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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
21 octobre 2012

Rambervillers : les poubelles de la colère

Pendant quelques minutes, la tension était à tel point palpable qu’on a bien cru que la vingtaine de gendarmes casquée, matraque et bouclier au poing, allait charger. Et puis finalement non, tout est rentré dans l’ordre. La place du 30 septembre à Rambervillers a été une nouvelle fois, hier soir, le théâtre de la colère des habitants de la ville et de la communauté de communes, la 2C2R, plus de 700 personnes selon les forces de l’ordre, qui protestent de plus en plus vigoureusement contre le ramassage des ordures à la pesée. Une nouveauté dans le quotidien des foyers à compter du mois de janvier, un budget à la hausse à prévoir pour les ménages.

 

UNE SORTIE DE POUBELLES UNE FOIS PAR MOIS

« Avec mon bébé, j’ai 80 kg de couches par mois. Avec la pesée embarquée, je vais payer 350€ par an, rien que pour ça, sans compter les autres déchets », affirme Aurélia. Elle est venue en famille, avec mari et enfants pour dire non au système mis en place par la 2C2R. « On nous dit de trier mais finalement, c’est trier plus pour payer plus », constate Evelyne, une habitante de Saint-Gorgon, qui a fait ses calculs « à peu près parce qu’on ne sait rien de précis. Quand des agents sont passés chez nous pour nous présenter les choses, ils n’avaient aucun tarif. » A 0,32€ le kilo d’ordure, contre 0,07 à Baccarat par exemple, la facture chiffre vite, d’autant qu’il ne faut sortir sa poubelle « qu’une fois par mois, reprend Evelyne. Chaque sortie supplémentaire coûte 2,20€. » Beaucoup d’argent pour des familles déjà pas bien riches. Et un sérieux problème de logistique : « Comment vont faire les gens qui habitent en appartement ? Ils vont devoir stocker leurs poubelles chez eux pendant un mois ? », s’interroge une habitante du centre-ville.

Le maire et vice-président de la 2C2R, Gérard Keller, est venu courageusement dans la foule pour tenter de répondre aux questions de ses administrés, qui ont l’impression d’être « des vaches à lait. » Pourquoi ne pas vendre les poubelles plutôt que de nous les louer (entre 127 et 250€ par an selon la contenance) ? Comment vont faire les personnes âgées, les malades dont les soins produisent des déchets ? Ou va l’argent ainsi collecté ? Autant d’interrogations sans réponse. « De toute façon, vous vous en foutez », apostrophe une manifestante. « Non, Madame, si je m’en foutais je cultiverais mon jardin depuis 10 ans. Nous sommes en période de test, tout n’est pas encore calé », réponds le maire, qui s’avoue toutefois coincé entre deux chaises : la communauté de communes d’une part, qui a réalisé des investissements et entend les rentabiliser, et ses administrés d’autre part, qui s’attendent à recevoir une note salée. Sans tout comprendre. « On ne nous a rien dit sur les tarifs, on ne sait rien. De toute façon, en janvier je ne paierai pas. Même si les huissiers viennent chez moi », s’agace un homme. « Je ne suis pourtant pas une révoltée mais là, ça va trop loin », reprend une femme.

Pris à parti, Gérard Keller est rentré dans sa mairie après avoir reçu des jets d’œufs. Il est ressorti quelques minutes plus tard, toujours pour tenter de calmer la foule, qui grondait de plus en plus. Il a toutefois été salué par quelques bonnes âmes reconnaissantes : « Il est courageux, tout le monde n’aurait pas fait ça. »

Au milieu de la place, les déchets s’accumulent et certains manquent de partir en fumée, quelques jeunes manifestants ayant décidé de corser les discussions.

Jean-Marc Habert, le président de la 2C2R était présent lui aussi, entouré par les gendarmes. De son côté non plus, les habitants n’ont pas trouvé de réponses satisfaisantes. « Il faut attendre le mois de décembre. Nous ferons un point à ce moment-là pour voir combien cela coûtera réellement », a tenté le président. Pas de quoi calmer la foule. Plus de deux heures après le début de la manifestation, la place était toujours noire de monde. A l’arrivée du cordon de « boucliers », l’ambiance redescend un peu mais les « Keller démission », retentissent dans la ville. Il s’en est fallu de peu pour que la soirée dégénère mais les 35 gendarmes et policiers municipaux étaient sur le pied de guerre. La colère n’est pas tombée pour autant. « S’il le faut on reviendra. Et on ira les déposer directement chez le maire, nos poubelles », grogne quelqu’un.

Il reste trois mois à la communauté de communes pour tenter de désamorcer un conflit qui vire à la crise de nerf. Réunions publiques et autres rencontres ne seront pas de trop pour expliquer aux habitants de Rambervillers et des villages alentours qu’il va falloir sortir le portefeuille.

Marion JACOB - Vosges-Matin)

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Commentaires
G
C'est pas dans le val de Villé que ça se passera ! ça râle, ça gueule, mais ça ne se bouge pas.
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D
Ah c'est lancé chez vous,alors ???<br /> <br /> Vous pleurez (déjà) peut-être,mais c'est dans l'air du temps et ça va être généralisé..<br /> <br /> Je l'ai lu quelque part il y a plus de six mois...<br /> <br /> Alors ça va venir ici aussi.<br /> <br /> <br /> <br /> Comme disait l'humoriste :<br /> <br /> Pour garder votre ville propre,allez déposer vos déchets dans celle d'à côté...
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