Pegasus, un logiciel de sécurité vendu aux gouvernements à travers le monde s’est révèle être un outil d’espionnage qui a permis de traquer de nombreuses personnes.
Les révélations concernant l’utilisation d’un logiciel espion plus connu sous le nom de Pegasus, ont été reprises dimanche par le Washington Post, le Guardian, Le Monde et 14 autres médias à travers le monde. Cette revue des articles de presse ainsi que le rapport d’origine de l’ONG Forbidden Stories et d’Amnesty International relatifs à Pegasus et consulté par Eburnie Today permet de constater qu’autour de 50.000 numéros et téléphone étaient sous surveillance grâce au logiciel produit par la firme israélienne NSO Group.
Il s’agit entre autres de numéros de téléphone de militants des droits de l’homme, d’opposants politiques, de journalistes, d’avocats et autres activistes engagés sur des questions sensibles comme la protection de l’environnement, la lutte contre le blanchiment d’argent, la gouvernance, les droits de l’homme et le crime organisé. Cette fuite massive de contacts téléphoniques a poussé NSO Group à réagir indiquant qu’à l’origine son logiciel a été conçu pour être utilisé contre les criminels et les terroristes.
NSO Group souligne donc que son logiciel est vendu aux gouvernements pour être utilisé par l’armée, les forces de l’ordre et les services de renseignement. La firme précise même que le logiciel n’est vendu qu’aux pays ayant un bilan acceptable en matière de protection des droits de l’homme. Vrai ou faux, une chose est certaine, les investigations et révélations de l’ONG Forbidden Stories et d’Amnesty International sur Pegasus ont créé une onde de choc et fait du logiciel la cible de nombreux commentaires.
Pour NSO Group, le rapport des organisations qui s’attaquent à son logiciel est « plein d’hypothèses erronées et de théories non corroborées » promettant qu’il « continuerait à enquêter sur toutes les allégations crédibles d’utilisation abusive et à prendre les mesures appropriées ».
Pegasus en Afrique
Ces révélations d’une ampleur mondiale concernent évidemment, aussi, l’Afrique. Sur le continent, 3 pays se sont illustrés : le Maroc, le Rwanda et le Togo. Ces 3 pays sont cités dans le scandale Pegasus pour avoir ciblé de hautes personnalités politiques, des journalistes et des activistes. Une bonne douzaine de personnalités politiques, journalistes et activistes des pays d’Afrique de l’Est ont ainsi été ciblés par le Rwanda. Le pays de Kagamé se serait même payé le luxe de cibler le président sud-africain Cyril Ramaphosa et l’ancien premier ministre ougandais Ruhakana Rugunda grâce à Pegasus.
Le Maroc lui, aurait à la fois ciblé des personnalités politiques et journalistes français dont le président Macron, son ancien premier ministre et plusieurs membres de son gouvernement ; des journalistes comme Edwy Plenel, patron de Mediapart; et des journalistes marocains ou travaillant au Maroc. En Afrique de l’Ouest, le Togo est le seul pays ayant cité dans ce scandale planétaire. Lomé se serait servi de ce logiciel pour cibler le téléphone de plusieurs confrères et des activistes politiques togolais.
Selon les informations disponibles, la Côte d’Ivoire n’a pas utilisé ce logiciel et aucune personnalité politique, aucun journaliste ou activistes ivoiriens ou travaillant en Côte d’Ivoire n’a été ciblé avec Pegasus.
Comme plusieurs autres logiciels espions et de piratage, Pegasus permet de prendre le contrôle d’un téléphone qu’il soit sous Android ou IOS. Une fois activé, il permet à celui qui l’installe à l’insu du propriétaire du téléphone d’extraire des messages, des photos et des e-mails, d’enregistrer des appels et d’activer secrètement des microphones et des caméras.
Ce n’est pas la première fois que NSO Group fait parler de lui. En 2019, WhatsApp a poursuivi l’entreprise en indiquant qu’elle était à l’origine de cyberattaques sur 1 400 téléphones portables avec son logiciel Pegasus. À l’époque, NSO Group a nié les faits.
Traoré Bakary (dans "Eburnie today")