Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
dictature
15 mars 2021

Aux Philippines, l’accusation de “communiste” peut coûter la vie

Neuf militants des droits sociaux et économiques ont été tués par les forces de sécurité philippines dimanche 7 mars, deux jours après un appel du président philippin Rodrigo Duterte à “en finir” avec les communistes.

philippinesDeux jours après l’appel du président Rodrigo Duterte dans lequel il a demandé à la police et aux soldats de ‘tuer’ et d’‘achever’ les rebelles communistes qu’ils rencontraient, la police philippine et l’armée ont conduit une opération mortelle à Calabarzon, le 7 mars”, écrit Rappler, un site connu pour ses enquêtes sur les exactions commises par la police dans la "guerre contre la drogue" dès son arrivée au pouvoir, le 30 juin 2016.

En quelques heures, 24 perquisitions ont été menées dans la région située au sud de la capitale Manille, détaille le site dans un autre article, conduisant au décès de neuf personnes et à six arrestations.

Chacune des victimes, dont les noms ont été rassemblés par les activistes en l’absence d’informations données par les forces de sécurité, était connue pour son implication et sa remise en cause “des pouvoirs dans les domaines du travail, des droits des paysans et de la justice climatique”. Un combat mené jusqu’à “leur fin brutale

Rappler qualifie ce “Bloody Sunday”, d’“une des journées les plus sanglantes dans l’histoire récente pour les militants. Elle s’inscrit dans le cadre du combat de l’administration Duterte contre le Parti communiste des Philippines et les groupes qui lui sont liés.

Une guérilla communiste sévit depuis plus de quarante ans dans les régions les plus pauvres du pays, et les pourparlers de paix entre le gouvernement et la Nouvelle Armée du peuple, la branche armée du Parti communiste des Philippines, n’ont jamais abouti.

Dans un entretien au site, le chef de la police de Calabarzon, Felipe Natividad, affirme que l’opération menée correspond aux ordres du président figurant dans le décret présidentiel n° 70 pour “venir à bout de l’insurrection communiste aux Philippines

Le décret présidentiel n° 70 datant de décembre 2018 souligne la nécessité d’offrir des services sociaux de base dans les zones de conflits et les zones les plus vulnérables, mais, selon le site, le gouvernement utilise la police et l’armée pour combattre les forces communistes, y compris les activistes “désignés comme ‘rouges’”.

Dans un troisième article, Rappler explique que la Cour suprême des Philippines estime que qualifier de “rouge” une personne est “une stratégie utilisée par des agents de l’État, en particulier les forces de sécurité, contre ceux qui sont perçus comme des ‘menaces’ ou des ‘ennemis de l’État’”.

Publicité
24 février 2021

Argentine: à la recherche des corps des disparus de la dictature militaire

De nouvelles opérations de recherches ont été lancées pour tenter de retrouver les restes de disparus. Cela se passe près de Buenos Aires, au Campo de Mayo, l’un des plus grands centres de détention clandestin ayant fonctionné durant la dictature militaire. Plusieurs survols de la zone ont été effectués. Ils doivent permettre à des spécialistes d’identifier si des enterrements clandestins ont eu lieu là, il y a une quarantaine d’années. Les proches de disparus espèrent obtenir des réponses, et la justice des informations qui pourraient servir dans le cadre des procès en cours.

argentine4C’est une zone de 5 000 hectares, l’équivalent d’un quart de la capitale argentine. Campo de Mayo, l’une des plus grandes garnisons militaires du pays, a servi de camp de détention clandestin durant la dictature entre 1976 et 1983. C’est cette zone immense qui a été survolée fin janvier par l’Equipo Argentino de Arqueología Forense (EAAF, Équipe d'archéologie médico-légale argentine), dans le but de rechercher les traces de possibles enterrements clandestins.

« La technologie qu’on utilise s’appelle Lidar. C’est un appareil qui combine un laser, un GPS, et un scanner, et ça nous permet de générer une carte 3D très précise. Ce n’est pas nouveau, on l’utilise dans l’activité minière, dans l’agriculture… Mais c’est la première fois dans le monde qu’on l’utilise pour des recherches médico-légales dans le cadre d’enquête sur des crimes », nous explique Luis Fondebrider, président de l’EAAF.

L’EAAF travaille sur l'identification des corps de disparus depuis la fin de la dictature. À Campo de Mayo, les recherches s’annoncent difficiles : les organisations de défense des droits de l’Homme estiment que plusieurs milliers de personnes y ont été détenues, mais très peu ont survécu.

Beaucoup de détenus furent victimes de « vols de la mort »

argentinevol« Pour l’instant, il s’agit d’une phase d’exploration. Donc, on ne veut pas générer trop d’attentes, car beaucoup de personnes savent que leurs proches ont disparu à Campo de Mayo. On doit rester très prudents. D’autant plus que beaucoup de ces détenus clandestins ont été victimes des ''vols de la mort'', jetés dans le Rio de la Plata ou dans l’océan », poursuit Luis Fondebrider.

Ces nouvelles recherches ont été autorisées par la justice, qui continue de se pencher sur les crimes de la dictature. Trois procès examinent actuellement ceux commis au sein de Campo de Mayo. « Le travail de l’EAAF pourrait apporter des preuves utiles dans un procès déjà en cours. Mais en général, ces recherches prennent beaucoup de temps, et le plus probable est que ce travail serve à l’enquête, durant la phase d’instruction », indique Sol Hourcade, avocate et membre du Centre d’études légales et sociales, une ONG de défense des droits de l’Homme.

Les proches de disparus placent beaucoup d’espoir dans le travail de l’EAAF et de la justice. Fin 1979, Marcela Esther Molfino et Guillermo Amarilla, tous deux militants de l’organisation de gauche Montoneros, étaient arrêtés et emmenés à Campo de Mayo. Marcela est à l’époque enceinte de leur quatrième enfant, Guillermo. Aujourd’hui âgé de 40 ans, cet Argentin, qui n’a jamais connu ses parents biologiques disparus, est né en détention. Il a été adopté illégalement et élevé par un militaire et son épouse. « J’ai vécu jusqu’à mes 29 ans avec mon identité '' illégale ''. Il est difficile de dire si j’ai été certain, à un moment, que cette femme était ma mère. J’avais des doutes, parce que justement je ne ressentais aucun lien maternel avec celle qui m’a élevé », confie-t-il.

« Plus on en saura sur le Campo de Mayo, plus notre pays progressera »

argentine3En 2007, Guillermo réalise un test ADN qui lui permet de rencontrer, deux ans plus tard, sa famille biologique. Alors que dans les procès des crimes de la dictature, les accusés se murent le plus souvent dans le silence, les familles de disparus espèrent que les recherches de l’EAAF permettront d’en savoir plus sur les conditions de détention et de disparition de leurs proches.

« Honnêtement, je sais comment fonctionnaient les '' vols de la mort '', et je n’ai pas beaucoup d’espoir en ce qui concerne les corps de mes parents. Mais pour d’autres familles oui, il y a davantage d’espoir. Et plus on en saura sur le Campo de Mayo grâce aux opérations de recherches de l’EAAF, plus notre pays progressera. Mon engagement dépasse ma situation personnelle. Quels que soient les corps qui apparaissent durant ces recherches, il faut qu’ils apparaissent », reprend Guillermo.

Les images relevées fin janvier vont être analysées par l'EAAF et par des experts géophysiciens. Un travail qui devrait prendre au moins trois mois. Avant que ne soit prise la décision, si l’EAAF le juge nécessaire, de réaliser des excavations sur le terrain. (selon RFI)

argentine2

6 novembre 2020

La répression s’installe au Cameroun

Les forces de sécurité camerounaises ont dispersé des manifestations pacifiques le 22 septembre par des gaz lacrymogènes et des canons à eau et arrêté des centaines de personnes, principalement des partisans de l’opposition, a affirmé Human Rights Watch.

cameroun

Dans un rapport publié le 19 octobre, l’organisation de défense des droits de l’Homme précise que de nombreux manifestants pacifiques ont été battus et maltraités lors de leur arrestation et pendant leur détention.

Human Rights Watch regrette le silence de l’Union africaine (UA), de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et des autres partenaires régionaux et internationaux du Cameroun.

« Les organisations africaines et régionales devraient dénoncer la répression et les abus généralisés du gouvernement camerounais », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch, qui s’insurge contre « des violations flagrantes » de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

Plus de 500 arrestations

Selon le parti d’opposition Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), plus de 500 personnes ont été arrêtées le 22 septembre, dont 155 ont été libérées par la suite. Les avocats du parti indiquent que 21 personnes ont été présentées devant des juridictions civiles pour rébellion et participation à une manifestation illégale, 107 personnes ont été traduites devant des juridictions militaires pour terrorisme et insurrection et 63 personnes continuent à être détenues sans inculpation, la situation des autres n’étant pas clarifiée.

Entre le 22 septembre et le 10 octobre, Human Rights Watch a interviewé 10 dirigeants et membres du parti d’opposition MRC, 5 avocats, 3 journalistes et 4 parents de personnes arrêtées et battues par la police lors des manifestations du 22 septembre. Human Rights Watch a également examiné des photographies et des vidéos.

Début septembre, les autorités camerounaises ont interdit les manifestations dans tout le pays après que le MRC a encouragé les gens à descendre dans la rue suite à la décision du gouvernement d’organiser des élections régionales en décembre. Le parti a déclaré qu’avant la tenue de ces élections, le gouvernement devrait réviser la loi électorale et régler la crise dans les régions anglophones où la violence est vive depuis fin 2016.

Maurice Kamto toujours en résidence surveillée

Prétextant la pandémie de Covid-19, le ministre de l’Administration territoriale a annoncé que toute personne à l’initiative de manifestations serait arrêtée et le 15 septembre, le ministre de la Communication a averti les partis politiques que les manifestations pourraient être considérées comme une « insurrection » et que les manifestations illégales seraient punies en vertu de la loi antiterroriste.

Le leader du MRC, Maurice Kamto, arrêté en janvier 2019 après des manifestations pacifiques dans tout le pays, puis libéré en octobre 2019, se trouve en résidence surveillée depuis le 22 septembre dernier. Ses avocats ont déposé plainte contre l’Etat. La première audience a été reportée au 29 octobre. Deux autres dirigeants du MRC – son trésorier, Alain Fogue, et son porte-parole, Bibou Nissack – ont eux aussi été arrêtés, respectivement les 21 et 22 septembre. Ils sont détenus sans inculpation.

 « Nous avons le sentiment que la répression se normalise », a déclaré à Human Rights Watch Michelle Ndoki, une avocate camerounaise des droits humains. « La communauté internationale doit savoir que l’espace politique dont disposent les groupes d’opposition pour s’exprimer librement se réduit de jour en jour ».

Le 12 octobre, 14 experts indépendants des droits humains des Nations Unies ont appelé le Cameroun à libérer Maurice Kamto et les autres personnes arrêtées lors de manifestations pacifiques et à mettre fin à l’intimidation des militants politiques. Deux jours plus tard, le ministre de la Communication a rejeté ce communiqué qu’il a qualifié de « partial et biaisé ».

Par ailleurs, l’ONU a annoncé la mort d’au moins 8 enfants, le 24 octobre, dans l’attaque d’une école à Kumba, dans la région anglophone, par des assaillants armés d’armes à feu et de machettes. (Selon Mondafrik)

14 août 2020

Le dictateur tricheur réélu

Dimanche, manifestations regroupant des milliers de personnes en plein centre ville de Minsk, la capitale. Pour protester contre le score prétendu de Loukachenko (80,23%), produit d’élections évidemment truquées. La personne que les médias ont dit morte ne l’est pas ; elle se trouve dans une situation sérieuse, à l’hôpital. Aujourd’hui, les manifestations, à peine moins massives, se poursuivent.

belarus

Selon quelques connaissances de Belarus, des heurts d’une extrême violence ont lieu dans tout le pays, et pas seulement à Minsk. La police tire des balles de caoutchouc sur les manifestants et lance des grenades lacrymogènes. OMON, la police, est partout, secondée par les milices privées que rétribue le dictateur Loukachenko. Les policiers intimident, tabassent très violemment et arrêtent des citoyens, souvent au hasard.

Dès dimanche, les autorités elles-mêmes ont informé les médias de l’arrestation de presque 3000 personnes. Auxquelles s’ajoutent celles qui occupent les commissariats depuis hier lundi. Dans la journée d’hier, le pays était en proie à une grande agitation. Des manifestants ont bloqué la rue menant au centre commercial de Korona ; ils tenaient le drapeau rouge-blanc-rouge interdit, scandaient des slogans et chantaient des chansons d’opposition comme le désormais fameux Peremen. Les fenêtres des voitures, dans beaucoup de villes, sont ornées du drapeau de l’opposition et les gens font le V de la Victoire en roulant, bandeau blanc au bras. Dans un autre centre commercial, les OMON ont bloqué les issues et jeté des grenades lacrymos sur les gens, un peu au hasard. Ce n’est pas le bon peuple, donc supprimons le peuple, comme disait à peu près Brecht au sujet de ses frères ennemis communistes.

La concurrente électorale de Loukachenko, Sviatlana Tsikhanouskaia, a été détenue un certain temps. Il semblerait qu’elle ait été relâchée, mais hier soir, personne n’avait pu lui parler.

belarus2

Au centre de Minsk, tous les commerces sont fermés. Les poubelles et les bancs ont été supprimés devant les arrêts de bus. Les manifestants essaient d’atteindre le centre de la capitale, ce qui est à peu près impossible. Ils se rassemblent dans les stations de métro, qui leur permettent une certaine mobilité et donc d’échapper aux manœuvres d’encerclement de la milice et des nervis privés. Beaucoup de personnes ont été arrêtées sur la « stella », ainsi qu’on appelle l’Avenue de la Victoire ; un lieu qui tend à cristalliser l’agitation de la population indignée par les tripatouillages de la dictature et la violence de ses polices. Les gens fuient ces arrestations en se dirigeant plutôt vers la gare de bus.

Autres nœuds de confrontation : l’hôtel Jubilé, où on nous dit qu’une quinzaine de personnes au moins ont été arrêtées après un regroupement important d’au moins 200 manifestants qui criaient : « Vive le Belarus ! ». Et la Place Pouchkine : ici, blocage du passage des OMON par des voitures et des camions, y compris un camion citerne… Sur les murs, des graffitis : « Gloire au Belarus ! » Et on distribue des tracts qui appellent à une grève générale illimitée, jusqu’au départ d’Aleksandr Loukachenko. Et autour des gens, les explosions des grenades, la fumée des lacrymos, des pavés qui volent en direction des policiers avec des cris : «  Honte aux fascistes ! ». Même genre de heurts violents dans les villes de Grodno et de Brest.

Les manifestants, très déterminés, appellent à continuer la protestation jusqu’à l’abandon du pouvoir par le dictateur. Cela peut-il arriver ? On ne peut se montrer vraiment optimiste, hélas, sur la possibilité de cette issue. Loukachenko est prêt depuis très longtemps pour l’épreuve de force. Et ses troupes, elles, ne risquent guère de se rallier à la population : la situation n’est pas assez favorable à cette dernière, et l’instabilité n’est qu’apparente. Du moins pour l’instant.

Que se passera-t-il dans une semaine, dans un mois ? Les manifestants pourront-il tenir jusque là ? Espérons le… En attendant, Xi Jinping et Poutine affichent leur soutien : le dirigeant chinois a été le premier à féliciter Loukachenko pour son succès, tandis que le second insiste pour que la tranquillité de son voisin soit assurée. Sous entendu : par tous les moyens. (selon "Eurojournalist")

belarus1

11 avril 2020

Pas de covid-19 au Belarus ?

Virus, hockey, vodka et déni

belarus1Le Belarus, 10 millions d’habitants, est une superbe illustration du déni autoritaire : non, le virus ne passera pas par nous, nous sommes des gens propres, nous, Monsieur ! Déni tardif et persistant qui montre très concrètement que non, les régimes autoritaires ne sont pas avantageux pour la résolution du problème COVID-19. Et ils font planer une menace directe sur le monde entier, comme on a pu s‘en apercevoir depuis le mois de janvier.

Ce sont essentiellement les voisins baltes qui ont attiré l’attention sur l’ampleur du déni belarusse ; plus exactement, du déni que pratique le gouvernement sous la férule beaufesque du président Lukachenka, héritier direct du « socialisme » stalinien. Pas de mesures particulières, ni confinements, ni consignes véritables… Pour Lukachenka, les réactions de crainte de la population, sa population, sont totalement injustifiées : réactions de panique, de « psychose ». Les autorités ne relèvent pas régulièrement le nombre de personnes atteintes. Les très rares journalistes qui essaient de pratiquer une information indépendante sont censurés, mis à l’amende, et on nie catégoriquement les chiffres qu’ils avancent.

« Psychose » ? Sans doute est-ce le Président lui-même, au pouvoir depuis 26 ans, qui est atteint de psychose  : au sens strict cette fois  et clinique du mot, plus précisément, de schizophrénie. Comme d’ailleurs la plupart des dictateurs, le monde où il vit n’est pas celui des citoyens moyens. Son monde à lui est radieux (parfois irradié, mais si peu), paisible, immuable. On y entend les papillons chanter. Du moins quand le climat le permet et que la consommation de vodka favorise une acuité particulière. La vodka : c’est précisément l’un des remèdes que préconise Lukachenka, l’autre étant la pratique de son sport favori, le hockey sur glace.

Le 29 mars, interview du Président sur une chaîne de TV par une journaliste-pommade, où l’on voit Lukachenka en costume de hockey et s’apprêtant en principe à manier la crosse. Dialogue : « Ici, il n’y a pas de virus. – Ah ? – Tu l’as vu voler, le virus ? – Non… – Moi non plus.Tu vois, il n’y pas de virus,ici. Et ce stade de hockey, c’est un vrai frigo : ça le détruirait. ».

Un tel message passe par les médias d’État, complètement aux bottes du gouvernement. Comme à l’époque de Tchernobyl et dans le traitement du SIDA, black out. Journalistes indépendants et personnes informées essaient de passer des consignes réalistes et prudentes à la population, surtout aux personnes âgées, les plus vulnérables au COVID-19… et à la propagande du pouvoir : restez chez vous ! Et il est encore possible de s’informer sur internet, la seule arme efficace dont dispose le bon sens, malgré tout.

Lukachenka reprend aussi des assertions complotistes. A plusieurs reprises, il a affirmé que le virus avait été créé par… certains. Surtout par Emmanuel Macron, un horrible individu ricanant, fourchu et cornu, pour « faire partir les gilets jaunes des rues» « Qui en avait besoin, du virus ? », a demandé Lukachenka, selon la vieille antienne chère aux complotistes.

Mais dans le pays, il semble qu’actuellement beaucoup d’hôpitaux se remplissent. Comme en Russie au début de l’épidémie, les médecins et les soignants parlent d’une “explosion des cas de pneumonie”. Comme c’est étrange… Mais la Russie a peu à peu changé sa manière de traiter le problème. Et les citoyens bélarusses, s’ils n’ont pas accès aux médias occidentaux, regardent la TV russe, dont ils comprennent fort bien la langue…

Déni imposé au début, au cours de l’extension de l’épidémie, et sans doute encore, par la suite, mesures hâtives pour en principe, éviter les dégâts trop graves causés à l’économie nationale… Non, en cas d’épidémie, les régimes autoritaires et dictatoriaux ne présentent pas vraiment d’avantages pour les citoyens.

(selon Luc Chaudeur - "Eurojournalist")

belarus2

Publicité
30 mars 2018

Des fonds publics syriens planqués au Luxembourg ?

Les affaires louches de Rifaat Al-Assad, l'oncle de Bachar

assad

80% des affaires traitées par les douanes françaises touchent des fonds d'origine syrienne. Et Rifaat al-Assad, l’oncle de Bachar, en est un des acteurs. Depuis 1984, il vit en Europe où il détient une gigantesque fortune, aujourd’hui dans le collimateur de la justice française. Il possède aussi plusieurs sociétés au Luxembourg.

Le "boucher de Hama"

assad5

Officiellement, depuis 1984, Rifaat al-Assad est un opposant à son neveu Bachar al-Assad. Il a pourtant été par le passé un fer de lance de la répression du régime, comme en témoigne son implication dans le massacre de Hama en 1982. Longtemps protégé par Paris, il est à la tête d’une immense fortune, notamment immobilière. Il a créé neuf sociétés au Luxembourg où il a été un actionnaire de référence de SES. Mais désormais ce sont les revers de fortune qu’il accumule tandis qu’il semble lâché par ses anciens protecteurs français.

Il convient d’observer qu’une centralisation des sociétés s’est réalisée au Luxembourg», constate un rapport des douanes françaises, lancées dans la traque du patrimoine immobilier de Rifaat al-Assad. Le 4 février 2014, deux ONG, Sherpa et Transparency International France, ont porté plainte contre l’oncle de Bachar al-Assad pour, entre autres, recel de détournements de fonds publics et blanchiment. Les ONG inscrivent leur plainte dans le cadre des dossiers des «biens mal acquis», valant à plusieurs dirigeants politiques et chefs d’État étrangers d’être aujourd’hui poursuivis en France.

AdTech adLes deux associations soupçonnent Rifaat al-Assad et sa pléthorique famille (quatre épouses et au moins douze enfants) d’avoir constitué leur fortune à partir de fonds publics syriens détournés en 1984 : 200 millions de dollars qu’il aurait puisés dans la caisse présidentielle quand il a fui la Syrie après une tentative de coup d’État contre son frère Hafez.

D’autres sources évoquent aussi un pactole au moins équivalent amassé dans divers trafics avec le Liban quand il commandait les Brigades de défense de la révolution. Cette milice, forte de quelque 50 000 hommes, a longtemps été redoutée des Syriens, notamment pour sa responsabilité dans le massacre de Hama, qui a fait entre 10 000 et 40 000 morts en 1982. Son implication dans ces événements vaut à Rifaat d’être surnommé le «boucher de Hama» par les Syriens.

Depuis qu’il a quitté son pays avec sa famille et une suite conséquente, Rifaat se présente en opposant politique au régime syrien, à la tête d’un parti sans rôle significatif. Ce statut le met à l’abri des sanctions internationales visant les dirigeants syriens depuis que le pays a plongé dans la guerre civile en 2011. Néanmoins, des élus français, dont l’ancien maire du XVIe arrondissement parisien, qui a eu maille à partir avec lui, demandent ces dernières années que sa fortune doit être saisie.

Les épouses font ascenseurs à part

assad7

Ce natif de Qardaha, âgé aujourd’hui de 79 ans, a vécu depuis son départ de Syrie entre Paris, Londres, Marbella et Genève. Dans les années 80, et jusqu’à récemment, les autorités françaises voyaient en lui un intermédiaire à même d’apaiser les relations entre Paris et Damas, voire un possible remplaçant de son frère Hafez lorsque celui-ci vivait encore. En France, il est décoré de la Légion d’honneur en 1986 tandis que les services de renseignement hexagonaux le couvent de leurs ailes protectrices.

 Rifaat al-Assad tire profit de ce verni de respectabilité pour prospérer dans les affaires. Au fil des décennies, il acquiert un luxueux parc immobilier en France : un ancien haras avec château à Bessancourt dans le Val-d’Oise, des hôtels particuliers et des appartements dans les arrondissements les plus chics de la capitale française, des ensembles de bureaux à Lyon.

 Il fut notamment propriétaire d’un hôtel particulier de 6 000 mètres carrés avenue Foch dont il avait fait sa résidence parisienne. Ses deux dernières épouses, Line Al Khayer et Raja Barakat, accédaient à leurs appartements personnels par des ascenseurs séparés, spécialement aménagés pour éviter qu’elles se crêpent le chignon, rapportait en 2013 un article de Charlie Hebdo versé à l’instruction.

 Les magistrats parisiens estiment la valeur du parc immobilier de Rifaat al-Assad en France à 90 millions d’euros et la cour d’appel de Paris en a définitivement validé la saisie le 27 mars. Entendu par les juges en octobre dernier, l’ancien vice-président syrien a assuré ne pas s’occuper de son patrimoine, disant ignorer jusqu’aux documents qu’il signe. Une affirmation contredite par des écoutes téléphoniques ordonnées par la justice attestant au contraire qu’il suit de près ses affaires.

Associé à des avocats luxembourgeois

Sur le papier, ses biens immobiliers sont en grande partie détenus par des sociétés de droit luxembourgeois. Dans le rapport des douanes françaises auquel Le Quotidien a eu accès, quatre sociétés anonymes luxembourgeoises sont citées : Al Jinane, ELM Investment, AYM et Sounoune.

Ces entreprises ont été immatriculées dans les années 90 et 2000 par des avocats luxembourgeois, agissant en qualité de mandataires et membres des conseils d’administration. Ils ont depuis pris leur distance avec un personnage devenu à leurs yeux sulfureux et dont on craint aussi de possibles représailles.

«Nous n’avions aucune raison de nous méfier de lui. Il tenait ouvertement boutique, ne cachait pas qui il était et il était protégé par des services français», dit sous le couvert de l’anonymat un avocat de la capitale qui l’a assisté dans ses affaires luxembourgeoises. «On s’est dit que nous pouvions travailler avec son argent et que de toute façon nous n’allions pas refaire le monde…», justifie le même, affirmant avoir appris bien plus tard son implication dans le massacre de Hama.

Conseils mouvants et adresses changeantes

assad9

En réalité, Rifaat al-Assad, ses épouses et enfants avaient créé jusqu’à neuf sociétés au Grand-Duché. Deux, les plus anciennes, ont été liquidées. Les autres sont maintenant hébergées par un discret domiciliataire, à Luxembourg, dont les gérants goûtent fort peu les questions portant sur leurs relations avec l’ancien chef milicien.

Avant d’être enregistrées au Grand-Duché, certaines sociétés étaient établies au Liechtenstein. D’autres avaient des actionnaires panaméens et suisses. Toutes étaient aux mains de la famille de Rifaat al-Assad. C’est notamment le cas de Al Jinane SA, spécialisée dans les revêtements de sol, immatriculée à Luxembourg en décembre 2005, période à laquelle la famille rapatrie trois entreprises de Vaduz vers le Grand-Duché.

Les sociétés qu’ils possèdent au Luxembourg sont de deux types : les unes semblent avoir été montées dans le seul but d’héberger le patrimoine immobilier tandis que les autres ont été spécialement constituées pour acquérir des actions dans la Société européenne des satellites, la SES.

503 propriétés en Espagne

Les conseils d’administration de ces sociétés sont très mouvants, les membres de la famille s’échangeant en permanence leurs postes d’administrateurs. Dans les documents notariés rattachés à ces entreprises, Rifaat apparait comme vice-président de la république syrienne jusqu’en 1998. Tout ce petit monde change aussi fréquemment d’adresse entre Paris, Londres et le sud de l’Espagne.

C’est dans ce dernier pays que l’oncle du dictateur syrien fait la une des médias le mardi 4 avril dernier. Ce jour-là, la Guardia Civil perquisitionne l’un de ses complexes immobiliers du port de plaisance huppé de Puerto Banus, en Andalousie. L’enquête vise Rifaat al-Assad pour blanchiment de capitaux en bande organisée et fait suite à celle ouverte en France en 2014. La justice évalue le patrimoine immobilier de Rifaat en Espagne à 691 millions d’euros. Les enquêteurs y ont repéré 503 propriétés, dont un domaine s’étendant sur 3 300 hectares, La Maquina, dans la région de Marbella. L’ensemble de ces biens a été saisi par la justice ibérique, qui a par ailleurs bloqué 92 comptes en banque.

assad2Le 4 avril, la Guardia Civil a perquisitionné un complexe immobilier de Rifaat al-Assad à Puerto Banus, dans le sud de l’Espagne. Le lieu est surnommé « Little Damas ».

Publicité
<< < 1 2
Publicité
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
Derniers commentaires
Archives
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
Visiteurs
Depuis la création 2 250 180
Publicité