A propos des inondations à Paris
Le "club Danton" dénonce un manque de volonté politique permanent
Pour ceux qui ont été inondés la crue de 2016 a été une épreuve mais cette crue n’a in fine eu que des effets mineurs sur la capitale et la zone aval. Gageons qu’elle va faire couler beaucoup d’encre mais que peu de décisions fortes et pérennes seront prises.
Le niveau atteint à Paris en 2016 est de 6m50 : il est loin des niveaux atteints lors des grandes crues précédentes : 7m32 en 1924, 8m62 en 1910, et même 8m96 en 1658.
Et rien ne prouve que le niveau record de 9 mètres soit le maximum possible. Si l’évaporation des océans augmente par rapport à ce qu’elle était au siècle dernier, les précipitations peuvent augmenter et générer des crues de plus grande ampleur. Le concept de crue centennale ne veut pas dire grand-chose. En 2004, la Vltava a envahi Prague avec un niveau inconnu depuis 500 ans. Pour une ville pourtant beaucoup plus petite que Paris, il a fallu six mois pour remettre une partie du métro en route.
Avec des hauteurs d’eau de 8 à 9 mètres, la décrue peut durer trois ou quatre mois pendant lesquels toute l’activité du Grand Paris sera interrompue. La zone impactée ne sera en effet pas réduite à Paris intramuros mais débordera largement sur une partie de l’agglomération parisienne. L’OCDE pense que cinq millions d’habitants seraient impactés, que les coûts directs pourraient aller jusqu’à 30 milliards et les coûts indirects jusqu’à 58 milliards.
Les quatre réservoirs existant de 800 millions de m3 permettent une réduction de niveau de 70 cm, c’est-à-dire que la crue de 1910 serait de 8 mètres. Le creusement des bassins du projet de la Bassée le long de la Seine (500 millions de m3) permettrait de diminuer la hauteur de quelques dizaines de centimètres supplémentaires mais cela reste totalement insuffisant pour protéger Paris.
En d’autres termes, depuis 1910 on n’a pratiquement rien fait pour protéger Paris de ces crues dont le coût pourrait pourtant être astronomique. Le « petite » crue de 2016 va coûter probablement plus de 2 milliards. Et le coût varie exponentiellement en fonction du niveau atteint.
Par ailleurs, si la décrue dure trois au quatre mois, on serait obligé d’évacuer plus d’un million d’habitants et autant de véhicules. Où ces habitants iraient-ils ?
En cas d’inondation majeure, étant donné qu’on ne se chauffe plus au bois et que le gaz et l’électricité seraient probablement coupés, on ne voit pas comment 2 à 5 millions de personnes pourraient être chauffées et alimentées. On ne connait pas non plus l’effet de l’envahissement des carrières souterraines sur la tenue des immeubles, même récents.
Enfin, cette dernière crue nous laisse une confiance limitée en « Vigicrues » dont les prédictions de niveau sont passées en moins de 10 jours de 4m50 à 5m50 puis à 6m30 pour finir à 6m50 ! Quand on connaît la différence majeure en termes d’impact entre 4m50 et 6m50 on apprécie le manque total de précision de ces prédictions.
La question que doivent se poser nos décideurs politiques est de savoir si on peut se passer de vraiment protéger Paris.
Après la crue de 1910, un des projets examinés a été celui d’un canal de fuite dans le sud de Paris qui court-circuiterait les méandres de la Seine. Il avait été écarté car il ne protégeait pas l’aval.
Ce type de canal de fuite est courant aux USA et aurait un débit supérieur à la Seine car il aurait une pente 3 à 4 fois plus grande avec une longueur 4 à 5 fois inférieure à la longueur de la Seine à Paris. Depuis 1910, on a beaucoup construit au sud et nous ne voyons plus cette hypothèse dans les études de l’OCDE.
Pourquoi alors ne pas envisager des canaux de fuite dans d’autres villes en aval ?
Quelques élus devraient se déplacer à Los Angeles pour voir de tels ouvrages.
Evidemment, comme d’habitude Ségolène Royal s’est gargarisée sur la prévention des crues à Paris alors que la France n’a pratiquement rien fait depuis 1910, si ce n’est de construire quelques barrages capables de diminuer la hauteur des crues de quelques dizaines de centimètres sur un niveau total tout à fait inconnu.
Une crue centennale dans les années à venir est tout à fait possible. Et même en considérant que la probabilité d’un tel événement est faible, son coût potentiel astronomique devrait nous inciter à dépenser ce qu’il faut pour traiter le problème. Il y a bien d’autres dépenses bien moins essentielles.
Il est un peu dérisoire de constater que notre e défense consiste en 50 000 moellons stockés pour protéger les entrées de métro. Mais de quelle utilité seront-ils lorsqu’on aura 10 à 20 mètres d’eau au-dessus des galeries du métro ? Les fuites aux joints et les bouches d’égout auront vite fait de remplir les tunnels du métro si la crue dure quelques semaines. Ce sont surtout des « parpaings psychologiques » qui rassurent peut-être mais ne protègent rien.
Et Anne Hidalgo ferait bien de se préoccuper avant tout des parisiens plutôt que de dilapider leur argent en subventions aux associations de tous poils, en aide aux pays africains, ou en organisation de manifestations soi-disant culturelles qui n’intéressent qu’une poignée de bobos de sa connaissance.
Se rend-elle seulement compte des dégâts physiques et psychologiques de quelques mois d’inondation sur des millions d’habitants ? Apprécie-t-elle les dizaines de milliards nécessaires à la reconstruction et à la remise en état de la capitale ?
Mais non, Parisiens, dormez tranquilles, vous vous débrouillerez tout seuls lors de la prochaine grande inondation.
CLUB DANTON