RN 59 : riverains et usagers otages de la guerre viticole
Alors que les responsables de l'AVA (association des viticulteurs d'Alsace) avaient été associés aux travaux pour constituer le dossier soumis à enquête publique et que ceux-ci ont déclaré publiquement accepter le projet qui tenait compte de la majorité de leurs doléances, on peut s'étonner qu'un viticulteur en particulier dépose un recours au Conseil d'Etat. Il ne nous appartient pas de juger sur le fond, et nous ne le ferons pas. Nous avons cependant, auprès des uns et des autres de personnes concernées, recueilli des informations qui éclairent le dossier d'un jour nouveau.
Ainsi, avons-nous appris que la SAFER (Société d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural) aurait joué un rôle dans cette affaire. Elle aurait été chargée de faire l'inventaire des terres viticoles pouvant convenir à un échange pour les propriétaires se trouvant sur le tracé du futur contournement. Et c'est à ce propos que de nombreux mécontentements se sont exprimés (publiquement ou en privé ?) pour dénoncer l'injustice de la répartition, certains reprochant ouvertement à certains responsables locaux de l'AVA de s'être fait la part belle.
D'autres membres locaux de l'AVA auraient joué le double jeu, acceptant de négocier, mais pas malheureux de voir venir un recours d'une EARL en particulier, sans avoir à le faire ! En tous cas, il semble qu'on savait depuis longtemps en haut lieu de cette instance qu'un recours serait déposé. Espérons en tous cas que leur vin ne soit pas aussi trouble que leur jeu de "vilains" (le vilain était autrefois le riche paysan à l'opposé du serf qui était l'égal d'un esclave pour le seigneur).
Quant à Alsace-Nature, il semblerait qu'après leur tentative de recours amiable, ses dirigeants se disent maintenant "vigilants au respect de la loi sur l'eau". Espérons qu'ils ne la mélangent pas au vin des alluvions de Châtenois pour en faire un mélange détonnant !
Les usagers et riverains sont pris en otage dans cette guerre corporative qui ne dit pas son nom. Combien faudra-t-il encore de morts sur cette route pour qu'enfin les élus, complices par leurs silences, se réveillent et décident de faire bouger les choses ! Espérons que ce n'est pas un crément, une "vendange tardive" et l'espoir d'un bulletin de vote qui soient leur seule motivation !