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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
16 novembre 2023

Quand Blienschwiller faisait la révolution

Le journaliste et poète Jean-Christophe Meyer a grandi à Blienschwiller où il plante le décor de son premier roman jeunesse, Le Bundschuh vivra ! Il y raconte une mémorable révolte des habitants en 1493, annonciatrice de la guerre des Paysans au début du XVI siècle.

blienschwillerIl n’y avait que Jean-Christophe Meyer pour écrire cette histoire : il la porte en lui depuis son enfance, nous raconte-t-il à deux pas de la fontaine qui sert de cadre à l’une des premières scènes du roman, au centre de Blienschwiller. Cette histoire, qu’il avait à cœur de transmettre à ses deux jeunes enfants, est aussi « un hommage aux habitants. »

La révolte des paysans contre les inégalités d’alors

C’est un charmant village au milieu de collines plantées de vignes, au pied des montagnes vosgiennes, non loin de Sélestat. Charmant mais bouillonnant, nous apprend Jean-Christophe Meyer assis dans la cuisine du domaine viticole familial. On est vigneron chez les Meyer depuis au moins le XV siècle à en croire les archives, peut-être plus loin encore, et l’un de ses deux frères a repris l’activité. La commune de 300 âmes compte d’ailleurs encore une trentaine de vignerons.

Dans le fumet gourmand d’un baeckeoffe mitonné par son père, Jean-Christophe Meyer explique comment il est tombé petit dans la marmite de l’histoire. Son père justement. Il avait créé un syndicat d’initiatives dans le village et proposait avec « Passé recomposé » des saynètes historiques. L’une d’elles racontait le Bundschuh, cette révolte des paysans contre les inégalités d’alors, entre impôts démesurés, procès iniques et pouvoirs seigneurial et ecclésiastique écrasants.

Le nom du mouvement vient des chaussures à lacets portées par les insurgés qui n’avaient pas les moyens d’avoir des bottes. Jean-Christophe a alors une dizaine d’années, sa passion pour l’histoire locale ne le quittera plus.

Journaliste à L’Alsace , à Saint-Louis, après des études de sciences politiques et l’école de journalisme de Strasbourg, il est aussi poète en français et en alsacien (édité, faut-il préciser, en France, en Allemagne et jusqu’au Québec !). Il a appris le français à l’école : pour un enfant né en 1978, ce n’est pas si courant - mais il n’était pas le seul à Blienschwiller, précise-t-il.

« L’esprit Bundschuh est resté, ils ont un côté rebelle les gens de Bliensch’ »

Dans son récit, les conjurés prêtent serment à la lueur de flambeaux au sommet de l’Ungersberg, sous les regards du jeune héros, Diebold, orphelin de mère, de son amie Agnès et d’un troisième larron, Anton. Chef de file du mouvement, Jacob Hanser, maître boucher dont Diebold est apprenti, prévôt du village. La vie quotidienne dans ce Moyen Âge finissant est dépeinte avec soin, elle porte en germe la révolte qui vient. Les tentatives pour l’écraser n’y feront d’ailleurs rien et la guerre des Paysans éclate en 1525. L’insurrection à Blienschwiller aura été l’un de ses nombreuses prémices.

Le Bundschuh est resté dans les mémoires. Lorsqu’il a été question de s’opposer à la grande région, des chaussures de vignerons avaient été accrochées aux fenêtres des maisons du village, signale Jean-Christophe Meyer : « L’esprit Bundschuh est resté, ils ont un côté rebelle les gens de Bliensch’ et le revendique encore aujourd’hui ! »

Son village et les alentours, jusqu’à Sélestat, sont au cœur du roman. Les archives de procès de certains Bundschuher nourrissent l’intrigue. Jean-Christophe Meyer s’appuie aussi sur de solides références, les ouvrages d’Albert Rosenkranz, La guerre des paysans de Georges Bischoff, ou encore Le soulier lacé , d’Antoine Beck.

Des illustrations de Benjamin Strickler, un cahier historique de Daniel Fischer

Pour le lancement de ce nouvel épisode de Graine d’histoire, exigeante collection jeunesse de la Nuée Bleue qui en est à son onzième volume en trois ans, toute l’équipe a fait le déplacement à Blienschwiller. Benjamin Strickler, auteur des illustrations de tous les volumes, Daniel Fischer, qui signe le cahier historique complémentaire au roman, Sylvie de Mathuisieulx, directrice de la collection, qui a accompagné Jean-Christophe dans l’écriture de ce premier roman, Mathilde Reumaux également, directrice de la Nuée Bleue qui observe que la série trouve son public. L’objectif est de couvrir toutes les périodes saillantes de l’histoire, en remontant jusqu’aux mammouths. Voilà maintenant à portée d’enfants la guerre des Paysans. (selon les "DNA")

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