Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
crise economique
5 juillet 2021

Corée du Nord : Covid-19 a bon dos

Le leader nord-coréen Kim Jong-un a révoqué des hauts responsables qu'il a accusés d'être responsables d'un "grave incident" lié à la pandémie de Covid-19.

kim_jong_un_20_6313038

Lorsqu'il y a des remous à Pyongyang, l'opacité reste souvent de mise. Le leader nord-coréen Kim Jong-un a limogé plusieurs hauts responsables qu'il a accusés d'être responsables d'un "grave incident" lié à la pandémie de Covid-19. Ces responsables ont "provoqué une énorme crise pour la sécurité de la nation et de son peuple", a déclaré le chef d'Etat nord-coréen lors d'une réunion du politburo, cité par l'agence officielle KCNA. Si l'on lit entre les lignes, Kim Jong-un semble mentionner pour la première fois la présence de la crise sanitaire à l'intérieur de ses frontières. Alors que sait-on de cette affaire ? 

  • Des responsables accusés d'incompétence

Des membres du puissant politburo du Parti des travailleurs de Corée du Nord et de son presidium ont été limogés et de nouveaux membres ont été nommés mardi lors d'une réunion, a indiqué KCNA précisant que des responsables gouvernementaux avaient été "mutés" et d'autres "nommés".  

L'agence n'a fourni aucun détail sur le nombre de personnes limogées ni sur les faits qui leur sont reprochés, mais Kim Jong-un les a accusés d'être "la proie de l'égoïsme et de la passivité". "L'incompétence et l'irresponsabilité des hauts responsables sont un facteur majeur de ralentissement dans l'exécution de tâches importantes", a ajouté le leader nord-coréen au cours de la réunion, selon KCNA. 

Des images diffusées par la chaîne publique KCTV ont montré des fonctionnaires entrant dans le bâtiment du comité central, et Kim pointant son doigt avec colère en s'adressant mardi à l'assemblée réunie devant lui. Son influente soeur, Kim Yo Jong, figurait parmi les intervenants. Jusqu'à présent, le régime nord-coréen a toujours soutenu que l'épidémie de Covid-19 n'était pas arrivée sur son sol, ce dont doutent nombre d'experts. 

  • Une crise sanitaire avouée à demi-mot

A la tête d'un pays au système de santé défaillant, Kim Jong-un a décidé de fermer en janvier 2020 les frontières de la Corée du Nord afin d'empêcher une propagation du coronavirus apparu chez son voisin chinois. Pyongyang avait été jusqu'à refuser de participer aux Jeux de Tokyo afin de "protéger les athlètes de la crise sanitaire". Par ailleurs, le pays n'a jamais fait état de cas de Covid-19, ni dans les médias officiels ni à travers les chiffres communiqués à l'Organisation mondiale de la santé.  

L'agence officielle a rapporté que le leader avait reproché à des fonctionnaires d'avoir fait preuve de "négligences" étant à l'origine d'un incident "crucial" ayant entraîné "une grande crise avec des conséquences graves en matière de sécurité de l'Etat et de la population". L'information publiée par KCNA "signifie que la Corée du Nord a enregistré des cas", a affirmé à l'AFP Ahn Chan-il, un transfuge nord-coréen devenu chercheur à l'Institut mondial pour les études nord-coréennes, basé à Séoul.

Selon Park Won-gon, de l'Université Ewha de Séoul, le nombre de participants à la réunion était inhabituellement élevé et la référence à de "graves conséquences" signifiait qu'il est "possible" que le Nord ait enregistré des cas." Il semble bien que Pyongyang traverse une situation grave en lien avec le Covid-19", a-t-il ajouté. Si la Corée du Nord avait réalisé une demande de vaccins auprès de Covax, aucun flacon n'a été acheminé en raison de pénuries mondiales.  

  • Un contexte économique et social tendu

Sous le coup de sanctions internationales à cause de son programme nucléaire, la Corée du Nord s'est retrouvée plus isolée que jamais. Son commerce avec la Chine, dont elle dépend lourdement, s'est drastiquement réduit et les travailleurs humanitaires ont déserté le pays. Kim Jong-un a récemment reconnu que la Corée du Nord faisait face à une "situation alimentaire tendue", tirant la sonnette d'alarme dans un pays où le secteur agricole est depuis des années en proie à de graves difficultés. 

Il avait appelé en avril à "mener une nouvelle 'Marche forcée' (...) afin d'aider la population face aux difficultés". La "Marche forcée" est l'expression employée au Nord pour rallier les citoyens pendant la famine des années 1990 qui a fait des centaines de milliers de morts, à la suite de la réduction de l'aide de Moscou après l'effondrement soviétique. (selon AFP) 

Publicité
29 mai 2021

Côte d’Ivoire : coupures d'eau et d'électricité

Un gros frein à l’économie nationale

abidjan

Depuis quelque temps, la Côte d’Ivoire vit au rythme des coupures intempestives d’électricité et d’eau. Aucun quartier d’Abidjan, aucune ville de l’intérieur ne sont épargnés. Une situation qui agit négativement l'économie nationale. Délestage ou rationnement, les ivoiriens découvrent la vie sans eau et électricité.

Plusieurs communes Abidjanaises sont victimes de cette situation. Dans la commune d’Abobo, une manifestation a été organisée pour dire le ras-le-bol face à face à l'absence d'un service de première nécessité. Dans certains quartiers de Yopougon, la pénurie d’eau est plus criant tant la qualité de ce qu'est fourni, sa qualité laisse à désirer.

Les répercussions de ce délestage perturbe le bon fonctionnement des activités économiques du pays. Le prix de certaines matières a commencé à prendre l’ascenseur. Des entreprises des zones industrielles connaissent déjà un ralentissement de leurs activités et il est à craindre des lendemains critiques si la situation demeure en l’état ou s’empire.

Mourir à petit feu

C’est le cas du marché d’Abobo où le prix des marchandises même ceux des produits de premières nécessités ont triplement augmenté. Interrogée, Dame Konaté nous donne des explications.

« En faite, tout devient difficile. Il n’y a pas d’eau ni d’électricité. Avant par exemple, nous attendions les camions de vivriers jusqu’à 23 heures voir minuit ou 1 heure du matin. Pour ensuite nous rendre au marché ici à 5 heures afin de pouvoir vendre comme il se doit. Mais maintenant à 20 heures déjà courant est coupé. On ne peut plus aller attendre le camion la nuit, au risque de s'exposer à des agressions possibles. D’ailleurs comment peut-on travailler dans le noir ? Tout cela a bouleversé le bon fonctionnement d'une économie. Il faut se réveiller à 5 heures pour aller à Adjamé où les camions déchargent et revenir au marché ici avec les embouteillages, il est déjà 8 heures ».

Et d’ajouter : « Il faut que le gouvernement pense à nous parce que vivre sans électricité et eau, c’est mourir à petit feu ».

Même son de cloche pour une dizaine de commerçants interrogés. Contrairement aux vendeuses de vivriers, les coiffeurs et coiffeuses estiment sentir plus le poids de cette situation qui les oblige parfois à passer toute une journée sans ouvrir leurs salons. 

On ne dit pas délestage mais rationnement

Assis à Angré, un quartier de la commune de Cocody, Yves Konan, la quarantaine révolue partage sa peine avec des amis. Pour lui, la coiffure étant son unique activité, il craint des jours pas du tout rose pour sa petite famille. 

« Voici mon petit salon de coiffure. Cela fait des semaines que l’électricité nous pose des vrais soucis. Les clients ont même peur de se faire coiffer de peur de se retrouver avec une partie de cheveux non-rasés. On nous dit de ne pas dire délestage, mais plutôt rationnement. Au lieu de trouver une solution, on préfère trouver un autre nom à cette situation qui met des milliers de personnes au chômage. Mon salon ne marche même plus depuis cette affaire de rationnement. Comment allons-nous vivre si ça continue ? C’est très difficile. À côté de cela, tu finis ton petit boulot, tu rentres et là encore, c’est catastrophique, il n’y a pas d’eau », a-t-il lancé.

Les explications sur la situation de délestage et de pénurie d’eau que vit le pays, entendues à la chaîne nationale, laissent songeur, et inquiètes. Selon les autorités, l'explication de la situation est simple. C'est le niveau d’eau dans les lacs des barrages hydroélectriques qui est à la base des difficultés d’approvisionnement en électricité que connait le pays.

Plus une goutte d'eau

Dans la commune de Yopougon plusieurs quartiers sont privés d'eau depuis quelques semaines voire même des mois. Plus aucune goutte d'eau ne sort des robinets. Ici et là, nous voyons des femmes avec des bassines d'eau sur la tête pour essayer d'avoir un peu d'eau pour les familles, des hommes, pousser des charrettes d'eau, des camions-citernes des agents des sapeurs-pompiers militaires.

Toute essoufflée avec une bassine d’eau sur la tête la jeune étudiante en ressources humaines et communication, Thérèse Tapé nous parle de leurs souffrances quotidiennes. « C’est comme ça ici et cela depuis un moment. Avant l’eau sortait la nuit. Mais maintenant il n'y a plus rien. Aujourd'hui, je profite de mon temps libre pour aller à la cherche l'eau. Avec la pénurie d'eau, nous subissons l'absence d'électricité. Ce qui joue vraiment sur la connexion internet et donc rend les choses plus pénibles. On espère que cette situation sera maîtrisée».

Au quartier Selmer, l’informaticien Traoré Abdoulaye affirme avoir fermé son cyber-café pour un temps. Cela, de peur de subir des courts-circuits. « J’ai fermé le cyber le temps que les choses aillent pour le mieux parce qu' on a l’impression d’être dans une salle de jeux de lumière. J’ai vraiment peur pour mes appareils donc le mieux c’est de fermer en attendant ».

Les promesses du barrage hydroélectrique

Ainsi va la vie en côte d'Ivoire. Pourtant, lors de l’inauguration du barrage hydroélectrique de Soubré, le plus grand d’Afrique, le discours était très rassurant. La promesse était claire. Plus rien ne sera comme avant et que le pays allait accroître la fourniture de l’électricité aux pays voisins frères.

Fort des barrages hydroélectriques existants et de quelques centrales thermiques, le pays n’a guère envisagé d'explorer d’autres horizons pour venir en complément de ce dont il dispose. L’énergie solaire reste à l’état embryonnaire, alors qu'elle aurait pu être un appoint important au moment où les barrages subissent les aléas climatiques. (Selon "Oeil d'Afrique")

abidjan_yopougon

9 novembre 2020

Plus de 40 % des Allemands affirment que la pandémie a affecté leurs revenus

Le choc économique qui frappe l’Allemagne dans le sillage du coronavirus a affecté les revenus d’une part importante de consommateurs, selon une enquête de la Banque fédérale d’Allemagne.

euro

En moyenne, “plus de 40%” des personnes interrogées ont subi une “perte de revenus ou d’autres pertes financières” en raison de la pandémie Covid-19 ou des mesures de restrictions qui l’ont accompagnée, selon une enquête réalisée en mai par la Bundesbank auprès de 2 000 personnes.

Pendant la première vague de la pandémie au printemps, les personnes interrogées ont estimé à 64 euros en moyenne la perte de leur revenu net mensuel pour les douze prochains mois.

Le tableau est contrasté entre 40% qui ont estimé cette perte à “plus de 500 euros par mois”, et 8% ne s’attendant à aucun changement. Par ailleurs, plus de la moitié des personnes interrogées (52%) tablent sur une augmentation moyenne d’environ 290 euros. On retrouve dans ce dernier échantillon surtout les salariés qui espèrent conserver leur emploi et les retraités, s’agissant de leur pension.

Mais l’indicateur de propension à dépenser est resté à un niveau élevé

Pour autant, la pandémie a eu “peu d’impact” sur l’indicateur de propension à dépenser, qui est resté à un niveau élevé, remarque l’institution.

Il s’agit d’un signal encourageant du point de vue de l’efficacité du plan de relance adopté par le gouvernement allemand”, conclut la Bundesbank.

Berlin a notamment décidé au début de l’été de baisser fortement la TVA, afin de relancer la consommation, après la première vague épidémique du printemps. (selon AFP)

4 octobre 2020

Cuba: des files d’attente partout

La galère pours’approvisionner en nourriture

cuba2

Cuba s’enfonce dans la crise alimentaire. Sans tourisme, avec des dépenses pour affronter la crise du coronavirus et des sanctions américaines accrues, l’économie cubaine manque de devises. Le pays importe 70% de son alimentation et le gouvernement parvient difficilement à financer ses importations, le quotidien des Cubains est désormais aux pénuries, aux rationnement et aux files d’attente.

Le soleil n’est pas encore levé, mais déjà plusieurs dizaines de personnes font la queue avant même l’ouverture des magasins, des banques ou des pharmacies. Les files d’attente sont désormais partout !

Leonardo Gonzalez est assis sur le trottoir, comme lui plus de 100 personnes attendent d’entrer dans cette boutique en devises, ici il y a du shampoing, un produit que Leonardo n’avait pas vu en magasin depuis deux mois. « Dans les magasins en monnaie cubaine tu ne trouves rien, ici tu fais la queue mais au moins il y a quelques produits ! »

L’ouverture des magasins en devises depuis juillet dernier est une des solutions mise en place par l’État pour récupérer des dollars et financer ses importations. Mais tous les Cubains n’y ont pas accès.

À l’angle de la place, justement, un magasin en monnaie cubaine, ici il n’y a pas beaucoup de monde, ce qui indique qu’il n’y a sans doute pas beaucoup de produits, Mercedes Morena Agueyo sort avec un petit sac en plastique. « Aujourd’hui il y a du fromage et du jambon, il y a différents produits, pas beaucoup mais il y en a ! Parfois la queue est beaucoup plus longue ! S’il y a du poulet c’est très long, si c’est de l’huile beaucoup plus ! »

Pour un litre d’huile, dans cette ville de l’est de l’île, il faut faire la queue dès la veille. Cette petite dame au dos vouté travaille « pour le peuple », comme elle dit, dans une bodega, l’une de ces épiceries où l’État distribue à des prix subventionnés une certaine quantité de riz, de café, de sucre et de grains. Cela ne suffit pas à se nourrir durant un mois entier, mais c’est une aide non négligeable selon Mercedes Agueyo. « Il faut essayer de survivre comme on peut, mais il apparait toujours quelque chose à manger. Le monde entier est dans cette situation, ce n’est pas seulement Cuba ! »

La FAO estime que la crise du coronavirus pourrait entraîner plus de 83 millions de personnes dans des conditions d’extrême pauvreté et de famine en Amérique latine et dans les Caraïbes. Et Cuba ne fait pas exception, malgré les aides de l’ONU et de l’Union européenne.

Excédé, collé-serré, abrité du soleil sous des parapluies rafistolés, un groupe de femmes fait la queue pour acheter du savon, l’ambiance est clairement tendue, personne ne souhaite s’exprimer au micro, mais Marisa Gonzalez finit par lâcher : « Ici ce qu’il faut c’est qu’on nous enlève le blocus, pour qu’il y ait plus d’approvisionnement ! C’est tout ! Parce qu’ici tout le monde est libre et nous vivons heureux sur cette île ! »

Mais ces files d’attente ne respirent pas le bonheur et les pénuries n’ont jamais été aussi dures en 60 ans de blocus américain.

Depuis le mois de février, le jeune Ramon qui travaille dans un magasin et n’a pas le droit de s’exprimer, ne voit pas s’améliorer la situation.
« Il y a toujours des problèmes dans la queue, les gens s’énervent, il fait chaud, il y a du tumulte. Depuis qu’il y a le coronavirus l’entrée des marchandises a vraiment beaucoup diminué. Ils nous ont dit que l’approvisionnement devrait revenir à la normale quand le monde -avec ce problème de coronavirus- reviendra à la normale ! »

Mais la crise du coronavirus n’explique pas tout et le gouvernement a annoncé un grand plan de souveraineté alimentaire, un discours que beaucoup de Cubains ont déjà entendu à plusieurs reprises ces dernières décennies. (selon RFI)

11 juin 2020

Chez nos voisins de l'Ortenau

Malgré le chômage partiel, malgré les menaces sur les petites et moyennes entreprises, le marché de l'emploi continue à se porter relativement bien dans l'Ortenau.

anpe_kehl_OK_620x310

C’est surprenant : malgré la crise économique qui arrive dans la foulée de la crise sanitaire, le marché de l’emploi dans l’Ortenau voisine se porte relativement bien. Si le taux de chômage y a augmenté au cours du mois de mai, nous sommes loin des chiffres spectaculaires et inquiétants dans d’autres pays. Dans l’Ortenau, le taux de chômage a augmenté au mois de mai de 0,2%, se situant maintenant à 3,8%.

Est-ce que le programme de sauvetage du gouvernement fédéral et du Land sont si efficaces ? Dans la seule Ortenau, 4535 entreprises de toutes tailles ont dû avoir recours au chômage partiel, ce qui ne s’est pas traduit par des licenciement en masse.

Horst Sahrbacher, le chef de l’Agence pour l’Emploi d’Offenbourg, explique la situation : « Au mois de mai, le nombre de chercheurs d’emploi a continué à augmenter. Heureusement, au mois de mai, nous avons enregistré moins de personnes qui se sont inscrites au chômage qu’au mois d’avril. Toutefois, force est de constater que moins de personnes ont trouvé un nouvel emploi au mois de mai que pendant le mois de référence l’année dernière. L’emploi saisonnier dans les hôtels, restaurants et le secteur des loisirs, qui a commencé étape par étape, n’est pas encore reflété dans les chiffres actuels. 4535 entreprises ont fait appel depuis le début de la corona-crise au chômage partiel pour faire face aux problèmes liés à la pandémie et pour sauver les emplois. Ainsi, plus d’un tiers de toutes les entreprises dans l’Ortenau qui emploient au moins un salarié, bénéficient donc du chômage partiel. La demande d’emplois a repris au mois de mai, même si nous n’avons pas encore atteint le niveau de l’année précédente. Mais les changements conjoncturels et structurels avaient déjà conduit à une baisse de l’offre d’emplois qui sera désormais intensifiée par la pandémie. »

Pour Horst Sahrbacher, c’est donc le principe « espoir » – d’une part, il s’attend à une plus forte baisse au niveau des offres d’emploi, mais d’autre part, il nourrit l’espoir que la reprise des activités touristiques pourra générer de nouveaux emplois. Considérant que de nombreuses entreprises dans l’Ortenau ont pu être sauvées grâce aux différentes mesures, il est tout à fait possible que les conséquences des crises actuelles restent gérables chez les voisins en Pays de Bade.

A partir du 15 juin, jour de l’ouverture de la frontière, il faut espérer que le marché de l’emploi commun pourra reprendre sa vitesse de croisière. Ceci serait important, car la situation en Alsace est plus difficile qu’au Pays de Bade ; et si jamais de nouvelles opportunités pouvaient se créer pour les chercheurs d’emploi alsaciens, ce serait bien. Il convient maintenant de suivre cette évolution de près… (selon "Eurojournalist")

Publicité
16 mai 2020

Afrique : La faim inquiète plus que le coronavirus

Dans un contexte où les cas confirmés de coronavirus et de décès liés à la maladie sont en hausse en Afrique, les populations commencent à craindre de plus en plus le manque de nourriture que la Covid-19. C'est ce que révèle l'enquête de GeoPoll.

ciDe nombreuses institutions économiques à travers le monde dont le Fonds Monétaire International (FMI) ont déjà produit des rapports sur les risques du Covid-19 sur les économiques Africaines. La Banque mondiale a déjà averti que l’Afrique va entrer en récession, la première en 25 ans. Les taux de croissance seront revus à la baisse et de nombreux emplois risquent d’être perdus en raison de la crise sanitaire. L’urgence mondiale liée au coronavirus obligent des entreprises à licencier ou mettre au chômage technique bon nombre de leurs employés ou collaborateurs.

Au-delà, les africains qui vivent du petit commerce ou qui sont rémunérés de façon journalière voient leurs revenus s’amenuiser ou disparaitre en raison du confinement et des couvre-feux imposés dans plusieurs pays. Se pose alors pour les africains un réel problème existentiel à savoir comment couvrir des besoins basiques du quotidien comme l’accès à la nourriture. Repliés dans leurs maisons pour se protéger du coronavirus, les africains ont de plus en plus peur pour la nourriture tant pour la hausse des prix, le pouvoir d’achat, l’accès et la disponibilité des denrées sur les marchés.

La recherche réalisée à distance porte sur un échantillon de 4500 personnes interrogées dans 12 pays sur leur perception de la crise sanitaire liée au coronavirus. 80 % des personnes interrogées avaient peur de la propagation du coronavirus dans leur pays, mais 71 % se déclaraient également « très préoccupées » par son impact économique.

L’enquête révèle une inquiétude croissante des populations concernant l’approvisionnement alimentaire. La preuve, dès les premières heures des mesures annonçant les couvre-feux, le confinement et la fermeture des aéroports et des frontières, des nombreux habitants à Abidjan, Dakar ou Conakry se sont rués vers les supermarchés et les points de vente au détail pour dévaliser les rayons et stocker un maximum de vivres.

La plupart des Africains interrogés ont déclaré qu’ils achetaient moins souvent de nourriture, alors que seulement 20 % ont précisé que tous les marchés où ils s’approvisionnaient en denrées de première nécessité étaient opérationnels au moment de l’enquête. En outre, plus de 85 % des personnes interrogées en RDC, au Rwanda et au Kenya ont eu peur de ne pas avoir assez à manger au cours des sept jours précédents.

« Certains gouvernements en Afrique ont pris des mesures de confinement afin d’empêcher le virus de se propager rapidement dans les zones densément peuplées, mais le coronavirus est déjà présent dans de nombreux pays africains et cette étude montre que l’on craint que le pire soit encore à venir » a déclaré Nicholas Becker, PDG de Geopoll.

Et la situation à craindre est l’impact de la maladie sur les économies africaines dans une dimension plus élevé que celle de l’épidémie d’Ebola prévient le président rwandais Paul Kagamé dans les colonnes au quotidien économique et financier britannique, Financial Times. Les effets seront encore plus dévastateurs en particulier sur les populations les plus vulnérables. Celles-ci avaient déjà des difficultés pour avoir accès à des soins de santé adéquats et une alimentaire de qualité. Le Covid-19 risque d’aggraver la situation s’inquiète encore Nicholas Becker.

« Une crise sanitaire telle que celle du coronavirus qui frappe les populations vulnérables peut avoir des effets dévastateurs sur le développement, l’approvisionnement alimentaire et les ressources. Des données fiables sont nécessaires pour suivre avec précision les situations sur le terrain et, grâce à nos méthodologies mobiles à distance, GeoPoll a pu recueillir des informations précieuses rapidement et en toute sécurité ».

L’enquête de GeoPoll met aussi en lumière l’indice d’acceptation de la maladie par les populations africaines et la confiance qu’elles placent en leurs dirigeants et les services de santé de leurs pays. Plus des deux tiers des personnes interrogées ont indiqué qu’ils se mettaient en quarantaine pour prévenir les risques de propagation du coronavirus, preuve qu’un nombre important de personne sur le continent croient en l’existance de la maladie.

« Le degré de crainte pour la santé dans chaque pays semble lié au niveau de quarantaine actuellement en place. En effet, alors que 63 % des Africains pensent qu’ils risquent de contracter le virus, les Rwandais estiment être les moins exposés, à 37 %, dans une situation où 90 % d’entre eux se sont mis en quarantaine » peut-on lire dans un communiqué résumant l’enquête de GeoPoll.

L’enquête montre également comment le Covid-19 modifie le comportement des africains au niveau des habitudes d’information et de travail, l’indice de crédibilité et la confiance placé dans les pouvoirs publiques sans oublier leur rapport aux mesures de protection imposées par les gouvernements.

ci1Le confinement a conduit au ralentissement des activités économiques comme ici à Abidjan.

15 octobre 2019

Algérie : la transition politique en suspens

Des foules importantes d'Algériens réclament toujours une transition politique radicale mais le chef d'état-major refuse de nouvelles concessions et tient à l'organisation de la présidentielle le 12 décembre. Les perspectives sont incertaines pour 2020.

alg_rie

Le régime algérien s'accroche. Les manifestations hebdomadaires de millions d'Algériens ont abouti à la chute d'Abdelaziz Bouteflika en avril, mais pas encore à celle du « système ».

C'est ainsi qu'on désigne l'enchevêtrement opaque de clans affairistes politico-militaires qui tiennent le pouvoir depuis la fin de la guerre civile en 2002, voire l'indépendance en 1962. Le chef d'Etat-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, qui assume le pouvoir de facto depuis la chute de "Boutef", refuse d'entendre les revendications actuelles du mouvement de contestation, le « hirak » (soulèvement). Ce dernier a obtenu un premier report de la présidentielle anticipée, initialement prévue le 4 juillet mais repoussée au 12 décembre faute de candidats.

Demande de transition radicale

Une partie importante du peuple algérien réclame une transition radicale, avec notamment la démission des dirigeants de premier plan, mais ce qui reste du régime joue d'une peur du vide. Et force est de reconnaître qu'un consensus peine à émerger sur un mécanisme de transition au sein du « hirak » au sujet des hommes et des femmes devant la piloter.

L'armée réprime les manifestations depuis quelques semaines, à rebours de sa stratégie du printemps et procède à des arrestations d'hommes d'affaires, de cadres de l'ère Bouteflika et de militants démocratiques. L'impasse politique semble totale avec la perspective fin 2019 d'une élection présidentielle que le pouvoir veut organiser à tout prix, contre l'avis de l'opposition qui n'a pas présenté de candidats et de la rue qui promet de faire capoter le scrutin.

Les perspectives pour l'Algérie en 2020 sont d'autant plus délicates que la situation économique s'avère tendue, avec une croissance anémiée et une chute des réserves de la banque centrale. Les deux tiers des entreprises du BTP ont suspendu leurs activités dans l'attente d'un éclaircissement de la situation politique. (Yves Bourdillon, "Les Echos")

26 mai 2019

Wallis et Futuna : le cri d'alarme de la population

Dans le Pacifique sud, l'archipel français de Wallis et Futuna se meurt peu à peu selon ses habitants. Ils aiment profondément leur terre mais voient les jeunes générations s'exiler de plus en plus hors du territoire.

wallis_and_futuna_01

"Chaque année, on ferme des classes."

"Les jeunes sont obligés de s'expatrier parce qu'il n'y a pas beaucoup d'avenir ici", constate Nadia Kavakava, institutrice à Wallis et Futuna, un archipel qui se vide inexorablement de sa population. "Les maisons abandonnées se multiplient. Des jeunes reviennent parfois après leurs études en métropole ou à Nouméa mais c'est au compte-goutte", explique cette trentenaire enjouée, qui a étudié quatre ans à Strasbourg.
Wallis et Futuna, des îles perdues au milieu du Pacifique

wallis

Perdu au beau milieu du Pacifique, à 2.100 km à l'est de la Nouvelle-Calédonie, les îles de Wallis et Futuna forment le territoire français le plus éloigné de la métropole (22.000 km) et l'un des plus atypiques. Trois pouvoirs y cohabitent: l'Etat, les monarchies coutumières, et l'église catholique, toute puissante. L'archipel est découpé en trois royaumes - un à Wallis et deux à Futuna -, doté chacun d'un roi et de "ministres". Rétribués par l'Etat, ils perpétuent les us et coutumes polynésiens, qui ont fusionné, depuis l'évangélisation en 1837, avec les croyances religieuses. Représentant l'autorité de la France, l'administrateur supérieur (préfet) gère l'archipel, en étroite collaboration avec le Conseil du territoire, où les rois siègent de droit. L'Assemblée territoriale compte 20 élus, mais la réalité du pouvoir est entre les mains des familles royales et des prêtres.

Isolées et dépourvues de ressources, ces îles se dépeuplent.

wallis1

En dix ans, la population s'est érodée de 20% et ne s'élève plus aujourd'hui qu'à 12.197 habitants. Parallèlement, le taux de fécondité est passé de 4,5 enfants par femme en 1983 à 2,1, en 2013. "Dans cinq ans, cet archipel est mort, des familles entières partent chaque mois. On crée 15 emplois par an à Wallis, les jeunes sont condamnés à l'exil", confie un commerçant d'origine métropolitaine. Sur les 2.155 salariés, 60% travaillent dans la fonction publique et semi-publique, où les salaires indexés sont confortables, tandis que le secteur privé, dominé par quelques commerces en situation de monopole, est sclérosé. La majorité de la population vit d'agriculture, de pêche et d'artisanat, créant une société fortement inégalitaire, aggravée par une fiscalité reposant uniquement sur les taxes à l'importation et aucun impôt direct.

"On est tous sur Facebook"

Fenêtres sur le monde, internet et la TNT incitent en outre les jeunes, souvent lassés des impératifs de la coutume et de l'église, à plier bagages. "On est tous sur Facebook, on y passe des heures pour faire des connaissance et parler avec la famille en France ou en Australie. C'est triste Wallis pour les jeunes et il n'y a pas de débouchés", lâche Lovaïna, en terminale dans l'unique lycée de ce bout du monde.

Une économie "peu propice au développement"

Chaque année, la France injecte dans ces terres lointaines 120 millions d'euros, dont une grande partie est consacrée au traitement des fonctionnaires d'Etat détachés. Le Fonds Européen de développement (FED) octroie tous les cinq ans entre 10 et 15 millions d'euros mais l'économie ne décolle pas.

wallis2

"L'organisation en place ne permet pas d'attirer les investisseurs car on ne peut pas acquérir de foncier. Il faudrait libérer du foncier", a expliqué à l'AFP, Michel Auboin, préfet dans l'archipel. Toutes les terres sont coutumières et, en l'absence de cadastre, elles sont souvent sujettes à des revendications contradictoires, qui paralysent les projets.

En janvier, la Cour des Comptes avait préconisé une modernisation de l'organisation juridique et institutionnelle de Wallis et Futuna, jugeant le statut de 1961 "peu propice au développement".

Une migration vers la Nouvelle-Calédonie et la métropole

Faute d'avenir chez eux, Wallisiens et Futuniens migrent donc en masse en Nouvelle-Calédonie où la communauté est estimée à plus de 25.000 personnes. Amorcé dans les années 1970 par la construction d'un barrage et le "boom" du nickel, leur flux ne s'est depuis jamais tari. Plusieurs milliers de Wallisiens et Futuniens sont également installés en Métropole. (Source : AFP - Mata'Utu) 

ECM_362743_WFMUW_MataUtu

20 septembre 2018

Le capitalisme s’auto-dévore au niveau mondial

Après la dégringolade de la bourse de Shanghai, les bourses du monde suivent le pas. En perdant en une journée les bénéfices réalisés en une année. On prend les paris - ce seront nous qui épongerons ces pertes.

wall_street

Il fallait s’y attendre – les bourses ne peuvent pas éternellement gagner de l’argent qui vient de nulle part. Et depuis le début de la semaine, c’est la dégringolade. Shanghai, Wall Street, Paris, Francfort, Tokyo – partout, les indices boursiers ne cessent de baisser. La compassion pour ces pertes reste toutefois limitée – même si, comme toujours, ce seront les citoyens et citoyennes qui devront régler l’ardoise. On nous dira une nouvelle fois que les spéculateurs-investisseurs soient «indispensables au système» et cela suffira comme justification pour injecter des milliards et des milliards dans ce système financier et boursier corrompu.

Le CAC 40 à Paris, le DAX à Francfort; Dow Jones et le NASDAQ à New York, les bourses à Athènes, Tokyo, Shanghait – toutes ont vécu un debut de semaine que l’on doit qualifier de «krach».

Les «traders» sont restés bouche bée devant les courbes sur leurs écrans qui montrent  les transactions effectuées par ordinateur sans aucune intervention humaine, mais pour une fois, ces automatismes n’ont pas généré de l’argent, mais ils en ont brûlé. On estime que le début de cette semaine aura coûté 3 billions d’euros à l’économie mondiale. Est-ce que le capitalisme tel qu’on le connaît, toucherait à ses limites ?

Si les responsables ne pouvaient pas trouver le moyen pour faire payer les autres, selon la bonne vieille devise «on privatise les bénéfice et on socialise les pertes», on pourrait même s’en frotter les mains. Car ce système boursier n’est autre qu’un casino géant où des boutonneux sortant des grandes écoles peuvent parier des sommes inimaginables sur des bénéfices ou des pertes. Tant que ce système fonctionne, «les marchés» sont heureux, encaissent des fortunes sans produire quoi que ce soit, sans donner de vraies impulsion à l’économie réelle, mais dès que la bourse tousse quelque part dans le monde, tout le monde en tombe malade.

Le meilleur moyen pour éviter ces «catastrophes boursières», serait de les abolir. Il est inconcevable que des start-ups n’ayant jamais gagné le moindre cent, soient évaluées plus fort que des entreprises industrielles vieilles de centaines d’années. Ce système est profondément malade et corrompu, et constitue peut être le plus grand fléau de notre époque. Combien de temps encore allons-nous accepter que ce soient ces «marchés» qui décident du bien-être de peuples entiers ? (selon "Euro-journalists")

12 juin 2018

Endettement africain

Les dessous de la dépendance

AfriqueLe fléau de la dette africaine fait toujours couler beaucoup d’encre, de mots et de maux. Les « requins » de la finance mondiale sont pointés du doigt à juste titre, mais sont-ils vraiment les seuls responsables ? Certes les financiers ont une responsabilité mais les Etats africains emprunteurs ne sont pas innocents : dépenses expansives ; dépendance aux seules matières premières ; fiscalité dissuasive et mal gérée ; mauvaises habitudes consécutives aux remises de dettes multiples. La liste est longue.

Selon le rapport du FMI sur les perspectives économiques régionales (2017), le nombre de pays à faible revenu surendettés ou risquant de le devenir est passé de 7 en 2013 à 12 en 2016. Il y en a même qui se sont déclarés en défaut de paiement comme le Mozambique, en janvier 2017. Une histoire qui semble se répéter en dépit des séquelles indélébiles des anciennes crises de l’endettement. Alors, pourquoi les vieux démons de la dette reviennent encore roder autour du continent africain ?

 A qui la responsabilité ?

 Pour beaucoup d’Africains, les « requins » de la finance internationale, de façon générale, et les institutions de Bretton Woods en particulier, sont les seuls responsables de l’endettement sans fin des pays africains. Sans dédouaner ces acteurs de leur part de responsabilité, il est désolant de constater que les premiers responsables du boulet de la dette que traînent les pays africains à leurs pieds depuis des décennies sont avant tout leurs propres dirigeants.

 D’abord, l’augmentation rapide de la dette des pays africains est la conséquence des politiques budgétaires expansionnistes. Il s’agit des dépenses dans des infrastructures pharaoniques (« les éléphants blancs ») pas toujours en adéquation avec les besoins urgents de la population ; de nombreuses subventions distribuées pour des raisons politiciennes, du nombre pléthorique et souvent mal utilisé des fonctionnaires de l’administration, etc. Ces dépenses souvent improductives sans retour rapide sur investissement entrainent inéluctablement des déficits publics et rendent l’endettement incontournable.

 La dépendance aux matières premières

 Ensuite, la dépendance des économies africaines rentières aux cours des matières premières apparait comme un facteur favorisant l’endettement. Des indépendances jusqu’à ce jour, les pays africains au sud du Sahara n’ont pas réussi la transformation structurelle susceptible de diversifier leurs économies. Ces dernières mono-productrices restent très vulnérables aux fluctuations des cours de matières exportées à l’état brut. Ainsi, une baisse significative des cours de ces matières premières se traduit par une chute des ressources, de laquelle nait des déficits importants. Pour les financer, les dirigeants africains ont souvent recours à l’endettement. A titre d’illustration il faut noter que à la suite de la chute du prix du cacao en 2017, premier produit d’exportation de la Côte d’Ivoire, le gouvernement ivoirien a sollicité et obtenu auprès de la France un appui budgétaire pour le financement de son déficit budgétaire d’un montant de 65,6 milliards FCFA. Cette exposition aux chocs sur les prix des matières premières est accentuée par l’absence de politique contra-cyclique. En effet, au lieu d’économiser en période de vache grasse, pour financer leurs dépenses en période de vache maigre, les gouvernements africains font l’inverse. Ils dépensent trop lors des périodes de boom en s’engageant dans des projets coûteux et improductifs, et quand les cours des matières premières baissent ils manquent de ressources et sont obligés de s’endetter pour boucler leurs budgets.

 La faiblesse des recettes

 Par ailleurs, la faiblesse des recettes de l’Etat constitue aussi un facteur favorisant l’endettement. Le niveau des recettes fiscales représente moins de 20% du PIB de ces pays ; un niveau largement inférieur à celui des pays de l’OCDE. De plus, la pression réglementaire et fiscale des Etats incite les entreprises formelles à se cacher et frauder pour échapper au poids écrasant de la fiscalité. Elle encourage aussi celles qui sont déjà dans l’informel à y demeurer. Ce secteur est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes, où sa contribution au PIB s’échelonne entre 25 % et 65 %. Donc au lieu de faire des réformes pour améliorer l’environnement des affaires et faire sortir les entreprises de l’informel et accroitre leurs recettes fiscales, les dirigeants africains choisissent la voie de la facilité en continuant de s’endetter.

 Les remises de dettes

 Enfin, l’accoutumance aux différents mécanismes de réduction de la dette pourrait expliquer la tendance des dirigeants africains à vouloir toujours s’endetter. Depuis le milieu des années 70, les créanciers des pays africains ont élaboré différents mécanismes de réduction de la dette. Ainsi, les mécanismes comme les Plans Baker et Brady, les Termes de Toronto (1988), les Termes de Londres (1991), les Termes de Naples (1995) et les Termes de Lyon (1996) et plus récemment l’initiative PPTE renforcée et l’initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM) ont été mis en place pour la réduction de la dette. Les dirigeants africains semblent s’être accoutumés à ces mécanismes, dans le sens où même s’ils adoptent de mauvaises politiques publiques ils ont un filet de sécurité permettant de les protéger en gommant leurs erreurs. Ils n’ont plus d’incitations suffisantes pour combattre les causes de l’endettement conduisant toujours au ré-endettement.

 Comment sortir du cercle de la dette ?

Somme toute, pour pouvoir résister à la tentation de la dette, les dirigeants africains doivent d’abord améliorer la qualité des dépenses publiques à travers l’augmentation de l’efficience des dépenses, la redéfinition des dépenses prioritaires et la mise en œuvre d’une politique macroéconomique saine. Il s’agit aussi pour l’Etat de se consacrer à ses fonctions régaliennes en cédant certaines activités au secteur privé. Ensuite, il apparait urgent d’augmenter les recettes fiscales des pays africains. Ces derniers doivent renoncer à la facilité et faire des réformes pour l’accroissement de la base imposable. Il s’agit d’améliorer l’environnement des affaires en réduisant la pression réglementaire et fiscale pour attirer le secteur informel vers le formel et augmenter ainsi les ressources de l’Etat et réduire le recours à l’endettement extérieur. Enfin, il est indispensable de faire de la transformation structurelle des économies africaines la priorité pour amoindrir les effets des chocs consécutifs aux fluctuations des cours des matières premières. Bref, il faut sortir de l’économie de rente et aller vers l’économie productive du marché.

 KRAMO Germain, analyste économiste ivoirien.

Publicité
<< < 1 2 3 4 > >>
Publicité
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
Derniers commentaires
Archives
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
Visiteurs
Depuis la création 2 249 029
Publicité