L'hypothétique union de la droite
André WANDOCH fait paraître dans la rubrique "Chroniques des abonnés" du journal "le Monde" :
"On savait la droite diverse. Au rythme de son évolution actuelle, on va bientôt pouvoir parler de droite éclatée. Si l'on examine les différentes déclarations des leaders des courants et sous-courants qui la constituent, on voit apparaître moins de pensées que d'arrière-pensées.
Ce qui rend l'analyse complexe, c'est l'obligation de nous projeter en grande partie non pas sur l'élection présidentielle de 2012, mais bien sur celle de 2017. Pour la prochaine échéance, le principal candidat de la droite en la personne de Nicolas Sarkozy ne fait pas débat. Sauf évènement exceptionnel de dernière minute, il est certain que sa candidature sera confirmée. Seule question en suspens : faut-il réaliser l'union de la droite UMP dès le premier tour, ou faut-il avoir plusieurs candidats dans l'espoir de ratisser plus large au second tour ? La bataille consistant à être le principal porteur et instigateur du projet présidentiel se situe déjà dans une logique de candidature en 2017. C'est la légitimité du chef de gouvernement contre celle du chef du parti majoritaire. On avait connu ce genre de duel au Parti Socialiste en 1986. Il opposait Lionel Jospin, premier secrétaire, à Laurent Fabius, premier ministre, pour la conduite des élections législatives.
Dans la perspective de 2017, on peut distinguer dans l'UMP actuelle deux courants qui eux-mêmes se scindent en deux. D'un côté les ex-RPR, une partie derrière JF Copé, les autres derrière F. Fillon, de l'autre côté les ex-UDF, divisés entre Radicaux et Nouveau Centre. On pourrait bien sûr compliquer encore la situation en introduisant dans cet état des lieux, F. Bayrou et son Modem ainsi qu'une personnalité qui à n'en pas douter jouera un rôle important, Marine Lepen et lefront National. Le rôle que jouera cette dernière est contrairement aux autres directement dépendant de l'élection de 2012.
Depuis le dernier remaniement, on peut dire que le pouvoir appartient presque exclusivement aux ex-RPR. Fillon à Matignon, Copé à l'UMP et au groupe parlementaire à travers son ami Jacob. Il est probable que JF Copé a participé à la reconduction deF. Fillon au poste de premier ministre plutôt qu'à la nomination de J.-L. Borloo. L'explication est probablement plus tactique que politique. En cas de défaite de N. Sarkozy en 2012, il ne serait pas seul en qualité de secrétaire général du parti à assumer l'échec. La responsabilité serait partagée avec le chef du gouvernement. Hors du gouvernement, F. Fillon aurait été moins contrôlable. Néanmoins, la bataille entre ces deux prétendants fait rage. On peut d'ailleurs se demander parfois dans quelle mesure J-F Copé ne mise pas sur un échec de N. Sarkozy. Il ne se passe pas une semaine sans qu'un membre du gouvernement ne soit envoyé au front pour contrer les positions du maire de Meaux. Qu'il s'agisse du débat sur les 35 heures, celui sur le patrimoine des députés ou plus récemment celui sur la TVA sociale, ses positions vont toutes à l'encontre des positions du gouvernement. Les débats qu'il suscite ne font pas partie de la feuille de route fixée par le Président de la République. Si au sommet du pouvoir on n'intervient pas pour dénoncer ce que sont d'après Dominique Paillé (autre victime de Copé) des débats non maîtrisés, ils peuvent représenter dans le débat des présidentielles un handicap non négligeable.
Les ex-UDF représentés principalement par les radicaux de J-L Borloo et les centristes disséminés dans plusieurs chapelles avec comme principal leader actuel H. Morin, donnent l'impression d'avoir moins d'ambitions. C'es probablement l'habitude d'être les éternels supplétifs. Malmenés lors du dernier remaniement, ils ne donnent pas l'impression de vouloir peser par eux-mêmes dans le combat des présidentielles. Les difficultés qu'ils rencontrent pour réaliser leur union leur enlèvent une bonne partie de leur crédibilité. Pour eux aussi il reste avant 2017 beaucoup de travail à réaliser avant d'espérer peser efficacement sur le destin du pays.
On le voit, surmonter les difficultés inévitables causées par des visions qui sans être antagonistes peuvent être différentes n'est pas l'apanage de la gauche. Dans ce domaine, la droite n'a rien à envier. Par respect pour ceux qui se battent principalement pour des idées, nous n'aborderons pas les problèmes d'ambitions personnelles."
André Wandoch - Lalaye