Lu pour vous dans l'Est Republicain :
Dans quelques semaines, l'entreprise alsacienne Viadom offrira à plusieurs centaines de ses 4.000 salariés la possibilité d'obtenir un prêt, à la manière d'un crédit bancaire. Avec son siège social basé à Mulhouse, cette société spécialisée dans les services à domicile pourrait ainsi prêter des sommes comprises entre 500 € et 3.000 €, à des taux d'intérêt annoncés « en dessous du marché ». Pure générosité ? La stratégie de Viadom, et celle de la fédération du service au particulier (FESP) qui élargit cette mesure aux entreprises adhérentes, est plus subtile. Inscrite au cœur d'un chapelet de mesures sociales favorables, l'initiative est destinée à fidéliser un personnel souvent tenté d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte. Or, dans ce type de profession, une démission de salarié s'accompagne souvent d'un départ de clientèle, et donc d'une perte de chiffre d'affaires... Président de Viadom, Christian Lehr ne fait pas mystère de la finalité. « Nous souffrons d'une pénurie de main d'œuvre et d'un phénomène de turn-over très important. Nos métiers, où l'on vient souvent par défaut, souffrent d'un gros déficit d'attractivité et d'une image dévalorisée » explique-t-il. Avec un personnel féminin pour écrasante majorité, souffrant parfois de situations maritales fragilisées, voire de problème de surendettement, la minceur de revenus partiels dans une grande majorité des cas, peut nécessiter un apport financier refusé par les banques. Avec « Credisap », Viadom propose d'y pallier sous forme de prêts remboursables entre 12 et 36 mois, sans frais de dossier, et à un taux d'emprunt annoncé plus intéressant que celui des banques. Selon les premières études, 500 membres du personnel pourraient en profiter à l'horizon 2010, mais sous conditions... « Dans un premier temps, nous allons entrer dans une phase de tests car il s'agit d'une initiative nouvelle. Il nous faut affiner différents paramètres, notamment les questions d'éligibilité à cet emprunt, et les modalités du suivi » précise Christian Lehr. Ensuite, il ne faut pas s'attendre à ce qu'on prête de l'argent pour acheter un écran plasma. Notre crédit devra être utilisé pour tout ce qui concerne la mobilité, par exemple pour passer le permis, obtenir un logement ou aider à la formation et aux études des enfants ». D'évidence, la crise économique n'a pas sévi dans le secteur des services à domicile avec la même virulence qu'ailleurs. Si les prévisions effectives de 1.000 recrutements en 2008 ont été ramenées à 700, 200 embauches doivent encore être opérées dans l'Est de la France, d'ici fin 2009. Là encore, un autre effet du turn-over, considéré par le patron de Viadom comme un « killer (tueur, NDLR) absolu du chiffre d'affaires ».
Antoine PETRY