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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
3 février 2015

Salaire minimum pour les chauffeurs routiers en Allemagne

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La décision allemande d’instaurer un salaire minimum à 8,50 euros de l’heure génère la polémique chez les partenaires commerciaux européens, en particulier les transporteurs polonais qui accusent le gouvernement de protectionnisme. Les chauffeurs routiers étrangers traversant l’Allemagne reçoivent donc une augmentation de salaire conséquente, qui dérange les firmes d’exportants.

« La Pologne appelle la partie allemande à ne pas appliquer ses nouveaux règlements, en particulier à l’égard des routiers effectuant des transports en transit (de personnes et de marchandises) à travers le territoire de la République fédérale, jusqu’à l’examen de la conformité de ces règlements et de leur interprétation au droit de l’UE« , a déclaré le ministère polonais de l’Infrastructure et du Développement, qui englobe aussi les transports.

Les réactions sont nombreuses en Europe centrale, où la Hongrie et la République Tchèque se déclarent elles aussi inquiètes de la mesure allemande. La rémunération des chauffeurs varie en moyenne de 1.290 euros en Hongrie, à 1.685 euros en Slovénie, en passant par 1.524 euros en Slovaquie, et 1.428 euros en Pologne. En comparaison, le salaire moyen allemand avoisine les 2000 euros *. Des surcoûts qui suscitent l’ire des compagnies de transports qui en appellent à Bruxelles et s’interrogent sur la « conformité au droit européen« .

Comme le souligne un copropriétaire d’une entreprise de transports tchèque, « la charge administrative est excessive. Comment sommes nous censés prouver que nous rémunérons exactement 8,50 euros de l’heure, alors que le paiement se compose d’un salaire et de primes variables valorisant la performance, la qualité du travail et l’économie de carburant ?« 

Un autre patron polonais souligne que « les exigences des clients varient en permanence, les décalages et modifications horaires sont fréquents et il est impossible de savoir à l’avance combien d’heures de travail les routiers effectueront en territoire allemand« .

« C’est une action hostile, contre l’économie polonaise. Ils veulent nous éjecter du marché » dénonce Władysław Frasyniuk, chauffeur de poids-lourds et ancien leader du mouvement Solidarnosc. 

Le salaire minimum ne concernerait pas les hôtesses et stewards dans les transports aériens. La contradiction est pointée du doigt par tous les détracteurs de la MiLoG (Loi sur le salaire minimum). La nouvelle réglementation routière influerait non seulement sur les transports mais aussi sur les exportations polonaises, dont les coûts augmenteraient de 10 à 15 %.

Concrètement, c’est au rôle de la douane allemande de vérifier que la nouvelle règle est bien respectée. Avant d’envoyer ses chauffeurs en Allemagne, le transporteur étranger doit faire face à la machine bureaucratique: renseigner un formulaire sur le site de la douane allemande (uniquement disponible en allemand), envoyer sa programmation au centre des finances de Cologne…  Si le paiement du salaire minimum n’est pas respecté, le transporteur s’expose à des amendes pouvant atteindre les 500 000 euros.

Sur le plan politique, la grande coalition au pouvoir s’expose à un nouveau différend. La mesure est perçue comme une victoire pour le SPD, comme le déclare sa secrétaire générale Yasmin Fahimi: « Les lobbyistes du dumping-salarial vont devoir l’accepter et abandonner progressivement leur opposition à une rémunération équitable des travailleurs.« 

Les contrôles prévus sont toutefois déplorés par les firmes et par les libéraux, comme le souligne le vice-président du groupe parlementaire Michael Fuchs: « C’est une tragédie que 1600 douaniers soient mobilisés, alors que dans certains Länder des policiers font défaut. Les sociétés sont contrôlées, mais les cambrioleurs, eux, pas arrêtés. Pour ce contrôle du salaire minimum, le gouvernement fédéral va dépenser 100 millions d’euros par an. Il serait préférable d’ajuster mieux que ça les fonds et la répartition des policiers. »

Toutefois, des interrogations se posent au sujet de l’application de la mesure. Les contrôles douaniers à venir soulèvent un paradoxe, celui de la vérification du paiement des chauffeurs, dont la fraude est condamnable en Allemagne. Mais qu’en est il en France et dans les pays partenaires, où les conducteurs de poids-lourds sont plus observés pour des questions de santé que pour des harmonisations salariales ? En Europe, les différentes apparitions de salaires minimum n’avaient pas entrainé ce genre de contrôle précis. Visiblement, l’Allemagne en entend autrement.

La France aussi est confrontée à des revendications salariales de la part des routiers, qui appuyés par les syndicats CGT et CFDT, réclament une augmentation de 5%, là où le patronat n’offre que 1% pour les cadres et 2% pour les petits salariés. Les négociations apparaissaient longues et difficiles, alors que les chauffeurs bloquent les sites logistiques et pétroliers du pays depuis plusieurs jours. L’instauration du salaire minimum outre-Rhin va-t-il changer la donne ? (extrait de "la gazette de Berlin")

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Commentaires
D
ils ont le smic a ce taux, mais contrairement aux français, pas ou peu de limitation d'heures, de même que les charges sont bien moindres..... et voilà
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W
Bon article.<br /> <br /> En France, les chauffeurs-routiers sont traités selon les lois du pays où se trouve le siège de leur société. Cette façon de faire permet aux transporteurs étrangers de faire du transport régional et même local chez nous : ex. Willy Betz qui a sont siège en Roumanie.<br /> <br /> Le smic allemand est beaucoup plus contraignant puisqu'il doit être appliqué à tout travail sur le territoire national, y compris pour les entreprises ayant leur siège ailleurs.<br /> <br /> Si on veut créer une Europe politique, il faudra un jour arriver à avoir les mêmes lois partout.
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