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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
4 novembre 2022

Le maire de Ribeauvillé dénonce un massacre de cerfs par l’ONF

Dans le département du Haut-Rhin, la chronique est défrayée depuis que le maire de Ribeauvillé, Jean-Louis Christ, a dénoncé publiquement dans la presse, il y a environ 3 semaines, un véritable « massacre » de cervidés organisé par l’office national des forêt (ONF) sur le massif forestier qui occupe une grande part de sa commune. En effet, depuis le début du brame, les agents de l’ONF procèdent à des prélèvements de grande ampleur sur les cerfs, biches et faons qui peuplent l’endroit, au grand dam d’une large majorité de la population ainsi que des chasseurs de ce territoire.

cerfLe président du Groupement d’Intérêt Cynégétique n°1 du département du Haut-Rhin, officiant sur ce territoire, Jean-Claude Million, a décidé de publier récemment un communiqué dans lequel il dresse un tableau de la situation en forêt de Ribeauvillé et dans lequel il manifeste ses inquiétudes face à la gestion de la population de cervidés. Afin que vous vous fassiez votre propre opinion, nous vous livrons ce texte dans son intégralité:

« Mesdames, Messieurs

Cette semaine, de nombreux points de vue et témoignages concernant « le massacre des cerfs » ont été relayés par les médias, et il nous a semblé à ce titre opportun de rappeler quelques vérités tout en réitérant une nouvelle fois notre solidarité et notre soutien total à Jean-Louis CHRIST Maire de RIBEAUVILLE dans sa prise de position pour la défense de la grande faune sauvage dans le massif de sa commune.

Face aux menaces adressées à tous ceux qui ont condamné les faits incriminés, une forte mobilisation est en cours ; il est indéniable que cette affaire a déjà dépassé les frontières de l’Alsace et connaîtra un retentissement national.

Les faits à l’origine de la polémique se réalisent sur une forêt domaniale où l’ONF gère non seulement l’exploitation forestière mais aussi l’activité cynégétique depuis plusieurs décennies. Les directeurs régionaux, départementaux, les responsables d’agence qui se sont succédés n’ont jamais remis en cause la gestion cynégétique sur ce territoire ; pendant plusieurs années, les chasseurs du GIC et les forestiers ont travaillé en concertation vers la recherche d’un équilibre sylvo-cynégétique sans que la densité des cerfs sur cette forêt n’ait jamais soulevé la moindre interrogation chez les forestiers publics.

Mais depuis peu les populations de grand gibier sur les lots communaux voisins (et plus généralement sur l’ensemble du GIC) étaient de plus en plus décriées par les représentants de l’office lors des commissions plan de chasse sans que les comptages ne reflètent une tendance inquiétante.

Les tirs demandés aux adjudicataires n’ont cessé de s’accentuer sur ces 6 dernières années et les plans de chasse ont littéralement explosé depuis 2020 malgré une diminution du cheptel constatée lors des comptages nocturnes et à travers les difficultés de réalisation éprouvées par certains locataires de chasse. C’est alors que la fédération des chasseurs a imposé à l’ONF qui contestait la baisse des animaux et invoquait une dégradation insupportable de la régénération, un renforcement de ses prélèvements.

Curieusement en 2021 le plan de chasse ONF sur ladite forêt domaniale n’était pas atteint et loin s’en fallait. Non gêné par cet échec, l’office s’est enfermé dans sa logique de destruction massive en demandant une nouvelle fois une augmentation des attributions de plan de chasse sur le GIC. Il était donc normal que la commission d’attribution des plans chasse qui répartissait l’enveloppe préfectorale sur le GIC1, a jugé nécessaire de renforcer le quota sur cette domaniale avec le souhait d’un rattrapage des animaux non prélevés l’année précédente.

Répondant à notre courrier de juin dernier relatif à la non réalisation par l’ONF de ses quotas et des sanctions qui devaient en découler, M. le Préfet nous informait en août que l’ONF allait intensifier ses efforts (!?). Alors que l’office condamnait depuis quelques années l’existence d’une surpopulation de cervidés sur le GIC, pourquoi avait-il attendu aussi longtemps pour s’engager dans la voie de la réduction dans le massif surtout si la régénération était dans une telle souffrance ?

Rattrapés par la réalité du terrain, les forestiers publics se retrouvent aujourd’hui contraints de tirer sur tout ce qui bouge dans le but de tendre vers le quota imposé et de ne pas perdre la face comme en 2021. Une non-réalisation deux années consécutives jetterait le discrédit sur le discours et donc tous les moyens sont bons pour tuer du cerf.

L’ONF ne cesse de mettre en avant les problèmes de régénération mais oublie toujours de parler de l’état sanitaire de nos forêts en particulier des bois adultes.

La régénération, c’est « l’arbre qui cache la forêt ».

Des parcelles entières de résineux sont attaquées par les scolytes et les bois périssent sur pied ; cette situation ne cesse de s’amplifier en raison du réchauffement climatique mais aussi à cause des erreurs dans les orientations forestières passées à savoir la mono-sylviculture d’épicéa.

Ce sont des milliers de m3 qui perdent leur valeur marchande (quand ils sont coupés) et qui occasionnent un manque à gagner manifeste pour les communes forestières.

La réponse est toujours la régénération naturelle dont on ne sait ce qu’elle deviendra face aux modifications climatiques.

Mais déjà l’office ne semble plus trop y croire puisque nos forestiers commencent à engrillager les trouées libres pour planter des essences exotiques pour lesquelles on a peu de recul sous nos latitudes ; il faut savoir que cette nouvelle stratégie est condamnée par de nombreux scientifiques, experts et biologistes réputés.

A l’heure où nos forêts exigent donc une attention particulière, où l’ONF cumule les déficits et dénonce le manque d’effectifs, certains de ses agents préfèrent courir les bois avec la carabine à la recherche des cervidés ou passer leur temps en réunion pour débattre des problématiques sanglier dans les prés.

Il existe une grande différence entre un adjudicataire qui paie pour chasser principalement le week-end parce qu’il a une activité professionnelle, et les fonctionnaires de l’ONF qui s’adonnent à la chasse dans la semaine. Ces derniers sont rémunérés par l’Etat pour chasser pendant les heures de travail et c’est bien sûr à travers les impôts que le contribuable participe à cette dépense que l’administration fiscale qualifie de « somptuaire ».

Est-ce vraiment là, la mission confiée à l’Office National des Forêts ? N’est-ce pas une des raisons des difficultés financières que cette organisation rencontre ?

Tout chef d’entreprise sait parfaitement que si ses salariés vaquent à des occupations autres que celles attendues, la rentabilité de l’entreprise s’en trouvera dégradée.

Pour compenser l’absence de produits dû à la réalisation d’activités très disparates et chronophages, qui ne sont pas cœur de métier, la recherche de recettes supplémentaires passe par l’augmentation des frais de garderie facturés aux communes. Une fois de plus, ce sont les citoyens qui se trouvent au bout de la chaîne du financement !

Quand les forestiers donnent des leçons sur la gestion du sanglier et la réduction de leurs dégâts, ils oublient simplement qu’ils ont aussi contribué dans le passé à cette situation. Que ce soit dans les forêts domaniales de plaine ou de montagne, les battues lucratives laissaient apparaître des tableaux impressionnants de sangliers.

L’agrainage, les battues hivernales et l’absence de régulation printanière et estivale occasionnaient des dégâts dans les prés et cultures avoisinantes.

Aujourd’hui c’est l’ONF, dans les négociations du schéma départemental et du cahier des charges qui s’oppose au maintien de la kirrung (appâtage limité à 1kg de maïs par jour, destiné à faciliter le tir du sanglier).

L’Administration qui a autorisée cette pratique, la Fédération des chasseurs, le Fonds d’indemnisation des dégâts de sanglier, les louvetiers, les chasseurs, peuvent témoigner de l’efficacité de cette mesure dans la régulation des populations de suidés au printemps, en été, en automne, en permettant des prélèvements importants bien avant les battues. En montagne 54% des sangliers tués le sont à la place de kirrung.

Déjà des adjudicataires m’ont informé que sans la kirrung, ils ne pourront plus tirer autant de sangliers. La conséquence immédiate sera une recrudescence des dégâts dans les prairies. Avec l’inflation des produits agricoles que nous connaissons, un nombre accru de chasseurs (principalement les résidents dans notre département) abandonneront leur lot de chasse faute de ressources suffisantes, se trouveront dans l’incapacité de payer les indemnisations car insolvables et mettront le FIDS en cessation de paiement (les procédures judiciaires pour le recouvrement peuvent prendre quelques années). Les associations de chasseurs n’ont pas la chance de disposer d’un mécène comme l’Etat qui vient abonder en cas de déficit.Il va sans dire que l’ONF portera une lourde responsabilité dans les futurs dégâts de sangliers qui atteindront des niveaux records, insupportables avec des conséquences inévitables.

Dans un environnement économique qui s’assombrit, les agriculteurs ne seront plus indemnisés ou alors dans des délais très longs (les procédures judiciaires contre les adjudicataires prendront du temps) et comme ils nous l’annoncent fréquemment, de nombreuses exploitations agricoles se retrouveront en cessation de paiemenLa référence à une densité aux 100 ha est une approche complètement désuète, abandonnée par le GIC depuis longtemps en accord avec les directeurs ONF précédents. Densité en zone noyau ou en zone périphérique ? Densité en forêt riche ou pauvre ? Densité en été ou en hiver ?

14 cervidés aux 100 ha constatés en moyenne ou à certains endroits ? Densité de 7 aux 100 ha comme objectif fixé par le schéma mais où puisque la qualité des lots n’est pas homogène ?

Ou encore 2 à 4 aux 100 ha comme le propose l’ONF qui se désolidarise de l’objectif affiché dans le schéma départemental ?

Le GIC a depuis longtemps préféré parler de capacité d’accueil du milieu mais là, les engagements pris par l’ONF dans le cahier des charges et le schéma ne sont absolument pas respectés.

Absence de cerfs exigée dans les prés car ils mangent l’herbe, absence de cerfs attendue en forêts car ils abroutissent les arbres, engrillagement des clairières… mais où ces animaux pourront-ils aller se nourrir ?

Même si ce courrier nous vaudra quelques inimitiés et une surveillance particulière dans l’exercice de notre passion, il nous appartient en tant que responsables du GIC de dénoncer les pratiques qui ternissent l’image de la chasse. A l’heure où certains partis politiques veulent légiférer sur le droit et le bien-être animal, ce que nous vivons à Ribeauvillé est une véritable provocation.

La mairie de Ribeauvillé et d’autres élus, la Fédération des Chasseurs, le GIC ont convenu de se retrouver prochainement pour réfléchir à de nouvelles pistes dans une gestion forestière plus en harmonie avec la gestion cynégétique.

Quoi de plus légitime pour un propriétaire que de se tourner vers son locataire pour convenir avec lui des modalités de préservation de son patrimoine tant faunistique que floristique.

Nous inviterons bien entendu toutes les communes intéressées à s’associer à cette démarche.

Avec nos très cordiales salutations »

Jean-Claude MILLION                                                                     François DELACHAUX

Président du GIC1                                                                           Vice-Président du GIC1

(selon "chassons.com")

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