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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
30 décembre 2022

Corruption en Mongolie et manifestations

Les enjeux internationaux se penchent sur la Mongolie, entre corruption et mauvaise gérance des ressources pétrolières et minières.

mongolie2En Mongolie, la capitale Oulan-Bator est depuis le 4 décembre le théâtre de grandes manifestations anticorruption. Des centaines de personnes protestent jour et nuit devant les bâtiments officiels bravant des températures qui descendent jusqu’à -30 degrés. Les manifestants réclament l’arrestation de certains patrons d’entreprises, soupçonnés d’avoir réalisé des profits illégaux dans une retentissante affaire de détournement de fonds lié à l’exportation de charbon vers la Chine. 86 % des exportations de la Mongolie partent en Chine et la moitié de ces achats chinois sont du charbon. Le secteur minier est un secteur quasi sacré, le seul avantage des Mongols face à la concurrence mondiale. Vraiment ?

La colère des Mongols

Les manifestations se poursuivent au 12e jour de la mobilisation. Ces contestations ne se déroulent qu’à Oulan-Bator, ville de 1,5 million d’habitants mais qui concentre la moitié de la population mongole. Selon Vincent Maire, la mobilisation « catalyse les frustrations en Mongolie », comme une inflation de 15 % par mois, le manque d’opportunités économiques pour la jeunesse, une colère légitime face aux affaires de corruption qui éclaboussent le pays, le « train de vie jugé ostentatoire des députés ». L’étincelle ayant mis le feu aux manifestations est la révélation d’une affaire de corruption d’une ampleur inédite : en neuf ans, 7 000 camions remplis de charbon sont arrivés vides en Chine. Un million de tonnes de minerai ont été détournées.

Le charbon, bénédiction ou malédiction ?

Culturellement et spirituellement, la mine est en contradiction totale avec la tradition mongole du pastoralisme nomade. Avec l’indépendance et la sortie du socialisme en 1989, la Mongolie connaît un effondrement économique. Pour sortir de la crise, le pays crée des mines, exploite ses immenses gisements de charbon et vend le minerai. La rente minière est confiée à des conglomérats « pas toujours disposés à travailler pour l’intérêt général » affirme l’expert. Ces derniers usent de stratégies brutales pour occuper le terrain.

L’économie mongole est déséquilibrée par sa dépendance à l’exportation de charbon et à l’achat de celui-ci par la Chine. C’est le phénomène de « malédiction de la ressource ». La possession de ressources naturelles « ne garantit pas la prospérité, phagocyte le reste de l’économie, n’incite pas à la diversification, facilite la corruption ».

Une oasis de démocratie en Asie ?

La vie politique mongole s’est structurée depuis l’indépendance en 1989 en deux partis : l’ancien parti unique et le parti démocrate. L’alternance régulière occulte « le manque de structure étatique pérenne. La politisation de l’administration (qui change à chaque élection) empêche la mise en place d’une mémoire institutionnelle qui permettrait de porter des projets sur le temps long. Même si les deux grands partis partagent des objectifs communs de développement, la question de la mise en œuvre pose problème, ce qui limite les capacités des autorités mongoles à utiliser la rente pour promouvoir une stratégie de développement » (selon "France-Culture")

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