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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
18 novembre 2012

IKEA, la prison !

ikeaAprès Ikea en Italie, Ikea en Turquie et Ikea à Cuba, c’est Ikea en RDA. Le groupe suédois rajoute un scandale à son palmarès, celui du travail forcé des prisonniers en ex-République démocratique d'Allemagne, et tente aujourd’hui de sauver les meubles, en déclarant officiellement ses excuses.

Depuis six mois, les rumeurs bourdonnent autour d'Ikea : le constructeur de meubles aurait, selon les témoignages d’anciens prisonniers politiques en RDA, utilisé d’anciens détenus de manière illégale dans ses usines de montage. C’est un rapport du Frankfurter Allgemeine Zeitung , paru en mai dernier, qui a déclenché l’enquête. Il avançait que, dans les années 1970/80, des sous-traitants de la filiale auraient eu recours au travail forcé et à la chaîne dans quelques prisons de RDA (à Naumburg ou Waldheim par exemple), transformant ainsi les cellules en « camps de travail ».

Hier matin, le producteur de meubles a publié un rapport* sur le sujet démontrant « que des prisonniers politiques et des détenus ont participé en partie à la production de composants ou de meubles, qui ont été livrés à Ikea il y a 25 à 30 ans ». A cette époque, le constructeur suédois (pays neutre pendant la Guerre Froide) avait délégué une partie de ses ateliers de montage à des entreprises d’Etat de la RDA. Selon l’entreprise, la principale raison de cette bavure est que "à l'époque, nous n'avions pas le même système de contrôle que nous avons aujourd'hui, et nous n'avons clairement pas assez pris de mesures pour empêcher de telles méthodes de production". Certes, mais comment expliquer que l’affaire ne surgisse que maintenant, alors que les victimes, elles, en parlent depuis des années ?

 Ikea présente officiellement ses excuses : "Nous regrettons profondément que ce soit arrivé", a déclaré Jeanette Skejlmose, membre de l'équipe dirigeante de l’entreprise. Elle annonce aussi être prête à financer un éventuel projet de recherche plus poussé sur le travail forcé, cette fois menée par l’Association des victimes de la dictature communiste (UOKG). Le commissaire fédéral chargé des archives de la Stasi, Roland Jahn, a aussi déclaré que ce « point noir » du travail forcé sous la dictature en RDA, dont le chiffre s’élèverait à environ 10 000 prisonniers, devait être éclairci.

De la RDA à Cuba !

Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a également statué qu’en 1987, un accord entre un groupe d’experts de la RDA et le ministère de l’intérieur cubain aurait été signé, décidant d’un approvisionnement de l’île en pièces détachées. La cellule des prisonniers cubains se serait transformée en atelier à la chaîne, afin d’assembler les objets du contrat : 35 000 tables de salle à manger, 10 000 tables pour enfants et 4000 costumes trois-pièces. Ikea avait nié avoir été mis au fait de ce contrat avec ses sous-traitants („Kunst- und Antiquitätenhandel GmbH“ (KuA) et „Delta Export Import GmbH“). Le géant du meuble avait donc lancé sa propre enquête et avait déclaré vouloir consulter les archives de la Stasi (police politique de la RDA) sur le sujet. Au final, le porte-parole d’IKEA avait déclaré que l’entreprise « condamnait l’utilisation de prisonniers politiques » dans sa production, « au sens le plus strict du terme ». De plus, même s’il prenait ces accusations très au sérieux, le constructeur avait continué de nier l’utilisation des prisonniers dans sa filiale.

Les syndicats aux trousses !

Outre son image de scandinave écolo, pratique et efficace –que revêtent volontiers les marques comme Ericsson, TetraPak ou Bang&Olufsen- Ikea est loin d’être au-dessus de tout soupçon sur le droit des travailleurs. Les produits alimentaires bios, les engagements écolos avec la WWF ou encore les dons au Pakistan ou en Inde ne suffisent plus à détourner l’attention des problèmes internes d’Ikea. Les grèves syndicales s’enchaînent dans certains lieux d’implantations, comme en Turquie, en Italie ou même en France. Selon Stephan Boujnah**, co-fondateur du think-tank « En temps réel », il ne s’agit pas d’une crise du modèle suédois, mais d’une crise du secteur de la distribution.

Laura Berger - La gazette de Berlin 

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Commentaires
T
Voilà comment on baisse le coût de fabrication ! Pas très glorieux !
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