Pegida dans le Dreyeckland
Le mouvement xénophobe chassé de Weil-am-Rhein
Alors que la France voit monter le FN au niveau des élections régionales, nos voisins du Pays de Bade et du Dreyeckland réagissent de plus en plus aux manifestations hebdomadaires des racistes de Pegida. Weil-am-Rhein était leur point de ralliemenent habituel. La dernière marche avait à peine réuni quelques 100 manifestants, venus d'Allemagne, de Suisse et d'Alsace, qui ont été bloqués par près d'un millier de contre-manifestants. Aussi, les responsables ont-ils décidé de ne plus revenir à Weil-am-Rhein et de se replier sur le proche Kandern.
Qu'attire donc Pegida à Weil-am-Rhein ?
Il est évident que la proximité des trois frontières tend à internationaliser le mouvement. Il est d'ailleurs assez curieux que les porte-paroles de Pegida, qui s'en prend surtout aux étrangers, soient deux ressortissants suisses du nom de Ignaz Bärtz, qui estime que "les vrais nazis se trouvent à la tête du gouvernement allemand" et du non moins sombre Tobias Steiger qui vient de déclarer à propos de la noyade dans le Rhin à Bâle d'un étranger : "Laissez-les partir avec Dieu, l'essentiel c'est qu'ils partent. " Beaucoup d'habitants de la région suivent ces marches avec un mélange d'incrédulité et d'horreur.
Il est évident que Pegida vise aussi la politique d'accueil de réfugiés de Weil-am-Rhein et des communes environnantes où la proportion d'étrangers est de 16% (surtout des Italiens et des Turcs). Il existe aussi une mosquée et un Conseil des Etrangers. Un club de football turc joue en ligue de district. A l'école primaire Rhein, où 80% des élèves sont étrangers, une journée entière par semaine leur est réservée pour un enseignement spécifique. Bref, une réussite en matière d'intégration que l'extrême-droite refuse.
A noter aussi, que Tobias Steiger a été empêché d'organiser ce genre de manifestation fasciste à Bâle.
Que font les élus ?
En réalité, pas grand chose. L'électorat de l'extrême-droite a augmenté aux dernières élections municipales, et le parti NPD (équivalent du FN) a obtenu quelques élus. Alors le Bürgermeister Wolfgang Dietz reste évasif tout en se félicitant du départ de Pegida sous d'autres cieux. Une attitude qui risque d'être peu efficace, car les fascistes et néo-nazis ont promis de revenir en 2016.