Le congrès du centenaire des Maires de France a eu lieu dans la semaine qui vient de se terminer. La France a 36.000 communes, 14.000 maires sont venus ! Nombreux sont les maires ruraux, qui ont pu écouter, discuter, échanger. Voici les réflexions de l'un d'eux, Michel MOINE, maire d'Aubusson :
"Le congrès des maires auquel j'assiste est particulier à plusieurs égards. Il est celui du centenaire de notre association, créée à l'époque par le maire de Nantes. Le premier congrès avait réuni 48 maires sur deux thèmes: les libertés locales et la fiscalité communale, alors que venaient d'être abolis les octrois. Cent ans après, ces deux thématiques sont toujours au coeur des préocupations des élus municipaux, et ont largement été évoquées hier dans les premiers débats de congrès. Notre 90e congrès, celui du centenaire donc, est intitulé " Maires et citoyens: construire ensemble" et pose comme question: "Que peuvent légitimement attendre les citoyens de leur maire ? Est-il en mesure compte tenu de ces pouvoirs et de ses moyens, d'y répondre ?"
Dans le premier débat de la journée d'hier, consacré aux "territoires ruraux: nouvelles chances, nouveaux défis", je suis intervenu pour en souligner la duplicité. En effet, je vois bien les nouveaux défis qui nous attendent, désertification rurale en matière de services publics ou en matière médicale par exemple. Ce déménagement du territoire n'est pas de nature à favoriser le développement économique des secteurs ruraux, et je ne suis pas sûr que les TIC représentent une solution universelle à tous les services qu'on nous retire.
Il est d'ailleurs assez frappant d'entendre la logique des "déménageurs": le tribunal ? Mais vous n'y allez pas tous les jours ! Le directeur départemental de la Poste ? Mais qu'est-ce que celà peut bien vous faire, c'est le facteur qui compte ! Les trésoreries ? Vous avez internet ! Les lignes et les gares de chemins de fer secondaires ? Mais à quoi servent-elles ? Les hopitaux ruraux? Ils sont trop petits !
Et à chaque fois, on nous demande pourquoi nous nous battons pour garder, développer ou moderniser ces équipements ou services...
La réponse est pourtant simple: si nous voulons rester attractifs pour les entreprises ou les familles, il faut que l'offre soit complète, il faut que la vie y soit possible sans le sentiment de vivre dans un désert.
Alors, on nous oppose la sacro-sainte logique comptable: celà coûte cher, ce n'est pas rentable. Mais combien coûtera la disparition du monde rural ?
Comme l'a souligné un collègue maire, plutôt que de nouvelles chances, c'est plutôt de nouvelles malchances dont il faut parler pour le monde rural.
L'autre caractéristique de ce congrès, c'est la venue hier après-midi du Président de la république. Nicolas Sarkozy était accompagné de seize ministres, assis sur scène bien sagement en rang d'oignons. Il y aura d'ailleurs une forte présence ministérielle dans les débats de ces trois jours, ce qui est d'usage.
Sauf dans un. Oui, vous l'avez compris, il n'y avait pas un seul membre du gouvernement présent pour évoquer la problématique du monde rural."