"Die Grüne" : des Verts qui virent à droite
Les Verts ont-ils trahi la gauche ? La Sarre était appelée à devenir le premier Land ouest-allemand à réaliser l’union de la gauche, avec un gouvernement SPD soutenu par les néocommunistes de Die Linke et les Verts. Mais les Verts sarrois ont décidé en une soirée, dimanche dernier, de virer à droite. Le CDU Peter Müller formera le prochain gouvernement régional, soutenu par les libéraux du FDP et les Verts. D'autant plus surprenant que pendant leur campagne électorale les Grüne sarrois s'en prenaient avant tout à la coalition de la droite CDU-FDP (voir affiche ci-dessous). «Les chrétiens-démocrates et le FDP nous ont fait d’importantes concessions», explique le chef des Verts de la région, Hubert Ulrich qui ne pèse que trois députés au Landtag, mais qui obtiendra grâce à la surenchère deux postes de ministres (Education, Environnement) tout en ajoutant : "Die Linke ne représentent pas un partenaire fiable…" Jamais encore l’Allemagne n’avait connu de coalition dite «Jamaïque» (vert, jaune - la couleur fétiche des libéraux - et noir, pour la CDU) et la décision des Verts de Sarre provoque un raz de marée politique. Au point que la gauche toute entière(à la fois die Linke et le SPD) vitupère et se pose la question au niveau fédéral de savoir si les Grüne sont encore à gauche. «C’est une grande erreur que de placer les Verts à gauche, estime le politologue Peter Lösche, professeur à l’université de Göttingen. On les classe à gauche sur la base des trois mouvements dont ils sont nés, les féministes, les activistes pour la paix et les défenseurs de l’écologie. Mais entre-temps, les Verts se sont normalisés. En termes de coalitions, ils sont à même de s’entendre avec tout le monde. Et ils ont le même profil d’électeurs que le FDP : très bon niveau de formation, revenus supérieurs à la moyenne nationale. La seule différence porte sur leur conception du rôle de l’Etat. Les Verts sont en général favorables à son intervention contrairement aux libéraux.» D'ailleurs, l'affaire de Fribourg-en-Brisgau relève de la même démarche : le Bürgermeister vert Dieter Salomon sera candidat à sa succession avec le soutien du CDU et du FDP qui ne présenteront pas de candidat. Les Grüne se trouveront donc confrontés uniquement au candidat SPD, Ulrich von Kirchbach, qui est déjà dans les starting-blocs et celui des "Wählerinitiative", où l'on retrouve les LINKE et des GRÜNE qui refusent l'alliance avec la droite, qui sera désigné en début d'année 2010. En attendant, il apparaît dans les deux cas, que les Grüne ne représentent pas les classes populaires.
Affiche des Grüne en Sarre pendant la campagne électorale
Autre affiche : "Die Linke" avaient-ils senti "le bouchon" ?