Sous le mot "Russie", écrit en énormes lettres, figurent des inscriptions plus petites – "Tout va certainement s’arranger" ou "Bonne année". Sur le côté se trouve un QR code géant, via lequel l’utilisateur, censé être redirigé vers un concours anodin pour les fêtes de fin d’année, se retrouve sur le site "La Russie sans Poutine". Sur la page d’accueil, on peut lire non pas les règles d’un jeu pour gagner des cadeaux, mais l’annonce d’une contre-campagne électorale : "Pour Poutine, l’élection de 2024 est un référendum sur l’approbation de ses actions et de la guerre [en Ukraine]. Le 17 mars, la Russie doit comprendre que la majorité ne veut pas de Poutine à la tête du pays."
Ces affiches sont l’œuvre d’opposants bien connus : la Fondation anticorruption, l’ONG d’Alexeï Navalny, pour qui "les résultats du vote seront truqués, mais notre tâche est de faire comprendre à tous, sans eux, que la Russie n’a plus besoin de Poutine".
"Personne ne fera ça à notre place"
La stratégie que défend Alexeï Navalny pour contrer la réélection de Vladimir Poutine est claire : voter pour tout autre candidat que le président russe. Il appelle les citoyens à "convaincre au moins 10 personnes de s’opposer à Poutine" dans les cent prochains jours, durée qui les sépare de la date fatidique de l’élection. "Tout le monde peut participer à la campagne par des appels téléphoniques de prospection. […] Tous ceux qui ont quitté le pays peuvent faire ce genre de démarchage. C’est très simple, il suffit d’essayer", a déclaré Ivan Jdanov, directeur de la Fondation anticorruption dans une vidéo. Les citoyens sont également incités à diffuser cette campagne anti-Poutine dans les rues par des tracts et sur les réseaux sociaux. "Personne ne fera ça à notre place", pointe Maria Pevchikh, présidente du conseil d’administration de la fondation de Navalny.
Depuis 2021, Navalny est emprisonné dans un établissement pénitentiaire de "haute sécurité", où il vit dans des conditions de détention ultra-strictes. Alors que le compteur des 1 000 jours d’emprisonnement a été dépassé au mois d’octobre, les autorités ont annoncé le transfert du prisonnier politique dans un établissement à cellule unique pour une période de douze mois. Au mois d’octobre, trois de ses avocats ont été arrêtés ou visés par des perquisitions. (selon "L'express")