L'idée d'un milliardaire américain
C’est le milliardaire américain Warren Buffet, troisième fortune mondiale, qui a ouvert le bal le 15 août dernier. Dans le New York Times, il déclare ne pas être suffisamment taxé et lance un appel au gouvernement fédéral américain pour que celui-ci augmente l’imposition des plus riches. Le lendemain, l’appel traverse l’Atlantique et est repris en France par Maurice Lévy, PDG du groupe de communication Publicis. Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, celui-ci propose une « contribution exceptionnelle des plus riches, des plus favorisés, des nantis », qui se doivent en ces temps difficiles de contribuer à « l’effort national ».
Des Européens suivent
Le publicitaire est rapidement suivi par 15 autres entrepreneurs français. Pour ces derniers, l’ordre est clair : « Taxez-nous ! ». Les signataires de l’appel, parmi lesquels figure Liliane Bettencourt, actionnaire de L’Oréal, insistent sur la nécessité d’apporter leur soutien durant cette période difficile pour l'économie nationale. Toutefois, le caractère « exceptionnel » de la contribution a son importance. Il ne s’agit en aucun cas pour eux d’encourager une augmentation durable de l’impôt sur les plus riches. Point trop n'en faut! De l’autre côté des Alpes, c’est le patron de l’un des emblèmes du luxe qui a transmis l’appel. Luca di Montezemolo, PDG de Ferrari, a encouragé le 29 août l’État italien à taxer les plus aisés. Initiative restée lettre morte puisque la taxe devant toucher les plus hauts revenus vient d’être annulée par le gouvernement de Silvio Berlusconi. Quand il s’agit de générosité, il n’est pas facile de se faire entendre. En ces temps mouvementés pour l’économie mondiale, les plus fortunés semblent tout de même s’agiter au sein des pays industrialisés. Aux États-Unis, en France ou en Italie, leur démarche traverse les frontières. Toutefois, l’appel a eu plus de peine à franchir le Rhin.
Enfin les Allemands
Les milliardaires germaniques sont les troisièmes plus nombreux, après les américains et les japonais. Deux semaines après l’agitation provoquée par Warren Buffet, les riches Allemands se réveillent enfin. A l’est du Rhin, la réaction s’effectue en deux temps. C’est le collectif « Appel pour un impôt sur la fortune » qui a lancé le premier l’idée d’une taxation des plus nantis. Si l’initiative vient subitement de revenir sur le devant de la scène, laissant croire au rechignement de la part des riches Allemands, celle-ci date en fait de 2009, bien avant que les Américains, Français et Italiens ne fassent leur coming-out fiscal généreux. Par ailleurs, leurs revendications sont claires : un prélèvement exceptionnel du patrimoine à hauteur de 5% pendant 2 ans, s’abaissant à 1% les années suivantes. Pour ces derniers, il ne s’agit pas non plus d’un impôt classique. Il est nécessaire que l’argent récolté ait une utilité bienfaitrice pour la société et soit exclusivement mobilisé pour financer les « investissements durables » tels que le développement de l’économie verte ou le soutien des services publics (éducation, santé).
(Selon "La gazette de Berlin")
Mais au fait, est-ce d'une obole que veulent les peuples, ou d'une juste répartition de l'impôt de façon permanente ?