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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
25 mai 2023

Une tombe mégalithique découverte en Espagne

Elle révèle des croyances vieilles de plus de 5 000 ans

C'est une découverte qui montre à nouveau la "relation évidente entre les formations naturelles remarquables et les monuments construits par l'Homme", comme l'écrivent les chercheurs qui en sont à l'origine : à côté d'un intrigant mont espagnol isolé, lieu semblerait-il significatif pour les peuples locaux du Néolithique, ils ont déniché une tombe en pierre vieille de 5 400 ans.

espagne2Près de la ville d'Antequera, dans le sud de l'Espagne, une montagne proéminente ressemblant au profil géant endormi semble entourée de légendes millénaires. La région a d'ailleurs constitué un foyer local pour les peuples anciens, en témoignent les nombreux mégalithes, monuments préhistoriques fabriqués à partir de grosses pierres, qui y ont été retrouvés — le plus célèbre étant le Dolmen de Menga, l'une des plus grandes et plus anciennes structures mégalithiques d'Europe (entre 3800 et 3600 av. J.-C.). L'un d'entre eux, nouvellement révélé sur le site archéologique de Piedras Blancas, est décrit dans la revue Antiquity ce 14 mai 2023 : une tombe en pierre, vieille de 5 100 ans, fascinante sur bien des points. Notamment, car elle présente des similarités avec une autre sépulture construite à peu près au même moment à plus de 1 600 kilomètres, à Newgrange, en Irlande.

À côté de peintures rupestres, une ancienne tombe

C'est au pied du fameux massif calcaire en forme de visage, connu sous le nom de La Peña de los Enamorados ("le Rocher des amoureux") — du nom d'une légende selon laquelle deux amants maudits se seraient tués en sautant — que les recherches ont été ici réalisées par les spécialistes fin 2020, dans le "cou" de la montagne. Ils se sont plus précisément concentrés sur une zone près de l'abri de Matacabras (Abrigo de Matacabras), où des pictogrammes peints il y a 5 800 ans de style schématique avaient déjà été révélés. "Des fouilles et des études multidisciplinaires, comprenant des investigations géologiques, architecturales et archéoastronomiques, ont révélé un monument funéraire complexe, mi-naturel, mi-bâti, mi-hypogée, mi-mégalithe", écrivent ainsi les auteurs de l'étude.

Cette tombe en pierre, estiment-ils, aurait été construite quelques centaines d'années après la réalisation des peintures rupestres voisines, et utilisée comme sépulture pendant plus de 1 000 ans. Plusieurs dépôts de restes humains ont été découverts en son sein, datant de trois phases majeures. Des outils en pierre et des pièces de poterie y ont aussi été dénichés, particulièrement intéressants pour les chercheurs ; les résidus sur les récipients peuvent donner des indications sur les objets funéraires qu'a pu contenir la fosse il y a plusieurs millénaires, disparus depuis.

Des pierres spécifiques pour un effet visuel "théâtral"

La chambre intérieure de la tombe était par ailleurs décorée d'une pierre distinctive, avec à sa surface des "ondulations", Cette roche particulière, agencée dans une partie de la chambre funéraire exempte de restes humains, n'y a pas été placée au hasard : elle l'a été de sorte que la lumière du soleil levant du milieu de l'été (solstice d'été) produise un "certain effet sur le côté droit de la chambre", dans un "agencement sophistiqué" et délibéré, écrivent les chercheurs. "Ces [anciens humains] ont choisi cette pierre précisément parce qu'elle crée ces formes ondulantes, développe Leonardo García Sanjuán, auteur de l'étude et archéologue à l'Université de Séville (Espagne) interrogé par LiveScience. C'était très théâtral… ils ont été très intelligents dans la production de ces effets visuels spéciaux.

"D'après l'équipe de recherche, une telle construction architecturale a également été observée à 1 600 kilomètres de là, sur la tombe mégalithique — bien plus grande et plus complexe, toutefois — de Newgrange (Irlande). Les humains ayant vécu dans ces lieux éloignés semblent ainsi avoir partagé des croyances similaires. "[Ils] ont quelque chose en commun : l'intérêt des constructeurs à utiliser la lumière du soleil à un moment précis de l'année, pour produire une symbolique — peut-être magique", continue Leonardo García Sanjuán, toujours à nos confrères. D'autres structures mégalithiques similaires ont aussi été découvertes du Maroc à la Suède, indique-t-il : "Il y a aussi des différences, mais un élément commun est le soleil. [Il] était au centre de la vision du monde de ces gens".

La Peña, lieu d'importance durant le Néolithique

Dans cette même région d'Antequera, le site voisin du Dolmen de Menga n'est en revanche pas directement orienté vers le lever ou le coucher du soleil au solstice, comme cela pourrait être attendu. Il pointe vers le fameux rocher de La Peña de los Enamorados, à environ 6,5 kilomètres au nord-est — les deux autres mégalithes de la zone (le dolmen de Viera et celui d'El Romeral), construits plus tard (vers 2 500 av. J.-C.) sont quant à eux tournés vers d'autres points.

La découverte de cette nouvelle tombe en pierre semble finalement apporter une explication aux chercheurs sur ce mystérieux alignement du Dolmen de Menga : et si celui-ci pointait finalement directement vers la sépulture et les peintures rupestres ? Cela soulignerait et renforcerait l'importance de La Peña de los Enamorados comme centre d'intérêt et de référence pour les populations préhistoriques locales du Néolithique (et peut-être même plus anciennes), "en tant que point de repère et géo-sculpture". "La découverte d'un nouveau monument mégalithique [en ces lieux] élargit considérablement notre compréhension du site du patrimoine mondial d'Antequera", concluent-ils. (selon "Geo")

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