Logements sociaux : une vieille histoire
Notre vallée a vu le développement industriel lié au textile dès la fin de la 1ère guerre mondiale. Les patrons ont fait construire d'abord des cités pour leurs ouvriers (rue de Neuve-Eglise, rue de Breitenau essentiellement). Ces cités, réservées aux ouvriers des F.T.V., comportaient des maisons bi-familles ou des appartements à loyers bas, déduits directement du salaire des ouvriers. Ce système a perduré à Villé, mais aussi dans les villages (Fouchy, Lalaye, Maisonsgoutte, etc...) jusqu'aux crises du textile commencées en 1956. Mais encore en 1970, un ouvrier des FTV pouvait obtenir un logement dans ces cités à 150 F de loyer mensuel, alors que le loyer moyen en ville pour un 4/5 pièces équivalent tournait autour de 1.200 à 1.500 F. Autant dire qu'il était pratiquement impossible à un ouvrier de se loger au centre-ville (les salaires mensuels dans les années 60 / 70 pour un ouvrier se situaient autour de 2.500 F/mois). Avec la disparition des FTV, les maisons de la "cité" ont toutes été rachetées par des particuliers. Les loyers élevés du bourg-centre ont entraîné une désertification du centre-ville, et il a fallu se lancer dans la construction de nouveaux logements sociaux (rue Sulzacker à Villé, Bassemberg, Steige, etc...) permettant aux jeunes couples surtout de trouver à se loger à un tarif abordable. L'emploi souvent retrouvé en dehors de la vallée (52 % des actifs travaillent en dehors de la vallée - chiffre donné dans l'étude "Hommes & Territoires") fragilise encore plus le budget familial par les frais de transport engendrés. D'où l'urgence ... Il est vrai que la prolongation de la fermeture systématique d'emplois risque d'ici quelques années de poser le problème en termes de départ définitif d'une population active. Les logements sociaux ne doivent pas être des logements "à minima". Chacun a le droit d'être logé dans des conditions correctes. Les problèmes qui surgissent ne sont, contrairement à ce que l'on laisse souvent sous-entendre, non pas des problèmes de délinquance, de drogue ou de voisinage, mais d'inconvénients pour les locataires eux-mêmes. Un exemple : les enfants de la rue Sulzacker font ainsi tous les jours 7 à 8 km de marche à pied (4 x 2 km) pour se rendre à l'école : voilà un problème qui n'a jamais été pris en compte. Et pourtant qui devrait être facile à résoudre en leur mettant à disposition un des nombreux bus qui passent à proximité ! Mais veut-on s'y intéresser ? De façon plus générale, l'éloignement du bourg-centre représente aussi un handicap économique auquel personne n'avait pensé il y a 20 ans. Aujourd'hui, malheureusement, si l'on est conscient de la nécessité de logements sociaux, on réfléchit non pas en qualité de vie pour ses futurs habitants, mais en économie de projets, en nuisances pour les riverains, ou pire, en termes de spéculation et en éventuel impact sur les loyers du privé. Quant au repeuplement du bourg-centre, il faudra certainement passer par des aides à la réhabilitation accompagnées de conventionnement entraînant la limitation de certains loyers pratiqués. Sans compter que pour éviter de faire d'une grande partie de la population des "aidés", le meilleur moyen serait de revenir à plus d'emploi dans la vallée. On n'en est malheureusement pas là.