Les habitants de Montancy-Brémoncourt, Glère et Vaufrey sont passés par toutes les couleurs, cette semaine. Mardi, des parents ont occupé l’école de Brémoncourt. Jeudi, l’inspection académique du Doubs confirmait la mutation de l’instit’, donc la fermeture de la classe unique. Autrement écrit : la fermeture de la « communale » et le transfert des CE2, CM1 et CM2 à Glère et Vaufrey (les deux autres villages du RPI).
Une décision qui a laissé les bras ballants à beaucoup de monde dans cette vallée du Doubs, éloignée du chef-lieu de canton, Saint-Hippolyte. « Je suis dégoûté, nous avions trouvé deux familles et sept nouveaux enfants, l’inspectrice n’en a pas tenu compte », réagissait jeudi soir le maire de Vaufrey. Dans la foulée, Philippe Vurpillat indiquait ne pas en rester là. Lui qui avait déjà menacé le préfet d’arrêter le Tour de France il y a dix ans pour garder « sa » poste, allait à présent « actionner les politiques ».
Un courrier « urgent et très signalé » du député Marcel Bonnot est arrivé vendredi sur le bureau du recteur. « Vous me voyez sidéré par la décision qui vient de tomber, écrit l’élu UMP. Vous m’aviez assuré qu’il manquait six élèves, nous en amenons sept. Cette décision est inacceptable, elle ne tient pas compte du caractère géographique difficile de ce fond de vallée ».
Réponse au pas de charge du recteur Eric Martin : « Si le nombre des élèves est supérieur à 50, l’Académie s’engage à y attribuer un enseignant supplémentaire ».
Changement de couleur des parents. « Les 50, on les aura. Ici, on fait des enfants en deux mois ! », plaisantent deux mamans. Cas le plus scandaleux de la nouvelle carte scolaire du Doubs, selon le SNUipp-FSU, l’école-mairie de Brémoncourt, construite en 1902, semble bien partie pour être encore du monde, à la rentrée 2011. En partie grâce au maire de Glère. Fin mars, Vincent Lachat a eu l’idée de passer une annonce sur le boncoin. fr. Deux familles, de Montécheroux et du Nord-Pas-de-Calais, ont accepté de s’établir dans le RPI, soit sept enfants en âge d’aller dans le premier degré.
Hier, des parents ont sorti tables et chaises dans la cour et disposé des bottes de pailles sur la route. L’ultime acte de la fronde. « Il faut maintenant mobiliser de l’énergie pour trouver d’autres gamins. Cinq ou six, ce serait bien », estime Jean-Jacques Venditti, le président de la communauté de communes.
Les maires sont prêts à s’engager auprès des bailleurs en cas de défaillance des familles. La maire de Montancy rappelle que l’appartement sis dans l’ancienne douane est à louer. Une dame venue manifester - ou faire la fête - conclut : « Il ne faut pas rêver. Ce qui nous sera (re)donné à la rentrée sera pris ailleurs… »
Damien BESSOT ("L'Est Républicain" du 10/4/2011)