Baeckeoffe sans terrines
Décidément, à Villé, il arrive qu'on marche sur la tête, et quand on commence on a du mal à s'arrêter. L'histoire (ou l'addition de plusieurs petites histoires) tend à le prouver.
Ainsi, l'histoire commence d'une façon inédite : un restaurateur-traiteur de la place a une commande de 20 parts de bäckeoffe à honorer pour un client habitant dans la commune.
A son arrivée à Villé il y a quelques années il déclarait à la presse : "« Nous ne prétendons pas faire de la cuisine de grands chefs alsaciens. Mais selon les demandes de nos clients, nous ferons certainement de la choucroute ou du baeckeoffe. »
Oui, mais voilà, premier accroc, trois ans plus tard il ne possède toujours pas de terrines. Le personnel n'a qu'à se débrouiller ! Et ça marche, une jeune apprentie venant d'être embauchée récupère même deux terrines auprès de sa grand'mère... pour deux ou trois jours !
Et là, premier accroc ! Au bout de trois semaines, les terrines ne sont toujours pas restituées à leur propriétaire.
Le grand-père, qui sent à juste titre la moutarde lui monter au nez, se déplace donc à plusieurs reprises chez le traiteur pour récupérer le bien de son épouse. Peine perdue et les fausses explications se multiplient :
- Premier déplacement (au bout de 10 jours) chez le traiteur : "Le client n'a pas encore rendu le matériel !"
- Deuxième déplacement (au bout de 15 jours) : Le patron n'est pas au courant ! Selon un salarié qui semble un peu plus informé : "Le client, en vacances, aurait emmené le matériel en Haute-Savoie" (pour faire goûter des amis à la bonne cuisine alsacienne ?)
- Le même jour : Coup de téléphone dans l'entreprise du "client" : "Le matériel va être rendu le jour même au traiteur !"
- Rien ne revenant malgré ces promesses, nouveau déplacement du grand-père chez le traiteur (au bout de 21 jours) : "Les terrines n'ont toujours pas été restituées, le client est encore en vacances." Pourtant ce client a été vu par le personnel de son entreprise ! Le grand-père commence à se poser la question : "Qui ment dans cette affaire ? et pourquoi ?"
- Le lundi suivant, rencontre entre les grands-parents et le client ayant loué les terrines : elles ont déjà été rendues au traiteur ! Quel farceur ce traiteur ! Les terrines n'étaient donc pas en Haute-Savoie !
- Et le mardi matin, ce cher traiteur rend enfin deux terrines aux grands-parents ! Oui mais voilà, ce ne sont pas les leurs !
Et au passage, le client avait fourni une bouteille de vin à offrir aux grands-parents lésés. Celle-ci est restée coincée chez le traiteur : le grand-père n'a apprécié... qu'avec modération (ce qui est recommandé pour la consommation d'alcool).
- Dernier épisode, ce vendredi : curieusement, c'est la patronne qui se fâche, interpelle les grands-parents dans la rue et les menace de porter plainte devant les tribunaux pour harcèlement. Sans blague ? Qu'elle demande donc à l'ancien maire de Villé combien coûte une telle démarche.
Une vraie histoire belge ! La prochaine fois, le brave client commandera des cornets de frites !