtenir tous les numéros dans l’ordre ! A contrario, sur leur écran, toujours des messages crispants tels que « signal faible ou inexistant » ou encore « problèmes de réception ». Unique solution proposée par France Télé numérique : la parabole. Avec même, pour les habitants du Val-d’Ajol, un délai de « péremption » repoussé de deux mois pour profiter de l’aide.
La parabole ne passera pas par eux
L’aide en question ? 250 euros tout ronds, sans conditions de ressources, pour l’achat d’un accessoire dont le coût, pose comprise, est estimé au double. Voire davantage pour ceux qui, prévoyants, auraient au préalable investi dans une antenne TNT.
Hormis quelques impatients ou des personnes excédées par le délai, la majorité des quelque 400 adhérents de l’association ont donc refusé cette offre « généreuse », qui expirera le 28 mai, et ils ont continué à réinitialiser jour après jour le système, sur fond de concert discordant des instances de décision.
Chacune se retranche en effet derrière le spectre visiblement étroit de ses responsabilités : pour le CSA il s’agit de faire pression sur les chaînes de télé, à charge pour celles-ci de faire de même sur l’opérateur qu’elles ont choisi, Itas Tim pour le réseau des chaînes publiques comme France 2, France3, la 5, la chaîne de l’Assemblée nationale ou encore Vosges Télévision, et Towercast pour des chaînes comme TF1, NRJ12, LCI, Eurosport ou Arte. « Tout le monde se renvoie la balle ! » constate Jean-Claude Bécherand qui collectionne avec humour les contradictions entre les mails des uns et des autres. Ainsi, pas plus tard que jeudi, le secrétaire de l’association Numa Giraumé a-t-il reçu à 14 h 12 un mail de TDF (Télédiffusion de France) lui indiquant que le problème de l’émetteur de Remiremont, qui conditionnait le bon fonctionnement de celui du Val-d’Ajol, était résolu, tandis que du côté de l’Agence nationale des fréquences on indiquait au président Jean-Claude Bécherand, à 14 h 42, qu’une relance avait été effectuée auprès de l’opérateur « pour lui signaler la persistance d’une gêne sur Remiremont et au Val-d’Ajol ». Un problème de transmission sans doute. Ou de « brouillage » selon le terme consacré.
Quoi qu’il en soit, « sur la Meurthe-et-Moselle et la Moselle, la situation a semble-t-il avancé », note Jean-Claude Bécherand dans un semblant d’optimisme car le président n’exclut pas d’employer les grands moyens, comme bloquer les grands axes routiers, pour obtenir gain de cause.
Claire BRUGIER (Vosges-Matin du 24/5/2011)