Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
23 décembre 2023

Russie : Ce que l’on sait de la disparition de l’opposant Alexeï Navalny

Condamné à dix-neuf ans de prison, le militant anticorruption et opposant de Vladimir Poutine a été extrait de sa prison vers une destination inconnue.

Navalny2Comment gagner une élection à coup sûr ? En jetant tous ses opposants en prison, évidemment. La recette a été testée et approuvée en Russie, dirigée par Vladimir Poutine depuis… si longtemps qu’on ne sait plus vraiment (2000, en fait). Alors qu’une nouvelle élection présidentielle se profile dans le froid pays, la quasi-totalité des adversaires politiques du président (et parfois leurs avocats) ont été jetés en prison ou poussés à l’exil. Après près d’un quart de siècle au pouvoir, Vladimir Poutine, qui a annoncé la semaine dernière être candidat pour un cinquième mandat, sera réélu sans aucun doute.

Car le sort réservé à ses opposants ne peut que dissuader d’éventuels candidats à se présenter. Prenons le cas d'Alexeï Navalny, 47 ans. Le militant anticorruption a été condamné par un tribunal de Moscou, le 4 août 2023, à dix-neuf ans de prison pour extrémisme, après un procès à huis clos. Une peine qu’il doit exécuter dans une colonie à « régime spécial », la catégorie d’établissements où les conditions de détention sont les plus rudes et qui sont d’ordinaire réservés aux condamnés à perpétuité et aux détenus les plus dangereux.

Ses proches sans nouvelles

Arrêté en janvier 2021, Alexeï Navalny purgeait jusqu’ici sa peine dans la région de Vladimir, à environ 250 km à l’est de Moscou. Il était très souvent placé à l’isolement, en représailles de violations supposées des règles carcérales. La semaine dernière, son équipe a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour appeler les Russes à voter contre Vladimir Poutine à la prochaine présidentielle. Hasard ou conséquence, dans le même temps, il a été extrait de sa prison vers une destination inconnue. « On ne sait pas vers quelle destination exactement », a écrit sur X (ex-Twitter) sa porte-parole, Kira Iarmich, précisant que ce transfert aurait eu lieu le 11 décembre.

Ses proches sont sans nouvelles de l’opposant depuis le 6 décembre. Il faut dire que les transferts d’une colonie pénitentiaire à une autre en Russie prennent souvent plusieurs semaines de voyage en train avec des étapes, les proches des détenus restant sans informations pendant cette période. Cette soudaine disparition a en tout cas suscité la préoccupation de plusieurs pays occidentaux. Vendredi, un porte-parole de la diplomatie française a appelé Moscou à assurer « la santé de ses détenus, en particulier les prisonniers politiques ». L’Union européenne a, elle, réitéré son appel à la libération « immédiate » d’Alexeï Navalny, tandis que la Maison-Blanche s’est dite « très préoccupée ».

Prison et empoisonnement

Pourquoi tant d’acharnement ? A l’hiver 2011, Alexeï Navalny prend la tête du mouvement de contestation des législatives remportées par le parti au pouvoir. Les rassemblements sont d’une ampleur inédite depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000. Il écope de ses premières peines de prison et crée la Fondation anticorruption (FBK). Le 18 juillet 2013, il est condamné à cinq ans de camp pour détournement d’argent au détriment de Kirovles, une exploitation forestière de la région de Kirov (ouest). Dénonçant un procès politique, il obtient en appel une peine avec sursis.

Il devient peu à peu le visage de l’opposition et obtient 27,2 % des voix à l’élection pour la mairie de Moscou en septembre 2013, face au maire sortant proche de Vladimir Poutine. Deux ans plus tard, son parti, le Parti du progrès, est interdit. En 2018, il se porte candidat à la présidentielle, mais la commission électorale le déclare inéligible pour sa condamnation dans l’affaire Kirovles.

Le 20 août 2020, il frôle la mort. Hospitalisé dans un état grave en Sibérie, il est transféré dans le coma à Berlin à la demande de ses proches. Le 2 septembre, Berlin conclut à  un empoisonnement par une substance de « type Novitchok », produit neurotoxique développé à des fins militaires à l’époque soviétique. Alexeï Navalny accuse Vladimir Poutine, "inacceptable" pour Moscou.

Sur la liste des « terroristes et extrémistes »

Rentré en Russie après sa convalescence, il est arrêté dès son atterrissage à Moscou le 17 janvier 2021. Quelques semaines plus tard, la justice convertit son ancien sursis pour fraude en sentence ferme de deux ans et demi. Il est envoyé dans une colonie pénitentiaire à Pokrov, à 100 km à l’est de Moscou. Dans le même temps, son organisation anticorruption FBK est fermée pour extrémisme. Le 20 octobre 2021, il reçoit le prix Sakharov de défense de la liberté de pensée. Mais en Russie, il rejoint la liste des « terroristes et extrémistes ». Jugé coupable d’escroquerie et outrage à magistrat, il est condamné le 22 mars 2022 à neuf ans de prison et transféré dans une prison à 250 km à l’est de Moscou, d’où il pourfend toujours l’invasion de l’Ukraine.

Après sa condamnation à dix-neuf ans de prison en août dernier, les autorités russes ont engagé de nouvelles poursuites à son encontre, cette fois pour vandalisme. Ce qui pourrait ajouter trois années de détention supplémentaires à sa peine. (selon "Le Monde")

Publicité
Commentaires
F
Poutine, Staline, même combat !
Répondre
Publicité
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
Derniers commentaires
Archives
Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
Visiteurs
Depuis la création 2 249 029
Publicité