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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
5 juillet 2023

Pakistan : la démocratie sous tutelle de l’armée

Au Pakistan, des manifestations contestent l’influence de l’armée, accusée d’être à l’origine de l’évincement de l’ancien Premier ministre Imran Khan.

pakistanLe 9 mai 2023, des paramilitaires, connus au Pakistan sous le nom de rangers, pénètrent dans un tribunal d’Islamabad en cassant portes et fenêtres. À l'intérieur, Imran Khan, ancien Premier ministre évincé du pouvoir un an plus tôt par une motion de censure, est en état d’arrestation. Maintenu en détention pendant trois jours, puis jugé et libéré sous conditions par la Cour suprême, Imran Khan vit reclus chez lui, dans sa maison de Lahore encerclée par la police. Il dénonce les menaces de l’armée contre son parti le PTI -Mouvement du Pakistan pour la justice- ainsi que les milliers d'arrestations et les cas de torture contre ses soutiens massivement descendus dans les rues.

La confrontation entre l’armée et Imran Khan dure depuis un peu plus d’un an. Après la chute de l'homme politique par une motion de censure du Parlement en avril 2022, l’armée veut empêcher la tenue d'élections législatives, qui le verraient certainement revenir au pouvoir. Cette confrontation politique soulève des inquiétudes, dans un pays qui a connu trois coups d'État militaires, et qui a été dirigé pendant trente ans par l’armée.

Dans les gigantesques cortèges qui sillonnent plusieurs villes pakistanaises pour exprimer leur colère, est-ce l’institution militaire qui est contestée ? Quel est le poids de l’armée dans les affaires politiques et économiques du Pakistan ? Le gouvernement actuel de Shehbaz Sharif, certes rival d’Imran Khan, est-il prêt à se battre pour sauvegarder la prééminence des autorités civiles sur les autorités militaires ?

Pour répondre à ces questions, Julie Gacon reçoit Laurent Gayer, chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (CERI) à Sciences Po Paris.

Laurent Gayer explique qu'en dépit du discours anti-système qu'il porte, Imran Khan est un produit classique de l'establishment pakistanais : “Il incarne l’image d’un outsider qui dénonce la corruption des dynasties politiques traditionnelles, pourtant, il n’aurait pas pu devenir Premier ministre sans un coup de pouce de l’armée qui souhaitait se débarrasser de Nawaz Sharif, son prédécesseur. Au Pakistan, systématiquement, les leaders civils arrivés au pouvoir grâce au soutien de l’armée finissent par vouloir s’en autonomiser et sont mis de côté.”

Selon Laurent Gayer, l’armée se présente comme l’institution tutélaire du Pakistan, au-dessus des partis et des politiciens : “Depuis la fondation du pays en 1947, la raison d’être de l’armée, c’est la sauvegarde de la sécurité nationale face à l’ennemi historique indien, mais aussi contre la corruption et l’incurie des élites civiles.”

Pour aller plus loin :

    Laurent Gayer est l'auteur de l'ouvrage "Le Capitalisme à main armée : caïds et patrons à Karachi" publié par les éditions du CNRS en 2023.
    Il est également à l'origine d’un reportage photo intitulé “Jours de colère au Pakistan” paru en mai 2023 dans la revue numérique du Grand Continent.

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