Solidarité européenne, où es-tu ?
Si nous voulons reprendre, l'histoire de l'Euro et l'arrivée inéluctable à la crise grecque, il faut remonter loin dans le temps. Par le passé, la monnaie a toujours été l'aboutissement d'une unité politique. C'était le cas du franc créé lorsque la France est devenue une entité politique, idem pour le mark en Allemagne, idem pour la rouble russe, idem pour le dollar américain.
L'Euro, quant à lui, n'est basé sur aucune réalité politique. Il y a 28 Etats pour l'Union Européenne, mais seuls 18 ont adopté l'Euro. L'Union Européenne a été créée en fonction d'événements qu'on ne veut plus voir : d'abord l'Europe des six, rapprochement pour éviter de nouvelles confrontations meurtrières comme les deux guerres mondiales grâce surtout à la réconciliation franco-allemande. Puis l'UE s'est agrandie pour récupérer les pays de l'ancienne Europe de l'Est après la chute du mur de Berlin. Dans cette UE très élargie, on ne voit pas d'unité politique, et l'Euro n'est qu'une affaire d'intérêts banquiers, faite de règles qui ne servent surtout pas les peuples de l'Europe.
Une crise était inscrite dans ces faits. Il est d'ailleurs utile de remarquer que les gouvernements qui ont les positions les plus dures par rapport à la Grèce sont ceux qui ont le plus profité de l'Europe. Rappelons que si l'Allemagne a pu se réunifier, malgré l'état de délabrement de toute l'ancienne RDA, et y redresser rapidement l'économie, c'est grâce à l'aide européenne. Angela Merkel ferait bien de s'en souvenir. Quant au président polonais, il ferait mieux de se taire que de lancer des ultimatums, lui qui est est hors de la zone Euro et qui a une monnaie, la zlotie dont aucune banque ne veut, et même les magasins polonais de Varsovie préfèrent être payés en dollars ou en euros.
Alors qu'un petit pays comme la Grèce soit au bord de la faillite, fallait-il s'en étonner ? Surtout quand sait que la plupart des armateurs grecs vident les caisses de leur Etat en ne payant pas d'impôts, car ils ont leur siège social au Luxembourg. On n'a pas vu le luxembourgeois Mr. Juncker évoquer ce problème. Tsipras, le premier ministre grec, a d'ailleurs bien analysé la situation dans son discours au Parlement Européen de Strasbourg : "Si la Grèce est dans cette situation, c'est parce que pendant des décennies, les gouvernements ont gouverné de façon clientéliste, en soutenant la corruption, sans contrôler la fraude fiscale des plus riches. Au plus fort de l'austérité, les 10 % les plus riches ont été épargnés. Les fonds attribués à la Grèce ne sont jamais parvenus au peuple grec, ils ont été attribués au sauvetage des banques." La seule chose qui semble inquiéter nos gouvernants, c'est l'effet de contagion que provoquerait un "Grexit". Le sort des peuples ne les intéresse guère. Seules les apparences les préoccupent.
Solidarités européennes, politiques, ou financières, où êtes-vous ? Imaginez-vous un seul instant une telle situation aux Etats-Unis ? la Pennsylvanie exigeant le retrait du Nouveau Mexique de la zone dollar ? Un "Mexit" équivalent à un "Grexit" ?
Lors de sa campagne électorale, François Hollande avait affirmé : "Mon principal adversaire c'est la finance !" Espérons qu'il mettra cette idée en application dans cette crise financière européenne.
Les gouvernements les plus intansigeants avec la Grèce sont ceux qui ont profité le plus de l'Europe !