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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
armee
6 mars 2022

Bob Denard, mercenaire français

Un exemple pour les "groupes Wagner" de Poutine

bobRobert Denard, dit Bob Denard, né le 7 avril 1929 à Bordeaux et mort le 13 octobre 2007 à Pontault-Combault en Seine-et-Marne, est un mercenaire français. Il est impliqué dans de nombreux coups d'Etat en Afrique de la période des indépendances vers 1960 jusqu'en 1995.

Robert Denard est fils d'un militaire (Léonce Denard) des troupes coloniales. À 16 ans, en octobre 1945, il s'engage dans la marine. Breveté matelot mécanicien, il part ensuite comme volontaire pour l'Indochine en tant que matelot seconde classe. Les modalités de son passage de la spécialité de mécanicien à celle de fusilier marin restent inconnues. Devenu quartier-maître dans les fusiliers marins en Indochine, il quitte l'armée en 1952 après une altercation dans un bar et accepte une place de conducteur d'engins et de mécanicien au Maroc. Il entre ensuite dans la police de ce pays qui se trouve toujours sous protectorat français. Accusé d'avoir participé à un complot pour assassiner le Président du Conseil Pierre Mendès-France, Bob Denard passe 18 mois en prison.

À partir des années 1960, il intervient dans les tumultueux conflits post-coloniaux. Il participe à des opérations militaires impliquant des mercenaires au Yemen, en Iran, au Nigeria, au Bénin, au Gabon (où il est instructeur de la garde présidentielle), en Angola en 1975, au Cabinda en 1976, au Zaïre et aux Comores.

De 1960 à 1963, il sera l'un des chefs des « affreux » de l'Etat du Katanga soutenant Moïse Tschombé qui vient de déclarer l'indépendance du Katanga, une ancienne province du Congo belge, le 11 juillet 1960. Il s'est notamment distingué en faisant défiler tous ses officiers, qu'ils soient noirs ou blancs, dans une stricte égalité (jusque-là, les blancs passaient en premier). Le 21 janvier 1963 lors de la chute de Kolwezy et de la défaite des mercenaires, ces derniers se réfugient en Angola avec l'accord du régime portugais. Ils seront rapatriés en France où ils seront accueillis par les gendarmes.

Puis, il part d’août 1963 à la fin 1964 pour le Yemen7 avec 17 mercenaires, dont les célèbres Roger Faulques et Jacques Frezier, anciens officiers parachutistes de la Légion étrangère, dans la 1re armée royaliste, financée par l'Arabie saoudite, contre les républicains soutenus par 40 000 soldats égyptiens envoyés par Nasser.

Bob Denard revient fin 1964 dans l'ex-Congo belge, à la tête du 1er choc qu'il met sur pied le 22 février 1965. En recrutant des mercenaires européens ainsi que des Katangais, il forme une petite troupe qui prend le surnom de « Katangais ». Elle contribue à la victoire sur les rebelles communistes menés par Gbenie, Soumialot et Mulele, largement due au colonel Schramme et à son Bataillon Léopard. Jean Schramme, instructeur et commandant du « Bataillon Léopard » où il atteint le grade de colonel, décrit Bob Denard comme un lâche et un irresponsable qui n'a jamais fait partie du Bataillon Léopard. Ses erreurs de commandement seraient à l'origine de lourdes pertes dans les rangs des mercenaires qu'il dirigeait.

Il est recruté en 1970 par le roi du Maroc, Hassan II, pour renverser le régime de Kadhafi en Libye. Deux cents hommes acheminés de Sicile préparent un débarquement sur les côtes libyennes mais l'opération est soudainement annulée par Rabat.

L'homme fort des Comores

bob1Denard intervient une première fois dans la république des Comores décidé de son indépendance à hauteur de 95 % des voix.

En janvier 1977, il échoue dans une tentative de coup d'Etat destinée à renverser le régime de la république populaire du Bénin. Il est ensuite pressenti en 1977 pour déstabiliser le régime des Seychelles.

La même année, lors d'une rencontre avec Ahmed Abdallah, réfugié en Afrique du Sud et au renversement duquel il avait participé, Bob Denard propose de l'aider à retrouver son fauteuil de président, avec le feu vert des puissances concernées. Le plan initial prévoit d'utiliser un appareil sud-africain décollant de Rhodésie, mais doit être abandonné en raison du refus du Mozambique de laisser utiliser son espace aérien. Le 13 mai 1978, Bob Denard débarque donc aux Comores à bord d'un ancien navire océanographique avec 43 hommes pour renverser le régime marxiste révolutionnaire de Soilih et rétablit alors Ahmed Abdallah au pouvoir. Ali Soilih est exécuté d'une balle dans la tête à le 29 mai 1978 à l'issue de ce qui est présenté comme une tentative d'évasion.

Bob Denard s'occupe dès lors d'organiser une garde présidentielle forte de 600 Comoriens encadrés par une poignée d'officiers européens. Cette unité entre en concurrence avec les forces armées comoriennes. Il se marie sur place, se convertit à l'islam, s'occupe de développement (construction de routes, ferme de 600 ha à Sangali, etc.). Son autorité est alors incontestée. Il se tourne également résolument en direction de l'Afrique du Sud pour trouver le soutien, notamment financier, dont il a besoin. La république fédérale islamique des Comores devient le centre d'un réseau parallèle qui permet à l'Afrique du Sud, sous embargo international, de se fournir en armes. Elle sert également de base logistique à l'Afrique du Sud pour ses opérations militaires contre les pays africains qui lui sont hostiles : le Mozambique et l'Angola. De son côté, le régime de l'apartheid règle depuis 1989 les soldes des membres de la Garde présidentielle.

Jusqu'à la mort d'Abdallah, dont il est chargé de la sécurité, et même si ses apparitions publiques se font très rares après 1985, Denard joue en coulisses un rôle considérable dans la vie publique comorienne. Il est surnommé le « vice-roi des Comores » et règne de facto pendant 10 ans sur l'archipel.

Avec le soutien de l'Afrique du Sud, il forme un corps de mercenaires appelé à intervenir à la demande de Pretoria ou de Paris. Celui-ci sera déployé seulement au Tchad, en 1981-1982, pour appuyer la rébellion de Hissène Habré.

En 1989, Ahmed Abdallah signe un décret donnant l'ordre à la Garde présidentielle, dirigée par Denard, de désarmer les forces armées pour cause de coup d'État probable. Quelques instants après la signature du décret, un officier des forces armées serait entré dans le bureau du président Abdallah et l'aurait abattu, blessant également Bob Denard. Blessé, impopulaire et accusé de meurtre, il négocie son départ pour l'Afrique du Sud.

Dans la nuit du 27 au 28 septembre 1995, Denard renverse le nouveau président comorien Mohamed Djohar (élu en 1990) avec une trentaine d'hommes débarqués en Zodiac avec son protégé Sauveur Farina, tireur d'élite, ainsi que le lieutenant Blancher Christophe, son pilote privé arrivé quelques heures plus tôt, il avait pour mission d’exécuter plusieurs navettes entre l'île de Mohéli et l'île de la Grande Comore, personne à ce jour ne connait exactement la véritable mission du lieutenant Blancher et de ses multiples rotations entre les îles à bord de son Cessna 172. Bob Denard ouvre aux journalistes le vieil aéroport de Moroni et son camp retranché de Kangani pour éviter l'intervention de 600 hommes des forces françaises (GIGN, commandos Marine de Djibouti, 2e RPIMa). Cerné, il négocie une amnistie pour les insurgés avant sa reddition et la préparation de son procès.

bob2Participation au génocide du Rwanda

Contacté par le gouvernement hutu en 1994, malgré les réserves de la DGSE qui tente de le dissuader d'intervenir dans le camp du génocide, Bob Denard dépêche des hommes pour certaines missions. Si ses agissements restent assez méconnus, il reçoit au moins un versement de plus d’un million de francs par chèque bancaire.

De retour en métropole, il se retire dans le  Médoc, où il rêve de construire un musée de la décolonisation. En 1999, Bob Denard s'installe à Chennevières-sur-Marne. Il s'y remarie le 21 mai 2005.

Il doit cependant faire face à de nombreuses procédures judiciaires ainsi qu'à des ennuis d'argent et de santé.

Plusieurs journalistes ont essayé de le rencontrer quelques années avant sa mort, pour lui demander des informations sur sa vie, afin d'en faire un livre. Au début, il refusa de les voir, estimant être capable de rédiger ses mémoires seul, dans lesquels il promettait de nombreuses révélations. Mais il fut progressivement gagné par la maladie d'Alzheimer, qui rendit confuse sa mémoire sur les événements passés.

Il meurt le 13 octobre 2007 dans le dénuement le plus total, d'un arrêt cardiaque, emportant avec lui une partie de ses secrets et sans jamais avoir été emprisonné.

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9 février 2022

La Roumanie, nouveau théâtre d'opération de l'armée française?

L'escalade des tensions entre la France et le Mali pose la question de l'après Sahel. Un déploiement en Roumanie, dans le cadre de l'Otan, est envisagé.

roumanieLes relations diplomatiques entre la France et le Mali empirent de jour en jour. Nouvel épisode ce lundi 31 janvier: la décision de la junte malienne d'expulser l'ambassadeur de France au Mali, qui pose de plus en plus la question d’un retrait total de l’armée française, engagée au Sahel depuis 2013.

Après la fermeture de trois bases au Nord du Mali, l’opération Barkhane est censée réduire ses effectifs, de plus de 5.000 hommes l’été dernier à 2.500 d’ici 2023. Sauf si les choses s’accélèrent d’ici-là. Pour l’armée de Terre, pas question de parler “d’échec” pour autant, après neuf ans sur place.

Malgré les tensions politiques, rien ne bouge pour l’instant sur le terrain, selon le chef d’état-major de l’armée de terre française (CEMAT), Pierre Schill, interrogé sur la question lundi 31 janvier lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de défense (AJD), à laquelle a assisté Le HuffPost.

La question du Sahel est éminemment politique, a-t-il prudemment commenté. Mais au quotidien, nos unités sur le terrain continuent d’être engagés avec les bataillons maliens, les forces de Takuba de même. Le rôle des armées sera de répondre aux impératifs politiques et de permettre les solutions qui seront décidées...

La Roumanie, nouveau théâtre d’opération

Si, pour lui, la réduction des effectifs militaires français au Sahel est “relative”, elle donnerait éventuellement la possibilité de réengager des forces sur “d’autres théâtres”. “Nous sommes peut-être à l’orée de déployer un bataillon en Roumanie”, a-t-il rappelé.

Lors de ses voeux aux armées le 19 janvier, dans le camp d’Oberhoffen, Emmanuel Macron avait assuré que la France était prête à prendre “ses responsabilités dans le cadre d’une opération (alliée, NDLR) de type EFP si elle était décidée”.

Les missions EFP, pour enhanced forward presence, sont déployées dans les trois pays Baltes et en Pologne pour renforcer les capacités de défense de l’Otan sur le flanc est de l’Europe, face à la Russie.

La Roumanie, pays frontalier de l’Ukraine qui a un accès à la mer Noire, se trouve ”à l’épicentre des tensions” avec la Russie et doit être “réassuré”, avait estimé samedi 29 janvier sur France Inter la ministre française des armées Florence Parly, évoquant la possibilité d’y envoyer “plusieurs centaines” de soldats. 

Il y a environ 100.000 hommes des forces russes à la frontière ukrainienne, rappelle Pierre Schill. Si la décision était prise, ces forces sont au moins capables de prendre des gages territoriaux, c’est clair.” Une offensive éventuelle, qui dépendra de “l’intention” de la Russie.(selon "Huffpost")

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25 janvier 2022

Tensions entre Moscou et l'Otan

La Suède déploie des troupes sur l'île de Gotland

moscouDes militaires suédois et des blindés débarquant sur l'île de Gotland, la plus grande du pays. Stockholm déploie ses forces, une initiative inhabituelle en réponse à une montée de l'activité russe dans la région. Trois navires ont circulé cette semaine en mer Baltique traversant le détroit du Grand Belt au Danemark. La Suède dit prendre au sérieux les tensions entre Moscou et les Etats membres de l'OTAN.

"Les forces armées prennent les mesures nécessaires pour sauvegarder l'intégrité de la Suède et démontrer notre capacité à protéger la Suède et les intérêts suédois", a déclaré le ministre suédois de la Défense Peter Hultqvist dans un mail à l'AFP.

A l'issue d'une semaine de négociations, les deux parties n'ont pas désamorcé les tensions à la frontière entre la Russie et l'Ukraine. Kiev a a subi cette semaine une cyberattaque qui a paralysé plusieurs dizaines de sites internet gouvernementaux. L'attaque n'a pas été revendiquée, mais les regards se tournent vers la Russie.

"Nous pouvons clairement suivre leur signature. Ce sont des spécialistes russes qui effectuent ces actions... Je suis sûr à 99,9%" affirme Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil national de sécurité de l'Ukraine.

A l'origine des tensions : des chars et des dizaines de milliers de soldats russes massés à la frontière avec l'Ukraine au cours des dernières semaines, prélude selon l'Otan à une possible invasion.

Moscou dément préparer une offensive militaire et affirme qu'il s'agit d'une réponse à la présence croissante de l'Alliance atlantique dans sa sphère d'influence.

Voisins de la Russie, la Norvège, le Danemark et l'Islande --tous trois membres de l'Otan-- et la Suède et la Finlande --partenaires de l'Alliance atlantique sans en être membres-- coopèrent étroitement en matière de sécurité régionale.

Après la fin de la guerre froide, Stockholm a diminué ses dépenses militaires. Mais après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, la Suède a renforcé ses capacités de défense.

La Suède, qui n'a livré aucune guerre depuis deux siècles, a rétabli en 2017 le service militaire obligatoire et rouvert sa garnison sur l'île de Gotland en janvier 2018.

L'île de Gotland est considérée comme stratégique car elle se trouve à environ 330 kilomètres de Kaliningrad, le quartier général de la flotte russe dans la mer Baltique. En 2019, la Suède y a déployé un système de défense antimissile sol-air. (selon "Euronews")

22 décembre 2021

Chine, Corée du Nord... le Japon vise un budget de défense record

Le budget de la défense du Japon pour l'exercice 2021/22 pourrait atteindre un nouveau record annuel d'environ 6.100 milliards de yens (47,5 milliards d'euros), soit un bond de 15% sur un an. La situation sécuritaire de la région se détériore en effet "à une rapidité inédite", entre les provocations de la Corée du Nord et les tensions avec la Chine !

japonTensions avec la Chine, la Corée du Nord... Le Japon fourbit ses armes. Tokyo vise un budget additionnel record pour la défense. Le ministère japonais de la Défense a annoncé qu'il allait solliciter un budget additionnel record de 773,8 milliards de yens (6 milliards d'euros) pour l'exercice 2021/22 afin d'accélérer ses achats d'équipements militaires dans un contexte géopolitique régional très tendu. Les tensions avec la Chine et les risques posés par la Corée du Nord rendent la situation sécuritaire régionale "de plus en plus grave" et celle-ci se détériore "à une rapidité inédite", selon le ministère.

Si cette requête aboutit, le budget nippon de la défense pour l'exercice 2021/22, entamé le 1er avril dernier et s'achevant le 31 mars prochain, atteindra un nouveau record annuel d'environ 6.100 milliards de yens (47,5 milliards d'euros), soit un bond de 15% sur un an. Le budget additionnel doit couvrir les frais d'achat de missiles d'interception et de défense antiaérienne, des avions patrouilleurs, des hélicoptères ou encore des torpilles sous-marines. Certaines de ses dépenses avaient été initialement prévues pour l'exercice suivant 2022/23.

Dans son dernier "livre blanc" annuel sur la défense, paru en juillet, le Japon avait souligné que les tensions sino-américaines autour de Taïwan posaient une menace de plus en plus pressante pour la stabilité régionale. La Chine considère Taïwan comme une province rebelle vouée à revenir à terme dans son giron, et a accru sa pression diplomatique, militaire et économique sur l'île ces derniers temps.

Washington a vivement réagi dernièrement aux actions de Pékin visant Taïwan, mettant le Japon dans une position encombrante, étant donné que les Etats-Unis et la Chine sont ses deux principaux partenaires commerciaux. Tokyo proteste aussi régulièrement contre la présence accrue de navires chinois autour des îles inhabitées Senkaku, administrées par le Japon mais revendiquées par Pékin, qui les appelle Diaoyu.

La Corée du Nord et sa puissance nucléaire pose une autre menace sérieuse pour l'archipel nippon. Pyongyang a repris ces derniers mois ses tests de missiles balistiques. Le nouveau Premier ministre japonais Fumio Kishida, arrivé au pouvoir en octobre, a fait de l'augmentation des moyens de défense du Japon l'une de ses priorités.

De par sa Constitution pacifiste depuis l'après-guerre, le Japon ne peut théoriquement pas se doter d'armes offensives, et une règle tacite veut que ses dépenses militaires ne dépassent pas 1% de son PIB annuel. Le Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), dont M. Kishida est le chef, veut repousser à long terme ce plafond au-delà de 2% du PIB. (selon "Capital")

15 décembre 2021

Une bavure française au Mali ?

Le rapport de l'ONU constitue la plus sérieuse mise en cause d'une opération de la force anti-djihadiste Barkhane depuis le début de l'engagement de l'armée française au Sahel en 2013.

MaliD'après la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), une frappe aérienne conduite par l'armée française au Mali le 3 janvier a tué 19 civils réunis pour un mariage, ainsi que trois djihadistes. Paris conteste ces conclusions, réfutant toute bavure. Voici ce qu'il faut retenir de ce dossier hautement inflammable pour l'armée française.

Les faits : une frappe sur un regroupement présumé de djihadistes

La Katiba Serma, affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM en arabe), alliance djihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda, a été la cible d'une frappe française, en tout début d'année, dans la région de Bounti. L'opération s'inscrivait dans le cadre d'"Eclipse", menée principalement dans le centre du Mali, mais également au Burkina Faso et au Niger voisins par Barkhane et ses partenaires locaux.

Les autorités françaises ont toujours assuré qu'il n'y avait pas de mariage, que le renseignement avait "formellement" établi avoir affaire à un des nombreux rassemblements de djihadistes dans la région et que l'intervention d'une patrouille d'avions français lâchant trois bombes avait "neutralisé" une trentaine de ces terroristes. Les éléments disponibles "permettent d'exclure la possibilité d'un dommage collatéral", avait déjà fait savoir en janvier l'état-major français dans un communiqué.

L'enquête : d'après l'ONU, la frappe a fait 22 morts, dont 19 civils

Problème, le document de l'ONU, rédigé à partir des investigations de la Division des droits de l'Homme de la Minusma appuyée par la police scientifique des Nations unies, indique que c'est bien un groupe d'hommes réunis par un mariage près de la localité de Bounti qui a été atteint par une frappe aérienne de Barkhane le 3 janvier. Mais principalement des civils.

Au moins 22 personnes ont été tuées, dont trois membres présumés de la Katiba Serma ; 19 sur le coup, 3 au cours de leur évacuation, dit le document. L'ONU s'appuie, dans son enquête, sur des entretiens directs avec au moins 115 personnes, presque autant d'entretiens téléphoniques et un certain nombre d'entretiens de groupes. La Minusma "est en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma", dit le résumé du rapport.

Les experts de l'ONU n'ont trouvé sur place aucun élément attestant la présence d'armes ou de motos, moyen de déplacement privilégié des djihadistes, livre également le rapport sans expliquer l'apparente contradiction avec le fait que des membres présumés de la Katiba Serma étaient armés.

Le rapport de la Minusma"soulève des préoccupations très importantes sur le respect de la conduite des hostilités", a réagi dans la foulée de la publication du document le porte-parole de l'ONU. Elles portent aussi sur "les principes de précaution et l'obligation des États membres de tout faire pour vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires", a ajouté Stéphane Dujarric lors de son point-presse quotidien.

La France se défend de toute bavure

Le ministère français des Armées a de nouveau réfuté mardi avoir commis toute bavure au Mali. Il a émis "de nombreuses réserves sur l'enquête de l'ONU. Il "maintient avec constance et réaffirme avec force" que "le 3 janvier, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel" près de Bounti (centre) et "émet de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue" et "ne peut considérer que ce rapport apporte une quelconque preuve contredisant les faits tels que décrits par les forces armées françaises".

La ministre des Armées Florence Parly avait assuré que les affirmations sur une bavure française relevaient d'une "guerre informationnelle". Les autorités maliennes avaient fourni des évènements une version cohérente avec celle de la France. La Minusma recommande toutefois aux autorités maliennes et françaises de diligenter "une enquête indépendante, crédible et transparente". Elle préconise d'examiner les processus préalables aux frappes, voire de les modifier. Elle recommande aussi aux Français et aux Maliens de chercher à établir les responsabilités et d'octroyer le cas échéant une réparation aux victimes et à leurs proches.

Pourquoi ça compte ?

La France engage environ 5 100 hommes au Sahel au sein de la force Barkhane. Elle a déjà en butte par le passé à des soupçons de bavure. La politologue Niagale Bagayoko, présidente de l'African Security Sector Network, organisation panafricaine qui réunit des spécialistes de la réforme des politiques de sécurité, estimait en tout début d'année que ce genre de manoeuvre pouvait alimenter le "doute de plus en plus généralisé quant à la pertinence, l'efficacité et la justification d'une présence militaire française dont les opérations ne procurent pas, aux yeux des populations locales, un surcroît de sécurité". Voire, carrément, un "sentiment anti-Français". (selon "Oeil d'Afrique")

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5 octobre 2021

La Corée du Nord affirme son droit à tester des armes

Un tir de missile à l'appui !

missileLa Corée du Nord a tiré ce qui semble être un missile de courte portée en mer mardi, a déclaré l'armée sud-coréenne, son ambassadeur à l'ONU revendiquant peu après le "droit légitime" de son pays à tester des armes face à la "politique hostile" des Etats-Unis et de Séoul.

L'engin a été tiré depuis la province septentrionale de Jagang vers les eaux au large de la côte est, selon l'état-major des armées du Sud. Un porte-parole du ministère japonais de la Défense a pour sa part déclaré à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que ce projectile "semble être un missile balistique".

Moins d'une heure après ce lancement, l'ambassadeur nord-coréen auprès de l'ONU, Kim Song, a déclaré à l'Assemblée générale des Nations unies que son pays a le "droit légitime" de tester des armes et de "renforcer (ses) capacités de défense".

"Volonté hostile"

Les Etats-Unis "devraient prouver dans les faits qu'ils n'ont aucune volonté hostile à notre égard", a poursuivi l'ambassadeur. "Si c'est le cas, nous sommes prêts à répondre" de la même manière, "mais il ne semble pas que les Etats-Unis soient prêts" à prendre cette direction, a-t-il déclaré.

Cette déclaration est la dernière d'une série de messages ambigus émanant de Pyongyang, quelques jours après que que Kim Yo Jong, l'influente sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, eut laissé entrevoir la possibilité d'un sommet entre les deux Corées, tout en exigeant au préalable que Séoul abandonne sa "politique hostile".

Ces remarques répondaient à de récents appels du président sud-coréen Moon Jae-in à déclarer une fin officielle au conflit inter-coréen de 1950-53 qui s'est terminé par une trêve, et non par un traité de paix, laissant les deux parties techniquement en guerre depuis plus d'un demi-siècle.

"On dirait que la Corée du Nord veut tester la sincérité de Séoul pour ce qui est de sa volonté d'améliorer les liens inter-coréens" a expliqué à l'AFP Yang Moo-jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes.

"Pyongyang va surveiller et étudier la réaction de Moon après le lancement d'aujourd'hui et prendre des décisions" sur d'éventuelles mesures de détente, a-t-il ajouté. 

"Moment critique" 

Le Conseil de sécurité nationale de Corée du Sud s'est réuni en urgence après le tir de mardi. Dans un communiqué, il a "déploré ce lancement à un moment où la stabilité politique dans la Péninsule coréenne traverse un moment extrêmement critique". 

Le département d'Etat américain a également condamnant ce dernier tir de missile dans un communiqué lundi soir. 

"Ce lancement constitue une violation des multiples résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et représente une menace pour les voisins (de la Corée du Nord) et la communauté internationale", a-t-il estimé, appelant Pyongyang "à engager le dialogue".

L'armée américaine a indiqué "consulter étroitement (ses) alliés et partenaires" à ce sujet, assurant que "l'engagement des États-Unis à défendre la République de Corée et le Japon reste inébranlable".

Pyongyang a déjà procédé à plusieurs tirs de missiles ce mois-ci, l'un impliquant des missiles de croisière à longue portée et un autre, selon l'armée sud-coréenne, des missiles balistiques à courte portée.

Séoul a également testé avec succès, pour la première fois, un missile balistique lancé par un sous-marin (SLBM), faisant d'elle l'une des rares nations à disposer de cette technologie avancée. 

Mardi, elle a lancé son troisième sous-marin SLBM, tandis qu'elle dépense des milliards pour renforcer ses capacités militaires

Pyongyang est plus que jamais isolé depuis la fermeture de ses frontières en début d'année dernière pour empêcher la propagation du coronavirus.

Ses pourparlers avec les Etats-Unis sont dans l'impasse depuis l'échec du sommet de 2019 à Hanoi entre Kim Jong Un et le président américain de l'époque Donald Trump. 

Le gouvernement du président Joe Biden a fait savoir qu'il était prêt à discuter avec Pyongyang à tout moment et sans conditions préalables, mais le dialogue reste au point mort pour le moment.

Depuis l'arrivée de Kim Jong Un à la tête du pays, les programmes en matière d'armement ont progressé, mais Pyongyang n'a procédé à aucun essai nucléaire ou tir de missile balistique intercontinental depuis 2017. (selon "Tahiti.infos")

25 mai 2021

Manoeuvres militaires Japon/France/Etats-Unis dans une région nippone

Le Japon a donné mardi le coup d'envoi de manoeuvres militaires communes dans le sud-ouest avec des forces françaises et américaines, sur fond d'inquiétudes face aux ambitions territoriales, y compris maritimes, de la Chine dans la région.

japon

La participation d'une frégate australienne est également programmée pour la phase maritime de ces exercices navals, aériens et terrestres, baptisés ARC21 et qui dureront toute la semaine sur l'île de Kyushu. C’est la première fois que la France est impliquée dans de telles opérations d'entraînement interarmées avec la marine et des soldats au sol dans l'archipel nippon.

Les préparatifs se déroulent de mardi à jeudi au Camp Ainoura, la phase maritime opérationnelle s'ouvre vendredi dans l'ouest de Kyushu et le volet aéroterrestre est prévu pour samedi et dimanche au terrain d'entraînement de Kirishima, selon des sources militaires.

Au total, un sous-marin japonais et dix bâtiments de surface -six japonais, un américain, un australien et deux français (le porte-hélicoptères amphibie "Tonnerre" et la frégate "Surcouf") sont engagés dans ces manoeuvres, a dit à l'AFP un haut responsable de la marine française.

Y prennent également part des avions de patrouille maritime japonais, des hélicoptères embarqués, des chasseurs F-2 japonais et des chasseurs F-16 de l'US Air Force. 

Les forces terrestres impliquent quelque 300 soldats, dont 60 Français. 

Les thèmes retenus incluent la navigation tactique, la lutte antinavire, antiaérienne, sous-marine, amphibie, la mobilité aéroterrestre, notamment le mouvement des troupes à partir des porte-hélicoptères, et le combat urbain, selon l'officier français qui précise que l'exercice se déroule avec les "contraintes" des mesures sanitaires de lutte contre le coronavirus.

Défis chinois

Il intervient à un moment où Tokyo cherche à approfondir la coopération en matière de défense au-delà de son principal allié américain, afin de contrer l'affirmation croissante de la présence de la Chine dans les mers régionales, notent des experts.

Le Japon proteste régulièrement contre l'arrivée de bateaux chinois autour d'îles qu'il appelle Senkaku, revendiquées sous le nom de Diaoyu par Pékin. 

L'opération d'entraînement revêt un caractère "dissuasif" face au "comportement de plus en plus agressif de la Chine dans la région", a dit à l'AFP Takashi Kawakami, le directeur de l'Institute of World Studies à l'Université Takushoku de Tokyo.

Une alliance quadrilatérale regroupe déjà Etats-Unis, Japon, Inde et Australie. La France, qui a des intérêts stratégiques dans la région Indo-Pacifique où elle possède des territoires, s'est beaucoup rapprochée de ces partenaires ces dernières années.

"La France partage la vision d'une (région) Indo-Pacifique libre et ouverte", a déclaré en avril le ministre japonais de la Défense Nobuo Kishi en annonçant ces manoeuvres militaires. Mardi, la marine nippone a souligné dans un communiqué que l'objectif de ces dernières était d'"améliorer les compétences pour la protection d'îles".  

Côté français, on explique que l'exercice vise à "développer la coopération multilatérale de défense", à "renforcer l'interopérabilité des armées", à "améliorer les savoir-faire tactiques" et à "mettre en oeuvre l'accord de soutien logistique France-Japon". Les forces françaises impliquées font partie de la mission "Jeanne d'Arc" qui a débuté le 18 février et dont l'objectif est de former des officiers et d'oeuvrer à la coopération internationale.   

Le mois dernier, le Premier ministre japonais Yoshihide Suga a été le premier dirigeant étranger à être accueilli à Washington par le président américain Joe Biden.

Les deux hommes ont promis de faire face "ensemble" aux "défis" lancés par Pékin, que ce soit vis-à-vis de Taïwan ou dans les espaces maritimes. M. Suga a assuré que Washington et Tokyo s'opposeraient à "toute tentative" chinoise de "modifier le statu quo par la force ou l'intimidation dans les mers de Chine méridionale et orientale".

La Chine a répliqué en dénonçant des tentatives d’"ingérence" dans ses affaires intérieures et de "division" de la région Asie-Pacifique.    

Selon l’agence de presse Kyodo, l’amiral John Aquilino, qui vient d’être nommé à la tête du commandement américain de la région Indo-Pacifique, fera une visite au Japon dans la deuxième moitié de mai.

Le Royaume-Uni cherche également à étendre son influence dans la zone Indo-Pacifique. Fin avril, elle a annoncé que son porte-avions Queen Elizabeth irait d'ici à la fin de l'année dans plusieurs pays de la région, dont le Japon et l'Inde. (selon AFP)
29 avril 2021

Comptes contre la politique française au Sahel

Le Premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, qui ne passe pas pour un grand spécialiste de l’Afrique, vient d’adresser une lettre au Premier ministre, Jean Castex, qui résume les travaux des magistrats sur la politique française au Sahel et qui n’est pas franchement tendre. 

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Est ce le signe qu’un véritable hallali pourrait débuter contre la politique d’Emmanuel Macron au Sahel? Même la vénérable Cour des comptes de la rue Cambon et son très prudent président, Pierre Moscovici, mettent à nu dans leurs travaux les échecs flagrants de la présence militaire française

En préambule de cette lettre, Pierre Moscovoci rappelle les objectifs des magistrats de la Cour des Comptes. « En 2009, la France a adopté une stratégie pour le Sahel, qu’elle a révisée en 2014 et en 2016 après son intervention militaire au Mali. L’Union européenne l’a suivie en adoptant en 2011 une stratégie « intégrée » pour le Sahel. Dans l’un et l’autre cadre, ont été définies des priorités dont la Cour a cherché à s’assurer qu’elles s’étaient effectivement traduites dans les faits, sept ans après le début de l’opération Serval ».

Rien de très fracassant, même si le soudain intérêt des magistrats pour le continent africain n’est pas leur marque de fabrique. Plus surprenante est la sévère conclusion des travaux de la Cour.des Comptes résumée par Pierre Moscovici  « Les travaux de la Cour l’amènent à conclure que ces priorités n’ont été qu’en partie suivies d’effet, que la connaissance et le suivi de l’aide comportent des lacunes et que la coordination des actions de sécurité et de développement de la France dans la région doit être renforcée ». Dans le langage policé d’un Moscovici s’adressant au Premier ministre, l’évocation « de lacunes » correspond à une sévère critique de la politique suivie. 

Les dépenses de développement négligées

Dans l’espace sahélien, « l’une des régions du monde les plus déshéritées », rappelle la Cour,  la priorité affichée en faveur de l’aide au développement n’est pas surprenante, notent les magistrats. Sauf que cet objectif  » a tardé à se traduire dans les faits ». Or entre 2012 et 2018, les dépenses dans les pays du G5 Sahel ont plus que doublé, passant de de 580 M€ à 1,35 milliard d’euros, dont près de 60 % de dépenses militaires.

Les dépenses de l’aide publique au développement en revanche n’ont pas suivi la progression des crédits de la Défense. Les cinq Etats sahéliens représentaient en 2018 10 % de l’Aide au développement en Afrique, des proportions inchangées par rapport à 2013. Le plus grave, notent nos experts de la rue Cambon, est que l’administration française ne dispose pas de tableaux de bord par région et par pays qui permettraient de mieux cibler les dépenses dans ces pays.

Coût annuel : 1 milliard !

Surprise, les magistrats de la rue Cambon n’hésitent pas, depuis Paris, à évaluer le bilan sécuritaire de la présence française. Le 11 janvier 2013, rappellent-ils, l’opération Serval visait à arrêter la progression, vers le sud du Mali, de bandes armées djihadistes. Le 1er août 2014, l’opération Barkhane prenait le relais, notamment dans la région dite des trois frontières, une  priorité accentuée lors du sommet de Pau, le 13 janvier 2020. Du coup, entre 2014 et 2020, le nombre des militaires français présents est passé de 4 000 à 5 100. Or, selon ces experts, le résultat sur le terrain ne serait pas à la hauteur des objectifs: : « L’extension du périmètre d’intervention de l’armée française, ainsi que la diversification des objectifs ont rendu incertains les critères qui permettront de dire qu’un terme satisfaisant de l’opération, pour la France et pour les Etats du G5 Sahel, aura été atteint ».

« Il n’y a pas de sécurité pérenne sans développement économique, social et institutionnel ». Pierre Moscovici, premier président de la cour des Comptes

En règle générale, les magistrats de la Cour des Comptes, pas franchement keynésiens, ne manquent pas une occasion de dénoncer les dérives des dépenses publiques en France. Avec les « Opérations Extérieures » de l’armée en Afrique,  ces tètes d’oeufont trouvé une formidable confirmation de leurs craintes. Le montant annuel de dépenses liées aux opérations militaires dans la bande saharo-sahélienne est aujourd’hui de l’ordre d’1 milliard d’euros. Ce n’est pas rien !

Un nécessaire recadrage

Quant à la supposée coopération avec le reste de l’Europe, véritable élément de langage d’Emmanuel Macron et de sa ministre des Armées,  Florence Parly, qui voient là un moyen privilégié de réduire les couts de l’intervention au Sahel, elle en prend un sérieux coup. « Par rapport à l’Allemagne et au Royaume-Uni, note Pierre Moscovici dans sa lettre à Jean Castex, la France a tardé à définir ses règles d’intervention dans les pays en crise au titre de la stabilisation, et à s’en donner les moyens ». D’où effectivement une certaine inertie des « alliés » européens à rejoindre la France dans le bourbier sahélien.   

Un audit, concluent nos magistrats, devrait être effectué afin de préciser les critères de réussite de l’opération conduite par la France et ses partenaires au Sahel. « Il n’y a pas de sécurité pérenne sans développement économique, social et institutionnel. Dans les espaces du Sahel où les services rendus aux populations sont faibles, l’action militaire contre les groupes armés ne suffira pas à garantir à elle seule les conditions d’une vie digne et d’une activité pérenne ; les complémentarités entre actions militaires et civiles d’aide à la stabilisation et au développement doivent donc être recherchées et se traduire dans l’organisation de la réponse française ».

Dans un langage convenu, les propositions faites à Jean Castex, Premier ministre, sonnent comme un véritable rappel à l’ordre. Quelle mouche a piqué Pierre Moscovici, connu pour son opportunisme légendaire, qui lui a valu une des plus belles carrières de ces dernières années à l’ombre de l’État? (selon Nicolas Beau, "Mondafrique")

24 avril 2021

La Côte d'Ivoire, nouvelle cible djihadiste ?

La Côte d'Ivoire, cible récemment de deux attaques jihadistes dans le nord, illustre les ambitions des groupes islamistes armés basés au Sahel d’étendre leur champ d’action aux pays du Golfe de Guinée.

kafolo

C’était dans la nuit du 28 au 29 mars. Ce soir-là, des hommes armés ont attaqué deux positions de l'armée ivoirienne situées à la frontière avec le Burkina Faso. C'était dans les localités de Kafolo et Kolobougou. Ces attaques opérées de manière simultanée ont occasionné six morts et plusieurs blessés. Parmi les personnes tuées : trois soldats et trois assaillants. Un peu moins d’un an auparavant, le 11 juin 2020, un assaut djihadiste, le premier survenu en Côte d’Ivoire, a fait une dizaine de morts chez les militaires ivoiriens déjà à.…Kafolo.

La première de ces nouvelles attaques jihadistes en territoire ivoirien, a eu lieu dans cette même localité de Kafolo, près de la ville de Kong, dans le Nord-Ouest. L’attaque a eu lieu entre minuit et 1 heure du matin. Une soixantaine d’hommes lourdement armés, venus du Burkina Faso, ont alors ouvert le feu sur un poste avancé de l'armée, faisant deux soldats tués et quatre blessés.

Dans les combats, les assaillants perdront trois hommes. Quatre autres seront interpellés, selon l'Etat-major général des armées de Côte d'Ivoire, qui affirme que du matériel (armement, radio, munitions et motos) a été saisi.

L'armée régulière a, au bout d'une heure de combat intense, repoussé les assaillants. Ensuite, s'en est suivie une opération militaire de ratissage sur le terrain pour rechercher les assaillants en fuite ainsi que leurs éventuels complices.

La deuxième attaque est survenue à Kolobougou, à 60 Km au nord-ouest du département de Téhini, faisant frontière avec le Burkina Faso où un poste de la gendarmerie a été pris d’assaut.

Selon une note de l'Etat-major des armées de Côte d'Ivoire, « un gendarme ivoirien a été tué et un autre blessé ». Aucune victime cependant n'a été enregistrée du côté des auteurs de l'attaque sur ce poste-frontière.

L'assaut contre ce poste de gendarmerie à Kolobougou a eu lieu entre « 2 h et 3h du matin », a indiqué à APA une source locale, rapportant que « les populations actuellement sont gagnées par la frayeur et ne peuvent pas sereinement aller dans leurs champs et vaquer à leurs occupations ».

Les postes sont sous surveillance de l'armée ivoirienne dans la localité et la présence des militaires venus en renfort fait que les riverains ont un peu peur, poursuit cet habitant de la région qui a requis l'anonymat.

La Côte d'Ivoire dans le viseur des djihadistes

 

ATTAQUE

« Ces attaques dénotent du fait que la Côte d'Ivoire est clairement dans le projet expansionniste des groupes terroristes », analyse Lacina Diarra, spécialiste des questions de sécurité dans la région Sahel-Sahara. Les jihadistes « veulent se créer un sanctuaire au niveau de la zone frontalière entre le Burkina-Faso, le Mali et la Côte d'Ivoire », explique cet expert ivoirien, confortant une thèse soutenue récemment par le chef du renseignement extérieur français, Bernard Emié.

Lors d’une réunion consacrée au contre-terrorisme tenue début février sur la base aérienne d'Orléans, en France, le patron des 7.000 espions et analystes français de la DGSE avait prévenu qu’il fallait se préparer à la fois des attentats des grande ampleur et l'expansion jihadiste vers les pays du golfe comme la Guinée, la Côte d'Ivoire ou le Bénin.

Pour une grande partie des experts en sécurité, pour mieux se préparer à contrer une telle éventualité, le gouvernement ivoirien doit s'atteler rapidement « à casser la chaîne de recrutement, développer des stratégies transnationales tout en impliquant les communautés et la société civile ».

Opération « frontières étanches »

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Suite à la première attaque survenue l’année dernière à Kafolo, le gouvernement ivoirien a adopté un décret portant création d'une « Zone opérationnelle Nord » qui s’étend dans les régions situées sur les frontières entre la Côte d'Ivoire, le Mali et le Burkina Faso.

Cette « Zone opérationnelle Nord » vise à passer de la phase de surveillance des frontières à une posture défensive avec une importante capacité de réversibilité en mission offensive en vue d'empêcher toute infiltration de ces groupes armés sur le sol ivoirien.

Avec un commandement unique pour les opérations militaires et celles relevant de la défense du territoire, l'Etat ivoirien veut permettre à l'ensemble des forces de défense et de sécurité d'avoir une rapide réactivité sur les missions au niveau des frontières.

 Visite aux troupes

Le chef d'Etat-major général des armées, le général de corps d'armée Lassina Doumbia, a d’ailleurs effectué, lundi 31 mars, une visite aux troupes, en compagnie du commandant supérieur de la gendarmerie, le général de corps d'armée Apalo Touré. « Je voudrais vous féliciter, vous dire nos encouragements, vous adresser nos condoléances et vous dire que vous avez été braves, au vu des circonstances et des efforts que vous avez faits, on ne peut que vous le reconnaître », a dit le général Lassina Doumbia à ses hommes, à Kafolo.

« À mon avis, de par mon expérience, en combat de nuit alors qu'on est surpris, perdre deux hommes, c'est que vous êtes bons (soldats), vous savez vous battre parce que la nuit, quand on voit quelqu'un passer, on ne sait pas si c'est son ami ou c'est son ennemi. Entre nous-mêmes, on peut s'allumer parce que c'est compliqué », a-t-il ajouté.

Pour sa part, le commandement supérieur de la gendarmerie, a demandé aux soldats « d'avoir de la réaction », car « il faut être prêt à utiliser son arme », a-t-il martelé. (selon "Ivoire-soir")

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15 février 2021

Djibouti : les jeunes lieutenants français à l'Ecole du désert

Accroupis sur le sol rocailleux à la tombée du jour, de jeunes officiers d'infanterie reprennent leur souffle en attendant les ordres. Cette nuit sera leur dernière à l'Ecole du désert, après deux semaines harassantes dans les collines arides du sud de Djibouti.

djibouti"Ce matin on s'est levé à 3h30. Mais ces derniers jours on était en véhicule, ça permet de récupérer un peu", raconte le lieutenant Bastien en engloutissant une ration militaire, visage couvert de sable, dos calé contre son gilet pare-balles.

Vers 20h00, les ordres sont lus à la lumière des lampes frontales. Au matin, la compagnie devra s'emparer d'un des ponts enjambant la voie de chemin de fer Djibouti-Addis Abeba, après avoir reconnu le terrain et collecté du renseignement sur les positions adverses. La nuit sera courte pour les chefs de section, désignés à tour de rôle parmi les lieutenants.

"La mission des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, c'est de former de futurs officiers, avec une partie académique importante. Notre mission, c'est de former des chefs capables de commander au combat d'emblée", explique le commandant Gregory, de l'Ecole d'infanterie de Draguignan, où les lieutenants suivent leur dernière année de formation avant de rejoindre un régiment.

En fin d'année sonne pour ces fantassins l'heure de l'entraînement au combat interarmes dans cette zone désertique à 6.000 km de Paris, où le thermomètre tutoie souvent les 50 degrés et qui offre à la France un terrain d'exercice unique. Au programme : 15 jours et nuits de manoeuvres mêlant progression à pied, blindés, hélicoptères, artillerie...

"Ici, on voit bien que l'infanterie est un pion parmi d'autres, l'aspect interarmes complexifie beaucoup les choses, on doit gérer la radio, le génie, la cavalerie...", explique le lieutenant Quentin.

L'entraînement comprend aussi un aspect interallié, "caractéristique du travail des armées françaises en opérations extérieures", fait valoir le commandant Gregory: des militaires américains et djiboutiens participent à l'exercice.

Haute intensité

Cette année, le scénario a évolué. Exit l'affrontement asymétrique contre un ennemi militairement plus faible, sur le modèle du conflit mené par la France au Sahel: pour cette édition 2021, les deux camps sont dotés de moyens équivalents. Objectif: se préparer aux conflits de "haute intensité", une menace prise très au sérieux par l'état-major.
"Le temps de grimper une colline, une Gazelle (hélicoptère d'attaque, ndr) était en face de nous, c'était impressionnant", raconte le lieutenant Estelle, 28 ans, diplômée de pharmacie reconvertie dans l'armée, seule femme de sa promotion.

Après un départ au clair de lune, la colonne de VAB (véhicules de l'avant blindé) et de camions s'ébranle vers une zone montagneuse. Premier arrêt pour observer le paysage vallonné depuis les hauteurs. 

"On a repéré 3 VAB à 1.500 mètres en contrebas. Avec les Américains on va faire des bonds successifs en nous appuyant à tour de rôle", détaille le lieutenant Donatien, 25 ans, carte topographique en main, à couvert avec un camarade djiboutien derrière des amas de roche.

Soudain, les tirs claquent. L'équipe de tête est prise à partie. "En position, en position!" crie un lieutenant en ordonnant à ses hommes de se déployer le long la ligne de crête.

Dans le ciel, deux Mirage 2000 surgissent et survolent la vallée à basse altitude dans un bruit fracassant. Un "show of force" destiné à sidérer l'adversaire.

"Pour beaucoup d'entre nous, c'est le premier déploiement en Afrique avec l'armée. Il y a beaucoup de moyens, on touche vraiment ce qu'on va faire en opérations", souligne le lieutenant Jules, 25 ans. Tous ont en tête l'opération  Barkhane, qui mobilise plus de 5.000 Français au Sahel.

Arbitrage des instructeurs: l'échange de tirs a fait trois "blessés" au sein de la section. Les hommes font mine d'administrer les soins d'urgence: pression sur la plaie, pose de garrot, piqûre de morphine. Le VAB sanitaire arrive rapidement pour les évacuer.

"Prenez leur tête entre les mains, parlez-leur", glisse le capitaine Vianney en observant la scène, tristement familière pour ce légionnaire rompu aux théâtres d'opérations.

"Pour un chef de section, c'est assez traumatisant d'avoir des blessés et des morts, mais il doit aussi éviter le sur-accident et poursuivre la manoeuvre", recommande-t-il à la trentaine de lieutenants assemblés pour un "debrief". "On doit sentir la voix du chef qui rassure et rappelle la mission". (selon "Tahiti infos")

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