Pas de coups de pouce aux petites retraites
Les retraités les plus modestes, qui devaient voir leurs pensions augmenter au 1er octobre, seront logés à la même enseigne que les autres: à cause de la faible inflation, elles ne seront finalement pas revalorisées.
Les petites pensions inférieures à 1.200 euros, que le gouvernement avait épargnées de la mesure de gel décidé au printemps dernier, ne seront pas revalorisées dans trois semaines, du fait de la "très faible inflation" finalement prévue pour 2014, a annoncé vendredi le ministère de la Santé à l'AFP. Le gouvernement s'attendait initialement à une inflation de 1,1% cette année, ce qui aurait représenté une hausse moyenne d'environ 5 euros par mois pour les petites pensions.
Le ministre des Finances, Michel Sapin, vient de revoir la prévision d'inflation à 0,5% en 2014. En raison de l'application mécanique des règles de calcul (qui tiennent compte notamment de la revalorisation et de l'inflation appliquées en 2013), ces retraités n'auront donc pas un euro de plus dans leur porte-monnaie, comme l'avait indiqué dans la matinée Europe 1. Les pensions des retraités au minimum vieillesse (572.000 allocataires environ fin 2011) bénéficieront en revanche, "comme le gouvernement s'y était engagé, d'un coup de pouce en octobre", a précisé le ministère sans toutefois communiquer le montant de cette revalorisation. Dans le cadre du plan de 50 milliards d'euros d'économies d'ici à 2017, présenté en avril, le gouvernement avait décidé le gel des retraites jusqu'en octobre 2015, qui devait générer 1,3 milliard d'économies.
Sous la pression de députés de la majorité, le gouvernement s'était engagé à épargner les retraités modestes de la mesure de gel. Au total, ce sont bien les quelque 15 millions de retraités français qui ne verront pas leur pension augmenter. Dans les faits, cela revient à un gel de 18 mois puisque la date de revalorisation annuelle des retraites avait déjà été décalée cette année d'avril à octobre à l'occasion de la réforme des retraites.
"Cinq euros de plus par mois, pour les plus défavorisés, ce n'était pas rien !", s'est insurgé Annie Petit, la secrétaire nationale de l'Union nationale des retraités et personnes âgées (UNRPA), soulignant que 2 millions de retraités vivent en-dessous du seuil de pauvreté (987 euros par mois en 2012). "On ne peut pas relancer l'économie sans redonner du pouvoir d'achat aux gens", a-t-elle poursuivi. Or, "de nombreux Français ne peuvent déjà faire face à des majorations d'impôt conséquentes", a-t-elle pointé auprès de l'AFP.
La stabilisation des retraites les plus modestes facilite en quelque sorte la tâche du gouvernement. La revalorisation partielle des pensions modestes représentait en effet un véritable casse-tête pour l'administration. En attendant, le grand casse-tête reste du côtés des retraités... qui sont en plus dans l'impossibilité de faire grève.