En Turquie, le pouvoir d'achat a baissé de 25 % au cours de la dernière année, une catastrophe pour les travailleurs. Cela a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Sur 14 . 5000 salariés de la plus grande usine du pays, Oyak Renault, a commencé une grève dans la zone industrielle de Bursa.
En avril, le personnel d'une usine Bosch, entreprise de fournisseurs, avait menacé de démissionner en bloc, et immédiatement la direction a accordé des augmentations salariales de 12 % à 60 %. Cela a encouragé les ouvriers de Renault à continuer la lutte. Après quelques actions, la direction immédiatement réagi avec une grève d'avertissement en réduisant les licenciements envisagés.
Cependant, les salariés ont continué la grève avec occupation d'usine. Leurs revendications étaient: pas de licenciements, suppression des agents surveillants politiques, et une augmentation de salaire comme Bosch (soit environ 130 euros).
Les salariés des autres entreprises de la région qui vivent dans les mêmes conditions de vie, ont rapidement emboîté: (Tofas FIAT , 6500 salariés), Coskunöz (mineurs, 2000 salariés), MAKO (fabrication de phares, 1100 salariés) ... Au total, près de 16000 défient les directions des entreprises.
Les grévistes ont choisi leurs délégués qui ont représenté dans toutes les discussions avec les directions. Ils avaient la consigne, avant d'accepter une décision patronale, de la signaler à tous leurs collègues rencontrés collectivement qui votaient à main levée ou tout simplement en applaudissant.
Le patronat était naturellement tenté d'intimider ces jeunes délégués résolus.Ceux-ci, cependant, ne se sont pas découragés . Après une menace du capitaine de district de la police, ils ont décidé de ne plus aller aux réunions décidées par le patronat. S'il voulait parler aux grévistes, il pourrait les rencontrer dans l'usine occupée!
Le risque de propagation du mouvement à d'autres grands centres industriels dans le pays a conduit les entrepreneurs Renault à céder. Ainsi, le 27 mai, un accord a été signé : pas de sanctions contre les grévistes, les délégués des salariés deviennent les seuls interlocuteurs valables, 200 € garantis de prime annuelle, 500 € pour mettre fin aux grèves et de nouvelles négociations salariales en Juin. Les salariés sont conscients d'avoir obtenu une grande victoire.
Néanmoins, ce mouvement ne s'est pas est pas arrêté. Il se prolonge maintenant dans les banlieues de plusieurs villes: Ford Otosan, Valeo, Delphi, Turk Traktor à Ankara, Arçelik dans la ville d'Eskisehir, la raffinerie Petikim et la compagnie d'énergie Izenerji à Izmir ...
Les grévistes ont appris très rapidement comment s'organiser, comment mener leur mouvement, comment contrecarrer les plans des espions du patronat et de la police. Et ils voient que les patrons n'ont maintenant plus le choix dès lors que les salariés sont décidés à ne pas céder. Une lutte qui rappelle beaucoup celle des ouvriers polonais de Solidarnosk dans les années 80 et qui a mené à la chute de la dictature de Jaruzelski. Avec ces grèves, et la défaite aux élections législatives, Erdogan a des soucis à se faire.