Les élus vent debout !
Plus de 30.000 personnes sont attendues lors du congrès annuel d’une mission évangélique tzigane du 3 au 10 septembre, prévu sur la base de Grostenquin.
Les élus mosellans se disent trahis par l’État. Voilà des semaines qu’ils mènent bataille pour empêcher la mission évangélique de gens du voyage Vie et Lumière de se rassembler à Grostenquin pour leur congrès annuel, du 3 au 10 septembre. Par décision du gouvernement, cette ancienne base aérienne de l'Otan va bel et bien accueillir le rassemblement de tziganes, où près de 5000 caravanes et plus de 30.000 participants sont attendus.
Dès dimanche, les premiers pèlerins de cette Mission évangélique des Tziganes de France, qui réunit les cinq communautés tziganes - Manouches, Rom, Gitans, Eyniches et Voyageurs (forains), ont commencé d’arriver de toute la France. Une semaine avant le début officiel de l’événement, la préfecture compte déjà 3000 véhicules dont 2050 caravanes, dans cette agglomération de 41 communes dont les plus proches de la base, Bistroff et Erstroff, ne comptent pas plus de 300 habitants.
Près du double par rapport à 2017
Voilà cinq ans que Vie et Lumière ne s’était réunie en Moselle. En 2017, l'événement avait généré de multiples défis logistiques en termes de sécurité, de trafic routier et d’hygiène. Les collectivités avaient eu à charge la gestion des déchets et l’approvisionnement en eau et électricité. «Tout cela au frais du contribuable», grince Fabien di Filippo, élu LR de Moselle. «À l’époque ils étaient 26.000, là ils seront bien plus !», s'inquiète le député.
Le dernier rassemblement de la mission, en mai dernier dans le Loiret, près de Gien, a réuni près de 40.000 personnes, soit près du double d’avant le Covid. L’événement s’est caractérisé par des vols d'électricité municipale, des squats et des déjections sur des terrains publics et privés, au grand dam des habitants. La députée RN du Loiret Mathilde Paris avait appelé l'État à «prendre ses responsabilités» en mettant à disposition de la mission pentecôtiste un autre terrain, ou en imposant une jauge.
À la veille du rassemblement en Moselle, le pasteur Joseph Charpentier, organisateur du rassemblement Vie et Lumière, affirme s'être engagé à payer les frais. «Le ramassage des ordures, l'électricité et l'eau consommée, tout est à la charge à 100% de l'association», a-t-il affirmé sur France Bleu Lorraine. Une affirmation que dément le président de la communauté d'agglomération Saint-Avold Synergie, Salvatore Coscarella. Lui assure n'avoir pas été contacté par la Mission. «Il ne peut pas dire que tout s'est bien passé lors des précédentes éditions, a réfuté l'édile auprès de France Bleu, c'est totalement faux. Tout le monde a encore en mémoire l'état du terrain dans lequel ils l'ont laissé quand ils sont partis, et de ce que ça a coûté pour tout remettre en état».
Promesse d'Edouard Philippe
Les maires sont d’autant plus amers qu’en 2017, face à la grogne, Edouard Philippe, alors premier ministre, avait promis aux élus Mosellans que la base aérienne de Grostenquin ne serait «plus sollicitée (...) à l'avenir» pour accueillir le rassemblement tzigane. Dans une lettre rendue publique, le chef du gouvernement affirmait avoir «commencé d'identifier, pour les prochaines années, d'autres sites permettant d'accueillir le rassemblement annuel», la base mosellane restant «une une infrastructure nécessaire aux besoins opérationnels des armées».
«La parole d'un premier ministre, c'est la parole de l'État, de la République», s'est insurgé Salvatore Coscarella. Fabien di Filippo affirme de son côté avoir sollicité maintes fois le cabinet d'Elisabeth Borne pour obtenir des explications, en vain. Lors d'un déplacement à Valmont, commune voisine de Grostenquin, le 25 août, la ministre chargée des collectivités territoriales Dominique Faure a dit «entendre le mécontentement» des élus et s’est engagé à lancer «aux côtés du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et de la première ministre, Elisabeth Borne, un travail de recherche pour voir, en 2024, le lieu qui pourrait accueillir ce rassemblement».
Pour parer tout risque sécuritaire, le préfet de Moselle Laurent Touvet a annoncé le déploiement de 400 gendarmes, avec des «patrouilles de gardes républicains à cheval», pour «empêcher des dégradations ou des souillures». Un poste médical avec médecins et infirmiers a été installé, et les pompiers envoyés sur le site.
De leur côté, les maires des 41 communes environnantes, réunis fin juillet, ont pris un arrêté pour interdire le stationnement des caravanes en dehors des aires réservées. Les élus ont aussi averti qu'ils déposeraient systématiquement plainte en cas d'infraction, notamment autour de la zone «Natura 2000» de protection de la biodiversité. Celle-ci a été entourée de barrières pour prévenir les risques de dégradation et de braconnage, a annoncé la préfecture de Moselle. (selon "F-Société")