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Différences : le blog de Jean-Louis BOEHLER
14 octobre 2021

Une caissière de supermarché licenciée pour 3,46€ de presskopf périmé

Une caissière du Super U de Russ (depuis 18 ans) a été licenciée par son employeur après avoir rapidement échangé un morceau de fromage de tête qu’elle venait d’acheter. Le conseil des prud’hommes a condamné l’employeur pour licenciement abusif.

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Il aura fallu 18 mois de procédure mais le conseil des prud’hommes de Saverne a enfin rendu sa décision, le 27 septembre 2021 : le licenciement pour « faute grave » d’une caissière par le gérant d’un Super U alsacien pour avoir échangé un morceau de presskopf de 3,46€ était bien abusif.

L’histoire est assez triste. En avril 2020, Caroline (le prénom a été changé), 59 ans, est caissière depuis 18 ans au Super U de Russ, dans la vallée de la Bruche. Ça ne se passe pas très bien avec son employeur, la SAS Bruchdist, reprise depuis quelques années par le fils de l’ancienne gérante. Caroline sent qu’on cherche à se débarrasser d’elle, elle voit arriver des salariés plus jeunes, aux profils polyvalents…

Un morceau acheté puis échangé

Un mardi d’avril lors du premier confinement, vers 14h, après avoir terminé son service, Caroline se rend à la charcuterie du Super U pour y acheter un morceau de presskopf. La charcutière lui découpe pour 3,46€ de « Délice de tête aux cornichons ». Elle paie, sort du supermarché puis se rend compte que le fromage de tête a atteint sa date limite. Caroline retourne à l’intérieur, va voir la charcutière et échange son vieux morceau de presskopf contre un équivalent plus frais.

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Erreur ! Elle aurait dû, comme n’importe quelle cliente, retourner le premier morceau à l’accueil, être remboursée, reprendre un nouveau morceau de presskopf et repasser par la caisse. Le gérant du Super U tient sa « faute grave », il met immédiatement à pied Caroline et la convoque en entretien.

Lorsque Caroline se présente, elle ne se doute pas encore qu’elle va devoir quitter le supermarché. À la demande du gérant, une collègue l’attend à l’entrée du supermarché et l’accompagne à son entretien. À la grande surprise de Caroline, cette dernière ne la soutient pas lors de cet entretien, où il lui est notifié son licenciement. 

Dans la lettre envoyée en mai 2020, la direction précise :

« Vous êtes employée en qualité d’hôtesse de caisse. (…) À ce titre, vous avez parfaitement connaissance de la procédure à respecter en cas de litige ou de problème qualité : s’adresser à l’hôtesse d’accueil. Mais vous avez choisi de faire pression sur votre collègue [de la charcuterie], en l’obligeant à s’exécuter et à être complice de votre manœuvre frauduleuse ! »

Et c’est terminé pour Caroline, qui est invitée à « se présenter à la direction pour retirer son certificat de travail, son solde de tout compte et son attestation Pôle emploi », après 18 ans de services. Sonnée pendant plusieurs semaines, Caroline trouve finalement la force de contacter une avocate, Me Amandine Rauch, et de contester ce licenciement devant le conseil des prud’hommes de Saverne en juillet 2020.

Autre reproche, une pause pipi en 2012

Lors de l’audience en juin 2021, le Super U de Russ a produit un historique des sanctions prises contre Caroline, dont la plus grave date de 2012 : un avertissement pour s’être rendue aux toilettes sans l’aval d’un supérieur hiérarchique. Dans le rappel des faits, le conseil des prud’hommes précise que cette mention devait montrer aux conseillers que Caroline, « malgré son ancienneté, n’était pas irréprochable. »

Le 27 septembre 2021, le conseil des prud’hommes a reconnu le caractère abusif du licenciement de Caroline et lui a accordé environ 10 000€ d’indemnités de licenciement et 8 600€ de dommages et intérêts pour licenciement abusif. Voilà qui va faire beaucoup de morceaux de presskopf. La SAS Bruchdist peut faire appel de ce jugement. (Selon "Rue 89 Strasbourg")

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Commentaires
D
10 000 € et 8 600 € pour ce licenciement, ce n'est pas cher payé à une personne qui est à un âge où elle aura beaucoup de difficultés à retrouver un emploi.
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D
Décidément, il y a des patrons qui se permettent n'importe quoi...
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T
C'est grave, elle a eu gain de cause mais après cobien de souci.<br /> <br /> Actuellement quand tu n'es plus assez jeune on se débarrasse de toi, heureusement pas partout.<br /> <br /> <br /> <br /> Gros bisous<br /> <br /> Béa
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