Esclavage/immigration
Le scandale international de la vente de migrants africains comme esclaves en Libye a de nouveau mis sur le devant de la scène (ou mis en scène ?), de façon tragique, la question de l’immigration africaine vers l’Europe. Le président du Niger Mahamadou Issoufou a expressément demandé que la question de la vente aux enchères d’esclaves soit mise à l’ordre du jour du sommet. Cette pratique, grâce au reportage de CNN, a provoqué une vague d’indignation mondiale. Mais cette pratique était déja connue depuis des années par les dirigeants occidentaux et africains, alertés par les ONG.
Et le président du Niger, en évoquant cette affaire, évitera donc bien sagement le problème de l'uranium exploité aux dépens du peuple nigérien par AREVA, dont les affinités avec le premier ministre français Edouard Philippe sont connues.
Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a demandé "des mesures urgentes et coordonnées entre les autorités libyennes, l’Union africaine, l’Union européenne et les Nations Unies". Voeu pieu qui sera exaucé le temps d'une déclaration commune. et la reprise des "affaires juteuses".
Sécurité/menace jihadiste
La question de la sécurité et des menaces terroristes devrait aussi être discutée par les chefs d’Etat et de gouvernement, alors que l’Afrique de l’Ouest notamment connaît depuis quelques années une montée en puissance de groupes jihadistes, d’ailleurs en partie liée à la désespérance de la jeunesse africaine, selon des analystes. L’UE affiche son soutien au G5 Sahel, un groupe de cinq pays (Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad) qui s’efforce de mettre en place une force antijihadiste dans cette région, mais le financement de cette force est encore largement insuffisant. Seule la moitié du budget de cette force a été réuni, bien qu’il ait été divisé par deux, à 240 millions d’euros. L’UE en a promis 50. Les chefs d’Etat devraient appeler à une plus grande coopération militaire et au niveau des renseignements tout en demandant à chacun (le nord comme le sud) de faire plus d’efforts. Et comme l'UE est en pleines restrictions budgétaires macroniennes, on voit bien ce que cet appel signifie : une plus grande participation financière des pays africains.
L'éclaireur marocain
Le roi du Maroc Mohammed VI est arrivé le premier dimanche après-midi en Côte d’Ivoire en vue du sommet. Sa présence avait un temps fait débat en raison de celle du Front Polisario, qui a proclamé une République arabe sahraouie démocratique au Sahara occidental, un territoire que Rabat considère comme sien. Mais, on veut bien occulter ce problème si la diplomatie marocaine permet de rapprocher quelques points de vue au profit de l'Europe avant le début des entretiens. Macron va faire jouer toutes ses relations maghrébines.
La liste exacte des chefs d’Etat et de gouvernement participants n’était toujours pas connue en ce début de semaine. Mais sa majesté Macron sera là les deux jours, histoire de tout contrôler et de tout imposer. La Françafrique macronienne serait-elle revenue aux temps les plus colonialistes ? En tous cas, la fin de semaine fera d'Abidjan la capitale du 3ème Empire napoléonien.