"La dignité n'a rien à voir avec l'argent", assure Patrick Schneider, présent dans toute l'Allemagne avec sa société "Aarau", et qui propose à Berlin des funérailles à 499 euros. Il explique ses tarifs par des économies d'échelle: "Je ne commande pas les cercueils par dizaines, mais par centaines. J'ai des tarifs préférentiels au crématorium car je suis un bon client". Pour l'interview, M. Schneider, homme affable à la barbe blanche soignée et tout de noir vêtu, reçoit à la campagne dans une bâtisse cossue, meublée d'antiquités. Il y organise des funérailles sur mesure pour les clients plus fortunés. L'endroit contraste avec le bureau berlinois d'Aarau. Sous de grands panneaux noir et parme "Obsèques à 499 euros", c'est une pièce sommaire, où la seule note de couleur est le catalogue d'urnes funéraires sur une table basse. "Cela importe peu pour les clients que mon bureau soit en bois un peu égratigné ou couvert de marbre", assure la gérante Yvonne Holke. "Les gens sont contents, certains ont déjà organisé trois enterrements avec nous", assure cette jeune femme souriante. Ce succès déplaît aux concurrents, reconnaît son patron. "Je reçois en permanence des plaintes pour publicité mensongère", explique Patrick Schneider. "Certains clients arrivent chez moi parce qu'ils ont osé demander à une société le prix du cercueil et qu'on n'a rien trouvé de mieux à leur répondre que +Qu'est-ce que ça peut faire, vous ne voulez tout de même pas enterrer votre mère dans une caisse?+ ", s'indigne-t-il.
Dagmar Hänel, anthropologue à l'université de Bonn, n'en jette pas moins un regard "critique" sur cette évolution. Dans le pays des géants du discount Aldi et Lidl, où la pingrerie a été érigée en slogan publicitaire par les magasins d'électroménager Saturn ("Etre radin, c'est trop bien"), "la quête du bon marché, du facile, du jetable, n'épargne plus les enterrements", dit-elle à l'AFP. "En parallèle nous avons aussi un bond des enterrements très individualisés, parfois très onéreux", organisés par des familles "plus riches et plus éduquées", ajoute la chercheuse, qui conclut: "Dans les obsèques, la lutte des classes gagne du terrain".
(AFP, sur orange.fr)