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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
26 avril 2021

Guadeloupe : Napoléon 1er l'esclavagiste

En Guadeloupe, le nom de Napoléon Bonaparte est lié à celui de Louis Delgrès, colonel métis de l'armée française, célèbre pour s'être rebellé contre le rétablissement de l'esclavage décrété par le Premier consul, préférant mourir que vivre enchaîné.

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Quand le commissaire chargé par le Comité de salut public, Victor Hugues, est venu en 1794 proclamer le décret d'abolition de l'esclavage en Guadeloupe, il en a profité pour rallier la population à sa cause, et chasser les Anglais qui occupaient alors l'île.

"On ne peut comprendre l'histoire de la Révolution en France sans tenir compte de l'expansion des idéaux républicains consacrés par l'émancipation et par la mobilisation décisive d'armées d'anciens esclaves au service de la République contre les Anglais", assure l'historien Laurent Dubois dans son livre "Les esclaves de la République".

"En 1801-1802, différents régimes autonomes administrés par d'anciens esclaves et gens de couleur s'étaient emparés du pouvoir à la Guadeloupe et à Saint-Domingue" (aujourd'hui Haïti), ajoute-t-il.

Alors quand Bonaparte, devenu Premier consul, décide par la loi du 30 Floréal de l'an X (20 mai 1802) de maintenir l'esclavage "conformément aux lois et règlements d'avant 1789", premier acte vers un rétablissement, la décision ne passe pas. 

Pourtant, "cela ne concernait pas la Guadeloupe, ni Saint-Domingue, par exemple, puisque l'esclavage y avait été aboli", explique à l'AFP l'historien René Bélénus, auteur de "La rébellion de la Guadeloupe 1801-1802".

Avant même que la loi ne soit promulguée par Bonaparte, celui-ci dépêche début 1802 les troupes consulaires du général Richepance, censées rétablir "l'ordre esclavagiste" et préparer le terrain pour le retour de l'esclavage.

"Vivre libre ou mourir"

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Cette troupe de 3.500 hommes se confronte vite à la résistance de plusieurs militaires, dont Louis Delgrès, qui, nourri de l'idéal révolutionnaire, déclare: "la résistance à l'oppression est un droit naturel", et rallie les hommes dits "de couleur", contre Richepance, le 10 mai 1802.


C'est le début la guerre de Guadeloupe, un conflit sanglant, qui court de Pointe-à-Pitre au Sud de la Basse-Terre, et dont la mémoire est encore vivante dans cette île des Antilles.

A Basse-Terre, entre le volcan de la Soufrière et la mer des Caraïbes, le Fort Saint-Charles, qui prendra plus tard le nom de Fort Delgrès et deviendra un lieu de souvenir, a été le témoin d'une célèbre bataille, quand Delgrès et ses hommes s'y replient le 20 mai 1802.

Submergés, ils réussissent à s'échapper par la Porte du Galion, à l'arrière de l'édifice, et se réfugient au pied de la Soufrière. 

Acculés à l'habitation Danglemont au Matouba, dans la montagne, le colonel Delgrès choisit avec 300 hommes de se suicider à l'explosif, le 27 mai 1802, plutôt que de tomber aux mains de Richepance qui écrasait la rébellion. 

Un mémorial rend aujourd'hui hommage à ces 300 hommes fidèles à la maxime révolutionnaire "vivre libre ou mourir" qu'ils ont clamée avant l'explosion.

En juillet 1802, Bonaparte signe un arrêté : "La colonie de la Guadeloupe (...) sera régie, à l'instar de la Martinique (...) par les mêmes lois qui y étaient en vigueur en 1789". L'esclavage est donc rétabli, et ne sera définitivement aboli qu'en 1848.

Aujourdhui, la figure de Louis Delgrès nourrit la sensibilité nationaliste de l'île, et elle est souvent convoquée dans les discours politiques. Ses alliés, même parfois des personnages fictifs, sont rentrés au rang de légende, comme par exemple, la Mulâtresse Solitude, dont la vie, très fortement romancée dans une biographie d'André Schwartz-Bart, n'est en réalité que très peu connue. 

A la sortie d'une visite du fort Delgrès, des visiteurs s'étonnent pourtant: "On ne connaissait pas l'histoire de cette guerre", disent Paola et Corentin. "A l'école, on n'apprend pas trop que Bonaparte était un esclavagiste", témoignent ces trentenaires.

"La rébellion de Guadeloupe a été écrasée", rappelle René Bélénus. "Après ça, les politiques locaux ont milité ardemment pour l'assimilation". (selon "AFP")

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14 avril 2021

Attestation dérogatoire

Les attestations dérogatoires en cas d'épidémie ne sont pas une invention macronienne pour s'attaquer à la covid-19 ! L'empereur Napoléon 1er avait déjà mis en place ce genre de mesures en 1805 au sein de l'armée alors que l'Europe subissait la peste-19.

Une originalité : un condamné à mort devait signer son attestation pour être conduit à l'échafaud !

Quant aux mesures de confinement, elles existaient  déjà au Moyen-Age, sans qu'elles soient toujours efficaces.

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16 mars 2021

Loups noirs : Jean Macé l'a échappé belle

Dans la presse locale du 21 février 2019, le dernier survivant des auteurs d'attentats sous le sigle "Loups noirs" se dit choqué par la profanation du cimetière de Quatzenheim et par la référence qui y a été faite à ce groupe d'extrême-droite dont il fut le chef.

Ainsi il explique  qu’ils ont soigneusement évité en leur temps les lieux de culte et en veut pour preuve un épisode peu connu de leurs nombreux méfaits : « On avait en vue de plastiquer le monument de Macé à Beblenheim. Quand on a su qu’il y avait les cendres en dessous on a dit, on n’y touche pas (-) On ne touche pas à des choses pareilles. »

Hé oui ! même les pires méchants loups, surtout parmi ces nonagénaires où Alzheimer a eu le temps de faire des ravages, peuvent se transformer en gentils et innocents agneaux qui prétendent n'avoir jamais fait de mal à une mouche.

Et pourquoi vouloir plastiquer le monument d'un sympathique titi parisien, fuyant la dictature napoléonienne, républicain, féministe et laïque, membre de la franc-maçonnerie, devenu président de la Ligue de l'Enseignement, venu habiter à Beblenheim et disant de son village d'adoption qu' "il n'avait d'allemand que le nom" ? insulte suprême pour quelques vieilles têtes brûlées de bas étage ?

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jeanmac_1Qui connaît vraiment Jean Macé (1815-1894) en Alsace ? Qui s’en souvient sinon la charmante commune viticole de Beblenheim près de Colmar, où ce grand républicain et militant de l’enseignement laïc, authentique gamin de Paris, passa une grande partie de sa vie, de 1851 à 1870, et où ses cendres reposent depuis 1946.

C’est que la réputation de Jean Macé est quelque peu sulfureuse. Non pas que cet homme vertueux eût mené une vie scandaleuse, mais avoir été républicain et laïc, franc-maçon et déiste, féministe et anticlérical dans l’Alsace d’avant 1870 dénote un peu. Notre province a davantage la réputation d’être alors plus noire que rouge, plutôt conservatrice dans les campagnes surtout. L’Alsace au temps de Napoléon III reste une province rurale : la majorité de la population y habite. En 1870, seuls 25% des Alsaciens résident en ville. Ils seront majoritaires en 1914.

Le cas Macé

On n’ est pas toujours responsable de sa réputation. D’autres s’en chargent volontiers.  La plupart des historiens d’Alsace au XIXe siècle sont prêtres. Excellents historiens certes, le plus souvent, mais non pas moins marqués par leur formation et leur appartenance à l’Eglise pour qui les idées professées par un Macé sont, au mieux, dangereuses et, au pire, diaboliques.  Ils lui firent donc une réputation en le vilipendant ou en l’ignorant. Comme s’il n’avait jamais existé. Vous avez beau le chercher dans le Dictionnaire de biographies alsaciennes de l’érudit abbé Edouard Sitzmann, paru en 1909, vous ne le trouverez pas. Et pour cause !

Le temps heureusement a passé. Jean Macé est devenu fréquentable. On aime aujourd’hui rappeler qu’il créa, en Alsace, les premières bibliothèques communales. Et pour se donner une bonne conscience laïque, on présente volontiers l’Alsace comme étant la terre natale de la Ligue de l’Enseignement. C’est d’ici qu’il lança son appel visant à sa création, en 1866. L’Alsace, en l’occurrence, se limitant surtout à Beblenheim où sa mémoire est vivante et les traces de sa présence nombreuses.

Un monument, à l’entrée du village, vous y accueille. C’est là que ses cendres ont été réunies. A la mairie, la salle du conseil dispose d’une charmante bibliothèque. Elle est historiquement la plus ancienne bibliothèque communale d’Alsace. Elle date de 1862. Durant l’été, une belle exposition pédagogique rappelle son histoire mais surtout celle de Jean Macé.

Secret de bibliothèque

Comme toute bibliothèque, elle recèle quelques secrets. On y a trouvé en 2003, dans une grande enveloppe, un tablier. Pas n’importe quel tablier, mais un tablier maçonnique. Celui que porte le compagnon maçon en séance.  C’est un bel ensemble de soie écru brodé, bordé d’un ruban de soie bleu-ciel. On y distingue aisément quelques symboles connus : Le temple, les deux colonnes, des branchages d’acacia, l’étoile et la lettre G qui symbolise le deuxième degré maçonnique : celui de compagnon.

La découverte fut à la fois inattendue et bienvenue. Hormis les livres, on dispose de peu de choses concernant la présence physique de Macé à Beblenheim. Quelques diplômes, des décorations, quelques manuscrits autographes et des cartes d’abonnement pour les voyages en train que faisait Macé. Un tablier maçonnique c’est autre chose. Cela interroge. Cela vous donne envie d’en savoir plus. Mais qui donc est ce singulier personnage ?

L’enfant du peuple

Un parisien d’origine modeste, né à Montmartre, le 22 août 1815. Son père était « chargeur de voiturettes », sa mère s’occupait des travaux domestiques ; Un étudiant brillant, boursier au collège Stanislas à Paris jusqu’au bac, qui découvrit, après quelques années d’errance, le socialisme de Charles Fourier. Il en fut un de ses prédicateurs, se transformant pendant quelque temps en conférencier ambulant ; Un journaliste d’occasion qui trouva dans l’organe « La République » son bonheur idéologique et son gagne-pain quotidien. Son destin aussi quand en 1850, on l’envoie en Alsace, à Beblenheim pour faire un reportage sur le « Petit Château », un pensionnat de jeunes filles dirigée par Mademoiselle Coraly-Léopoldine Verenet, franc-comtoise d’origine, fille d’un pharmacien lettré de Montbéliard.

Le chemin de Beblenheim

La rencontre aurait pu être un échec. Tout opposait les deux personnes. D’un côté, un enfant du peuple, républicain fervent, qui venait d’épouser une fille d’origine humble comme lui, analphabète de surcroit, à qui il enseigna la lecture et l’écriture ; de l’autre, une femme d’origine bourgeoise, dont l’établissement à Beblenheim était surtout ouvert aux jeunes demoiselles bourgeoises et fortunées. Il fit la classe durant un jour. Le courant passa. On se séduisit mutuellement, on sympathisa. À l’heure du départ, la directrice Coraly Verenet l’invita « à recommencer chez elle la classe un jour, le cas échéant ».  Invitation prémonitoire ? Peu de temps après, le parisien Macé, après la fermeture du journal « La République » par les troupes du prince-président Louis Napoléon, quitta la capitale, avec son épouse, dans la nuit du 31 décembre 1851 pour prendre la route de …Beblenheim ! Il y resta vingt ans, prolongeant sa collaboration jusqu’à Monthiers dans l’Aisne quand l’école s’y installa après avoir quitté l’Alsace devenue allemande après 1870.

La pédagogie inventive d’un professeur de demoiselles

« Le professeur des demoiselles », comme il se désignait lui-même, expérimenta en Alsace une pédagogie active du coeur et de la raison, fondée sur l’amour et la confiance, adaptée à la nature, ne négligeant ni l’éducation physique ni la travail manuel, intégrant les contes, les fables et les pièces de théâtre sans oublier les sciences par une approche concrète aux antipodes de l’abstraction, péché mignon de l’enseignement en général. Cela donna, entre autres, cette merveilleuse « Histoire d’une bouchée de pain » sous la forme d’une lettre à une petite fille sur la vie des hommes et des animaux que l’imprimeur Hetzel, son ancien camarade de collège, publia gracieusement en 1863. C’est à Beblenheim aussi qu’il tint la revue pédagogique La Ruche et collabora au Magazin d’éducation et de récréation de Hetzel et de Jules Verne.

Bibliothèques communales et caisse de crédit

En 1862, Macé y créa à la première bibliothèque communale d’Alsace n’hésitant pas à forcer amicalement la main au maire de la commune en lui offrant, en cadeau de nouvel an, une douzaine de livres pris à son cabinet de travail avec, sur chacun d’entre eux, la mention « Bibliothèque communale de Beblenheim ». Il n’y avait plus qu’à la créer.  L’idée se répandit. La Société des bibliothèques du Haut-Rhin, patronnée par le préfet Odent et présidée par l’industriel philanthrope Jean Dollfus de Mulhouse, est lancée à son initiative en 1863. Trois ans plus tard, 83 bibliothèques communales étaient recensées dans le Haut-Rhin.

Beblenheim, grâce à Macé, ouvre son premier crédit mutuel en 1865. Il s’agit de la  première caisse de crédit mutuel en France, vingt ans avant la naissance des Caisses Raiffeisen dans l’Empire allemand !

Le père de la Ligue de l’enseignement

La Ligue de l’Enseignement reste son œuvre maitresse.  S’inspirant de l’exemple de la Ligue de l’Enseignement belge, Macé lance dans le journal l’Opinion Nationale, le 15 novembre 1866, un appel pour constituer, sur le plan français, une Ligue de l’Enseignement dont le but est de « provoquer l’initiative individuelle en faveur du développement de l’instruction publique, en fondant des cours publics pour adultes, des écoles pour les enfants là où les besoins se feront sentir…»

Cet appel recueillit rapidement une grande audience. Il est vrai que Macé n’avait pas hésité à envoyer 80 000 bulletins et circulaires dans toute la France à partir de Beblenheim. Au printemps 1868, le Bulletin national de la Ligue de l’Enseignement recensait 5319 adhérents, dont une forte majorité en région parisienne et en Alsace.  Ils seront 20 000 en 1870.

A Colmar, les adhérents étaient au nombre de 535, moins d’un an après le démarrage de la section. C’était une des plus importantes associations de la ville. La plupart des acteurs du groupe local appartenaient à la famille libérale, républicaine et laïque, qui se recrutait essentiellement parmi les milieux protestants et juifs. Professionnellement, négociants et commerçants étaient les plus nombreux. Les fondateurs de la Chambre de commerce y étaient en totalité. Les avocats, les « propriétaires » et les fonctionnaires formaient le reste du groupe. L’organisation de cours, la tenue de conférences et surtout la constitution d’une bibliothèque constituèrent l’essentiel de l’activité de l’association colmarienne qui ne survécut pas au rattachement de l’Alsace à la France

Une notoriété tardive

Macé connut tardivement la notoriété. Ses idées avaient fait des émules. Les lois Ferry, de 1881 et 1882, introduisant l’obligation scolaire, la gratuité de l’enseignement et la laïcité doivent beaucoup à la philosophie et à l’action de la Ligue de l’Enseignement. Jean  Macé devint sénateur à vie en 1883 mais ne profitant guère de l’éternité sénatoriale,  mourut un an plus tard.

Contrairement à la réputation qui lui fut faite, Macé, quoique favorable à un enseignement neutre, abordait avec prudence le problème de la laïcité. Pour autant, son engagement maçonnique fut constant. Initié en 1866 à la loge de la Parfaite Harmonie de Mulhouse, il fréquenta la loge de la Fidélité à Colmar avant de rejoindre la loge Alsace-Lorraine à Paris après 1870. Le tablier maçonnique retrouvé à la mairie de Beblenheim témoigne de cette appartenance. Il fera l’objet, grâce à l’opportun soutien de la Fondation du Patrimoine, d’une prochaine restauration. Il viendra, par la suite, enrichir la liste des objets exposés à Beblenheim qui rend fidèlement à Jean Macé tout ce que celui-ci lui a donné, se souvenant de ce qu’il écrivit au soir de sa vie :  «  Beblenheim! Mon coeur se serre quand se remuent en moi les souvenirs attachés à ce mot. Jour béni entre tous les jours de ma vie fut celui où ma course errante me porta dans ce village d’Alsace qui n’avait alors d’allemand que le nom». (Blog de Gabriel BRAEUNER, historien)

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21 février 2021

Le Frankenbourg

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16 février 2021

Un "Schuttigschar" à Elzach il y a cent ans

1921 - un an après le "Fassnet révolutionnaire" d'Elzach - les Schuttig se montrent déjà officiellement à nouveau sur la photo de groupe. À la Narrenkapelle, au lieu d'un drapeau, un "Täfelebue" porte l'image d'un "Schuttig". Sur le clocher se trouvent des "Geissenglöckchen" et des touffes de chanvre. Quatre Schuttig portent des Villinger Narrolarven, qui sont bientôt supprimés. Ils étaient censés remplacer le "wüsten Gfrisser" (tiré du livre de Josef Weber "Elzacher Fasnet in alten Bildern" -Elzach Fasnet en vieilles images-) d'avant la Première Guerre mondiale, comme le souhaitait le curé de la ville.

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11 février 2021

La première guerre mondiale dans l'Outremer

22 septembre 1914 : le bombardement de Papeete

PapeeteDifficile d’imaginer que c’est à Papeete, bien loin du front européen de la Grande Guerre, qu’une des premières escarmouches navales s’est produite. Pour éviter un ravitaillement aux ennemis et protéger les Etablissements français d’Océanie, Papeete a subi le feu ennemi durant près de deux heures.

Quand on pense à la guerre de 14-18, on pense aux Poilus, aux tranchées. Aux grandes batailles en Europe. Mais la guerre a été mondiale et a même eu brièvement un écho ravageur jusqu’à Tahiti. La Polynésie française n’existait même pas alors, administrativement le territoire se dénommait alors les Etablissements Français d’Océanie (EFO). La Grande Guerre aurait pu épargner complètement ce coin de paradis, mais ce ne fut pas le cas. Dès août 1914, lorsque la guerre entre l’Allemagne et la France était déclarée, le commandant Maxime Destremau qui commandait les troupes locales à la tête de la canonnière La Zélée, basée à Papeete, entame des préparatifs pour défendre Tahiti. Il sait lui qu’une partie de la puissante flotte allemande est basée en Asie et que ces navires de guerre peuvent à tout moment passer dans les eaux françaises voire même menacer les EFO.

destremeauEn quelques semaines seulement, le commandant Destremau et ses hommes de La Zélée vont organiser avec le soutien de civils, la défense de Papeete contre une éventuelle attaque de la marine allemande basée dans le Pacifique. En stratège averti, il pense immédiatement que les navires allemands vont être tentés par une escale technique par besoin de ravitaillement en charbon à Papeete. Il faut à tout prix empêcher cela.

La suite de l’histoire lui donne raison. Le 22 septembre 1914, au petit matin, deux navires de guerre allemands se présentent à l’entrée du port : tout est prêt sur place pour saborder La Zélée de manière à bloquer la passe. Le scénario de défense mis au point par le commandant Maxime Destremau, incluant la mise à feu du stock de charbon, sur les quais fonctionne. Les navires allemands finissent par s’éloigner de l’île mais ouvrent le feu sur la ville. Les obus de canon pleuvent sur le centre ville. Le quartier du marché et les alentours de la cathédrale sont dévastés par les obus et les incendies qu’ils provoquent. On dénombre deux morts et plusieurs blessés. Ce bombardement presque inédit pour les habitants de Papeete sert de révélateur : de nombreux habitants vont ensuite s’engager dans cette guerre mondiale qui aurait pu leur rester étrangère.

8 février 2021

Après la Grande Guerre ...

Martinique et Guadeloupe ont failli être cédées aux Etats-Unis

guadeloupeA la fin de la Grande Guerre, la France a envisagé de céder les Antilles aux Etats-Unis contre l’effacement partiel de ses dettes contractées durant le conflit. Un épisode resté tabou.

Ce dimanche 9 février 1919, le théâtre municipal de Fort-de-France est bondé. Ils sont plusieurs centaines à assister à la réunion publique organisée par le Comité de défense de la population française de la Martinique. L’heure est grave. Depuis l’ouverture, le 18 janvier à Paris, de la conférence de la Paix au Quai d’Orsay, la plus ancienne des colonies françaises vit au rythme de l’arrivée de rumeurs insistantes selon lesquelles la France serait prête à vendre les Antilles aux Etats-Unis. Une transaction qui permettrait d’éponger une partie des énormes dettes contractées durant le conflit mondial et de venir en aide aux régions dévastées du nord et de l’est de la métropole.

Rumeur ou simple hypothèse ?

Le scénario d’une vente a bel et bien été étudié au plus haut niveau même si très peu de documents en font état. Seule, ou presque, la presse de l’époque a conservé la trace de ce qui fait figure de tabou de l’Histoire. Le secret est de mise car la question est extrêmement sensible : l’impôt du sang versé par les Antillais durant la Grande Guerre a considérablement renforcé l’attachement à la «mère patrie». Abandonner des anciens combattants serait aussi très mal vu en France…

En 1919, sur l’estrade du théâtre de Fort-de-France, les propos que tient Victor Sévère à la foule ulcérée ne sont guère rassurants. Le maire radical-socialiste de Fort-de-France énumère «les justes raisons que les Martiniquais peuvent avoir de craindre la cession aux Etats-Unis de leur île de cœur, de langue et de mœurs» (cité par Jacques Adélaïde-Merlande, Bulletin de la société d’histoire de la Guadeloupe, mai 2014).

A la tribune, un ancien combattant bardé de décorations rapportées des champs de bataille promet de renvoyer toutes ses médailles à Paris si le projet devenait un jour réalité. Très vite, le meeting tourne à la manifestation anti-américaine. Dans la salle, certains se souviennent qu’en mars 1916, les Etats-Unis n’avaient pas caché leur désir de profiter du contexte pour rafler leurs îles aux Français et aux Anglais. «A bas les Etats-Unis !» hurlent des participants, indignés par la perspective d’être un jour vendus comme du bétail.

Les protestations et les défilés de rues se multiplient

Le gouverneur de la Martinique, Camille Guy, tout comme le président du Conseil général, Gabriel Hayot, ont bien senti la panique s’emparer de la population et monter au fur et à mesure de la multiplication des articles de presse faisant état du possible abandon de l’île. Le 20 janvier 1919, le gouverneur a même alerté Paris, réclamant une déclaration officielle propre à calmer les esprits. En vain. Cette absence de réponse n’a fait que renforcer l’inquiétude… Des semaines durant – malgré le démenti gouvernemental qui finit par tomber sur le bureau de Camille Guy –, les protestations et les défilés de rues se multiplient. Une Ligue de défense de la nationalité française de la Martinique est constituée à la hâte. Elle adresse une lettre au président des Etats-Unis. La Ligue réclame que Woodrow Wilson, qui porte si haut le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, repousse «tout débat tendant à modifier l’état national de la Martinique en vertu du nouveau droit international» (cité par Léo Elisabeth, dans La Caraïbe et son histoire, éd. Ibis rouge, 2001).

Dans la foulée, une association patriotique voit le jour et se fixe pour mission de «montrer à la métropole notre degré de civilisation et d’assimilation avec la mère patrie». En coulisse, les francs-maçons, si puissants en Martinique, s’activent aussi. La loge Droit et Justice, qui milite pour l’assimilation (c’est-à-dire l’égalité totale entre colonisés et colonisateurs), alerte le très influent Grand Orient de France, dont les frères peuplent à Paris les allées du pouvoir tout autant que le gouvernement.

Une excellente affaire commerciale

 Aux Etats-Unis, la presse soutient bec et ongles l’idée d’un achat. Elle s’inscrit parfaitement dans la fameuse doctrine Monroe qui, depuis 1823, entend assurer la sécurité militaire tout autant que commerciale du pays. Washington, qui a déjà fait main basse sur Porto Rico et occupe Haïti, lorgne sur Fort-de-France, la ville portuaire la mieux équipée des Caraïbes. Les Américains savent aussi que l’acquisition des Antilles serait une excellente affaire. Grâce aux exportations exponentielles de sucre et de rhum durant toute la guerre, les îles connaissent en 1919 une santé économique florissante. En février 1920, un article du Chicago Tribune avance un nouvel argument : la vente des Antilles permettrait à la France, en pleine crise financière, de redresser la situation du franc face au dollar.

Dans les îles, l’émotion reprend de plus belle. Henry Bérenger, sénateur radical-socialiste de la Guadeloupe et président du Comité de défense des anciennes colonies, adresse une protestation au président du Conseil Alexandre Millerand. Alcide Delmont, le secrétaire général du Comité de défense des intérêts généraux de la Martinique, et Henry Lémery, un sénateur radical, ne sont pas en reste. Le 29 février, Millerand sort enfin de son silence et jure que «le gouvernement de la République n’a jamais envisagé pareille cession».

Face à la colère des Antillais, Poincaré doit démentir tout projet de cession

Pendant des mois, l’affaire connaît son lot de développements dans la presse américaine. Immanquablement, ils déclenchent des vagues d’indignation aux Antilles. En juin 1922, le gouvernement de Raymond Poincaré doit démentir avec vigueur tout projet de cession. Rien n’y fait. En janvier 1923, le Chicago Tribune – encore lui – révèle que le sénateur démocrate du Missouri James Reed travaille sur une proposition de rachat.

Le ministre des Colonies, le radical-socialiste Albert Sarraut, proteste officiellement. Le New York American réplique avec une arrogance inouïe : «Nous ne réclamons pas les vieux bouts de territoire de la France, mais nous voulons qu’elle cesse de dépenser notre argent pour se livrer à des diversions impérialistes.» La crise se prolonge jusqu’à fin août 1923.

Entre-temps, le sénateur Lémery tente le tout pour le tout. Il dépose une proposition de loi «tendant à transformer en départements français les colonies de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Réunion». Une façon de sanctuariser les Antilles en les rendant inaliénables. Son initiative est un échec mais elle inspirera la loi de départementalisation qui sera finalement votée en 1946.

Aux Etats-Unis, l’achat des Antilles ne fait toutefois pas l’unanimité

Chez les républicains comme chez les démocrates, les élus sont divisés. Ceux qui sont favorables à l’opération ont néanmoins un soutien de poids, les prohibitionnistes, qui y voient surtout le moyen de mettre un terme à la contrebande d’alcool alimentée par les îles françaises ! En France, si les milieux d’affaires, la droite conservatrice ou encore l’écrivain Claude Farrère soutiennent la vente, le Cartel des gauches, au pouvoir à partir de 1924, s’y oppose. Le ministre Albert Sarraut multiplie les mesures de rétorsion symboliques : ainsi, en 1925, il interdit aux bâtiments de la marine américaine de mouiller aux Antilles. De même, une croisière aérienne organisée par le Chicago Tribune se voit notifier un refus de survol.

L’intérêt américain pour les Antilles s’atténue à partir de 1926. A cette date, les Etats-Unis reçoivent, en effet, l’assurance formelle du négociateur français sur les dettes de guerre – celui-ci n’est autre que le sénateur de la Guadeloupe Henry Bérenger – que la France honorera les 6,8 milliards de dollars de créances, étalées sur soixante-deux ans, prévues par le plan Dawes. Avec le krach boursier de 1929, l’achat des îles ne préoccupe plus l’Amérique. La République peut dès lors se préparer à célébrer, en 1935, le tricentenaire du rattachement des Antilles à la France. (selon "GEO")

26 novembre 2020

Pompéi livre encore des secrets

L'émouvante découverte de deux victimes de l'éruption volcanique de 79

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Les restes de deux victimes de l'éruption de 79 après JC à Pompéi ont été découverts et leurs corps ont pu être reconstitués dans la position émouvante qu'ils avaient au moment de leur mort, a annoncé samedi le célèbre site archéologique italien dans un communiqué.

Les deux squelettes ont été découverts au cours de recherches à environ 700 mètres au nord-ouest de Pompéi, dans une grande villa de la périphérie de la célèbre ville romaine.

Ils se trouvaient dans un couloir de 2,20 mètres de large qui donnait accès à l'étage supérieur de la villa, là où les archéologues avaient détecté des cavités dans les couches de cendre durcie. En faisant couler du plâtre dans ces anfractuosités, selon la célèbre technique inventée par Giuseppe Fiorelli en 1867, ils ont pu reconstituer les corps dans leur position originelle.

Les deux victimes ont probablement été surprises par l'éruption au moment où elles tentaient de fuir. La première, un jeune homme de 1,56 m portant une courte tunique qui devait avoir entre 18 et 25 ans, était probablement un esclave, comme le laissent penser plusieurs vertèbres tassées dues à des travaux physiques éprouvants. Sa tête penchée en arrière laisse voir ses dents et son crâne.

La seconde victime a en revanche le visage tourné vers la terre, à un niveau plus bas que le reste du corps. Ses bras sont repliés avec les mains sur le torse, une position similaire à celles d'autres victimes retrouvées à Pompéi. Il s'agit d'un homme de 1,62 m, âgé de 30 à 40 ans, vêtu d'une tunique et d'un manteau et probablement le propriétaire du jeune esclave retrouvé à ses côtés. 

Pompéi, ensevelie par l'éruption du Vésuve en 79 après JC, est le deuxième site le plus visité d'Italie après le Colisée de Rome, avec près de quatre millions de visiteurs en 2019. Seul un tiers du site, qui s'étend actuellement sur 44 hectares non loin de Naples, a été mis au jour par les archéologues. (selon AFP)

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17 octobre 2020

Hanoï durant les années 1967-1975

Des prises  de vue du photographe allemand Thomas Billhardt exposées.

vietnamUne exposition de photos ayant pour le thème "Hanoï durant les années 1967-1975" s’est ouverte récemment et durera jusqu’au 15 novembre à Manzi Art Space (14 Phan Huy Ich et 2 ruelle Hàng Bun), à Hanoï. Une centaine de photos du photographe allemand Thomas Billhardt y est exposée.

Les clichés en noir et blanc et en couleur pris par le photographe allemand Thomas Billhardt durant six voyages au Vietnam dans le passé. Via ces œuvres, l’auteur a immortalisé des images vivantes, simples et pleines d’émotions sur une Hanoï dans la vie quotidienne il y a 40-50 ans.

"Hanoï durant les années 1967-1975" à travers l'objectif de Thomas est le moment joyeux d'accueillir un enfant né en temps de guerre, les vélos sous la pluie, les cours de dessin en plein air avec des élèves pieds nus, les visages d'enfants innocents heureux, les abris enchevêtrés dans la rue, les rues désertées…

Selon le directeur du Goethe Institut Vietnam, Wilfried Eckstein, les œuvres de Thomas ont montré un miroir au monde tout en renforçant l’espoir. Elles parlent de la souffrance, de la guerre, mais aussi de la vie et du rire des gens qui y vivent. Ce photographe allemand a consacré la plupart de sa vie à fréquenter des zones difficiles et en crise dans le monde pour raconter au public non seulement les inégalités, la pauvreté, la douleur, la guerre mais aussi la vie et les sourires des gens dont les enfants.

Cette manifestation est organisée conjointement par l’Institut Goethe, Camera Work et Manzi. À cette occasion, la livre photo Hà Nội 1967-1975 édité par le Goethe Institut et la Maison d'édition Nha Nam a été lancée. Sans compter une série de conférences et de projections de films. (selon Le courrier du Vietnam)

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10 juillet 2020

Retour sur le massacre de Thiaroye (Sénégal) en 1944

Le 1er décembre 1944, les tirailleurs sénégalais rassemblés dans le camps de Thiaroye, réclamaient le paiement de leur paies. Comme solde de tout compte, ils avaient alors été massacrés par l’armée française. Retour sur une page sombre de l’histoire de la seconde guerre mondiale.

Le massacre

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Ce jour-là, le 1er décembre 1944, 1 600 tirailleurs sénégalais sont rassemblés au camp de Thiaroye. De retour d’Europe, ils avaient participé, en première ligne, à la guerre avant d’être fait prisonniers par les nazis, ils réclamaient naturellement le paiement de leur solde de captivité. Mais la revendication tourne vite au drame. Ils sont massacrés à coup de mitraillettes par les forces coloniales, qui choisissent de résoudre la question en ouvrant le feu sur les 1 600 soldats rassemblés dans le camp de Thiaroye. Selon la version officielle, il s’agit d’une mutinerie, qui a poussé l’armée française à se défendre. Bilan officiel : 35 morts. Et 35 rescapés, désignés arbitrairement comme meneurs du mouvement, sont condamnés à plusieurs années de prison, privés de solde, ou dégradés.

Le long travail de l’historienne Armelle Mabon pour la vérité

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Seulement, cette version des faits est contestée depuis de nombreuses années par des historiens. L’historienne française Armelle Mabon, de l’université de Bretagne Sud, fait partie de ceux qui tenté de rechercher la vérité sur cette histoire, entourée encore de zones d’ombres. Considérée comme l’un des plus grands spécialistes sur la question, elle mène durant 15 ans sa propre enquête sur le massacre de Thiaroye, fouillant au fin fond des archives militaires, confrontant les différents documents. Son travail besogneux porte finalement ses fruits. Elle démontre qu’au-delà du bilan officiel des 35 morts, au moins 335 militaires ont disparus. Selon elle, la mutinerie est une invention de toute pièce pour montrer l’exemple et résoudre définitivement le problème. La tâche de l’historienne était loin d’être aisée. « La compréhension de cet événement s’est accélérée avec l’intervention du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui m’a permis d’accéder aux dossiers de cinq victimes au sein des archives militaires », affirme-t-elle.

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Des œuvres culturelles pour dénoncer l’injustice

Pour que les victimes de Thiaroye ne tombent pas dans l’oubli, plusieurs manifestations ont été organisées en 2014, à l’occasion du 70ème anniversaire de leur massacre, en France comme au Sénégal.

Sur le plan culturel, de nombreuses œuvres ont été réalisées sur le massacre de Thiaroye. L’artiste sénégalais Ouza, qui a notamment écrit une chanson sur Thiaroye, a même été emprisonné à l’époque, pour avoir dénoncé le massacre. Le cinéaste sénégalais Ousmane Sembène a aussi évoqué cette sanglante histoire dans son long métrage, Camp de Thiaroye, qui a aussi eu un écho à l’international.

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