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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
4 avril 2024

Le premier général français qui a dit non à Hitler

Peu avant la conférence de Munich, un général français incite la France à ne pas céder à Hitler. Il est le conseiller de l’armée tchèque. Son nom : Faucher.

En 2007, Georges-Marc Benamou lui avait dédié son ouvrage, Le Fantôme de Munich. Le général Louis-Eugène Faucher n'a guère marqué les mémoires et pourtant, il aura incarné l'honneur d'une armée française qui a voulu résister dès les années 1930 aux visées expansionnistes de Hitler, comme le rappelle Maurizio Serra dans son récent livre, Munich 1938, la paix impossible. Sa position l'avait placé aux avant-postes de cette Europe centrale convoitée par le dictateur nazi.

Depuis 1919, il était le conseiller militaire des Tchécoslovaques, nommé par le général Pellé, premier chef d'état-major de l'armée tchèque. Cette omniprésence d'officiers français au sommet de la hiérarchie s'expliquait par le rôle essentiel joué par Paris lors des traités dans la création d'un nouveau pays, sur les ruines de l'empire austro-hongrois. Une légion tchèque avait déjà combattu aux côtés des poilus avant 1918. C'est du reste l'un des plus hauts gradés de cette ancienne Légion, le général Jan Syrovy, ancien ministre de la Défense, qui est nommé Premier ministre du pays par le président tchèque Édouard Benès pendant la crise des Sudètes en septembre 1938. Faucher connaît bien Syrovy, il est même l'un de ses amis depuis qu'il a travaillé à ses côtés dans les années 1920. La Tchécoslovaquie, liée depuis 1924 à la France par un traité d'alliance et d'amitié – qui hélas pour elle ne comporte pas de volet militaire – doit à Faucher la mise sur pied de son armée.

Durant cette crise des Sudètes, Faucher ne va cesser de faire pression sur le général Gamelin et l'état-major français pour que la France oppose la plus grande fermeté aux demandes de Hitler. Il tente de convaincre que cette nouvelle armée de 900 000 hommes n'est pas aussi faible que Paris veut le croire. En vain. Préoccupé par des rapports alarmistes sur l'état de l'armée française, son chef décourage Daladier d'aller vers un risque de guerre.

 

Démission

 

Dépité, écœuré, Faucher démissionne de l'armée et demande l'autorisation de se dévouer entièrement à la cause tchèque. Il l'obtient. En octobre 1938, il aide au rapatriement urgent de l'appareil militaire installé dans les Sudètes qui sont sur le point d'être envahis par l'Allemagne. Il aura cependant la douleur de voir la Tchécoslovaquie accepter l'invasion nazie en mars 1939 sans se battre, une décision de Benes, convaincu que les démocraties ne réagiraient pas, en cas de résistance militaire de son pays qu'il n'a pas voulu transformer en martyr.

La suite de sa carrière est révélatrice. De retour en France, il est chargé d'organiser une armée de volontaires tchèques qui se battrait comme en 1914-1918 auprès de l'armée française. Après l'armistice, originaire de Saint-Maixent-l'École, berceau de la formation des officiers d'infanterie français, il entre très tôt en résistance dans le département des Deux-Sèvres au sein du réseau Alliance, avant de rejoindre Libération-Nord puis d'être nommé responsable de la région sud-ouest de l'Armée secrète, avant son arrestation début 1944 par la Gestapo. Revenu d'un camp de concentration à près de 70 ans, il passera ses dernières années à fonder l'amitié franco-tchécoslovaque, puis à venir en aide aux exilés qui ont fui le régime communiste après 1948. Celui qui avait reçu l'ordre du Lion blanc, la plus haute distinction tchécoslovaque, qui avait donné à son fils le prénom de Vaclav, a encore été honoré à Saint-Maixent en 2019 en présence d'un conseiller de l'ambassade tchèque. (selon "Le point")

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