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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
24 février 2022

Ukraine : Berlin suspend le gazoduc Nord Stream 2. Quelles conséquences ?

Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé qu'il avait suspendu l'autorisation du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne, après la reconnaissance par Moscou de l'indépendance de provinces ukrainiennes pro-russes. Ce qui ne va pas aller sans poser de problème à l'Allemagne. La sortie du nucléaire et un réseau électrique soumis aux logiques du privé ont maintenu à un haut niveau l’exploitation du lignite. Moins polluant, le gaz naturel russe devait éviter à l’Allemagne de rester la pire soufflerie de CO2 du continent... Explications.

gazLe chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé le 22 février 2022 suspendre l'autorisation du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne, après la reconnaissance par Moscou de l'indépendance de provinces ukrainiennes pro-russes, et menacé « d'autres sanctions ». Reste que ce choix pourrait également mettre l'Allemagne dans l'embarras.

Le chantier du gazoduc Nord Stream 2 a été lancé en avril 2018. Il est depuis septembre 2021 « entièrement achevé », selon son propriétaire, le géant russe Gazprom. Ce pipeline ouvre une voie de passage sous la mer Baltique, après un trajet sous l'eau de 1 230 km, et doit permettre un doublement des livraisons de gaz naturel russe.

Des pressions tous azimuts

Les États-Unis de Donald Trump avaient à l'époque tenté de faire pression, accusant Berlin de collusion avec l’ennemi russe et sanctionnant les sociétés européennes impliquées dans la pose des canalisations géantes. L’affaire Navalny avait également été l’occasion, pour l’administration Biden, de hausser encore le ton pour exiger l’arrêt des travaux.

Plusieurs pays européens comme la Pologne, vent debout de longue date contre ce projet qui contourne son territoire, avaient enjoint les autorités allemandes à couper les ponts avec Moscou. Même Paris, initialement favorable au gazoduc, dont le groupe Engie est l’un des financiers, avait tourné casaque, se ralliant à Washington. Des pétitions antigazoduc ont circulé outre-Rhin.

Pourtant, Berlin s’est accroché. Et aujourd'hui encore, car suspenssion n'est pas annulation.... Angela Merkel s’était d'ailleurs toujours employée à séparer le dossier « du renforcement des sanctions» contre le régime de Vladimir Poutine de celui de Nord Stream 2. «En dépit de toutes les différences, il demeure stratégique de rester en discussion avec la Russie sur beaucoup de questions», justifiait alors la chancelière.

A raison : le gazoduc n’est pas seulement une bonne affaire pour les exportations russes, il revêt une importance géostratégique majeure pour l’Allemagne.

Sortie progressive du charbon

L’accès au gaz naturel russe est devenu une pièce cruciale de la politique énergétique allemande. Le pays est le plus gros pollueur européen en matière de production d’électricité. Il dépend de centrales au charbon et au lignite, véritables souffleries de CO2. Et l’arrêt définitif de l’exploitation du nucléaire, programmé d’ici à la fin de l’année 2022, menace d’envenimer la situation. Il représente en effet encore 10 % de la production électrique, début 2021. Son retrait promet donc de renforcer le poids des combustibles hautement carbonés. Or, le gaz naturel présente l’avantage d’émettre jusqu’à 40 % de moins de gaz à effet de serre que le lignite, qui reste la principale source d’énergie du pays.

La suspension de Nord Stream 2 n'est donc pas seulement une sanction à l'encontre de la Russie, mais représente aussi un danger pour la politique énergétique allemande. (selon "L'Humanité")

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