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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
25 avril 2020

Un médecin de campagne au temps du Covid-19

On est dans le devoir, l’empathie et le soin” : médecin de campagne dans le sud de l’Alsace, Jérôme Ponton avale les kilomètres pour se rendre au chevet de ses patients contaminés par le coronavirus et assume “en première ligne” sa mission de soignant.

alsace

Combinaison et masque FFP2 sur le visage, flacon de gel hydroalcoolique sur la table, le généraliste examine sa patiente : depuis une dizaine de jours, Yvette Forster, 72 ans, est dans la phase dure de la maladie. Ce mardi après-midi, le Dr Ponton s’est rendu à son domicile à Sondersdorf, village d’environ 300 âmes dans le Haut-Rhin, l’un des foyers majeurs du coronavirus en France. “Je suis fatiguée, j’ai perdu 6 kilos”, explique la retraitée, qui s’interroge : “ça dure longtemps cette maladie?” “Ça n’est pas établi mais ça va durer un petit peu encore”, lui répond doucement le médecin. “Le mot d’ordre, c’est le repos”, conseille-t-il encore, avant de prendre congé et poursuivre sa tournée.

Avec le confinement et des patients cloués au lit, “ces visites sont nécessaires”, explique ce jeune généraliste de 35 ans, installé depuis 2017 à Vieux-Ferrette, commune de 700 habitants où il exerce dans un cabinet avec deux autres médecins, dont sa compagne, et quatre infirmières. “Un retour aux sources” pour ce trentenaire formé à Strasbourg mais originaire d’Altkirch, capitale du Sundgau, zone rurale aux confins de l’Allemagne et de la Suisse. Avec une patientèle d’environ 3 000 personnes étalée sur une vingtaine de villages, des consultations en cabinet et des visites à domicile (une vingtaine par semaine), son cabinet ne chôme pas.

Une activité qui s’est intensifiée en mars avec “la vague” de patients Covid, contraignant les sept soignants de Vieux-Ferrette à restructurer leur activité. “Il y a eu un moment avec exclusivement des visites Covid”, explique le Dr Ponton. “Là, on recommence les visites chez des patients chroniques où on n’allait plus pour ne pas faire entrer le loup dans la bergerie…

Le Dr Ponton “m’a sauvé la vie

Après deux semaines d’hospitalisation à Altkirch, Michel Lorentz, 78 ans, a regagné dimanche son domicile de Winkel, à une dizaine de kilomètres de Vieux-Ferrette. “Content de vous revoir !”, lance le Dr Ponton au septuagénaire, très secoué par le coronavirus. “Il n’a pas été placé en réanimation, son cœur ne l’aurait pas supporté”, explique son épouse Agnès, 65 ans. Elle aussi a été contaminée, mais avec des symptômes plus légers. À la place, un protocole médicamenteux a été administré à son mari : “ça passait ou ça cassait…”, se souvient Agnès Lorentz, qui rend hommage aux personnels de l’hôpital Saint-Morand d’Altkirch, où des patients Covid ont été accueillis dès mi-mars pour désengorger celui de Mulhouse, alors submergé.

Christian Boesinger, 63 ans, a également été admis à Altkirch. Ce retraité de Linsdorf, à un quinzaine de kilomètres de Winkel, loue lui aussi les soins prodigués dans cet établissement où il est resté “une dizaine de jours”. “Pour nous généralistes en zone rurale, c’est hyper important d’avoir un centre hospitalier de référence”, souligne le Dr Ponton. À l’heure des restrictions budgétaires dans les hôpitaux, largement décriées par les soignants, il est “important de conserver” ces hôpitaux de proximité, insiste-t-il.

Il dit espérer que la crise du Covid “va faire bouger les choses” et permettre “aux médicaux de reprendre la main sur l’organisation des hôpitaux”, alors que la maternité d’Altkirch a fermé en novembre et que ses urgences sont aussi sur la sellette. Le Dr Ponton “m’a sauvé la vie” en sonnant l’alarme sur l’état de santé de Christian Boesinger lors d’une visite à domicile, assure le retraité. “S’il n’avait pas eu le réflexe de venir de sa propre initiative…”. “Peut-être qu’ici, on est un peu plus en première ligne qu’ailleurs”, analyse Jérôme Ponton. Pour autant, “on ne se sent pas des héros, on n’a pas le sentiment d’être en guerre”. Ce qui l’anime ? Certainement pas le “sacerdoce”, plutôt “la sensation de soigner”. “On est dans le devoir, l’empathie et dans le soin”, glisse-t-il, avant de s’engouffrer dans sa voiture et de partir pour son ultime visite de la journée. (selon AFP/Le Quotidien du Luxembourg)

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Commentaires
D
Eh oui, les médecins de campagne, ne les oublions pas ! C'est pour ça que tous les soirs à 20h00, faites du bruit pour tous ces "soldats" qui sont au front de cette saloperie biologique !<br /> <br /> J'ai parlé avec du personnel hospitalier, ils y sont très sensibles.<br /> <br /> Et pour les croyants, n'est-pas un peu, comme une prière, puisque l'Eglise et le Culte sont en suspend ?
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