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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
17 septembre 2007

Made in China

Bien qu'étant toujours interdit de blog en Chine, il y a pourtant des nouvelles qui arrivent de là-bas. Voir l'article ci-dessous de l'Est Républicain du 17/9. Installé depuis plus de vingt-cinq ans à Pékin, Bernard Terminet Schuppon, consultant, dévoile les pratiques commerciales des groupes occidentaux implantés en Chine.
« Le patron de Mattel mérite des gifles »

- Que faites-vous en Chine ?
- Je suis consultant en entreprises. J'habite en Chine depuis vingt-cinq ans. J'y ai été représentant de GDF pendant des années, puis de Lafarge, de Total Gaz... J'aide aujourd'hui les sociétés occidentales à s'implanter, faire du business, vendre des équipements... J'ai de bonnes relations avec certains responsables en Chine. Ici, les affaires sont très « politiques ».
- Mattel, le géant américain du jouet vient de rappeler, pour la troisième fois, ses produits fabriqués en Chine. Ils présentaient un danger pour les enfants. Etes-vous surpris ?
- Le patron de Mattel mérite des gifles. Les sociétés occidentales sont venues en Chine pour fabriquer moins cher. Elles ont tellement tiré les prix que désormais elles ne font plus de contrôle de qualité. Le résultat est là. Or, elles ont une responsabilité vis-à-vis des consommateurs.
- En somme, la pression des groupes occidentaux explique la mauvaise qualité des produits chinois ?
- Mattel renvoie trois fois de suite, c'est inadmissible. Il existe des sociétés de contrôle de qualité partout en Chine. J'en connais une où il y avait 600 contrôleurs. Du fait des pressions des grands groupes occi dentaux, ils ne sont plus que 250 ou 300. Manque de pot pour ces groupes, il y a de temps en temps des contrôles...

Un imperméable très chic à 1,02 €

- Comme pour le dentifrice ?
- Oui. Cependant, la triche locale n'est pas exclue. Certains produits vendus en Europe transitent par la Bulgarie, la Tchéquie ou les anciens pays de l'Est qui ont monté des bases commerciales sans avoir les structures pour effectuer les contrôles. C'est d'autant plus vrai que les administrations locales sont réceptives à des pratiques commerciales disons... différentes.
- La Chine est aussi un énorme marché intérieur pour les entreprises françaises...
- Prenons le cas d'un groupe d'hypermarchés bien connu. Il ne gagne pas d'argent avec ses magasins installés dans le pays. Par contre, sa présence en Chine lui permet d'exporter pour des milliards d'euros de marchandises dans ses magasins en Europe via des sociétés offshore. Sa seule motivation, c'est d'avoir une capacité d'achat ici, en Chine, et une capacité de fourniture de ses propres magasins dans le monde. Là, il gagne de l'argent.
- En raison de coûts de production très bas ?
- Evidemment. Une entreprise de grande notoriété française fait fabriquer en Chine des imperméables très à la mode. A Pékin, je les ai payés 1,02 € à l'usine. Dans son magasin, non loin de là, le même vêtement est revendu 12,40 €. Et en France, il coûte une vraie fortune.

Même les chinois ont peur de leurs produits

- L'effet du main d'oeuvre très bon marché ?
- Bien sûr. La valeur ajoutée technologique de ce que produit l'industrie chinoise est quasiment nulle. Elle représente moins de 3 % des exportations. Enfin 60 % des produits technologiques exportés le sont par des sociétés étrangères.
- La Chine exporte aussi des produits alimentaires...
- Beaucoup de lapins, de poulets, des légumes comme les tomates, les asperges, les champignons, en boîte ou semi-frais. Une société française très connue dans l'industrie agroalimentaire exporte des champignons, de la coriandre séchée, des truffes et des morilles qu'il écoule dans son réseau. Comme les producteurs de fois gras, par exemple.
- La Chine est réputée peu regardante sur les normes de sécurité alimentaire. Que valent ces produits ?
- Si vous prenez un morceau de porc sans trop regarder et si vous le mettez dans la poêle, il va réduire de moitié et les odeurs qui s'en dégagent sont peu appétissantes. C'est à peu près la même chose pour le poulet. Dans cette société essentiellement rurale, la chaîne alimentaire n'est pas au top. Même les consommateurs chinois ont peur de leurs produits.

Des coefficients compris entre 7 et 9

- Et nous, devons-nous avoir peur du Made in China ?
- Je ne le pense pas. Il faut savoir que la qualité d'un produit quel qu'il soit est de la responsabilité de celui qui le produit et qui le distribue. Il a une obligation de résultat. Ici, il n'y a pas de notion de qualité, il y a une notion de prix.
- Vous parlez du prix. Les grands groupes implantés en Chine réalisent-ils de grosses marges ?
- Elles sont très importantes. Des coefficients de 7 à 9 avec, en général 2 points qui ne rentrent pas en France ou en Europe mais qui partent vers des comptes extérieurs... C'est cela aussi la mondialisation.

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